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Patrice Jean (Autre)
EAN : 9782749179117
416 pages
Le Cherche midi (04/04/2024)
3.17/5   3 notes
Résumé :
Le diable a changé ses plans.
Le diable sait s'adapter, être flexible.
Le diable ne manque pas de ressources.
Pour prendre le contrôle du monde et des hommes, il s'est choisi une nouvelle cible : l'Éducation nationale. Peu à peu, il propose un pacte aux inspecteurs d'académie, aux directeurs d'établissement et aux professeurs. Ses armes ? Son charme, évidemment, mais aussi la technologie, la vie numérique, les nouvelles méthodes pédagogiques.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Attention, livre à ne pas manquer ! ● Théophile de Saint-Chasne, fils de diplomates en poste à La Paz en Bolivie, vient de réussir un concours pour être professeur de français et découvre l'univers de l'« Education pour tous ». Très cultivé, traditionaliste, écrivant ses cours à la main, dénué de téléphone portable, il a un choc lorsqu'il réalise concrètement ce que le pédagogisme du ministère et de sa tutrice attend de lui : objectifs de cours, progression annuelle, etc., le tout informatisé, bienveillance standardisée, démagogie, « classe inversée », fractionnement de tout, relativisme culturel… Il juge que tout cela est d'une grande bêtise et inutilité, alors que son but à lui est de faire aimer et comprendre les grands auteurs. Parallèlement, un mystérieux personnage, présenté comme un démon, se présente à Patrice Désormais, un inspecteur pédagogique régional à la fois prétentieux, autoritaire et grotesque : la créature diabolique sait tout de lui, et le met particulièrement en garde contre le professeur stagiaire de Saint-Chasne, qui se trouve désigné comme l'ennemi du diable… ● C'est un roman profondément original, unique dans le paysage littéraire actuel. Comme le dit Patrice Jean dans sa préface : « Il n'existe aucun roman pareil à celui-ci. » ● Son style, déconcertant de prime abord, s'inspire de la prose des siècles classiques, avec beaucoup de subordonnées, un usage constant de l'imparfait du subjonctif, une graphie surannée plutôt dix-neuviémiste, comme « long-temps », « poëte », « très » relié à l'adjectif qualificatif par un trait d'union, par exemple « très-habile », l'antéposition du pronom COD ou du pronom réfléchi (« elles ne le devaient pas alarmer »), un vocabulaire rare et recherché, l'absence de ponctuation propre au discours direct… ● Mais ce style n'est pas là pour « faire joli » : il prend sens avec le fond du roman, consacré à l'Education nationale ; il vient mettre en évidence par contraste le langage abâtardi d'aujourd'hui, celui qu'on fait apprendre aux jeunes et celui qu'ils parlent ou le jargon de l'institution, l'auteur n'hésitant pas à associer son langage extrêmement soutenu à celui des jeunes entre eux ou à quelques exemples d'écriture inclusive ou de langage « Education nationale » comme « apprenant.e.s ». ● Avec cette prose désuète et magnifique, Jérémie Delsart traite de tous les maux de l'Education nationale, mais il le fait avec un talent et un brio virevoltants et les insère dans un vrai roman vivant et passionnant. ● Il imagine que le pédagogisme est littéralement l'oeuvre du diable et met en scène le démon dans son récit à la fois fantastique et (tristement) comique. ● Théophile (celui qui « aime Dieu »), étudiant brillant, se heurte aux médiocres de l'Education nationale, qu'ils soient enseignants à l'ESPE, inspecteurs ou collègues. ● « Notre héros », comme l'écrit l'auteur, a « une vision passéiste de l'enseignement ». Ses formateurs le considèrent comme un « petit singe savant », d'autant plus qu'il est bien plus intelligent et brillant qu'eux. ● Si l'on est venu à l'enseignement par amour de la littérature, alors il faut s'empresser de la troquer contre de mauvaises recettes pédagogistes et se conformer en tout point aux injonctions imbéciles et « corruptrices » de l'« Education pour tous » ● le ministère a pour objectif de culpabiliser les professeurs stagiaires : « il fallait que les stagiaires se sentissent coupables de tout – épreuve nécessaire pour qu'ils fussent titularisés en adultes pleinement responsables. » ● Si le professeur a des problèmes dans sa classe alors c'est toujours sa faute ; il doit revoir sa pédagogie. ● « L'année de stage est ainsi faite qu'elle n'offre pas d'autre choix au stagiaire que l'art de feindre ou la ruine de ses idéaux, et souvent un mélange confus des deux. » ● « 'Il faut admettre que la véritable pédagogie se moque de la pédagogie', écrivait pourtant Gusdorf – mais c'était en un temps où la pédagogie ne s'était pas encore soustraite aux disciplines pour devenir elle-même la discipline d'une troupe d'intrigants avides de faire oublier leur misère dans la singerie des sciences qui leur allait donner tant de crédit auprès des technocrates. » ● Les portraits des formateurs, tous à charge, sont néanmoins pleins de réalisme ; ainsi par exemple un formateur « donnait un cours sur l'enseignement au lycée, bien qu'il n'y eût jamais enseigné ». Il prodigue des conseils de gestion de classe, lui qui ne savait pas tenir les siennes et est venu à la formation en ESPE pour ne plus en avoir… Tous ceux qui sont passés par l'ESPE ou par l'IUFM s'y retrouveront… ● On ne peut s'empêcher de penser que tout le roman est un vaste mécanisme de vengeance de la part d'un auteur qui a sans doute mal vécu son année de stage, ses visites de classes et autres inspections. ● Enfin, bien évidemment, on retrouve dans ce récit la légende de Faust, et plus encore une de ses sources d'inspiration, la pièce de Rutebeuf (XIIIe siècle) qui s'intitule elle aussi le Miracle de Théophile et qui raconte comment un prêtre, Théophile, vend son âme au diable. ● Il s'agit là d'un premier tome et pour ma part j'ai vraiment hâte de lire le deuxième. Je conseille sans réserve ce roman magnifique et percutant.
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Le Diable sait faire trébucher les meilleurs.
Il en veut pour preuve, et s'en souvient encore en souriant du fameux croche-pied qu'il tendit, en 1928, assez perfidement en travers de la carrière naissante d'un jeune écrivain.
Marcel Aymé avait refusé de signer le pacte, en même temps qu'il avait commis "Les jumeaux du Diable" !
Il condamna son livre à ne plus jamais être réédité ...
"Le miracle de Théophile" est un roman de Jérémie Delsart, qui a été publié en avril 2024 dans la collection "Cobra" des éditions le "Cherche Midi".
La couverture est attirante.
Et la quatrième est tentante...
Y aurait-il eu manoeuvre de l'ange déchu à me faire reposer chez mon libraire une valeur sûre de lecture tranquille pour me guider fiévreusement vers cet opus sentant le souffre et portant tous les espoirs d'une lecture passionnante ?
Théophile de Saint Chasnes est un étudiant stagiaire en cours de professionnalisation.
Il veut devenir professeur de Lettres, et va pour cela intégrer le lycée *** qui a pour proviseure Mme ***.
Comme c'est méritoire d'avoir poussé le sacerdoce jusqu'à adopter le même patronyme que son établissement !
Surtout quand celui-ci se résume à ***.
Ceci étant dit, la tutrice de Théophile sera Constance Lurcelet, et l'inspecteur pédagogique Patrice Désormais.
La préface de Patrice Jean ayant été dithyrambique et les critiques dans les journaux élogieuses et ensorceleuses, tout était, ou semblait être en place pour le déroulement d'un récit qui s'annonçait pour le moins captivant.
Malheureusement, ce roman peine à son démarrage.
A sa 31ème page, le jeune professeur se dit que "l'année sera bien longue", en même temps qu'à la même page il m'avait d'ores et déjà semblé que ma lecture serait également bien longue.
En page 27 Théophile était tout ébaubi.
Moi aussi ...
Car le Diable sait souffler l'ennui aussi entre les pages !
Et puis la bonne idée ne fait pas forcément le bon roman.
Le vocabulaire superfétatoire ne fait pas le style.
On a du mal à s'imaginer que Satan est vraiment derrière tout cela, même s'il se cache derrière une silhouette d'andalou, même s'il se propose de veiller sur la carrière de Théophile.
Le récit est alourdi de toutes les arcanes de l'Éducation pour tous et du message "engagé" que veut nous faire passer Jérémie Delsart.
A trop en faire et trop en dire, on ne sait plus trop quoi en penser !
J'ai trouvé le style plus pédant que délicieusement désuet, moi qui aime tant les vieilles tournures et les lenteurs du style patiné de l'entre-deux siècles.
Le récit piétine dans les récriminations et l'introspection d'un jeune professeur qui ne l'est pas encore.
Il semble pourtant trouver à la moitié du roman un second souffle dans la scène du repas où Jérémie Delsart semblait vouloir reprendre la main sur sa plume.
La scène est assez bien imaginée et construite à plaisir.
C'est presque même savoureux.
Mais ce court instant de tentation n'aura été malheureusement qu'un moment de répit.
Le souffle est retombé très vite.
Et l'épilogue survient, sans que l'on sache réellement pourquoi sa mise en page semble avoir été prise d'une curieuse danse de Saint-Guy.
Le corps du récit, à mon sens, a souffert d'un manque de mise à la ligne, alors que l'épilogue lui pâtit d'un abus.
Ce premier tome semble vouloir s'ouvrir sur un second à venir.
Que Dieu me savonne et que le Diable me pardonne, je ne serai pas de l'aventure ...





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Un mets trop truffé peut amener à avoir le palais excédé.
En voulant contrebalancer le vide érigé par un système promouvant la pédance de l'ignorance Jérémie DELSART risque fort de faire ressentir au lecteur le cauchemar de l'enseignant qui se débat dans le filet des référentiels sacralisés.
C'est donc avec solidarité avec les enseignants non suivistes, la base du cauchemar étant d'être ou de se croire isolé, que cette fiction peut être lue, en ayant en tête le livre de Rutebeuf.
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critiques presse (3)
SudOuestPresse
10 avril 2024
Jérémie Delsart, jeune professeur, offre un premier roman vertigineux : la plongée d'un enseignant chrétien en milieu hostile.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
SudOuestPresse
10 avril 2024
Jérémie Delsart, jeune professeur, offre un premier roman vertigineux : la plongée d'un enseignant chrétien en milieu hostile.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LeFigaro
09 avril 2024
Un premier roman, dense, touffu, intrigant, passionnant, déroutant parfois. L'auteur ne veut visiblement pas renoncer au culte des hérétiques, Baudelaire et Huysmans, comme lui sévères contempteurs de la modernité et de ses gouffres.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Pour n'avoir pas à souffrir les inepties des condisciples désireux que leur année de stage les moulât en étalons pédagogiques, il descendit dans le jardin méditer derrière un gros buis en cône. p189
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Le jour que la grande cathédrale de France brûlait aux yeux du monde entier, Satan, qui eut le sentiment de puiser davantage d'orgueil de l'événement en lui-même que de l'antique corruption de son propre coeur, monta avec les fumerolles des combles pour contempler dans une ascension maléfique tout le panorama de son apothéose ...
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