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EAN : 9782848053295
136 pages
Sabine Wespieser (29/08/2019)
3.57/5   51 notes
Résumé :
David déserte Londres quand la femme dont il s’apprêtait à adopter le petit garçon le quitte. À Paris, il s’installe dans un appartement avec une grande baie vitrée sur la Seine. Lorsqu’un homme l’aborde sur un banc de l’île aux Cygnes, en contrebas de chez lui, il accepte sans arrière-pensée de lui montrer sa vue exceptionnelle.
Vingt-cinq ans plus tard, David et Émile habitent ensemble le lieu de leur rencontre. Émile, jeune interne à l’époque, est à présen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Quitté par la femme dont il était sur le point d'adopter l'enfant, David s'est réfugié à Paris, dans un appartement avec vue panoramique sur la Seine. le temps a passé. Désormais quinquagénaire, il partage depuis vingt-cinq ans sa vie et sa vue exceptionnelle avec Emile, un chirurgien. Pourtant, une ombre s'obstine à assombrir son existence : jamais il n'est parvenu à oublier cette paternité manquée, qui l'obsède jusqu'à l'en rendre malade.


Ce bref roman est construit sur des coïncidences impossibles. Curieusement, cela importe peu, tant il est porté par le canon à trois voix de ses personnages, David, Emile et leur jeune voisine Clarice. Contraints aux choix décisifs que la vie réserve, ceux-ci restent déchirés par les possibles entrevus et à jamais perdus, par ces pages qu'ils croyaient tournées et qui continuent à les empoisonner de regrets d'autant plus pernicieux qu'ils ont cru pouvoir les oublier. Tous trois gravitent autour d'un amour qui leur a parfois manqué enfants et qu'ils continuent leur vie durant à rechercher comme des papillons attirés par une lampe, dans une quête affective douloureuse, mais irrépressible. Alors, touché et saisi par le réalisme de leur présence, on en oublie les improbables hasards qui réunissent leur triangle autour du même absent.


Le style est sobre, aucun sentimentalisme ne vient brouiller le texte qui, pourtant, n'est qu'émotion subtilement suggérée : celle-ci parvient, en quelques traits simples, à dessiner l'âme des personnages et à leur donner une saisissante consistance. Et l'on reste confondu par ce récit express, qui, en si peu de pages, réussit à concentrer tant de sensibilité et d'intensité.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Ma vie et celle qui m'attendait
Avec une plume toujours aussi délicate, Jean Mattern nous offre un court et intense roman intimiste qui explore la vie de David et d'Émile, un couple –presque – sans histoires.

Jean Mattern, responsable du domaine étranger chez Grasset, poursuit parallèlement sa carrière de romancier. Une vue exceptionnelle, son cinquième roman, fait suite à Septembre et le Bleu du Lac – qui vient de paraître en poche dans la collection Points ¬– qui ont permis aux lecteurs d'être séduits par un style aussi classique que délicat, sobre et sensuel dans des registres pourtant bien différents. Cette fois, il s'agit d'explorer la relation d'un couple homosexuel né au hasard d'une rencontre.
Voilà près de vingt-cinq ans que David partage la vie d'Émile, qu'ils vivent une vie à priori sans histoires dans le bel appartement situé sur le front de Seine avec «vue exceptionnelle», notamment sur l'île aux cygnes où ils se sont rencontrés. À l'époque David apprécie ce havre de calme et de verdure, célèbre pour la réplique de la Statue de la Liberté qui y a été érigée. Il ignore que l'endroit est un rendez-vous prisé de la communauté gay. Émile pour sa part vient régulièrement y chercher un partenaire, histoire d'agrémenter une vie entièrement consacrée à sa carrière professionnelle. Il est alors interne et entend se spécialiser en neurochirurgie. S'ils n'imaginent pas alors faire leur vie ensemble, ils ne tardent cependant pas à se retrouver, à s'apprécier jusqu'au jour où David propose à Émile d'emménager chez lui.
Si ce roman se lit avec autant de plaisir, c'est qu'il est construit comme un tableau impressionniste. Les petites touches successivement ajoutées pour former l'image finale sont les différentes voix qui viennent enrichir le scénario initial et donner profondeur et densité à cette relation de couple à priori bien ordinaire. David puis Émile nous donnent leur version, suivis puis Clarice qui fait son jogging sur l'île aux cygnes et croise régulièrement David. Trois histoires personnelles qui vont s'entrecroiser et s'enrichir avec d'autres protagonistes. On y découvrira que David, expatrié à Londres, était prêt à s'engager avec sa compagne de l'époque et à adopter son fils lorsque cette dernière s'est rapprochée du père de l'enfant, l'abandonnant à son rêve de paternité. C'est alors qu'il avait décidé de s'installer à Paris. du côté d'Émile, on va découvrir qu'il aurait dû hériter d'une librairie à Bar-sur-Aube en Champagne, mais avait préféré quitter la province pour pouvoir vivre plus sereinement une sexualité «différente».
Habilement, Jean Mattern fait ressurgir ce passé au fil de circonstances qui vont mettre Émile et David au pied du mur, comme ce jour où le neurochirurgien retrouve en consultation un homme en lequel il reconnaît celui qui aurait pu devenir le fils adoptif de son compagnon. Bien entendu, il est tenu au secret professionnel. Mais peut-il simplement faire fi de cette rencontre? Des tourments intérieurs qui vont entraîner autant de questions sur les petits secrets et les grands hasards, sur l'essence d'une vie et sur les curieuses routes que nous empruntons tous, souvent plus inconsciemment que consciemment.


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David et Emile vivent ensemble dans un appartement avec une « vue exceptionnelle » sur la Seine et la réplique de la statue de la Liberté sur l'île aux Cygnes à Paris. Un événement de son passé hante David : vingt-cinq ans auparavant, il a été obligé de quitter Laura et surtout son fils Simon à cause du retour du père de Simon. Il adorait Simon et ne s'est pas remis de cette séparation. Par ailleurs, il est sujet à de violentes crises de vertiges. ● Ce petit roman est entièrement bâti sur des coïncidences si improbables que leur invraisemblance le gâche tout entier. La construction du roman, avec cette alternance de voix narratives qu'on a un peu trop vue et qui n'est pas utilisée ici de façon particulièrement originale, est viciée par ce défaut de conception. L'écriture trop simple ne constitue pas une source d'intérêt qui pourrait rattraper ce défaut. Les allusions sexuelles m'ont paru maladroites et lourdaudes. Un roman vite lu que je vais vite oublier et que je ne conseille pas !
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Jean Mattern nous emmène dans une histoire pleine de délicatesse, où le regard prend toute son importance. David qui garde un oeil sur sa baie vitrée qui donne sur la Seine et l'autre oeil sur la photo de Simon, le garçon de son ex-compagne qu'il a failli adopter. Emile, son compagnon, oncologue de renom, va être troublé lorsqu'il verra un nom écrit sur l'agenda qui recense ses rendez-vous. Et Clarisse, cette jeune femme qui ne cesse de scruter ses kilos en trop dans le miroir…
Des regards, des entrevues, et une histoire formidable qui lie nos trois personnages grâce à de mystérieux hasards qui tirent de douloureuses ficelles issues du passé.

Vingt-cinq ans que David a quitté Londres pour venir vivre à Paris, en tant que biographe de musiciens, aidé financièrement parlant par les profits de l'entreprise viticole familiale. Il vivait autrefois avec une femme célibataire avec enfant. le retour, au bout de plus de trois ans d'absence, du géniteur de l'enfant de celle-ci va contrarier ce destin de père de famille qu'il s'était secrètement façonné. Et puis voilà Paris, voilà Emile et une nouvelle option de vie.

C'est alors que le médecin va recevoir Simon, devenu adulte, en consultation. Des certitudes vont s'effondrer : « Alors il est heureux que le secret professionnel m'interdise de donner une nouvelle réalité à un cliché vieux d'un quart de siècle. »
C'est une intervention de la part de Clarisse, cette jeune femme pleine de questionnements existentiels, devenue l'amie de David depuis peu, qui permettra de mettre à plat les regrets, mais aussi les remords de nos deux protagonistes.

J'ai aimé l'écriture de Jean Mattern, cette délicatesse, cette poésie, mais j'ai regretté « l'abréviation » des deniers chapitres. Je les souhaitais plus étoffés ; curieuse que je suis !
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Les chapitres alternent entre David et Emile, parfois entrecoupés par Clarice.
Jean et Emile s'aiment depuis vingt-cinq enfants et habitent un appartement parisien à la vue exceptionnelle.
C'est un court roman tout en sensibilité et en délicatesse.
Il interroge sur le destin qui oriente nos vies
Sur les coïncidences aussi.
Passé et présent d'entremêlent entre ces trois personnages qui ont sans le savoir des éléments que les autres n'ont pas.
C'est très subtil et le style est des plus agréables.
Un bon roman en somme.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
DAVID
Comme souvent, je me suis levé un peu avant toi. Ces heures du petit matin, quand la nuit n’est pas encore tout à fait vaincue, me sont précieuses, j’aime ces moments où tout semble possible, et je ne me lasserai jamais d’observer les reflets des premiers rais de lumière sur l’eau. Cette grande baie vitrée est une bénédiction, ouverte sur le ciel parisien et surtout sur la Seine juste en contrebas, c’est un peu comme si je disposais de la meilleure loge à l’opéra pour moi tout seul, le spectacle est différent à chaque fois, et bien que je prenne plaisir à prolonger le plus possible ce temps à moi dans le silence et la lumière argentée de la nuit finissante, il m’arrive souvent de retourner dans le lit où tu dors encore, je te réveille en te caressant tout en douceur, parfois je te fais l’amour sans prononcer un mot, comme pour partager ces débuts avec toi, ces premiers instants du jour qui renaît, et tu me traites bien sûr de sentimental à la table du petit déjeuner quand je te dis mon bonheur, mais ce n’est pas la seule différence entre nous, car, pendant que j’écris des biographies de musiciens ou d’artistes oubliés dont l’existence ne changera le cours des choses pour personne, tu opères, tu sauves des vies et modifies la trajectoire de tant de biographies, et pas seulement sur le papier. Cette pensée me donne parfois le vertige.
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INCIPIT
ÉMILE
Une vue exceptionnelle, il commença par me dire que son appartement possédait une vue vraiment exceptionnelle. Je trouvais ça incongru dans sa bouche, sur ce banc tout au bout de l’allée des Cygnes où je venais de m’asseoir à son côté. Il avait l’air perdu, mais pas de la manière dont les hommes qui fréquentent cet endroit feignent de s’y être égarés. Je lui souris, ne sachant comment poursuivre la conversation.
En avais-je même envie? Il m’intriguait, la situation était insolite. Je lui souris une nouvelle fois.
Je ne suis pas du genre à m’épancher sur le passé, à me retourner en arrière. Pourtant, depuis quelques jours, je ne cesse de penser à cette première rencontre entre David et moi. Ce n’est nullement l’heure des bilans, il n’y a aucune raison pour cela. Mais, la semaine dernière, j’ai opéré mon jumeau: un homme né le même jour que moi. À quelques heures près, quelques minutes
peut-être, nous avons le même âge. C’était la première fois de toute ma carrière que cela m’arrivait. Quand je lui ai expliqué les risques de l’opération, l’homme s’est mis à pleurer. J’ai vu des patients fondre en larmes ou éclater en sanglots des centaines de fois, et de toutes les manières. La plupart du temps, je suis mal à l’aise et ne sais pas comment réagir, car ma volonté de rassurer ne me dispense pas d’exposer clairement le fait qu’aucune opération au cerveau n’est sans risque et, quand mes explications provoquent une réaction aussi forte, il m’est difficile de préserver cet équilibre entre optimisme et réserve. Aucune tumeur ne s’enlève en un tour de main, comment peut-on imaginer autre chose? Bien entendu, j’aspire à être celui qui guérit, celui qui sauve des vies. C’est le métier que j’ai appris, le seul que j’aie toujours voulu faire. J’ai conscience de ma responsabilité, de mon rôle, et toutefois, je ne me suis jamais tout à fait habitué à ce poids. Quand le regard d’un patient me rappelle entre deux crises de larmes que je suis celui qui tient sa vie entre mes mains, cela m’est insupportable. La neurochirurgie est certes devenue une discipline high-tech, il n’empêche, ce sont encore mes dix doigts qui réussissent ou qui condamnent. Mais cet homme, mon jumeau, ne m’embarrassa pas, comme tant d’autres avant lui, qui ont bruyamment exprimé leur angoisse. Il me toucha, pleurant ainsi en silence. «Ce n’est pas pour moi que j’ai peur. Je sais qu’une mort sur la table d’opération serait sans douleur. Je pense à mes enfants si vous... si l’opération ne marche pas. C’est trop tôt pour eux, ils ne sont pas prêts. J’ai encore des choses... des choses à vivre avec eux... » Il s’arrêta net, s’excusa, se ressaisit.
Un peu plus tard, je vérifiai dans son dossier médical: trois garçons, tous les trois encore étudiants. Aucune trace de leur mère dans les numéros d’urgence qu’il avait indiqués. En cas de décès, j’aurais à prévenir l’aîné. Vingt-trois ans. Je savais qu’il me faudrait chasser cette idée de mon esprit avant d’entrer au bloc. Cela n’avait aucun sens non plus de lui accorder un statut particulier du fait de sa date de naissance. Nous avions le même âge, et alors ? Aucune comparaison n’était possible. C’était un patient comme un autre. L’opération s’est bien déroulée. L’homme est en rémission et je pourrai bientôt le rendre à ses trois garçons.
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Mon éditeur m'a regardé avec de grands yeux incrédules quand je lui ai dit que j'allais me casser les dents sur cette biographie d'un musicien quasi inconnu du XVIIIe siècle en prétextant que ce n'était pas seulement le manque de document sur Royer qui me posait problème, mais, à travers lui, la question de la création artistique en soi, et comment les êtres les plus ordinaires et insipides accèdent à cette connaissance supérieure des passions enfouies au plus profond de nous et l'expriment ensuite par leur art, par des pièces de musique qui nous font trembler, des tableaux qui nous figent sur place et des mots qui nous giflent au visage. J'ai épargné à mon éditeur - sûr qu'il m'aurait définitivement pris pour un fou - un autre trouble surgi en me penchant sur mon sujet, un trouble qui me donne le vertige tout comme la pièce pour clavecin du même nom, un trouble dont je me demande s'il n'est pas le vrai sujet du livre, et qui remonte à cet après-midi sur l'île aux Cygnes où j'ai découvert en moi un pays inconnu, non, plus même, un continent entier à la dérive, la possibilité d'un autre monde, et le plaisir de me laisser aller à cette tectonique des plaques sans même y réfléchir, et comment ne pas comparer ce mouvement irrépressible déclenché par le regard d'un inconnu me disant "Alors vous me la montrez cette vue ?" à ce qui se passe quand le génie artistique déchire tout d'un coup le voile d'une existence banale et touche à la quintessence de notre condition humaine ?
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Alors il est heureux que le secret professionnel m'interdise de donner une nouvelle réalité à un cliché vieux d'un quart de siècle.
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J'étais plutôt scientifique, ou les professeurs m'avaient catalogué tel, mais j'avalai ma ration de lecture prescrite par le frère de mon père avec obéissance d'abord, et de plus en plus de plaisir ensuite.
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Vidéo de Jean Mattern
Jean Mattern vous présente son ouvrage "Suite en do mineur" aux éditions Sabine Wespieser.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2505570/jean-mattern-suite-en-do-mineur
Note de musique : © mollat
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