Avec près de trente ans de retard, le massacre perpétré le 17 octobre 1961 par la police française contre des manifestants algériens à commencer à réapparaître au grand jour. le premier livre a en parler, il me semble, sera le roman «
Meurtres pour mémoire », de
Didier Daeninckx, en 1984, puis l'étude controversé de
Jean-Luc Einaudi en 1991.
Dans le catalogue des crimes et châtiments du procès de Maurice Papon en 1997, plusieurs essais ont été publiés sur cet événement. Celui-là a ceci de particulier qu'il a été écrit par deux universitaires britanniques, qui consacrent leurs recherches à la guerre d'Algérie et à l'histoire du racisme.
Alors que les négociations concernant l'avenir de l'Algérie entre le gouvernement français et le GPRA sont apparemment rompues, le préfet de la Seine Papon décrète un couvre-feu pour tous les « Français musulmans d'Algérie », le 5 octobre. La fédération de France du FLN appelle à une manifestation le 17 octobre pour protester contre ce couvre-feu. Illégale, cette manifestation est réprimée avec une violence de guerre. La guerre d'Algérie déboule en plein Paris. Ce qui est appréciable ici, c'est que les auteurs ne rentrent pas dans les débats infinis sur le nombre exact de morts, qui occulte en fait la portée du drame. Les auteurs remontent plutôt en aval de l'événement, et montrent que la police menait depuis plusieurs mois une véritable chasse à l'homme en banlieue parisienne, qui fit déjà plus de 120 morts. Ils montrent que cette répression sanglante n'est pas le fait d'éléments extrémistes ou incontrôlés de la police, mais que c'est bien de la politique coloniale de l'État français et de la stratégie de Papon dont il est question.