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sur 1101 notes
Je n'ai pas lu les 7 premiers livres de Philippe Jaenada, ma rencontre avec cet écrivain s'est faite lorsqu'il est passé à ce qu'on nomme exofiction. Je l'ai déjà raconté à l'époque de ma chronique sur La petite femelle mais c'est l'homme avant son oeuvre qui m'a plu. Je l'ai écouté parler de ce « roman » (je mets des guillemets parce que l'écrivain ne change rien aux faits, n'invente pas, il s'appuie sur des documents d'archives, des rapports de police mais il y a quand même de la fiction dans la construction du livre, dans ses digressions) que je n'avais pas encore lu, je l'ai trouvé drôle, loin de certains clichés de l'écrivain parisien autocentré sur sa petite personne et surtout défendant avec un tel enthousiasme son personnage principal que je n'avais qu'une envie …m'isoler en quelque part et plonger dans son histoire.

Dès les premières pages de la serpe, j'ai su que j'avais retrouvé tout ce qui distingue et fait la force de Philippe Jaenada : son art génial de la digression (il arrive à ouvrir plusieurs parenthèses mais jamais il ne me perd en route et surtout il retombe sur ses pattes comme un chat), son humour, son empathie pour ses personnages (sans jamais cacher leur noirceur), son sens du récit, sa façon de raconter à la fois l'histoire d'un homme et celle d'un pays à une époque bien particulière, sa manière d'enquêter en conviant son lecteur à ses côtés (et pour moi c'est bien plus « jouissif » qu'un roman policier).

Comment après avoir enquêté et dressé les portraits de Pauline Dubuisson et de Bruno Sulak (qui défraya la chronique comme ennemi public numéro 1), comment Philippe Jaenada est-il « tombé » sur Henri Girard et a décidé d'en faire le personnage principal de la serpe ?

Comme avec La Petite Femelle, Philippe Jaenada débute son livre en se posant comme narrateur/enquêteur par une scène drôle dont il a le secret (et qui sera le début d'une longue série de sourires et de rires provoqués par ses lignes) et nous plonge dans la vie d'Henri Girard en brossant un portrait de ses parents, de ses grands-parents et en racontant son enfance (Henri a perdu sa mère Valentine à l'âge de 9 ans, cela aura une incidence sur toute sa vie).

Il ne le lâche plus jusqu'à sa mort et à travers les différentes étapes de sa vie, ses amours, ses coups d'éclat, ses colères, ses engagements, son travail en tant qu'auteur (avec en prime, une comparaison très intéressante entre le roman le salaire de la peur et le film…et c'est un autre point fort de Philippe Jaenada, on apprend toujours plein de choses en le lisant sans que ce soit jamais rébarbatif). Il dresse le portrait d'un homme atypique, tout en demi-teintes et, malin, en faisant une ellipse volontaire sur l'évènement central de la serpe (il le fait tellement bien qu'à la limite, on ne s'en rend pas compte).

On « juge » alors la suite à l'aune de tous les éléments accumulés dans cette première partie de la serpe avant d'attaquer le coeur de l'enquête elle-même, celle où l'écrivain épluche les archives, se rend sur les lieux du crime dans le Périgord, tâte l'atmosphère de la ville, lit tout ce qu'il peut sur l'affaire et son traitement à l'époque pour revenir sur les faits un par un.

Cela pourrait être un peu aride parfois car il rentre vraiment dans les détails (Philippe Jaenada intitule même un de ses chapitres « le tunnel »), reprenant élément par élément, déclaration par déclaration, preuve par preuve mais l'écrivain s'arrange pour rendre son récit beaucoup plus digeste (et drôle souvent) en mêlant à son enquête des scènes de la vie quotidienne avec un sens de l'observation et du détail pour le moins savoureux. Ses scènes dans les restaurants quand il dépeint les autres couples ou qu'il est victime d'un quiproquo, par exemple, sont vraiment très réussies !

L'écrivain a, en plus, un sens poussé de l'auto-dérision qui contrebalance de manière bienvenue les détails glaçants du triple meurtre dont est accusé Henri Girard.

La serpe est un pavé de plus de 600 pages (je ne sais pas combien de temps il a fallu à l'écrivain pour écrire ce livre mais quel travail !), peut être moins facile à lire que ….(fill the blank) mais il a une façon d'analyser les âmes comme les faits avec une telle minutie, y allant couche par couche, avec une gouaille qui n'appartient qu'à lui que cela cela est passionnant de la première à la dernière page !

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Je n'ai pas réussi à le terminer.
J'en ai lu une (très) grande moitié (12 chapitres sur 21). J'ai essayé de m'intéresser au personnage de Henri Girard mais les digressions de l'auteur m'ont fait décrocher. Je m'y suis reprise à plusieurs fois, suis arrivée au procès et au coup de maître du très bon avocat de Girard... puis Jaenada déconstruit l'enquête pour prouver l'innocence réelle de Girard. Que l'enquête ait été bâclée, je le conçois fort bien, ce n'est ni la première ni la dernière mais l'affect de l'auteur, son parti pris le décrédibilise en partie à mes yeux. J'ai eu l'impression de lire un journal de bord, des notes, plutôt qu'un livre. J'arrête donc les frais avec celui-ci.
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Ouf ! J'en suis venu à bout. Philippe Jaenada s'y entend comme personne pour tour à tour captiver le lecteur, l'amuser ou l'ennuyer quasi prodigieusement. Pleinement conscient de ce dernier travers qui touchera jusqu'à certains de ses lecteurs les plus bienveillants, il l'évoque sans détour avec cette auto-dérision qui fait partie de son charme "Je sais que c'est long", "Pardon pour ces redites" ... Quant aux innombrables digressions qui sont sa marque de fabrique, elles constituent le plus souvent des moments de respiration même si celles, nombreuses, concernant son roman précédent "La petite femelle" ressemblent à s'y tromper à une incitation à le lire. le lecteur peu indulgent y décèlera certainement un penchant pour le narcissisme lorsque notre enquêteur à la Colombo fait sans cesse référence à son épouse et à son fils dont il n'est pas peu fier de préciser qu'il mesure 1,87 m, lorsqu'il nous confie son goût prononcé pour le whisky ou lorsqu'il avoue son ignorance totale de la notion d'aube depuis plus de vingt ans, ce qui n'est pas sans conséquence sur sa minutieuse enquête ... En effet notre homme semble jusqu'à ignorer le phénomène de la rosée matinale qui constitue un des indices qui mettent à mal les certitudes quant à l'affaire qui nous intéresse. Venons-y enfin ! En octobre 1941, Henri Girard, qui deviendra plus tard l'écrivain Georges Arnaud connu notamment pour "Le salaire de la peur", est accusé d'avoir massacré à coups de serpe son père, sa tante et l'employée de maison. Grâce au talent de son avocat Maurice Garçon, il échappera de peu à la guillotine alors que l'opinion générale le pense coupable. Cette culpabilité, Philippe Jaenada l'accrédite d'abord avant de la déconstruire peu à peu, procédé qu'il a aussi utilisé pour "Au printemps des monstres " avec l'affaire Lucien Léger. Et le lecteur de se laisser emporter par sa démonstration comme les jurés du tribunal de Périgueux avec Maurice Garçon. Non content d'établir l'innocence d'Henri Girard, Philippe Jaenada en vient à trouver le coupable ! Même si j'ai pris du plaisir à la lecture de "La serpe", je dois confesser qu'elle m'a été parfois pénible dans le dernier tiers de l'ouvrage car je n'ai sans doute pas fait preuve de toute la concentration nécessaire pour tirer parti de l'extrême minutie de l'argumentation.
De Jaenada, je dirai "A lire mais avec modération, pas plus d'un ouvrage par an."
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Dans le château familial, un triple meurtre a eu lieu en pleine nuit.
Le père, la tante et la bonne ont été assassinés sans que le fils ne soit réveillé ni mis en danger dans une aile du château. Il est le seul héritier de son père et de sa tante et il n'a été constaté aucune effraction. le coupable idéal ?
C'est ce que va tenter de découvrir Philippe Jaenada qui se lance dans ce cold case vieux de plus de 70 ans avec toute sa personnalité et son humour.
Au milieu des digressions sur les évènements de sa vie personnelle, il fouille les archives de cette affaire.
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J'avais bien aimé La grande à bouche molle, aussi quand on m'a conseillé La Serpe j'ai reconnu le nom de Philippe JAENADA et j'ai couru me le procurer.
Dans ce livre, il s'intéresse à une affaire qui le touche personnellement puisqu'elle concerne le grand-père d'un de ses amis, Henri Girard, connu sous le nom de Georges Arnaud, auteur par exemple du salaire de la peur. Il commence par dresser sa biographie de fils de famille rebelle à vagabond globetrotteur, puis auteur à succès. Puis on s'intéresse à ce qui lui a valu, en 1941, d'être arrêté et presque condamné à mort, miraculeusement acquitté alors que tout le désignation coupable du triple meurtre abominable et sanglant (à la serpe comme l'indique le titre ...) de son père, de sa tante, et de leur bonne, dans leur château d'Escoire près de Périgueux.
Philippe Jaenada reprend toutes les pièces du dossier, toute la correspondance privée des personnes impliquées, fait des recherches aux archives, un travail qui a dû être très fastidieux mais qui est raconté de façon passionnante, avec assez de légèreté pour ne pas nous noyer, même si je ne vous le cache pas c'est quand même assez dense donc pas forcément pour tous les lecteurs (c'est pas Umberto Eco non plus hein). Il cerne ainsi la personnalité d'Henri Girard, ses relations avec les victimes, pas aussi mauvaises que l'accusation a voulu qu'on le croit, avant de s'attaquer à nous montrer à quel point l'enquête avait été bâclée (on est en 1941, je ne sais pas si c'est une circonstance atténuante pour le juge et les enquêteurs ...), et dirigée uniquement dans le but de tout faire coller avec l'hypothèse de la culpabilité d'Henri Girard (à un point où on dépasse l'incompétence et on s'approche de la malveillance).
Alors bien évidemment nous n'avons que ce que nous dit Philippe Jaenada, et tout cela semble édifiant et implacable. Nul doute que si les personnes concernées (ou leurs descendants) ont connaissance du travail fait ici, elles pourront s'appuyer dessus en complément de ce qu'elles savent par ailleurs que nous ignorons, et avoir une meilleure idée de ce qui s'est peut-être réellement passé à Escoire.
Je pense m'intéresser à plus ou moins brève échéance à son livre sur Pauline Dubuisson (auquel il fait référence plusieurs fois dans la Serpe) et à ses autres œuvres.
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Sur le fond, Philippe Jaenada nous livre une enquête impeccable sur le meurtre du château d'Escoire : éléments factuels recoupés, explorations des hypothèses, peinture sociale et historique nuancée.
'La Serpe' pourrait donc 'simplement' être un parfait livre de fait divers, mais c'est beaucoup plus que cela.
Le récit de l'affaire s'entrecroise avec celui de l'enquête, où on suit l'auteur dans son voyage, ses recherches, l'éloignement de sa famille. On découvre la 'fabrique du livre', entre investigations, questionnements et écriture, et les ressentis d'un bonhomme touchant d'humanité, de sensibilité, d'humilité et de drôlerie.
Les digressions peuvent exaspérer certains lecteurs, et oui! certaines auraient pu être plus brèves, mais paradoxalement, c'est elles qui m'ont permis de supporter les faits décrits (extrêmement glauques, tout de même) et de prendre un immense plaisir de lecture (rires inclus).
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Un pavé de 634 pages avec de très longs chapitres, très peu de dialogues et des phrases très denses, et pourtant c'est formidable.
Il semble qu'Henri Girard ait tué sa tante, son père et la bonne à coups de serpe. Pourquoi Philippe Jaenada s'intéresse à lui ? Il n'est même pas sympathique.
Certes, il a été acquitté mais, c'est sûr, en tout cas tout le village le pense, c'est lui le coupable.
L'enquête très fouillée de Jaenada va montrer un autre aspect du bonhomme et de l'enquête.
Comme d'habitude, l'auteur digresse souvent parlant de son épouse, son fils, ses copains ; cela peut surprendre et on peut ne pas aimer mais moi cela me fait bien rire. J'adore son style (je conseille La petite femelle du même auteur) un peu barré.
Vous l'aurez compris, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman.
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J'ai eu du mal mais je n'ai pas lâché. Je suis allée jusqu'au bout même si j'ai mis 2 jours entier pour lire le livre. pourquoi m'acharner, pour connaître toute l'histoire, toute l'enquête de Philippe Jaenada.
Pour quoi j'ai eu du mal à le lire: car des parenthèses dans des parenthèses qui regroupent encore des parenthèses, c'est très dur à suivre. L'auteur fait souvent des apartés, passe du coq à l'âne et avec tous les noms cités, c'est des fois difficiles à suivre surtout quand ils mêlent des anecdotes sur les autres personnages de ses précédents livres.... Et puis il écrit comme on parle avec certaines grossièretés du parlé qui ne me choque pas à l'oral mais qui pour moi ne fait pas parti de l'écrit dans les romans.
La 1ère partie relate la vie de Henri Girard qui deviendra Georges Arnaud. Décri comme un homme irrespectueux, voleur auprès de sa famille, profiteur... comme beaucoup de gens l'ont considéré tout au long de sa vie.
La 2ème partie relate le crime dont il est accusé en 1941: le meurtre de son père, sa tante et de la bonne à coups de serpe. Là encore, tout est contre Henri Girard.
La 3ème partie s'inverse totalement: Philippe Jaenada reprend point par point pour démontrer l'innocence de Henri Girard devenu après son acquittement Geaorges Arnaud, l'auteur entre autre de "le salaire de la peur". L'homme n'est en fait pas un enfant désavoué par sa famille. Tout a été monté de fil en aiguille par les provinciaux qui n'aime pas les châtelains. Alors que dans son entourage, tout le monde reconnaît que c'est un homme agréable très attentionné auprès de son père .
Donc je suis contente d'avoir lu jusqu'au bout car c'est très intéressant d'avoir vu toutes les facettes de la vie de cette homme et comment des erreurs judiciaires arrivent. Philippe Jaenada nous propose un autre meurtrier tout à fait plausible.
Par contre, je ne pense pas relire un autre livre de cet auteur car je n'aime vraiment pas son style d'écriture. en effet, j'ai lu juste après "L'oeuvre au noir" de Marguerite Yourcenar qui a eu le prix fémina en 1968 comme La Serpe l'a eu en 2017 mais là les styles sont diamétralement opposés donc difficiles de faire le saut.
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L'écriture de l'auteur est toujours pour moi un réel plaisir, passé la surprise des nombreuses parenthèses/digressions. le sujet de la serpe est extra-ordinaire: un château en province, un triple assassinat, l'Occupation, un bourgeois parisien fantasque et une fortune familiale.
Le suspect n°1 est acquitté malgré les nombreux débuts de preuve et un mobile en argent. Dix minutes suffiront au jury pour se convaincre de l'innocence de celui qui deviendra l'auteur célébré du Salaire de la peur.
Comme toujours Jaenada mène l'enquête avec patiente, rigueur et obstination. Mais comme toujours il prend parti (heureusement) et tente de nous faire adhérer par moult détails à son point de vue. Et comme toujours il me perd. Ses arguments ne me convainquent pas; il interprète à outrance des mots, des gestes, des actes dans un sens favorable au suspect là où l'inverse pourrait également être démontré.
Reste un bon livre, l'humour de l'auteur, ses digressions sympathiques et sa capacité à aller jusqu'au bout de ses convictions.
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Voici un livre emprunté à la médiathèque qui m'a fait économiser 23 euros, ce dont je suis ravie car je n'ai pas aimé ce roman/enquête sur Henri Girard alias Georges Arnaud, auteur du "Salaire de la peur", présumé coupable en 1941 d'un triple homicide commis en Dordogne, auquel succomberont 2 membres de sa famille, et dont il sera acquitté grâce aux talents de Maître Maurice Garçon.
Je n'avais que modérément apprécié " La petite femelle" précédent livre de Philippe Jaenada traitant du cas de Pauline Dubuisson, lui ayant préféré celui de Jean-Luc Seigle "Je vous écris dans le noir".
Alléchée par le prix Fémina, je me suis attelée à la lecture de "La serpe" et j'en ferais les mêmes reproches.
Malgré une enquête très fouillée, un contexte historique, politique et familial plaisamment restitué, bref un indéniable travail de fonds, Philippe Jaenada n'a pas réussi à m'intéresser au cas Girard/Arnaud : le style de son récit tout comme celui de "La petite femelle" m' a horripilée.Les multiples digressions de ce roman emberlificoté dans un foisonnement de détails superfétatoires m'en ont fait perdre l'intérêt. A un moment j'avais l'impression de lire 3 ou 4 histoires différentes et je ne savais plus si l'auteur parlait de l'affaire Girard, de celle de Pauline Dubuisson, de ses autres livres, auxquels il mêlait de l'histoire de sa propre famille. Impression renforcée par sa volonté de nous prendre à témoin de ses recherches et de s'évertuer à vouloir installer avec le lecteur une connivence factice qui a pu fonctionner un moment mais qui m'a lassée, m'apparaissant comme une fin en soi. Quand je vais voir un film ou une pièce de théâtre, je n'y vais pas pour que l'on me montre les effets spéciaux ou les coulisses, et là j'avais l' impression de voir Philippe Jaenada se regardant écrire en nous demandant de l'admirer.
Je m'y suis reprise à 3 fois avant d'abandonner au milieu du roman, ce que la lectrice obstinée que je suis ne fait quasiment jamais, mais comme on dit "trop d'infos tue l'info". Trop de cabotinage a mis à bas un long travail (du moins je le suppose) et ce qui aurait pu être un roman et un fait divers peu banal.
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