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EAN : 9782374910581
192 pages
Quidam (06/04/2017)
3.13/5   15 notes
Résumé :
D'Athènes et d'autres villes de Grèce, ils ont fui l'enfer urbain qu'impose la crise économique pour fonder, sur un île de l'Egée, une micro société plus humaine et plus heureuse, l'espoir d'un nouveau monde. Mais leur refuge est un piège et le rêve ne tarde pas à virer au cauchemar. Confrontés à des îliens inhospitaliers, corrompus et violents, les nouveaux arrivants se retrouvent avec ce qu'ils croyaient laisser derrière eux : les forces maléfiques du pouvoir et d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Nous sommes tous des Grecs d'aujourd'hui et pas seulement d'hier : ce qui a fait entrer la Grèce dans l'UE ; ce qui les plombe et nous est dékà arrivé ou va le faire. Il faut lire Christos Ikonomou d'urgence, et pas seulement pour ces raisons dites. Ikonomou raconte les vies de Grecs piégés par les multinationales avec les mafias, et nos vies avec une force et une lumières peu communes.

"Le monde est ainsi fait qu'il libère chacun de nous du devoir de faire son bien à lui. Chacun de nous est libre de faire le mal de mille façons mais le bien est oujours l'affaire de quelqu'un d'autre. Dans nos sociétés, le bien est un monopole d'Etat. Pour qu'une société fonctionne plus ou moins l'Etat doit avoir le monopole de la violence - mais il est encore plus important pour une société que l'Etat ait le monopole du bien." (page 79)

Les ellipses çà et là renforcent le propos, car elles demandent au lecteur la confiance totale, celle qui permet d'avancer, avancer toujours, comme le font les Grecs piégés de "Le Salut viendra de la mer" : en prime une leçon de lecture ;) Pas mal, non ? Ah, j'oublie la leçon de souffle. la ponctuation est soignée, elle vous dit quand cavaler avec la comprenette au coin de l'oeil et quand ralentir.

Cet ouvrage est aussi un ensemble de récits en puzzles mosaïques (pour ne pas dire christiques, de Christos I.) dont je ne dévoilerai pas la fin, si belle et si dépouillée que le ciel et la mer ensemble peuvent à peine vous consoler de la fin du livre. Alors, on regarde la couverture.

De l'histoire de Tassos qui ne renonce jamais, à celle de Chronis, ou Lazaros, Stavros [désolée, je ne peux placer les accents toniques sur les voyelles], nous sommes avec l'aventure de vivre qui est là leur, pardon : la nôtre.
Les images se succèdent, flamboient, la parole déferle vague après vague, parfois pensive, souvent éruptive, juste toujours souvent éruptive, juste toujours, venue de cette île imaginaire à la toponymie terrible.

Deux extraits :

[ce que dit le Grec qui a émigré en Allemagne et réussi] : "Vous, là-bas, disait-il à Stavros. Vous là-bas ceci, vous là-bas cela. Vous là-bas il vous faut apprendre à travailler. Arrêter de pleurnicher et voir comment vous débrouiller tout seuls. Personne ne vous doit rien, tout est de la faute de vos cervelles tordues. Deux cents ans ont passé et vous ne savez toujours pas si vous voulez être en Europe ou non. Mais enfin, pour qui vous prenez-vous ? Hein ?
Il avait toute une théorie. Il disait que ces dernières années la Grèce avait été le théâtre du crime parfait. Auteur : les politiques. Instigateur : les électeurs. Modile : l'achat des consciences. Arme : l'argent - argent étranger, argent sale, argent facile. Victime : le pays.
C'est à peu près ce qu'il disait. Et Stavros avait un tas de choses à répondre, mais à chaque fois il s'écrasait." (pp 145-146)

Stavros avant d'aller rejoindre la "petite sirène", Artemi :

"Le fil roulé à la main, il se dit qu'il aimerait avoir, il en meurt d'envie, un pied d'acier dans une botte en acier pour chasser d'un coup de pied la douleur et l'amertume, pour chasser à chaque fois la trahison, le désespoir, les méchants, les cruels qui taillent l'amour à leurs mesures et non aux mesures de l'amour, qui lundi te disent je t'aime et mardi ne te regardent plus, qui te disent lundi je ne peux pas vivre sans toi et mardi je ne te supporte plus, lundi on va s'en tirer ensemble et marci il faut que tu sois indépendant, chacun doit se débrouiller tout seul, lundi je veux vivre avec toi pour toujours et mardi qu'est-ce que ça veut dire que je suis entré dans ta vie, que j'ai bousillé ta vie et que maintenant je m'en vais comme si de rien n'était, qu'est-ce que tu veux dire, je ne comprends pas - je t'aurais trompé sans le savoir - [...]" (pp 162 et s.).

Un livre à garder.
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Quatre histoires. Quatre fables. Quatre parties d'un même récit que l'on pourrait croire tiré d'une dystopie mais qui se situe bien de nos jours, dans la Grèce contemporaine. Seul le lieu est inventé. Une île de la mer Egée, d'où l'on peut apercevoir Naxos, Santorin, Sifnos et même par temps très clair, la lointaine Amorgos. Une île sur laquelle des habitants des grandes villes grecques, que l'on appelle les Athéniens pour simplifier, se sont réfugiés, fuyant la crise et la misère inhérente. Un endroit où ils espèrent créer une société différente, loin des diktats de la finance, plus centrée sur l'humain, tournée vers l'autre...

Sauf que. Sauf que leur utopie se heurte à la réalité d'un monde qui ne les a pas attendus. Un monde où ce qu'ils fuyaient les a déjà rattrapés. Sur cette île, ils ne sont que des réfugiés, étrangers dans leur propre pays. Sur cette île qui n'est qu'un modèle réduit de la société qu'ils ont quitté, les mafias règnent et le pouvoir de l'argent écrase tout. Alors comment garder espoir malgré tout ? Que devient-on quand on n'est plus rien ?

"Tu me diras, c'est des histoires tout ça, je le sais. Comme dans les contes. Mais faut pas croire, l'homme en a besoin, des contes. Les hommes ont découvert les contes et les ont remplis de monstres pour ne pas devenir eux-mêmes des monstres. Car la vérité peut faire de toi un monstre. Tu dois devenir un monstre pour supporter la vérité."

Loin de la mythologie grecque, ce texte fort et âpre a le mérite de bousculer et d'interroger sur la condition humaine, le courage, le libre arbitre ou encore le progrès. Des siècles de croissance, de progrès dans tous les domaines pour aboutir au retour de l'homme des cavernes ? L'homme est-il condamné à attendre un hypothétique salut de la mer, du ciel ou d'ailleurs ? Va-t-il simplement disparaitre, dans une grotte ou ailleurs, écrasé par des forces qui ne supportent pas qu'on s'oppose à elles ?

Même si la force et le choc du premier texte ont du mal à trouver du répondant avec les trois suivants et que le propos devient un poil redondant, on referme ce livre avec l'impression d'avoir pris quelques baffes, de celles que l'on vous assène lorsque l'on cherche à vous faire reprendre conscience. Des fois, ça fait du bien.

"Et alors tu es pris d'une autre peur, plus grande, parce que tu comprends comme c'est terrifiant d'avoir commencé à réagir non comme un être humain mais comme quelque chose d'autre, vu qu'aucun être humain ne se demanderait jamais si la lumière est pire que la nuit, si la peur qui vient du feu est pire que la peur qui vient de la nuit. Ce qui te terrifie c'est que tu ne sais pas ce que c'est, ce quelque chose d'autre que tu commences à devenir - qu'est ce qui existe après, que peut devenir quelqu'un s'il cesse d'être humain, qu'est ce qui existe après l'être humain ?"
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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C'est l'histoire d'une chute.

Celle d'hommes, de femmes, plombés par la crise financière et l'incertitude quant à leur avenir, qui ont voulu rebondir, se construire une nouvelle vie. Ils ont pour cela quitté leurs villes -Athènes ou d'autres- pour une île égéenne, sur laquelle ils espéraient renouer avec les valeurs mises à mal par le système capitaliste : la solidarité et l'entraide, le goût de bonheurs simples... Une île fictive mais peu importe, ce pourrait être Ios, Koufonissia, Schinoussa, une de ces perles égrenées parmi les paradis pour touristes des Cyclades.

Pour nos héros, ce paradis devient vite l'enfer...

Aux difficultés inhérentes à l'adaptation à un nouvel environnement, s'ajoutent l'hostilité et le rejet qu'opposent les autochtones à ces arrivants qu'ils appellent "les Athéniens", y compris lorsqu'ils viennent d'ailleurs. La mainmise de la mafia locale sur l'économie ilienne anéantit leurs projets. Ils retrouvent finalement dans leur exil ce qu'ils ont voulu fuir -la corruption, la précarité, l'injustice-, le danger et l'isolement en plus...

Pour rendre compte des désillusions qui vont mener certains de ces migrants de l'intérieur jusqu'à la démence, l'auteur s'attarde sur quatre d'entre eux. le roman commence très fort, en évoquant l'histoire de Tassos, utopiste exalté qui se heurte jusqu'à l'épuisement à la violence des truands locaux. Portée par une écriture percutante, exprimant un désespoir qui n'a même plus la force de la rage, son histoire nous imprègne d'emblée d'une dimension tragique et cruelle.

Les récits qui suivent, liés par ce fil conducteur que constitue la thématique de la chute, relatent d'autres destins fracassés, condamnés à la lutte pour la survie, avec une éloquence qui, se faisant parfois incantatoire, frappe le lecteur.

Bien qu'empreint de la tragédie économique et sociale qui touche la Grèce d'aujourd'hui, "Le salut viendra de la mer" pourrait se dérouler n'importe quand, et n'importe où. Christos Ikonòmou s'interroge sur la difficulté, dans une société instable, gangrenée par la haine et par la peur, à conserver son humanité. Son constat, pessimiste, laisse soupçonner que, venu de la mer ou d'ailleurs, aucun salut n'est à espérer d'un système inique qui mène les hommes à la folie.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Composé de quatre nouvelles évoquant les mêmes personnages (le personnage narrateur changeant à chaque fois), le salut viendra de la mer est un ouvrage bien étrange et déroutant. le cadre spatio-temporel en est flou : nous savons à peu près où et quand cela se passe (après la crise de 2008, dans une île grecque inventée par l'auteur) mais en ayant en même temps l'impression que tout est figé dans un espace-temps immémorial. Il en est de même quant à l'intrigue : nous comprenons bien ce que font les personnages, mais le cadre narratif dans lequel ils le font est comme indéterminé. Tout ceci donne aux nouvelles un caractère fabuleux, mythique, qui nous rapproche des récits antiques - ce que j'ai surtout retrouvé dans la troisième nouvelle, dans laquelle un homme recherche désespérément son fils. 
Ce qui est plus moderne, c'est que le langage est parfois recherché, parfois au contraire très cru ; la narration est soit à la première personne, soit à la troisième personne ; la syntaxe est, à certains moments, extrêmement instable, avec des phrases très longues peu ponctuées, très répétitives, rendant leur sens confus. Dans tous les cas, ces éléments varient selon le personnage qui est narrateur, chacun racontant directement ou indirectement son histoire, la raison pour laquelle il a choisi de venir s'exiler sur cette île... 
J'ai eu vraiment du mal avec la première nouvelle, ne sachant pas trop dans quoi je m'embarquais, à tel point que j'ai pensé abandonner ma lecture : le style ne me convenait pas et l'histoire me semblait ahurissante, sans aucun intérêt. J'ai persévéré, et j'ai eu raison : les trois autres nouvelles étaient bien plus intéressantes et lisibles, décrivant  la situation grecque de ces dernières années avec beaucoup de violence et de pessimisme. 
Une lecture qui ne fut donc pas simple au départ, mais qui est devenue intéressante après avoir passé le cap de la première nouvelle que je n'ai pas vraiment appréciée. 
Lien : https://lartetletreblog.word..
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Le solide désespoir de l'émigration intérieure grecque, et toute une terrifiante nouvelle mythologie contemporaine.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/05/18/note-de-lecture-le-salut-viendra-de-la-mer-christos-ikonomou/
Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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critiques presse (3)
LeMonde
19 mai 2017
Un conte fort et noir.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
11 mai 2017
Cinq nouvelles de Chrìstos Ikonòmou, qui font entendre le terrible chant des nouveaux damnés de la terre.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Telerama
05 avril 2017
Le plus étrange, dans ces nouvelles qui décrivent la Grèce d'aujourd'hui, pays en plein chaos, la faute à la fameuse dette, bien sûr, c'est d'y retrouver les accents pré (ou post)-apocalyptiques des romans de science-fiction des années 1970.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Et alors tu es pris d'une autre peur, plus grande, parce que tu comprends comme c'est terrifiant d'avoir commencé à réagir non comme un être humain mais comme quelque chose d'autre, vu qu'aucun être humain ne se demanderait jamais si la lumière est pire que la nuit, si la peur qui vient du feu est pire que la peur qui vient de la nuit. Ce qui te terrifie c'est que tu ne sais pas ce que c'est, ce quelque chose d'autre que tu commences à devenir - qu'est ce qui existe après, que peut devenir quelqu'un s'il cesse d'être humain, qu'est ce qui existe après l'être humain ?
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On regardait la mer, le ciel, les îles qui noircissaient dans le fond – Mìlos, Kìmolos, Pòlyvos. La mer étincelait, je me souviens, comme un miroir brisé, les mille éclats des vagues, mais je n’ai rien dit, ça porte malheur. Tàssos non plus. À un moment seulement, vers la fin, il a redit que le salut viendra de la mer. Le salut viendra de la mer. Je ne sais pas d’où ça lui venait, il répétait ça tout le temps. Et il disait toujours pareil, d’une voix chantante, et si tu lui demandais, il répondait que c’était dans une chanson. Quelle chanson, personne ne le savait, personne n’avait entendu ça. Mais c’est contagieux à force, et maintenant nous le disons nous aussi tout le temps. Chaque fois que nos affaires tournent mal, chaque fois qu’arrive une mauvaise nouvelle, on dit patience, le salut viendra de la mer. Un truc à nous, tu comprends, un mot de passe qu’on se dit nous autres, ceux d’aut’part.
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Et pourquoi tout ça ? Pour rien. Groupements solidaires, réseaux de consommateurs, produits sans intermédiaires. Pauvre Tàssos. Il rêvait de nous faire fonder une coopérative, lancer notre marché à nous, aider les gens, créer des situations nouvelles en Grèce, sans patrons, sans politicards, sans vols et sans magouilles. Pauvre Tàssos. Naïf, une vraie rosière. Le pied à peine posé sur l’île, criant, courant, se démenant pour nous organiser nous autres et les rats aussi. Pour quel résultat ? Zéro. Il est tombé dans un trou noir. Pourquoi ? Pour rien. Pour une botte d’oignons et deux kilos de tomates, mettons. Rien.
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On a perdu Tàssos à cause de la solidarité et de la justice. Solidarité, justice – du vent, des mots que disent les pauvres, sans y croire, ils sont pauvres, c’est tout.
Mais aucun de nous ne s’attendait à ce qu’il ait une fin pareille.
On s’attendait à plus de courage, plus d’héroïsme. À quelque chose qu’on montrerait à la télé, sur Internet, qui obligerait ces crapules à dire au moins deux mots dans leur Parlement. Aujourd’hui encore, quand on monte à Kataflyi et qu’on regarde depuis là-haut la mer, on se dit qu’il aurait dû choisir une autre fin, plus courageuse, plus héroïque. On se rappelle ses paroles dingues, comme quoi le salut allait venir de la mer, et on se dit que s’il s’était montré plus courageux, plus héroïque, peut-être que les gens l’auraient su et se seraient soulevés. Quelque chose aurait bougé, aurait changé. Peut-être, qui sait.
Tu me diras, c’est des histoires tout ça, je le sais. Comme dans les contes. Mais faut pas croire, l’homme en a besoin, des contes. Les hommes ont découvert les contes et les ont remplis de monstres pour ne pas devenir eux-mêmes des monstres. Car la vérité peut faire de toi un monstre. Tu dois devenir un monstre pour supporter la vérité.
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