La Hulotte, n°59

Collection complete soigneusement rangée par une tante décédée. Je commence par hasard par cette drôle de souris dorée, dont on se demande comment l'auteur a pu recueillir autant d'informations, alors qu'elle est si méfiante, nocturne et minuscule et peu documentée.
Et c'est toute la valeur de cette revue que je verrais bien classer à un patrimoine (à définir...) de nous éduquer aux merveilles de la nature et de l'évolution, avec cet humour et ces illustrations inimitables !
Là j'avoue que la découverte de ce muscardin m'a vraiment scotché ! La perfection de son métabolisme, l'adaptation parfaite à son environnement sont proprement extraordinaires.
Et comble de l'éthique l'auteur cite ses sources.

Le muscardin, vous connaissez ? Une adorable petite souris au pelage doré avec deux grands yeux noirs tous brillants.
C'est vrai qu'il n'est pas très facile de croiser cette mignonne petite bestiole mise à l'honneur dans le numéro 59 du journal le plus lu dans les terriers.
Exclusivement nocturne et vivant dans les fourrés de ronces, le muscardin est un petit mammifère fort discret.
Sa vie ressemble d'ailleurs à un conte de fée qui n'est pas sans rappeler celui de la belle au bois dormant, comme nous le raconte fort bien La Hulotte.
Une fois de plus, je saluerais le talent de Pierre Déom, car rien que la couverture , j'adore ! Et je ne parle pas des dessins qui émaillent ce numéro avec une mention particulière pour celui de la page 37 .

Le rat d'or, rongeur micromammifère, est d'une discrétion proportionnelle à son invisibilité par un lien de cause à effet qui ne relève pas uniquement de sa taille minuscule. Pierre Déom, naturaliste pédagogue, consacre tout son immense talent à cerner le muscardin. Dans l'extraordinaire encyclopédie des champs et des bois, chaque lecteur assidu a probablement ses sujets de prédilection. La souris des ronciers fait partie de ces numéros porte-bonheur qui dispensent du plaisir et de la joie à chaque relecture. Outre son aspect séduisant avec sa fourrure rousse, sa queue touffue, ses grands yeux noirs de nyctalope, son comportement singulier avec ses nids suspendus et sphériques, sa préhension fine, sa léthargie hivernale incroyable, le petit animal dispose de parcours adapté dans les buissons épineux où : "dans le plus parfait silence, montant, descendant, sautant, prenant ici un raccourci, évitant là-bas un cul-de-sac, suivant sans l'ombre d'une hésitation un chemin connu de lui seul". Les illustrations de l'auteur sont stupéfiantes de beauté, de précision et de vitalité. Pleine page, elles captivent. Elles structurent aussi un texte bourré d'informations sur un micromammifère méconnu. Pierre Déom ira jusqu'à utiliser les souvenirs de Marcel Cecconello, l'ouvrier forestier à Boult-aux-Bois. La couverture bleu-nuit d'une fin d'été a des accents breughéliens, évoquant la "Retour des chasseurs dans la neige". Ce numéro est un talisman contre l'impermanence.