Dans ce texte autobiographique,
Hemingway raconte et dépeint, par touches successives, ce que fut sa vie à Paris.
Ernest Hemingway vécut à Paris en 1921 avec sa femme Hadley et leur fils Jack, surnommé Bumby. A cette époque,
Hemingway n'était pas encore connu, il écrivait dans les cafés parisiens des petits contes et des nouvelles qu'il vendait à quelques journaux américains. Les extras étaient rares : quelques paris à l'hippodrome d'Enghien et une ou deux semaines de vacances en Espagne l'été. L'hiver, ils louaient une chambre plusieurs mois dans une station de ski autrichienne, puis les beaux jours les ramenaient à Paris… le tout-Paris littéraire croise alors le chemin d'
Hemingway :
Gertrude Stein et son amie dans leur appartement face au Luxembourg, Francis Scott et
Zelda Fitzgerald, les amants terribles des années 20, des journalistes et critiques français et américains, mais Sylvia Child et sa libraire Shakepeare & Company… Tous les lieux fréquentés par
Hemingway me sont connus (notamment La closerie des lilas), et pourtant c'était un autre Paris. Vie de bohème, vie simple et heureuse, avec sa femme et son bébé, passant la journée de cafés en bistrot pour siroter un verre, puis un café, en écrivant quelques lignes et se privant parfois de repas pour faire quelques économies. le tout non dénué d'humour : on y trouve notamment le récit hilarant d'une virée en voiture avec Fitzgerald entre Lyon et Paris, dont je me souviendrais toujours !
Le charme fou de cette chronique des jours passés vient de la prose très pure d'
Hemingway. Comme dans
L'Adieu aux armes, pas de sentiments, pas d'adjectifs superflus, rien que l'essentiel : « Ce qu'il faut, c'est écrire une seule phrase vraie. Écris la phrase la plus vraie que tu connaisses. », écrit-il lorsqu'il manque d'inspiration.
Hemingway trouvait ses sujets à la fois dans les gens qu'il avait sous les yeux et dans les souvenirs des lieux qu'il avait quittés : il explique notamment qu'il faudra qu'il quitte Paris pour écrire sur Paris. C'est justement ce qui s'est passé, puisque cette chronique a été écrite entre 1957 et 1960, près de quarante ans après sa période parisienne. le dernier chapitre est particulièrement émouvant, puisqu'il revient sur sa rencontre avec sa future deuxième femme, alors qu'il est encore marié avec Hadley, et sur les changements que le succès a entraîné dans sa vie de famille par l'irruption de riches inconnus aux moeurs si différentes des siennes…
Lien :
http://passionlectures.wordp..