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Claudine Gothot-Mersch (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070323265
365 pages
Gallimard (31/12/1985)
3.9/5   54 notes
Résumé :
La parution des "Poèmes barbares" où Leconte de L'Isle reprend les grands mythes religieux d'Orient et d'Occident, en 1862, fait de cet homme discret et distant le chef de file d'une nouvelle génération de poètes : le Parnasse.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Déniché dans la boîte à livres de ma commune, ce n° 10 de Poésie 1 nous livre des poèmes extraits des "Poèmes Barbares" écrits par Leconte de Lisle. Il nous écrit en poésie l'amour, la nature, le soleil, la solitude...
"Poèmes barbares est un recueil de poèmes de Leconte de Lisle paru en 1862. Il contient certains des poèmes les plus connus de l'auteur, par exemple le Manchy." (source Wikipedia)
"Leconte de Lisle est un poète français, né le 22 octobre 1818 à Saint-Paul sur l'Île Bourbonn 1 et mort le 17 juillet 1894 à Voisinsn 2.

Leconte de Lisle est le vrai nom de famille du poète. Il l'adopta comme nom de plume, sans mentionner ses prénoms (Charles Marie René), et ce choix a été repris dans les éditions de ses oeuvres, dans sa correspondancen 3, ainsi que dans la plupart des ouvrages qui lui sont consacrés et dans les anthologies. C'est ce nom qui est utilisé dans la suite de l'article. Son prénom usuel, utilisé par ses proches, était « Charles ».

Leconte de Lisle passa son enfance à l'île Bourbon et en Bretagne. En 1845, il se fixa à Paris. Après quelques velléités d'action politique lors des événements de 1848, il y renonça et se consacra entièrement à la poésie.

Son oeuvre est dominée par trois recueils de poésie, Poèmes antiques (1852), Poèmes barbares (1862) et Poèmes tragiques (1884), ainsi que par ses traductions d'auteurs anciens .

Il est considéré comme le chef de file du mouvement parnassien ou tout au moins comme le maître des jeunes poètes de cette école, autant par l'autorité que lui a conférée son oeuvre poétique propre que par des préfaces dans lesquelles il a exprimé un certain nombre de principes auxquels se sont ralliés les poètes d'une génération — entre la période romantique et le symbolisme — regroupés sous le terme de parnassiens à partir de 1866.

L'Empire s'était honoré en lui assurant une pension et en le décorant ; la République l'attacha à la bibliothèque du Sénat, dont il devint sous-bibliothécaire en 1872, et le nomma officier de la Légion d'honneur en 18831.

En 1886, neuf ans après une candidature infructueuse à l'Académie française, où il n'eut que les voix de Victor Hugo et d'Auguste Barbier, Leconte de Lisle fut élu, succédant à Victor Hugo. Il y fut reçu par Alexandre Dumas fils le 31 mars 1887" (source Wikipedia)
C'est beau, pour qui aime la poésie. Mon préféré parmi ceux écrits dans ce
livre est "Christine" dont je vais vous donner des extraits dans une citation.
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Il y a plusieurs Barbares dans ce recueil. Étymologiquement, ce sont qui ne parlent pas grec, donc les habitants d'Asie Mineure, d'Assyrie, de Babylone. Ce sont ensuite ceux qui n'ont pas connu la Révélation, venus avant le Christ, ou qui ont refusé son message : les juifs de l'Ancien Testament, les païens celtes avec leurs druides et leurs prêtresses. Ce sont ensuite les Mahométans, de l'Espagne ou de Bagdad, puis les Hindous...
Le recueil est donc construit sur un élargissement progressif dans l'espace, qui nous éloigne progressivement du centre de la civilisation, Jérusalem et Rome, pour finir dans la jungle et les savanes. Ce n'est pas que les animaux soient des "Barbares", mais ils ont eux aussi des poèmes dédiés, panthère et jaguar notamment.
Car ce qui unit tous ces "Barbares" - bêtes sauvages, anciens dieux, tyran antique, conquérant..., c'est le goût du sang, de la mort, et de la chair. comme les hommes, les panthères tuent, et jouissent de ce sang rouge et de cette chair blanche et voluptueuse.
Enfin, les "Barbares", ce sont les "montreurs" pour reprendre le titre d'un poème situé au centre de l'oeuvre. Leconte de Lisle n'est pas Victor Hugo, il refuse de mettre son âme à nue, d'exposer son coeur et ses tourments à ses lecteurs. le Je est donc impersonnel, et ne raconte pas l'être qui écrit.
C'est donc une oeuvre poétique par images, par association d'idées, par jeu sur les mots qui doivent dépayser. Je regrette cependant cette accumulation, ce décentrement et ce changement de décors, de paysages, de cultures, de temps et d'espace, permanent, sans même de section ou de sous-partie pour organiser un peu ce flot de mots. Quant à l'écriture poétique elle-même, moi qui ne connais essentiellement que Victor Hugo en poésie, je regrette un manque d'inventivité sur la langue, sur les vers et les assonances. Sur la forme, je regrette aussi la longueur de certains poèmes, sans strophe ni mise en page particulière. Je ne retiens donc aucun vers qui m'aurait frappée par sa beauté formelle, plus les images suscitées, même si, encore une fois, la longueur de l'oeuvre et son foisonnement, m'empêche d'en retenir vraiment une en particulier - comme un sentiment de longueur et de trop plein en refermant le recueil, dont rien n'émerge en particulier, malgré quelques scènes de grande beauté : le Corbeau maudit, la panthère noire, la princesse viking retirant l'épée du caveau de son père...
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Leconte de Lisle est peut-être le poète le plus représentatif du courant "symboliste" français. Je ne connaissais pratiquement rien de son oeuvre avant de lire "Poèmes barbares". Les thèmes d'une grande partie de ces vers sont empruntés à des textes et légendes de diverses origines (hébraïque, égyptienne, polynésienne, hindou, scandinave, etc...); ces sujets ne font pas partie de la culture des lecteurs lambda (dont je fais partie). de nombreuses autres poésies décrivent la nature, avec une grande place donnée aux animaux sauvages. Il faut souligner que les sentiments, et tout particulièrement l'amour, sont pratiquement exclus de toute l'oeuvre.

J'avoue que je suis très déçu par ma lecture. Leconte de Lisle se complait dans des descriptions et des narrations que je trouve bien faites mais sans âme, froides, sans lyrisme, faussement pittoresques, en un mot: "rasoir". de plus, un bon nombre de ces poésies sont longues, voire très longues: je n'arrive pas à me concentrer sur ces textes que je trouve interminables. En définitive, je préfère nettement un autre symboliste aussi célèbre, J.-M. de Heredia, qui a peu écrit et s'est contenté de la forme sonnet...

Comme souvent, je désire mettre une citation tirée de l'oeuvre que je viens de lire. Je pourrais donner un extrait du "Sommeil du condor" ou du "Rêve du jaguar"; ou encore, dans un autre ordre d'idées, du "Manchy". Je préfère des vers plus surprenants, extraits de la poésie "Le Nazaréen".
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Charles-Marie Leconte de Lisle (1818-1894) est considéré comme le chef de file du Parnasse, ce mouvement qui s'érigea en réaction au romantisme, en proposant une grammaire poétique alliant la rigueur de la forme à la majesté des thèmes traités. Pour reprendre l'expression de la quatrième de couverture, Leconte de Lisle nous offre avec ses Poèmes barbares une « poésie taillée dans le marbre », retrouvant la geste et le souffle des épopées antiques. Son style d'écriture convoque par certains aspects d'autres poètes de son temps On retrouve par exemple dans Les paraboles de dom Guy la verve de la légende des siècles de Victor Hugo :

« Or, voici que j'ai vu le monde, comme un pré
Immense, qui grouillait sous ce soleil pourpré,
Plein d'hommes portant heaume et cotte d'acier, lance,
Masse d'armes et glaive, engins de violence
Avec loques d'orgueil, bannières et pennons
Où le Diable inscrivait leur lignée et leurs noms. » (p. 338).

De même, les descriptions militaires sont (...)
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Du barbare oui, mais de la finesse aussi. Puissant.
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Citations et extraits (82) Voir plus Ajouter une citation
Mais quand tes prêtres, loups aux mâchoires robustes,
Repus de graisse humaine et de rage amaigris,
De l’holocauste offert demanderont le prix,
Surgissant devant eux de la cendre des Justes,
Je les flagellerai d’un immortel mépris.
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La forêt vierge.

Depuis le jour antique où germa sa semence,
Cette forêt sans fin, aux feuillages houleux,
S'enfonce puissamment dans les horizons bleus
Comme une sombre mer qu'enfle un soupir immense.

Sur le sol convulsif l'homme n'était pas né
Qu'elle emplissait déjà, mille fois séculaire,
De son ombre, de son repos, de sa colère,
Un large pan du globe encore décharné.

Dans le vertigineux courant des heures brèves,
Du sein des grandes eaux, sous les cieux rayonnants,
Elle a vu tour à tour jaillir des continents
Et d'autres s'engloutir au loin, tels que des rêves.

Les étés flamboyants sur elle ont resplendi,
Les assauts furieux des vents l'ont secouée,
Et la foudre à ses troncs en lambeaux s'est nouée ;
Mais en vain : l'indomptable a toujours reverdi.

Elle roule, emportant ses gorges, ses cavernes,
Ses blocs moussus, ses lacs hérissés et fumants
Où, par les mornes nuits, geignent les caïmans
Dans les roseaux bourbeux où luisent leurs yeux ternes ;

Ses gorilles ventrus hurlant à pleine voix,
Ses éléphants gercés comme une vieille écorce,
Qui, rompant les halliers effondrés de leur force,
S'enivrent de l'horreur ineffable des bois ;

Ses buffles au front plat, irritables et louches,
Enfouis dans la vase épaisse des grands trous,
Et ses lions rêveurs traînant leurs cheveux roux
Et balayant du fouet l'essaim strident des mouches ;

Ses fleuves monstrueux, débordants, vagabonds,
Tombés des pics lointains, sans noms et sans rivages,
Qui versent brusquement leurs écumes sauvages
De gouffre en gouffre avec d'irrésistibles bonds.

Et des ravins, des rocs, de la fange, du sable,
Des arbres, des buissons, de l'herbe, incessamment
Se prolonge et s'accroît l'ancien rugissement
Qu'a toujours exhalé son sein impérissable.

Les siècles ont coulé, rien ne s'est épuisé,
Rien n'a jamais rompu sa vigueur immortelle ;
Il faudrait, pour finir, que, trébuchant sous elle,
Le terre s'écroulât comme un vase brisé.

Ô forêt ! Ce vieux globe a bien des ans à vivre ;
N'en attends point le terme et crains tout de demain,
Ô mère des lions, ta mort est en chemin,
Et la hache est au flanc de l'orgueil qui t'enivre.

Sur cette plage ardente où tes rudes massifs,
Courbant le dôme lourd de leur verdeur première,
Font de grands morceaux d'ombre entourés de lumière
Où méditent debout tes éléphants pensifs ;

Comme une irruption de fourmis en voyage
Qu'on écrase et qu'on brûle et qui marchent toujours,
Les flots t'apporteront le roi des derniers jours,
Le destructeur des bois, l'homme au pâle visage.

Il aura tant rongé, tari jusqu'à la fin
Le monde où pullulait sa race inassouvie,
Qu'à ta pleine mamelle où regorge la vie
Il se cramponnera dans sa soif et sa faim.

Il déracinera tes baobabs superbes,
Il creusera le lit de tes fleuves domptés ;
Et tes plus forts enfants fuiront épouvantés
Devant ce vermisseau plus frêle que tes herbes.

Mieux que la foudre errant à travers tes fourrés,
Sa torche embrasera coteau, vallon et plaine ;
Tu t'évanouiras au vent de son haleine ;
Son oeuvre grandira sur tes débris sacrés.

Plus de fracas sonore aux parois des abîmes ;
Des rires, des bruits vils, des cris de désespoir.
Entre des murs hideux un fourmillement noir ;
Plus d'arceaux de feuillage aux profondeurs sublimes.

Mais tu pourras dormir, vengée et sans regret,
Dans la profonde nuit où tout doit redescendre :
Les larmes et le sang arroseront ta cendre,
Et tu rejailliras de la nôtre, ô forêt !
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CHRISTINE
.....
La mère repose, et Christine pleure,
Immobile auprès de l'âtre noirci.
Au long tintement de la douzième heure,
Un doigt léger frappe à l'humble demeure :
_ Qui donc vient ici ?
_ Tire le verrou, Christine, ouvre vite :
C'est ton jeune ami, c'est ton fiancé.
Un suaire étroit à peine m'abrite ;
J'ai quitté pour toi, ma chère petite,
Mon tombeau glacé. -
Et coeur contre coeur tous deux ils s'unissent
Chaque baiser dure une éternité :
Les baisers d'amour jamais ne finissent.
Ils causent longtemps ; mais les heures glissent,
Le coq a chanté.
....
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La genèse polynésienne

Dans le Vide éternel interrompant son rêve,
L'Être unique, le grand Taaroa se lève.
Il se lève, et regarde : il est seul, rien ne luit.
Il pousse un cri sauvage au milieu de la nuit :
Rien ne répond. Le temps, à peine né, s'écoule ;
Il n'entend que sa voix. Elle va, monte, roule,
Plonge dans l'ombre noire et s'enfonce au travers.
Alors, Taaroa se change en univers :
Car il est la clarté, la chaleur et le germe ;
Il est le haut sommet, il est la base ferme,
L'oeuf primitif que Pô, la grande Nuit, couva ;
Le monde est la coquille où vit Taaroa.
Il dit : - Pôles, rochers, sables, mers pleines d'îles,
Soyez ! Échappez-vous des ombres immobiles ! -
Il les saisit, les presse et les pousse à s'unir ;
Mais la matière est froide et n'y peut parvenir :
Tout gît muet encore au fond du gouffre énorme ;
Tout reste sourd, aveugle, immuable et sans forme.
L'Être unique, aussitôt, cette source des Dieux,
Roule dans sa main droite et lance les sept cieux.
L'étincelle première a jailli dans la brume,
Et l'étendue immense au même instant s'allume ;
Tout se meut, le ciel tourne, et, dans son large lit,
L'inépuisable mer s'épanche et le remplit :
L'univers est parfait du sommet à la base,
Et devant son travail le Dieu reste en extase.
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Le vent froid de la nuit

Le vent froid de la nuit souffle à travers les branches
Et casse par moments les rameaux desséchés ;
La neige, sur la plaine où les morts sont couchés,
Comme un suaire étend au loin ses nappes blanches.

En ligne noire, au bord de l'étroit horizon,
Un long vol de corbeaux passe en rasant la terre,
Et quelques chiens, creusant un tertre solitaire,
Entre-choquent les os dans le rude gazon.

J'entends gémir les morts sous les herbes froissées.
Ô pâles habitants de la nuit sans réveil,
Quel amer souvenir, troublant votre sommeil,
S'échappe en lourds sanglots de vos lèvres glacées ?

Oubliez, oubliez ! Vos coeurs sont consumés ;
De sang et de chaleur vos artères sont vides.
Ô morts, morts bienheureux, en proie aux vers avides,
Souvenez-vous plutôt de la vie, et dormez !

Ah ! dans vos lits profonds quand je pourrai descendre,
Comme un forçat vieilli qui voit tomber ses fers,
Que j'aimerai sentir, libre des maux soufferts,
Ce qui fut moi rentrer dans la commune cendre !

Mais, ô songe ! Les morts se taisent dans leur nuit.
C'est le vent, c'est l'effort des chiens à leur pâture,
C'est ton morne soupir, implacable nature !
C'est mon coeur ulcéré qui pleure et qui gémit.

Tais-toi. Le ciel est sourd, la terre te dédaigne.
À quoi bon tant de pleurs si tu ne peux guérir ?
Sois comme un loup blessé qui se tait pour mourir,
Et qui mord le couteau, de sa gueule qui saigne.

Encore une torture, encore un battement.
Puis, rien. La terre s'ouvre, un peu de chair y tombe ;
Et l'herbe de l'oubli, cachant bientôt la tombe,
Sur tant de vanité croît éternellement.
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Vidéo de Charles-Marie Leconte de Lisle
Leconte de LISLE – Pourquoi devint-il parnassien ? (Chaîne Nationale, 1953) Une conférence de Géraud Venzac, intitulée « Leconte de Lisle, témoin de l'échec religieux et politique du romantisme », prononcée le 6 juin 1952 à l’Institut Catholique de Paris, diffusée sur la Chaîne Nationale le mois suivant.
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