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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il plane sur Heredia une beauté et un calme sans égale. Chaque sonnet semble avoir été arrangé avec soin et patience, chaque mot choisit de manière à aboutir à un idéal d'harmonie. L'équilibre est parfait, presque miraculeux ; rien ne semble laborieux. La forme est rigoureuse, et pourtant l'auteur ne semble jamais y avoir sacrifié le fond.

Nombre d'entre nous ont appris ‘Les conquérants' à l'école, et parfois s'en souviennent encore. C'est un joli petit poème plein de lumière. Impossible de rester indifférent face aux rêves de ce conquistador rêvant de gloire en contemplant des constellations inconnues monter à l'horizon.

À l'intersection des anciens et des modernes, Heredia s'inspire aussi bien de thèmes tirés de l'antiquité gréco-romaine que d'éléments contemporains. Dans la première catégorie, on notera l'originalité des poèmes des centaures : leur fuite devant Héraclès, la jalousie de Nessus, le désespoir des centauresses voyant leurs époux leurs préférer les humaines...

Présente à chaque strophe, la nature est également célébrée dans ses propres poèmes, des récifs de corail aux couchés de soleil. Et il nous fait voyager de l'Amérique au Japon, de l'Égypte antique aux rivages de Bretagne.

Certains écrivains sont prolixes. Heredia, lui, choisit de consacrer sa vie à la rédaction de ces cent dix-huit sonnets. Et pour moi, il toucha du doigt la perfection.
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Parus en 1893, « Les Trophées » constituent la quasi intégralité, avec quelques poèmes de jeunesse ou d'occasion, de l'oeuvre poétique de José-Maria de Hérédia. (1842-1905). Curieux destin que celui de ce Cubain d'origine, mais par sa mère descendant d'une grande famille française cultivée. A Paris il se rapproche de Leconte de Lisle, Sully -Prudhomme et les tenants du Parnasse.
Stop ! Séquence info : le Parnasse, en littérature, est un mouvement qui en réaction contre le romantisme, jugé trop lyrique, trop sentimental, trop personnel, prône une poésie qui proclame l'art pour l'art, et la recherche de la perfection formelle. Ses instigateurs sont Théophile Gautier et Théodore de Banville (les deux Théo). Ses principaux représentants sont Leconte de Lisle, Sully-Prudhomme, Catulle Mendès, François Coppée, Léon Dierx… D'autres poètes, et non des moindres, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Mallarmé et les « poètes maudits » (dont Tristan Corbière) ont pu par certains côtés, se rapprocher de ces thèses.
« Les Trophées » sont un ensemble de 118 sonnets et quatre poèmes qui répondent aux grandes recommandations parnassiennes : l'excellence formelle, le culte de la beauté (s'appuyant entre autres sur une solide érudition et une maîtrise technique sans faille) et bien entendu, l'absence de lyrisme, d'interprétation personnelle, d'émotion. Cette exigence demande un formidable travail d'artisan, d'artiste, de « ciseleur », d'orfèvre » qui se traduit par un immense effort de concentration. Il existe un danger, évidemment : le résultat peut être beau mais froid. Or la poésie, (mais peut-être me trompe-je) a justement pour raison d'être et pour but de communiquer émotion et chaleur. le poète a donc intérêt à présenter une oeuvre idéalement parfaite, dont la beauté constitue l'unique – mais définitive- caractéristique.
Les sonnets De Hérédia sont parfaits : il maîtrise à la fois le vocabulaire (son érudition fabuleuse y pourvoit largement), manie la couleur comme un véritable peintre, joue avec les rythmes, et reconstitue de véritables tableaux : ses descriptions de batailles romaines sortent tout droit des meilleurs peplums, et sa vision épique donne une force descriptive d'une réelle efficacité. le top du top du sonnet chez Hérédia, figure dans l'apothéose du dernier vers :
Et sur elle courbé, l'ardent Imperator
Vit dans ses larges yeux étoilés de points d'or
Toute une mer immense où fuyaient des galères.
(Antoine et Cléopâtre)

Tous anxieux de voir surgir, au dos vermeil
Des monts Sabins où luit l'oeil sanglant du soleil,
Le Chef borgne monté sur l'éléphant Gétule.
(Après Cannes)
Ou penchés à l'avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles.
(Les Conquérants)
Hérédia sacrifie un peu à une mode du temps (et pas seulement de son époque) : l'attrait du clinquant, du bibelot, du « pompier ». Il est très éloigné de ces maîtres du sonnet qu'étaient avant lui Du Bellay et Ronsard, Hugo, Musset et surtout Nerval, mais la facture de son travail le place au niveau des plus grands (Baudelaire, Verlaine et Rimbaud), mais à part : il manque cette pointe d'émotion qui caractérise les génies.
Mais pour les amateurs de poésie bien léchée, alliant la maîtrise technique avec le souci du vrai et du beau, votez Hérédia, vous ne serez pas déçus.
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Les conquérants" C'est un poème que nous récitons(restituons) à chaque fin de repas familial(va-t-en comprendre),dont je vous livre quelques lignes que je place dans les critiques,mais je ne manquerai pas de l'installer dans les" citations",c'est juste pour vous donner l'envie de lire ce poème;il me semble que beaucoup d'entre vous le reconnaîtront,car il est souvent appris à l'école,et c'est tant mieux:


Ou penchés à l'avant des blanches caravelles,
ils regardaient monter en un ciel ignoré
du fond de l'Océan des étoiles nouvelles.


Vous vous imaginez le trip des mecs sur ces navires...en route vers la recherche,alors,de l'or, "l'or que Cipango mûrit dans ses mines lointaines"...
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Simplement magnifique.... avec un style à la foie épique et descriptif comme dans les poèmes de J.R.R. Tolkien ( dont vous trouerez des traditions sur le site de l'association Tolkiendyl!) même si les sources ne sont pas les mêmes pour l'un c''est la mythologie nordique et les légendes arthuriennes qui lui ont fait créé un monde et pour l'autre c'est les mythes grecs et l'histoire... Heredia a une écriture aussi épique que Tolkien même si chacun à son style... ce qui n'est pas le cas de Gerard de Nerval mais qui nous emporte bien autrement bien dans le mythe, mais surtout le mystérieux... quand à Lamartine, il nous fait médité par ses descriptions émouvantes, de paysages, de thème abstraits (religion ou philosophie!)... On se dit qu'il serait bien dommage à se limiter à un seul poète.... et dans lire plusieurs... et pour des sujets plus terre à terre, on préféra l'illustre Rimbaud... qui n'a réussi à éditer un seul livre... et qui a échoué dans bien des projets terre à terre rattrapé par le matérialisme absurde de sa société!
Et si nous avons parfois des souvenir difficiles avec l'apprentissage par coeur du Coureur... en 4e, mal préparé à cette débauche de vocabulaire poétique... pourtant que c'est beau... et que, à l'âge adulte, cela donne envie d'écrire!

Pour les enfants
On pourra les intéresser à la poésie grâce aux fables De La Fontaine, mais pas seulement on eut taper aussi dans les chansons de Brassens, qui n'a pas fait que des chansons aux allusions paillardes, mais a reprit des poèmes en chanson, notamment le petit cheval! Ou bien encore cette autre chanson générique d'un film avec Fernandel : Heureux qui comme Ulysse, du fameux Joaquim du Bellay

Les adultes trouveront leurs bonheurs dans les trophées de José Maria de Hérédia, les Chimères et la traduction en vers du second Faust de Goethe de Gérard de Nerval, Poème de Rimbaud et Méditations poétiquesDe Lamartine.... et la langue française n'en déplaise à ses détracteurs, est belle et riche... et surpasse bien souvent le simple français courant qu'ils ont appris... comme toute langue humaine !
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Un petit in-8, ou un grand in-16, me fait de l'oeil sur l'étagère du haut. Toute résistance est vaine.

Reliure fin XIXème en veau havane à coins, agréables roulettes dorées sur le dos à cinq nerfs: petit mais cossu. Familier et désirable.

Lecture à nouveau frais, mais ambiance toujours aussi cosy : comme énormément de gens je me sens ici à la maison (si on ne connait pas tout on a au moins déjà croisé quelques gerfauts au sortir de leur charnier natal), aucune originalité donc, mais origines, patrimoine, cocon. Mais on ne s'endort pas dans ce cocon, on est revigoré.

Du commun donc, mais dans le bon sens du terme, du pour-tous; mais surtout du vif et du beau, dans une langue et une métrique de grande classe. Oeuvre classique, voire classiquissime, elle même fruit de l'héritage, mais nullement empesée (enfin, pas de laissez aller non plus :) . Pompeux, certes. Et alors? Je vous propose d'assumer un certain goût pour les pâtisseries bien goûtues. le paris-brest ce n'est pas du sans sucre, ni du sans gluten. Vive la gourmandise.
Bref, on écrit de belles choses aujourd'hui, mais le flot de sève du patrimoine est encore là. Il nourrit, et il amuse et il fait rêver. Ils là Scipion, Hannibal le chef borgne, les femmes de Byblos, Cipango, le récif de corail, la houle, le chêne brut, le cyprès et l'érable, la chaleur du carnage et ses âcres parfums, l'airain rutilant, la pourpre flottante.

Je n'en dirai pas ni plus ni mieux que ce qui a déjà été dit, notamment ici dans une critique sensible par Philippe Castellain, et je ne suis pas un technicien de la poésie. Cependant j'ai plaisir ici à déposer un petit témoignage pour entretenir la braise et donner rendez-vous aux amis de la belle ouvrage et des dieux des forêts.

Depuis le sommet du Parnasse, on est au spectacle. Les images explosent. La Grèce, la Sicile, Rome, les barbares, l'Orient, la nature, Michel-Ange, un marbre brisé, le bain des nymphes.

Je vous laisse. J'ai garé mon éléphant gétule en double file. Et qui plus est j'ai un lectisterne à organiser pour la fin de semaine. Débordé :)

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"Le soleil sous la mer, mystérieuse aurore,
Éclaire la forêt des coraux abyssins
Qui mêle, aux profondeurs de ses tièdes bassins,
La bête épanouie et la vivante flore."
C'est ce dont je me souviens de ce sonnet appris quand j'étais au lycée. Je n'ai jamais étudié cet auteur, et évidemment je n'ai pas le bagage culturel pour apprécié à leur juste valeur ces écrits.
Mais j'adore cette poésie tellement visuelle et tellement colorée.
Alors, quand pour le challenge multi-défis 2017, je "dois" lire un recueil de poésies, c'est avec délectation que j'ouvre à nouveau celui ci, et que je grappille au hasard des pages, au hasard de quelques minutes de disponibilité, quelques vers qui m'emmène en voyage, en Grèce antique, sous les tropiques, au moyen-âge ou en Bretagne.
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La poésie française compte selon moi quatre chefs-d'oeuvre ultimes : Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, La Légende des siècles de Victor Hugo, les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, et Les Trophées de José-Maria de Heredia. Les trois derniers cités se distinguent par une poésie au souffle épique que je trouve pour ma part éblouissant. Il n'est donc pas étonnant qu'Anny Detalle, dans sa préface des Trophées, parle ainsi De Heredia : « les années 1850 à 1870 nous laissent l'image d'un artiste hésitant entre Leconte de Lisle, son maître reconnu, Hugo, dont la phrase épique sous-tend Les Conquérants de l'Or, et Baudelaire, dont l'influence inavouée pèse plus lourdement qu'il ne voudrait l'admettre ». Membre emblématique du Parnasse, Heredia est un génie de la poésie qui rappelle Baudelaire, Hugo et Leconte de Lisle, et qui parfois même les dépasse par la beauté de son verbe.

Il m'est personnellement difficile de dresser une critique objective des Trophées, tant l'émotion affleure au détour des rythmiques de la rime. Ce recueil de poème est constitué d'une centaine de sonnets, ainsi de quelques formes poétiques plus libres et plus longues, telles Romancero et Les Conquérants de l'Or. Si La Légende des siècles de Victor Hugo entend traduire une histoire universelle du monde, la portée historique des Trophées est plus modeste, se découpant en sept parties intrinsèquement différentes : La Grèce et la Sicile, Rome et les Barbares, le Moyen Âge et la Renaissance, L'Orient et les Tropiques, La Nature et le Rêve, Romancero, et Les Conquérants de l'Or. le style De Heredia est fluide, très (...)
Lien : http://leslecturesdares.over..
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Les trophées sont un recueil de sonnets composés selon l'esthétique du Parnasse. Cette poésie ne vise pas à transmettre des émotions mais à atteindre une perfection formelle. L'idée est de sculpter les vers à l'instar d'un sculpteur qui travaille la pierre. Certains sonnets sont difficiles d'accès voire hermétiques, notamment en raison des références culturelles à l'antiquité et aux arts. En revanche, par son goût du mot rare et la musicalité de ses vers, Heredia était un maître.
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Pour la beauté des mots, des vers, un voyage dans le passé, des vers que nous avons appris à l'école communale ( pour les plus anciens). J' aime la fougue et l évocation des scènes épiques De Hérédia.
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Magnifiques vers pleins de référence à, l'Antiquité, fort agréable.....
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