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4,11

sur 897 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En janvier 2011, Lætitia Perrais, 18 ans, est enlevée avant d'être poignardée et étranglée. Pendant 2 ans, l'auteur a rencontré les proches, la famille ainsi que les acteurs de l'enquête, avant d'assister au procès du meurtrier. Il livre dans ce livre l'histoire de Lætitia, celle du fait divers devenue affaire; celle sociologique, révélatrice de la violence faite aux femmes; celle, plus intime, d'une adolescente meurtrie qui tente de diriger sa vie. C'est surement grâce à l'écriture de ce troisième regard, celui de l'écrivain, que l'auteur rend hommage à Lætitia, en la racontant elle et non pas uniquement le fait divers ou l'étude sociologique.
Un récit émouvant et juste qui redonne toute sa dignité à cette jeune fille.
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Une reconstitution de l'humanité de Laetitia, son enfance et son adolescence, ses fragilités et sa force, ses débuts d'envol de jeune femme de 18 ans. Et une approche sociologique et historique de son assassinat, de la société française du début du 21ème siècle. le récit d'Ivan Jablonka est passionnant, il éclaire un fait divers dans un contexte sociétal, la place des acteurs impliqués dans ce drame, sans oublier de donner corps et vie à une jeune femme disparue.

Je recite ici Ivan Jablonka (p. 348) qui résume magistralement son intention :

D'abord, comprendre l'affaire, saisir ses enjeux, individuels et collectifs, dans les domaines policier, judiciaire et médiatique. Indiquer en quoi le fait divers est un symptôme, une saillance, un prisme, le révélateur-perturbateur d'un ordinaire, d'un fonctionnement, d'une sensibilité, d'un rapport aux normes.

Ensuite, ouvrir l'affaire, montrer qu'elle n'est pas réductible à un crime, qu'elle renvoie à quelque chose de plus large. Éclairer un état de la société, distinguer un moment, saisir des représentations, des discours, des conflits, comprendre qu'il y a quelque chose à comprendre au-delà des apparences. Découvrir la cohérence de l'anomalie, la communauté des singularités, passer du meurtre aux victimes, de l'enfant aux familles, de l'individu aux trajectoires, du relationnel aux structures sociales.

Enfin, dissiper l'affaire. Oublier la fin pour libérer la victime de sa mort, pour la restituer à elle-même. Rendre limpides les eaux troubles. le fait divers pose d'innombrables questions. La première : comment peut-on réduire la vie de quelqu'un à sa mort ? le folklore de l'atroce est pourtant moins excitant que la part de mystère qu'il y a en chacun.
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difficile de faire une critique sur un livre pareil.. j'en suis encore boulversé.. à lire absolument
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Un récit bien mené, qui sort des sentiers battus et ne rentre pas dans le voyeurisme. Difficile d'avaler les pages d'une traite, il faut de temps en temps prendre du recul tellement le fait relaté est cruel. Mais au delà de la mise en lumière de ce fait divers, de son étude, c'est toute notre société et ses travers qui sont mis en lumière.
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Dans ce livre, l'auteur historien-sociologue veut rendre vie à Laëtitia Perrais, jeune fille tuée et démembrée dans le pays de Retz en 2011.

Ivan Jablonka nous raconte son enquête, ses rencontres avec la soeur jumelle, Jessica ; leur enfance malmenée qui aboutit à un placement dans une famille d'accueil ; les attouchements et relations forcées que le père d'accueil fait subir à Jessica.

En parallèle, l'auteur pointe du doigt la manipulation médiatique de l'ancien Président Nicolas Sarkozy qui s'est servi de cette « affaire » pour accuser la justice de tous les maux, divisant ainsi la société.

Heure par heure, minute par minute, sans être jamais pesant, l'auteur nous fait revivre le drame de Laëtitia, en tirant des conclusions sur « le fait divers » en général, sur l'échec de la démocratie qui se transforme en tragédie grecque (p.348).

L'image que je retiendrai :

L'auteur a redonné vie à Laëtitia, qui l'écrit elle-même dans un texto : « La vie est fête comme sa« .
Lien : http://alexmotamots.fr/laeti..
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Excellente enquête socio-judiciaire qui reprend tout le dossier du meurtre de Laetitia Perrais en janvier 2011 en Bretagne.

Ames sensibles s'abstenir!

Ce livre est très bien écrit par chapitres courts, ce qui permet aux lecteurs de pouvoir reprendre leur souffle dès que le besoin se fait sentir. Toutes les thématiques sont abordées, la nature humaine, l'histoire des protagonistes, le rôle de la justice et celui des avocats, la pollution politique, sa lâcheté et sa grande hypocrisie. Vous n'y trouverez pas de parti-pris, simplement des faits analysés et des situations.

Une belle réussite.
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Laëtitia, ou la fin des hommes, de Ivan Jablonka, m'aura fait vivre la plus intense expérience de lecture depuis longtemps.
Autant le dire de suite, habituellement je fuis comme la peste tout ce qui s'apparente à du récit de fait divers, aux témoignages de victimes, parce que la plupart du temps ces récits sont plus voyeuristes que source de réflexion.

Là, j'ai été tentée, à force de lire des interviews de l'auteur, et de ressentir cette incroyable empathie qui transpirait de chacun de ces mots. Empathie et soif de justice pour cette jeune fille, Laëtitia Perrais, cette jeune femme qui n'est plus devenue qu'une victime à l'instant où son meurtre sordide a fait la une de l'actualité.

Ivan Jablonka a voulu lui restituer son identité, sa chair et sa réalité, et comprendre comment tout à convergé jusqu'à cette nuit fatidique ou un homme lui a ôté la vie, et de quelle façon.

Quand Laëtitia Perrais a vu le jour, aucune fée ne s'est penchée sur son berceau, au contraire il semblait qu'une malédiction s'attachait à lui faire expérimenter ce que la vie offre de plus difficile. Famille décomposée, père violent et alcoolique, mère battue et dépressive, placement très jeune en famille d'accueil, difficultés scolaires et sociales s'empilant sur ses épaules, et celles de sa soeur jumelle, tout cela Laëtitia a vécu avec, a fait avec et à fini par en tirer quelque chose de bon, une volonté de s'en sortir, d'être indépendante et fière de son travail. Voilà ce qu'elle était, une jeune fille sage et sérieuse.

Et un jour elle rencontre son meurtrier, un homme à l'opposé de tout ce qu'elle est, voleur, violeur, violent, une brute épaisse. Comment Laëtitia s'est-elle laissée convaincre de le suivre ne serait-e-ce qu'un instant ? Pourquoi cette jeune femme, effacée, timide, qui ne boit ni ne fume, a-t-elle abandonné ses principes et toute prudence, pour finir désintégrée entre les mains de son meurtrier ?

C'est cette vie avant la mort, avant le statut de victime nationale, que cherche à éclairer Ivan Jablonka. le but de son récit n'est pas la simple analyse d'un horrible fait divers, il vise à rendre à Laëtitia Perrais sa chair et son âme. le lecteur apprend à connaître Laëtitia, à travers les témoignages de sa soeur, de ses amis, de ses employeurs et des travailleurs sociaux qui ont jalonné sa courte vie. Laëtitia prend forme sous nos yeux, et c'est cette petite victoire d'Ivan Jablonka que je veux saluer. le meurtrier de la jeune fille, en plus de lui avoir pris sa vie, de l'avoir démembrée, comme pour l'effacer un peu plus de la réalité, lui a aussi pris son image : Laëtitia Perrais n'était plus que la victime d'un sordide fait divers, avec pour héros un meurtrier dont je ne veux pas écrire le nom.

Ivan Jablonka a écouté la famille de Laëtitia, sa soeur, son avocate, son meilleur ami, pour des chapitres sur la vie de Laëtitia, des chapitres toujours très touchants, mais sans pathos, où chaque petit détail contribue à nous faire comprendre qui elle était. Même les pages sur son goût (générationnel) des SMS, fautes d'orthographe incluses, sont une manière de la comprendre, sans jugement. Ces récits du quotidien de Laëtitia alternent avec des chapitres destinés à nous faire comprendre les enjeux judiciaires de l'affaire, et les conséquences pour l'époque.

Par ailleurs, le travail d'enquête d'Ivan Jablonka éclaire cette frange de la population périurbaine dont parle aussi Christophe Guilluy, cette France périphérique, silencieuse et laborieuse, ce prolétariat qu'on ne doit plus nommer comme tel depuis qu'on ne sait qui a décrété la fin de la lutte des classes. C'est une France qui baigne dans la violence du monde : violence des inégalités sociales, violence économique, et violence des mots, jusque dans l'abjecte récupération politicienne qui a été faite de ce drame par l'ex président.

Est-ce que le but de cette vie sur Terre est de s'en sortir ? de juste faire en sorte de garder la tête hors de l'eau, pour à la fin mourir ? Est-ce que le but de cette vie sur Terre est de courir, toujours plus vite, pour rattraper ce que le destin de ta naissance t'a refusé ? J'imagine Laëtitia, essoufflée, fatiguée de cette course contre la fatalité, fatiguée de devoir s'en sortir à défaut de vivre, simplement, et cédant, pour un soir, à son fatum, comme un petit chaperon rouge allant à la rencontre du loup, histoire d'en finir, puisqu'après tout c'est son destin.

Cette fatalité épuisante, Ivan Jablonka l'aborde, tente de comprendre comment une jeune fille, qui avait traversé tant de difficultés, qui effectivement faisait tout pour s'en sortir, s'est finalement laissé attraper par la fatalité en quelques heures.

Vers le milieu de ma lecture, j'ai googlé le nom de Laëtitia, parce que je voulais mettre un visage sur cette vie qui défilait depuis quelques pages. J'ai reconnu son portrait, je me suis rappelée de l'affaire et de l'hystérie politico-judiciaire de l'époque. J'ai reconnu son portrait, mais j'avais oublié ce visage, si doux, et calme, presque retranchée de ce monde déjà. Jablonka l'historien ressuscite cette image, il la fait chair à nouveau, exploit mémoriel nécessaire.

Au-delà de la peine qu'on ressent à la lecture, il reste cette présence, qui flotte comme le fantôme qu'elle est maintenant.

Laëtitia Perrais a vécu, ne l'oublions pas.
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Je reviens de suite sur un point qui m'a parfois troublé lors de l'écoute. L'auteur est un homme et le lecteur est une femme. Cet audiolib étant l'enquête d'Ivan Jablonka sur ce fait divers qui a eu lieu en 2011, l'auteur parle en son nom et donc à la première personne. du coup comme le livre est lu par une femme , il y a parfois des tournures de phrases qui font bizarres. C'est juste un petit aspect troublant de l'écoute.

Du côté du récit, l'auteur reprend tous les points depuis la disparition de Laetitia jusqu'au(x) procès.
J'ai beaucoup apprécié qu'il recadre la période, le milieu social dans lequel Laetitia a grandi mais aussi le contexte politique, l'enquête ... J'ai trouvé que c'était essentiel de bien tout avoir en tête pour bien comprendre ce qui s'est passé. Ce point engendre des redites mais je n'ai pas trouvé ça gênant.

Le récit mêle donc le document, un peu de "fiction" puisqu'il retrace l'enfance de Laetitia vue par les siens, il va loin dans l'intimité de la jeune fille.
Il nous montre comment la justice a pu se sentir mal face à la véhémence du président Nicolas Sarkozy.
Il prend aussi en compte l'ambiguïté de Monsieur Patron : ses propos, et ses actes .
Il y aussi un côté très intime avec le témoignage de la jumelle de Laetitia : Jessica et d'autres personnes connaissant la jeune femme.

Il nous explique aussi à travers d'autres affaires le chemin parcouru par la police scientifique et aussi tout ce qui a été mis en place contre la récidive et surtout les moyens alloués à la justice pour qu'elle puisse s'appliquer.

Ce livre traite de beaucoup de choses autour de cette affaire. Ivan Joblonka a essayé d'être le plus complet possible pour bien comprendre ce qui s'est passé à l'époque et pourquoi cet engouement médiatique autour de cette affaire.

Un récit très complet sur une affaire qui a fait la une des journaux pendant des semaines. Il nous amène à réfléchir sur la police , la justice et leurs moyens pour mener à bien les investigations et appliquer la loi et aussi sur le rôle des politiques dans tout ça.

Si vous êtes curieux des grandes affaires, je vous conseille ce livre.
Lien : http://viou03etsesdrolesdeli..
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5/5
Une critique qui me laisse sans mot. Ivan Jablonka je l'ai découvert lors d'un reportage et qui parlait de son essai. Et j'étais intriguée par comment il voulait traiter le fait divers tragique de Laetitia Perrais de janvier 2011 au niveau historique et sociologique. Je m'étais même dit allez un journaliste qui veut utiliser une affaire criminelle qui a fait couler beaucoup d'encre pour donner un jugement.
Alors d'abord milles excuses à Mr Jablonka, vous n'êtes pas journaliste loin de là. Vous êtes professeur d'histoire et je rajoute un homme émouvant.
Je ne vais pas revenir sur l'affaire criminelle car avec cet essai l'auteure prend une direction déroutante et surtout qui donne à réfléchir. Dans ce récit, l'auteur parle des faits qui ont intéressé la population, mais surtout de qui sont Laëtitia et Jessica et leur parcours. Celui d'une jeune fille frappé par un monstre à ses 18 ans et celle qui continue à vivre avec son drame.
Dans cet essai, le lecteur en tout moi, j'avais des certitudes et Ivan Jablonka vous les balaye et vous enlève vos oeillères. Nous croyons tout savoir avec les médias mais lui va plus loin dans le passé et l'avenir. Sans jugement, sans aller plus loin que les faits il nous pousse à la réflexion.
Il rend hommage à ces deux jeunes filles (car Jessica il ne faut pas l'oublier) et surtout nous parle avec sa plume de Laetitia vivante et non un cadavre démembré. Plus les chapitres avançaient et plus je me demandais comment j'allais terminer ce « documentaire ». Parce que Ivan Jablonka va aussi parler de son ressenti et là les larmes me sont montées aux yeux. Je n'avais qu'une chose à lui demander comment il a fait ce parcours d'hommage sans abandonner vu la pression émotionnelle.
Ce n'est pas un écrivain qui a voulu surfer sur la vague d'un fait divers et je l'en félicite, il a voulu donner vie à Laëtitia et laisser une image positive à sa soeur Jessica. Moi en tout cas je l'ai perçu comme cela. Je lui donne tout mon respect aussi pour ne pas avoir dévoilé dès le départ le nom du meurtrier. Car je vais être honnête il m'était sortie de la tête. Place à Laëtitia pas à ce monstre (désolée le mot Homme j'ai du mal) vu son comportement au procès.
En conclusion les prix Médicis 2016 et le prix du Journal le Monde sont amplement mérités. Alors pour ceux et celle qui ont peur que ce ne soit pas accessible au niveau lecture vu le pédigrée de l'auteur, n'ayez crainte. Pas de grandes phrases philosophiques, pas de poésie incompréhensible ni de grand mot d'Elitiste. Juste un homme comme il le dit bobo parisien qui se retrouve face à la population de « masse » et veut enlever nos oeillères. Des mots simples bon je suis d'accord beaucoup d'abréviations mais Monsieur nous les traduits à la fin. Et d'ailleurs toutes ces références historiques sont vraiment instructives et expliqués à la fin aussi.
Je pense que je n'ai rien à rajouter de plus à part FELICITION pour votre ouvrage et vos prix amplement mérités. Je refuse de dire que c'est un coup de coeur car ce serait irrespectueux pour Laëtitia et Jessica. Je veux juste dire que Mr Ivan Jablonka a très bien son travail et il mérite la note maximale tout simplement.
Je le conseille fortement ! Petit conseil, faut vraiment avoir les nerfs solides avant de le lire. On en sort pas indemne.
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Un livre dur mais qui ne sombre jamais dans le pathos qui nous fait découvrir une France que l'on peut ne pas soupçonner... Si la méticulosité de l'auteur à nous dévoiler tous les ressorts de l'enquête est fascinante, son enquête sociale relève de celle d'un Zola. Je ne peux écrire qu'il s'agit là d'un "beau livre" tant le sujet est abominable mais il nous permet de descendre comme les protagonistes au fond de l'a^me humaine et d'y trouver de la noirceur, de la violence mais aussi de la lumière et de l'espoir.....
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