Il a ce regard que je connais bien : ce regard luisant d’expériences, que tu peux rencontrer chez tous les arpenteurs de chemins. J’ai encore du mal à me dire qu’il est là, devant moi, à Bangkok, dans ce café à la sauce Thaïe mais à la playlist occidentale. En face, dans la rue Khao San, la vie s’époumone, klaxonne, pétarade et croasse dans toutes les langues. Un long serpentin de taxis roses, jaunes, verts et de tuk-tuks qui semblent faire un concours de couleurs criardes, complète ce chaos. Et au milieu de ce bordel, l’îlot de notre amitié intemporelle, sans frontière. Ça fait du bien de la retrouver, cette ancienne et rassurante amitié, après ce tsunami d’émotions nouvelles.
C’est une chambre bouillante qui accueille deux corps tout aussi bouillants. C’est une demi-pénombre qui appelle aux soupirs. Aussi près l’un de l’autre, nos mains reliées, nous respirons le désir qui ruisselle de chacun de nos pores. Instant délicieux où rien n’est accompli et où tout peut encore se passer. Une demi-seconde de flottement : le lit est proche, il fait de plus en plus chaud. Mani roule mes pommettes sous ses doigts, plante son regard vert dans mon regard bleu. Une ultime demi-seconde où Mani hume mon émotion… puis l’imminence, l’évidence d’un moment intense qui, toujours, se termine trop vite.
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