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EAN : 9782707164872
256 pages
La Découverte (24/11/2011)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Quand un secret de Polichinelle de la Ve République vire à l'affaire d'Etat ! Depuis les indépendances des années 1960, les initiés savaient que certains dirigeants africains "amis de la France" menaient grand train à Paris ou sur la Côte d'Azur : hôtels particuliers, voitures de collection, vêtements de luxe...
Mais qui s'en souciait vraiment ? Au printemps 2007, une plainte déposée à Paris par une poignée d'ONG, accusant plusieurs chefs d'Etat africains de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
En mars 2007, trois ONG déposent plainte contre cinq chefs d'Etat africains et leurs familles pour « recel de détournement de fonds publics ». Elles leur reprochent l'acquisition en France d'un impressionnant patrimoine immobilier au coût sans commune mesure avec leurs revenus officiels. Une enquête policière est confiée à l'Office central de répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) qui lève une partie du voile sur le train de vie ubuesque de ces chefs d'Etat : hôtels particuliers, berlines de luxe, comptes en banques par centaines … Las ! le parquet classe la plainte sans suite pour « infraction insuffisamment caractérisée » en novembre 2007.
Les ONG, auxquelles s'est ralliée Transparency international ne se découragent pas. Elles déposent une nouvelle plainte avec constitution de partie civile le 2 décembre 2008 qui vise les présidents du Congo, du Gabon et de la Guinée-équatoriale. Sa recevabilité est douteuse. La procédure pénale n'autorise pas n'importe qui à attaquer n'importe quoi : un plaignant doit invoquer un préjudice « direct et personnel » pour espérer voir sa plainte aboutir. Est-ce le cas en l'espèce ? La doyenne des juges d'instruction est de cet avis ; mais le parquet fait appel et la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris lui donne raison. Les ONG forment un pourvoi en cassation et la Cour de cassation, à leur grand soulagement, déclare dans un arrêt du 9 novembre 2010 leur plainte recevable. L'arrêt, historique, dépasse le cadre des relations franco-africaines en ouvrant un champ immense aux ONG. Ainsi l'ONG Anticor l'a invoqué en se constituant partie civile dans l'affaire de Karachi.
C'est cette histoire que raconte d'une plume trempée au vitriol Thomas Hofnung et Xavier Harel. le premier l'avait suivi pour Libération, signant notamment au lendemain de l'arrêt de la Cour de cassation un article, « le crépuscule de la Françafric », primé au Grand prix 2010 des quotidiens nationaux dans la catégorie « meilleure enquête d'investigation ». le second est un spécialiste des circuits de blanchiment et des paradis fiscaux. Leur livre est autant une chronique du scandale des biens mal acquis, vite pliée dans la première partie, qu'une description sans concession des dernières frasques de la Françafrique auxquelles sont consacrées les deux parties suivantes. Elles se lisent sans déplaisir mais n'apprennent pas grand-chose que n'aient déjà révélé François-Xavier Verschave, Stephen Smith ou Antoine Glaser.
Au-delà des révélations croustillantes qu'il livre sur l'hubris délirant de quelques autocrates africains (les pages consacrées au fils du Président équato-guinéen sont saisissantes) dont l'enrichissement personnel n'a d'égal que la misère dans laquelle leur population croupit, le scandale des biens mal acquis est révélateur de l'intrusion d'un nouvel acteur dans les relations franco-africaines. le temps n'est plus où les réseaux Foccart pouvaient agir dans l'ombre. Après la presse, c'est la justice qui s'y intéresse. de plus en plus souvent, le cours tranquille des relations franco-africaines est compliqué par des affaires judiciaires : enquête sur la disparition de Guy-André Kieffer en Côte d'Ivoire, sur le « suicide » du juge Bruguière à Djibouti, sur l'attentat contre le président Habyarimana au Rwanda, sur les « disparus du Beach » au Congo-Brazzaville. Les chefs d'Etat africains visés directement ou indirectement par ces enquêtes y voient un geste d'hostilité de la France et de sa justice. Ils croient qu'elle est aux ordres alors qu'elle l'est de moins en moins.
Au-delà de ce scandale, la question qui se pose est celle de la pérennité de la Françafrique. Les auteurs, dont c'est le fond de commerce, y croient et font leur l'adage de Lampedusa : « il faut que tout change pour que tout reste pareil ». Pour eux, Total perpétue le même système qu'Elf et Nicolas Sarkozy a financé ses campagnes politiques comme ses prédécesseurs. Pourtant, la mort d'Omar Bongo en juin 2009 sonne le glas d'une « certaine Françafrique » (p. 161). le tonitruant déballage de Robert Bourgui, en septembre 2011, doit être analysé à cette aune : il est l'oeuvre d'un homme blessé, congédié sans ménagement, qui fait le constat désabusé que son temps est passé.
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critiques presse (1)
LesEchos
06 février 2012
Cette enquête très documentée mène la charge avec des informations et des données proprement hallucinantes.
Lire la critique sur le site : LesEchos

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