Henri Girard est un sale type, c'est entendu. Menteur, colérique, fripouille... Il abuse de la crédulité de sa tante, spolie la fortune familiale, méprise son père, bref du gibier de potence. Aussi comment s'étonner qu'il finisse par trucider à
la serpe papa, tatie et la bonne qui s'étaient tous ligués pour lui faire monter la moutarde au nez ?
Un petit tour dans les geôles de l'État français (nous sommes en 41) et voilà notre vaurien acquitté. C'est sous le pseudonyme de
Georges Arnaud qu'on retrouvera notre zigouilleur, quelques années plus tard, aux devantures des librairies avec "
Le salaire de la peur" (Clouzot, Montand, Vanel puis Friedkin, de la nitro, un gros bahut, la moiteur des tropiques, les moustiques, des hommes, des vrais!).
Notre gros gentil nounours préféré,
Philippe Jaenada s'est emparé du personnage et a mené l'enquête. Quelques bouteilles de whisky plus tard, il nous offre avec "
La serpe" un roman -docu-fiction ?- affriandant. Parti sur les traces de l'horrible "parri-tanti-ancillicide", il nous balade au gré de ses découvertes dans les archives de l'affaire.
Très habilement, notre Hercule Poirot bedonnant et alcoolomane part du qu'en-dira-t-on périgourdin (car le mystère des scalpés au fauchard est né dans un ténébreux manoir sis aux alentours de Périgueux), nous dresse un portrait à charge du présumé coupable avant de nous proposer une autre lecture des faits, s'appuyant sur une lecture méticuleuse des documents et témoignages débarrassés de leur poussière.
Retourné comme un lapin écorché, le lecteur en reste comme deux ronds de flan : "Mais alors c'est bien sûr...".
Philippe Jaenada, humble devant l'Éternel, réhabilite un homme, lave l'honneur d'une famille et confirme que c'est le regard posé sur un événement qui lui donne sa coloration (ce n'est pas les complotistes azimutés qui me contrediront!).
L'amateur appréciera les divagations de l'auteur, s'amusera de ses remarques cavalières et refermera le livre en espérant que le prochain ne tardera pas trop...
"A voir un bon copain
Voilà c'qu'il y a d'meilleur au monde
Oui, car... un bon copain
C'est plus fidèle qu'une blonde
Unis main dans la main
À chaque seconde
On rit de ses chagrins
Quand on possède un bon copain. "
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