Blue Giant Supreme, tome 11

Après mon coup de coeur pour le premier arc de la série, j'ai eu du mal à entrer dans celui-ci, le trouvant sans cesse légèrement en-dessous. Mais sans m'en rendre compte, petit à petit, il s'est frayé un chemin dans mon coeur et je le termine par un véritable coup de coeur et une petite larme au coin des yeux.

Ce dernier tome du volet européen des aventures de Dai fut parfait ! L'auteur a su capter l'essence même du jazz, du groupe de jazz, des joueurs de jazz et des concerts de jazz ici. Alors oui, ce fut dur, ce fut âpre, ce fut douloureux, mais ce fut magique !

J'ai adoré suivre les derniers instants de Dai avec son groupe, sa difficulté à leur avouer son envie de changement, leur doigté pour le faire parler, leurs derniers concerts dantesques ensemble. Ils forment désormais un belle famille tous les quatre et c'est touchant. J'ai vraiment aimé l'écriture des personnage de Shinichi Ishizuka dans cet arc. Il a réussi à partir de musiciens un brin antipathique pour les transformer en personnes attachantes qui gardent quand même leurs particularités. Bruno est toujours aussi rigoureux et pète sec mais il s'est ouvert aux autres et sait reconnaître leur potentiel derrière leurs failles. Rafa est toujours aussi indépendant, mais il a appris à apprécier d'être avec des gens tout en restant libre. Hannah est toujours aussi réservée mais elle a pris confiance en elle et se dénigre bien moins, elle a compris qu'elle avait de grandes qualités. Quant à Dai, quel progrès en tant qu'humain et musicien !

Ce titre fut ainsi une bouffée d'émotion, tout particulièrement ici où l'auteur met en scène la séparation voulue et réfléchie du groupe et non subie comme la dernière fois. Cela a donc une toute autre portée de les voir jouer une dernière fois ensemble. J'ai été soufflée par leur concert au North Sea, aboutissement de tous leurs espoirs. La puissance de leur musique, la variété de leur jeu, leur symbiose à tous les quatre, tout cela m'a percuté de plein fouet. C'était incroyable ! Et ces moments où ils se transmettaient la musique les uns aux autres, un coup de génie de la part du mangaka, un trouvaille graphique d'une rare puissance sur tous les plans ! J'ai adoré les voir sur scène, tout comme j'ai été émue par leurs petits moments en off, à se chamailler, se chercher ou juste discuter autour d'un verre. L'auteur a vraiment su créer quelque chose entre eux.

Mais il n'a pas oublié non plus la dimension musicale et ce fut éclairant de l'entendre parler du racisme dans le jazz européen à un certain niveau. Aussi bien, c'est enthousiasmant de voir le pouvoir de la musique de nos héros pour soulever les foules et intéresser mêmes des néophytes. La scène avec ce petit garçon venu voir Dai est incroyable ! Mais il y a aussi une dimension moins reluisante où certains, ici des sponsors, viennent critiquer parce que le leader est asiatique, la contrebassiste une femme ou le pianiste un polonais et le batteur un français. La façon dont ils ont accumulé les propos racistes et misogynes m'a fait bondir ! Heureusement que l'auteur dénonce tout cela avec force. Il ouvre ainsi une nouvelle porte pour Dai, vers un nouveau monde, peut-être plus ouvert, que le fera encore progresser et lutter contre ces propos enfermant.

Grand moment de symbiose, ce dernier tome m'a fait totalement entrer en raisonnance avec les membres de Number Five. J'ai vibré avec eux, j'ai pleuré avec eux, j'ai été émue avec eux. Leur musique m'a transmis énormément d'émotions, musicales et autres. C'est dur de les quitter mais nécessaire et j'ai hâte de voir Dai évoluer sur une nouvelle scène, faire de nouvelles rencontres et chercher un nouveau son ! Rendez-vous en avril dans Blue Giant Explorer pour cela !
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