Je m'étais laissé accrocher par la série télévisée policière britannique «
Comptine mortelle » diffusée sur France 3 (Magpie Murders) dont le personnage principal, une éditrice londonienne propriétaire d'une superbe MG vintage, est superbement interprété par Lesley Manville, une actrice fétiche de
Mike Leigh et qu'on a également vue dans le rôle de la princesse Margareth dans la série The Crown. de style très british, la série (et le roman) combine deux intrigues, l'une « post-
Agatha Christie », plus moderne mettant en scène l'éditrice de l'auteur de la seconde, « néo-
Agatha Christie », plus proche du pastiche, articulée autour d'un détective allemand nommé Atticus Pünd, censément créée par un auteur de romans policiers malgré lui, Alan Conway, féru d'anagrammes, d'où j'imagine son changement de nom bien regrettable dans la traduction française en Fidèle Staupert, qui donne une correspondance au « A stupid Cunt » imaginé par l'auteur fictif. On imagine mal
Sherlock Holmes rebaptisé Jean-Claude Delhomme par exemple.
Pour arranger les choses, j'ai pris la série en marche en ratant le 1er épisode (pour une histoire dont au contraire, il manque la fin !) et j'ai dû me rattraper vite fait pour ne pas risquer le claquage de méninges.
Mais donc, malgré la fin cataclysmique de l'opus, j'ai été curieux de voir que l'auteur (
Anthony Horowitz !) avait récidivé en écrivant une suite, The Moonlight Murders, avec un dispositif semblable, à savoir deux histoires gigognes (+ 1 nouvelle en prime), la clé de la première, construite autour de l'éditrice se trouvant dans la seconde, construite autour d'Atticus Pünd – et qui démarre à un quart de l'ensemble, sous la forme d'un livre, avec couverture, copyright, etc. Il y a une liste des personnages faute de quoi seuls les hypermnésiques auraient une chance d'arriver au bout, étant donné les anagrammes, encore une fois, les correspondances éventuelles à établir, si l'on se prête au jeu du « whodunit », ce qui est bien le but, l'auteur cherchant à le pousser à un paroxysme inédit, tout en faisant exprès parfois de faire traîner le récit avec des sous-intrigues et autres trucs que d'ailleurs l'éditrice critiquera dans la dernière partie en poursuivant ce jeu de mise en abyme, et en jouant avec nos nerfs en feignant de se désintéresser de l'affaire avant qu'elle ne soit résolue.
Une grande habileté donc, une grande maîtrise des codes du genre, de la part de A. Horowitz qui lui rend hommage en le poussant à un haut degré de sophistication sans gâcher ce qui fait tout son charme.