C'est un exercice périlleux auquel se risque
Régis Jauffret : être
Flaubert. Are you serious ?
Ce mythe qui domine de sa masse les lettres françaises, voire mondiales, ce monstre dont toute la vie a été consacrée à l'Art, dont on sait tant de choses, de l'Oeuvre bien entendu mais aussi de la manière dont il l'a pensée, portée, accouchée, rêvée, à travers sa propre correspondance (qui est à mettre à la même hauteur que ses romans) et à travers l'ensemble des ouvrages critiques qui
lui ont été consacrés, citons dans le désordre
Maupassant,
Proust,
Sartre, Brown, Lafon, Biasi,
Winock, Bourdieu, Compagnon ou Barnes - eh bien, à ce mythe Jauffret, même pas peur, s'attaque, et de la plus téméraire des manières, en ventriloque, ce qui laisse pantois - et sceptique cela va de soi.
Le résultat alors ? Roboratif ! L'auteur des
Microfictions, qui sont des monuments, donne, dans les défauts mêmes de son texte, qui sont un excès de liberté ou de grivoiserie, dans ses imperfections, quelle idée tout de même de singer Gustave et de se mettre à sa place aujourd'hui, la furieuse envie non seulement de lire ou de relire l'oeuvre de l'ermite
De Croisset, mais de partager quelques jours avec
lui, comme ça, pour discuter de la France et du monde en 2021.
On ressort gaillard de ces pages dru, jovial, bourré d'énergie, prêt à en découdre et à affronter
une vie peut-être trop étroite ou trop morne mais qu'on saurait alors, par
l'imagination et l'art, revamper.
Chapeau et merci !