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Takeko Tamura (Traducteur)Colette Yugué (Traducteur)
EAN : 9782070316373
384 pages
Gallimard (09/09/2004)
3.64/5   89 notes
Résumé :
Cinq ans après l'explosion de la bombe, la jeune Yasuko vit avec son oncle et sa tante dans un village proche d'Hiroshima où ils se sont réfugiés après la destruction de la ville. Gracieuse, intelligente et douce, Yasuko ne parvient pourtant pas à se marier. En effet, le bruit court qu'elle a reçu l'averse de pluie noire qui retomba sur tout l'ouest de la ville, après que s'était élevé dans le ciel le monstrueux nuage atomique. Cette pluie était radioactive. Puisque... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Japon, 1950. A Kobatake, un village proche d'Hiroshima, Shigematsu Shizuma s'inquiète pour sa nièce Yasuko qui, à 25 ans, n'est toujours pas mariée. Les prétendants ne manquent pas mais ils se découragent dès qu'ils ont vent des rumeurs qui courent au sujet de la jeune fille. Au village, il se murmure qu'elle serait atomisée, touchée par la pluie noire tombée sur Hiroshima après l'explosion de la bombe atomique. Mais Shigematsu sait que sa nièce est en bonne santé, d'ailleurs ses analyses médicales sont excellentes. Alors qu'un énième bon parti vient de se faire connaître, l'oncle est bien décidé à ne pas laisser échapper cette chance de bonheur pour Yasuko. Il entreprend alors de retranscrire le journal que sa nièce tenait pendant la guerre, de le croiser avec ses propres écrits et de prouver ainsi que la jeune fille n'a pas été atteinte par la bombe.


Même si Pluie noire est un roman, il a valeur de témoignage ; le témoignage bouleversant et vécu de l'intérieur de ce terrible jour d'août 1945 où un grand éclair blanc traversa le ciel d'Hiroshima. Au drame des brûlés vifs morts sur le coup s'ajoute la masse de blessés, brûlés, ensevelis sous les décombres et pour tous les habitants, ce sont l'étonnement et les questions. Que s'est-il passé ? S'agit-il d'une arme nouvelle ? D'un gaz ? La ville est ravagée, en plein chaos, les survivants cherchent de l'eau, de la nourriture, brûlent les milliers de cadavres, aidés par les secouristes envoyés sur place. Les amis, la famille, rappliquent en masse pour chercher leurs proches. Ils ne le savent pas encore, mais tous sont condamnés à brève échéance. le Japon vient de vivre sa pire catastrophe et les conséquences seront encore vivaces des années après. Les ''atomisés'' sont d'abord considérés avec pitié et bienveillance mais cela ne dure pas, très vite ils deviennent des parias. Les femmes sont condamnées au célibat, les hommes, obligés de ménager leurs forces, sont considérés comme des oisifs bien chanceux de n'avoir rien à faire quand le travail attend.
Pluie noire est un livre poignant qui montre crûment toute l'horreur de la riposte américaine mais sans apitoiement, avec la distance et la pudeur propres à ceux qui ont beaucoup souffert. Plaidoyer contre la bombe, contre la guerre, ce livre est indispensable à la compréhension de ce que fut cette explosion d'un nouveau genre...plus qu'une date à apprendre par coeur en cours d'Histoire, plus que des chiffres, des statistiques...des hommes, des femmes, des enfants qui ont vu le ciel s'abattre sur leur tête sans comprendre pourquoi ils méritaient cela, sans comprendre comment des hommes ont pu faire cela à d'autres hommes...
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Vague souvenir de lecture. Si je me souviens bien, le livre est séparé en 3 parties : avant, pendant, et après la bombe sur Hiroshima, pour le dire brièvement. Je me souviens surtout du commentaire d'un ami à qui j'en avais conseillé lecture, qui m'a dit n'avoir rien ressenti à cette lecture et fut terriblement déçu, n'en voyant pas l'intérêt ! En fait, il s'attendait à quelque chose de spectaculaire, la description du champignon au-dessus de la ville, que sais-je ?… En fait, tout est là ! Dans le non-dit. L'horreur qui survient dans le quotidien de la vie. Tout continue comme avant, justement. A peine quelques interrogations sur des phénomènes étranges et inexpliqués comme la retombée de cette pluie noire et la survenue d'étranges symptômes. Alors, non rien de spectaculaire, mais quelle force dans ce récit !
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"Il y eu un avant et il y aura un après"...une petite phrase qu'on entend beaucoup ces jours-ci dans les propos des commentateurs en réponse à ce confinement imposé par la pandémie Coronavirus.....un avant et un après chaque catastrophe technologique ....un avant et un après chaque grande-guerre...chacun espérant que ces drames de l'histoire soient porteurs d'enseignements pour l'humanité.
Un avant et un après Hiroshima...
Avant...on le découvrira peu à lecture de ce roman-témoignages. On découvrira surtout "l'après", les jours et années qui suivirent, à la lecture de deux témoignages, de deux journaux, celui de Yasuko, une jeune femme, et celui en parallèle de Shigematsu Shizuma, son oncle.
Un oncle qui se désespère de la voir mariée...tous ses prétendants préfèrent fuir le risque qu'elle pourrait représenter, tous la soupçonnant d'avoir été irradiée par une pluie noire. Pluie dont elle-même parle : "...je me suis aperçue que j'étais couverte d'éclaboussures, comme de boue. Ma blouse à manches courtes était salie aussi, et même en partie abîmée. En me regardant dans la glace, je vis que, sauf la partie qui avait été abritée par ma capuche de protection aérienne, j'étais couverte de taches de même couleur. Je me suis alors souvenue qu'une pluie noire était survenue après notre embarquement sur la bateau clandestin."
Et pourtant elle était à 20 km du champignon...Elle n'a pas été brûlée, mais elle rencontra beaucoup de difficultés pour se débarrasser de ces taches noires .
Cinq ans se sont écoulés depuis ce drame. Cinq ans après, elle va de rue en rue, avec d'autres jeunes, afin de faire tomber les murs restés debout, des murs et des rues irradiés, hébergeant un mal invisible qui peut surgir quand on ne s'y attend plus. Bien des années après.
Yasuko, et Shigematsu Shizuma sont deux de ces japonais qui virent cet éclair blanc aveuglant, suivi d'un bruit énorme, et du nuage :"Le nuage en forme de champignon ressemblait plutôt à une méduse, tout en paraissant avoir plus d'énergie animale, faisant trembler sa jambe, changeant de couleur sa tête de méduse tour à tour rouge, violette, indigo, verte et s'élargissant toujours vers le sud-est."
Journaux croisés de traumatismes reprenant les mêmes informations, les mêmes interrogations, les mêmes douleurs et angoisses...donnant parfois à la lecture une impression de déjà lu..lecture éprouvante et pas toujours facile de ce fait, mais surtout essentiellement aussi, du fait des horreurs décrites, des monceaux de cadavres horriblement brûlés.
Ces japonais hébétés ne pouvaient imaginer, dans les premiers jours, ce qu'était ce "pikadon" source de leurs maux, de leurs brûlures, de leurs nécroses. Quelle était dont cette arme ?
Roman témoignage sur cette horreur, "Pluie noire" permet d'imaginer ce que virent et vécurent ces familles, Masuji Ibuse avait alors 47 ans. En cela il est utile, en cela il est indispensable pour comprendre cette atrocité, pour tout faire pour que cette arme ne tombe pas dans les mains de fous.
De ce fait, il est humainement éprouvant...et on découvre que les conséquences physiques peuvent apparaître bien des années plus tard.
Deux cartes insérées en début d'ouvrages représentant pour l'une un territoire d'environ 150*300 km et pour l'autre le plan de la ville d'Hiroshima, ne permettent pas toujours de localiser tous les lieux mentionnés..c'est dommage.
"La guerre finit par avoir raison du jugement des hommes."
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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1950. La jeune Yasuko vit avec son oncle et sa tante, près d'Hiroshima. A 25 ans, elle n'est toujours pas mariée et cela inquiète sa famille. En effet, une rumeur coure dans le village disant qu'elle aurait été contaminée par la bombe atomique. Pourtant Yasuko n'était pas à Hiroshima ce jour-là et n'a reçue que la pluie noire qui a suivie l'explosion de la bombe. Elle se porte bien et ne présente aucun signe de maladie. Les certificats médicaux n'y change rien, les prétendants se désistent au fur et à mesure. Alors qu'une nouvelle demande en mariage pointe son nez, son oncle Shizuma décide de prouver que la jeune fille n'a pas été touchée en faisant une copie de son journal de l'époque. Plus tard, il y ajoutera même le sien, persuadé que le mariage ne pourra qu'aboutir.
C'est ce procédé qui va permettre aux lecteurs de découvrir les évènements du 6 Août 1945 et des jours qui ont suivis.

Si Pluie noire est un roman et non pas un témoignage, il en possède pourtant toute la force.Il semblerait d'ailleurs que IBUSE se soit inspiré du journal d'un rescapé pour écrire un feuilleton qui est devenu par la suite Pluie noire.
Au gré des recopiages de l'oncle, le lecteur plonge dans la réalité historique du Japon en guerre et ce qu'il y découvre est assez édifiant. Des quelques heures qui précèdent la bombe à bien des années plus tard, on se rend compte de toute l'importance et la portée de ce drame.
Alors que Yasuko était à l'écart d'Hiroshima, son oncle Shizuma a vécu le désastre de l'intérieur depuis la gare d'Hiroshima sans pour autant être à l'épicentre de l'impact. L'auteur part du regard extérieur de la jeune fille avant de continuer sur le témoignage de Shizuma.
On vit avec la population le grand éclair blanc qui brûla tout sur son passage : humains, animaux, maisons, ...
Les gens ignorent ce qu'il s'est passé et parlent d'une arme nouvelle sans connaître la portée de l'irradiation qui vient de leur être porté. Les gens sont brûlés mais sans ressentir de souffrance.Certains n'ont plus de vêtements, ont la peau qui "dégouline" en lambeaux. D'autres sont coincés sous les décombres sans possibilité de s'en dégager. La folie gagne chez les plus faibles. Et alors que le feu commence à cerner la ville, la population tente de reprendre ses esprits, de sauver ce qui peut encore l'être avant de tenter de se mettre à l'abri des flammes.

On suit Shizuma, sa femme et Yasuko qui a réussi à les rejoindre dans leur traversée de la ville pour tenter de rejoindre l'usine de l'oncle où ils pourront trouver un abri. Leur chemin est un enfer, les images effroyables, la fumée étouffante mais il faut avancer coûte que coûte, en ignorant les appels à l'aide des condamnés.
Les jours suivants, nous assistons à la désorganisation complète de la ville qui tente tant bien que mal de continuer à "tourner" : manger, boire, trouver du charbon, brûler les morts qui s'accumulent. Les personnes irradiés et brûlés sont soignées par des remèdes de grand-mère et personne ne sait vraiment comment réagir face aux conséquences médicales de cette bombe, les médecins les premiers.

Ce récit extrêmement fort et difficile est heureusement allégé par l'alternance de la temporalité. Pluie noire ne s'arrête donc pas au récit de la catastrophe. On revient régulièrement au temps présent et aux difficultés du mariage. Cela permet également de constater que les conséquences de la bombe restent bien présentes malgré les années. Les gens irradiés sont le plus souvent déjà morts et il en est de même pour les équipes bénévoles de secours qui ont parcouru la ville les jours suivants. Les survivants ont des difficultés à travailler, tout effort favorisant une rechute de leur état et cette situation "d'oisiveté" est pointé du doigt par certains en bonne santé, obligé de trimer. On suit par la suite l'évolution de Yasuko dont l'état de santé finit par se dégrader.

Le procédé des journaux est repris un peu plus loin pour que le lecteur puisse découvrir d'autres points de vue de la catastrophe. le systématisme de ce parti pris semble un peu artificiel mais la force des propos efface ces imperfections pour offrir au lecteur un compte-rendu réaliste et complet des faits.
La narration est faite de manière plutôt détachée. Point de larmoyant ici pour ce drame qui se suffit amplement à lui-même.

C'est un livre dur, poignant qui ne laissera personne insensible et qui fera peut-être fuir les petits coeurs mais pour moi Pluie noire est un ouvrage essentiel pour qui veut comprendre l'importance historique et l'impact que fut la bombe atomique dans la vie des japonais et même du monde. A l'heure actuelle où les japonais se retrouvent face, une nouvelle fois, à une menace nucléaire d'importance, on ne peut s'empêcher de craindre le même type de conséquences sanitaires et morales pour la population.

Ce roman est un véritable plaidoyer anti-nucléaire INDISPENSABLE à découvrir !

A noter : l'ouvrage a été adapté au cinéma par Shôhei IMAMURA en 1989.
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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'est là un roman très particulier, un témoignage romancé serait peut-être plus exact.

Nous sommes en 1950. Yasuko, belle jeune fille vive et intelligente, vit avec son oncle. Au désespoir de celui-ci, il est difficile, presque impossible, de la marier. Nous sommes encore à une époque où règnent les entremetteuses qui mettent en relation les familles pour des mariages arrangés. Toutefois, il n'y a pas d'obligation ni de coercition pour les jeunes gens : la jeune fille est libre de refuser les demandes, mais ici, ce n'est pas le cas. Les marieuses se renseignent, et la rumeur court : Yasuko, malgré sa beauté, serait une « atomisée », elle aurait reçu la pluie radioactive qui tombé lors de l'explosion de la Bombe. Nous sommes tout proche d'Hiroshima.

Le jour où il reçoit une énième proposition d'un jeune homme qui plait beaucoup à sa nièce, l'oncle Shigematsu Shizuma n'y tient plus : il fait établir un certificat médical attestant de la santé de sa nièce, mais doit aussi répondre aux demandes de la marieuse : celle-ci exige de consulter l'original du journal que la jeune fille tenait en aout 1945, désirant connaître tous les faits et gestes de celle-ci après la bombe. L'oncle recopie donc le journal de sa nièce, mais celui-ci se termine malheureusement par le récit de l'averse de pluie noire venant du nuage d'Hiroshima, pluie qui tache le visage et les mains de la jeune fille, mais dont elle parvient à effacer toutes traces en se lavant immédiatement. Désireux toutefois de faire aboutir ce mariage, l'oncle joint au court journal de sa nièce le sien, qu'il recopie, et qui débute ainsi : 

« J'écris ceci en septembre 1945, dans une chambre d'une maison louée de la ville de Furuichi, canton d'Asa, département de Hiroshima, où je suis réfugié. Je l'intitule journal d'un sinistré ».

Alors commence l'essentiel du roman, un récit ancré dans la vie quotidienne de ces gens du peuple, marchands, fonctionnaires, citadins d'un pays en guerre qui voient, le 6 aout 1945, un éclair s'allumer dans le ciel et changer à jamais leurs vies. On y suit les survivants dans les décombres, les familles éloignées tentant d'avoir des nouvelles, les réfugiés essayant de se faire soigner par des médecins découvrant des pathologies nouvelles dont ils ignorent presque tout. 

On y découvre les réactions du peuple aux informations, ou à la désinformation, impériale, tentant d'abord de minimiser la chose, puis refusant obstinément de reconnaitre que la guerre est perdue, finie, ce que, confusément, les personnages de cette vivante et passionnante galerie de portraits réalisent peu à peu, les plus nationalistes s'effondrant presque les premiers alors que sombrent leurs certitudes.

Dans une situation extraordinaire, ce roman décrit comment l'emprise du quotidien, les réflexes des temps de guerre perdurent et permettent aux survivants de résister, pour ceux qui le peuvent, cherchant avant tout le salut dans la solidarité familiale. C'est aussi l'occasion de découvrir combien les années de guerre avaient épuisé le Japon, qui se préparait résister à une invasion terrestre par les moyens les plus rudimentaires. 

Ce roman nous livre une des rares relations de première main au coeur des conséquences du premier bombardement atomique. Il est écrit de façon extrêmement vivante, sans pathos, sans déploration : c'est, encore une fois, le quotidien, la vie simple des survivants, des abandonnés, écrasés par une fatalité qui les dépasse et qu'ils ne peuvent qu'accepter.

L'auteur a obtenu un prix pour ce roman, qui fut ensuite adapté au cinéma. À sa lecture, on le comprend aisément : c'est à la fois une réussite littéraire, un témoignage aussi vivant qu'émouvant, et un morceau d'Histoire.

Lien : https://litteraturedusoleill..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
À l’est de la gare se trouvait le temple de Yokogawa, mais du sanctuaire intérieur, il ne restait debout que des colonnes, Quant au pavillon extérieur, il avait complètement disparu, ne laissant qu'une place rase. Sur le chemin qui longe le parvis, il y avait des gens, tous couverts d’une espèce de cendre ou de poussière et qui tous, sans exception, saignaient de la tête, de la face, des mains, et ceux-ci étaient nus, de la poitrine, du dos, des cuisses, de partout. Il y avait une femme dont la joue trop gonflée pendait comme un sac, et qui marchait les mains en avant, comme un fantôme. Un homme, aussi nu que lorsqu’on plonge dans la piscine d’un bain public, marchait en se baissant comiquement. Une fenme en chemise courait, exténuée, en poussant des gémissements. Une autre, un bébé dans les bras, criait« De l’eau ! », et entre deux cris continuait d’essuyer les yeux de l’enfant, où était entassé quelque chose comme de la cendre. Un homme criant à tue-tête, des femmes, des enfants courant en hurlant de douleur, un homme assis au bord du chemin et agitant follement ses bras levés vers le ciel, une femme au seuil de la vieillesse priant avec ardeur, les mains jointes, auprès d’un tas de tuiles, un homme à moitié nu trottant et se heurtant à elle, et qui filait en jurant « L’idiote, la folle », un homme qui flânait, un autre en pantalon blanc qui rampait en sanglotant ha ha et avançait très lentement, voilà ce que j’ai vu en faisant cent vingt mètres à peine sur la route nationale qui va de la gare de Yokogawa, au parc de Mitaki.
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Au bout du pont gisait un mort, les bras étendus. Le teint avait noirci, mais il semblait parfois respirer, à longues inspirations, et en gonflant les joues. Il paraissait aussi cligner des paupières. N'en croyant pas mes yeux, j'ai posé mon paquet sur la balustrade et me suis timidement approché du cadavre : de sa bouche, de son nez, tombaient des flocons de vers, lesquels, groupés aussi sur les globes des yeux, et y rampant, faisaient comme bouger les paupières.
Je me suis rappelé le vers d'un poème lu, je crois, dans une revue, au temps de ma première adolescence.

Ô vers, mes amis!

Et cet autre :

Ciel, fends-toi! Terre, brûle! Hommes, mourez, mourez!
Spectacle saisissant! Ô vision grandiose!

Les exécrables paroles! "Vers, mes amis!", parole de mouche! Même les fous manquent donc de mesure ! Le 6 août à huit heures et quart, le ciel s'étaient vraiment fendu, la terre avait brûlé, les hommes étaient morts.
"Je ne vous le pardonnerais jamais.Où est-il, votre spectacle grandiose ? Sont-ce là vos amis ? " ai-je dit tout haut.
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Sur le chemin qui longe le parvis, il y avait des gens, tous couverts d’une espèce de cendre ou de poussière et qui tous, sans exception, saignaient de la tête, de la face, des mains, et ceux-ci étaient nus, de la poitrine, du dos, des cuisses, de partout. Il y avait une femme dont la joue trop gonflée pendait comme un sac, et qui marchait les mains en avant, comme un fantôme.
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Pour un peu, ma haine de la guerre m'aurait fait jeter mon paquet à la rivière. Victoire, défaite, qu'importe ? Une paix injuste vaut mieux qu'une guerre soi-disant juste.
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Hiroshima n'est plus. Mais que la ville aurait eu une fin aussi misérable, qui l'eût cru ?
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