Nous possédons toutes et tous une médiathèque interne de souvenirs sexuels marquants. Tous ces moments où notre sexualité est sortie des sentiers battus, ces émois, ces situations qui défient les règles... Ce sont des moments passés auxquels nous pouvons nous référer lors de nos fantasmes. C'est une manière de se rappeler combien notre sexualité peut être multiforme et combien ce sont des instants singuliers qui créent les instants de grâce.
Sans faire d'analyse de ce qu'est la pornographie, je peux affirmer qu'elle ne peut en aucun cas concurrencer les fantasmes des uns et des autres. L'imaginaire pornographique est pauvre et il n'est dévolu qu'à l'excitation génitale directe. Le fantasme sexuel est plus vaste et ses scénarios sont le plus souvent incontrôlables et chargés d'une émotion particulière qu'aucun film ou vignette pornographique ne viendra remplacer.
Les fantasmes s'amusent avec nos culpabilités parce qu'ils nous proposent des mondes où tout semble possible sans aucune restriction. Nous savons que cela n'est pas réalisable et si ces images nous heurtent et nous déstabilisent il vaut mieux les regarder en face, en trouver la signification plutôt que de chercher à les fuir.
Interview d'Alain Héril, psychothérapeute et directeur d'Indigo Formations, 75010 Paris, l'école de formation à la psychothérapie.