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Voici une lecture très dépaysante à plus d'un titre.

D'abord, bien évidemment, parce que l'histoire se déroule au Groenland, pendant toute une année. Nous allons donc apprendre avec Martin, instituteur ayant demandé sa mutation là-bas, les habitudes de vie des habitants : la communauté très soudée, l'importance des chiens de traineaux, la gastronomie locale, les spécificités linguistiques (comment répondre par oui ou non à une question) … Quand tout ou presque est une question de survie au jour le jour, on ne se préoccupe pas du lendemain et on apprend à profiter de chaque instant. Carpe diem est une évidence, le rire une thérapie largement pratiquée. On oublie trop souvent que loin de notre quotidien et du monde dont nous maîtrisons parfaitement les codes, d'autres gens vivent un quotidien très différent du nôtre.

Ensuite, parce que ce roman déborde d'humanité. Malgré l'immanquable conflit qu'on peut à peine imaginer entre deux cultures, dont une se veut supérieure à l'autre, tout est bienveillance dans ce roman. Il faut dire que la gentillesse et la naïveté de Martin font sourire et lui ouvre grand les portes de la communauté de Nunaqarfik. Parti du Danemark pour vivre un peu d'aventures et se sortir de son quotidien, Martin tombe sous le charme des Groenlandais et de leur façon d'approcher la vie. L'arrivée de Martin est plus vécue comme une occasion que comme une agression colonialiste. D'autant que l'instituteur se rend vite compte de l'absurdité des exigences du Ministère de l'Éducation et n'hésite pas à s'en éloigner. Il découvre l'importance des traditions locales et celle de les préserver autant que possible.

Les personnages sont tous attachants et l'humour est au rendez-vous. Alors n'hésitez pas à découvrir ce roman intelligent et très agréable !
Lien : http://nourrituresentoutgenr..
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« Imaqa » de Flemming Jensen (12, Actes Sud, Bebel, 448 p.) traduit par Inès Jorgensen, narre l'histoire de Martin Willumsen, instituteur danois, de 38 ans, qui désire prendre un poste à Nunagarfik, au Groenland.
« Nunaqarfik n'est pas un endroit connu de tout le monde. Et pour expliquer clairement où cela se trouve, il faut commencer par le sud. Tout près de Sondre Stromfjord ». Nous voilà bien renseignés. Il faut dire que cela se passe « là où atterrit l'avion en provenance du Danemark, passe le cercle polaire, qui divise le Groenland occidental en deux parties : nord et sud. le cercle polaire marque aussi la frontière canine. Au sud, on n'a pas le droit d'élever des chiens de traîneaux ». On y voit tout de suite plus clair. Et pour clarifier encore les choses « En plus, tout au sud, on fait l'élevage de moutons. Et comme les chiens de traîneaux groenlandais ont en partie la même conception que les humains sur les possibilités d'utilisation de ces animaux, une cohabitation des deux espèces serait problématique ». Une fois ces marques posées, l'autre problème est que les habitants de ce village ne parlent que leur langage, et non le danois, sauf un gamin, de retour de l'école en même temps que Martin, et Gert, dit Gertekavsak, ce dernier terme signifiant « un filou, si on veut ». Mais il sera l'intermédiaire entre le danois et le groenlandais.
Très vite on découvre une pratique courante, la roulette groenlandaise, sauf que le barillet de la roulette comporte des canettes de bière. « Chacun avait posé une canette au milieu de la table et Jakob contint son rire lorsqu'il alla prendre au hasard l'une d'entre elles pour la secouer violemment. Et longuement: il trouvait ça tellement drôle! / - Bon, ça suffira, Jakob, dit le menuisier qui, même s'il fermait les yeux, entendait bien la bière clapoter dans la boite. / Jakob reposa immédiatement la canette parmi les autres et les intervertit jusqu'à ne plus savoir lui-même laquelle menaçait d'exploser sous la pression ».La sanction est moins rude que pour son homologue russe. Quoique…. Il faut faire attention au sens où l'on tombe. Tomber en avant peut vous placer le visage dans une flaque d'eau, avec noyade assurée.
On apprend vite les moeurs de ce village, de même que Martin. D'ailleurs son nom « finit par une consonne, ce qui est impossible en groenlandais », on l'appelle donc Martiniii, de même que Abraham s'appelle Abala, Jakob est transformé en Jakunguaq et Isaac en Isanguaq, « drôle de son pataud, sans doute agréable si on a la bouche pleine de dattes ». le lecteur apprend aussi très vite, ce qui fait qu'arrivé à la moitié du livre, à la fin de la première partie, on comprend les relations entre Marin et Naja, qui lui sert de bonne, telles que proclament les enfants du village « Martiniii Naja-lo POMPER, puuuuuuuuut ! ». D'ailleurs cela intervient après un concert mémorable du baryton Olaf Lindgreen, envoyé par le Ministère pour chanter « le Recueil des Chants du Danemark » dans les comptoirs du Groenland. de même à Igdlunguaq, les habitants avaient reçu la visite d'un conférencier de la Croix Bleue. le conférencier avait parlé de façon si convaincante, et la fête avait été si grande que le lendemain il avait fallu « ligoter le conférencier sur le traineau pour qu'il ne tombe pas en chemin » « Et deux jours entiers s'étaient écoulés avant que tout le monde dans le hameau fût capable de marcher droit ».
Deuxième partie. On découvre du zinc pas très loin du village. La société minière envoie même un hélicoptère pour ramasser les volontaires mineurs. le père de Jakob en fait partie. « Un chasseur qui veut occire un phoque ou une bande d'actionnaires qui veut mettre la main sur du zinc - c'est du pareil au même. La nature est notre réserve de ressources et cette réserve est multiforme ». Bien entendu l'argent que va ramener le mineur déstabilise le village. C'est dans cette partie que commence la débâcle. le retour à la vraie vie ne survient que « le 4 février à midi moins le quart, tout le monde s'était réuni autour du mât du gérant de la boutique, et lorsque le soleil rougeoyant surgit et emplit le monde d'une force imprenable, on chanta les vieux psaumes avec une énergie toute neuve : la vie était un vrai plaisir ». Mais tout se dérègle, même Qaqortuaroq, le chien, élevé en même temps Jakob, se retrouve pendu et figure au menu de Pavia, l'organiste, pendant plusieurs jours. Il y aura d'autres épisodes violents, volontaires ou non, surtout des accidents comme des coups de fusil malencontreusement décrochés (les fusils, pas les coups). Bref, le roman perd des personnages. Les Danois d'ailleurs envahissent un peu le paysage, la civilisation est en marche, hélas. Il est vrai, aussi, à la décharge de Martin, que ce dernier avoue ne connaître rien aux coraux tels que les décrit Monsieur Gudmansen, qui vient le tancer. « Lorsqu'on nage dans la mer et que l'on voit des coraux, on tombe amoureux de cette richesse de couleurs et multitude de formes. Et on est tenté d'en casser un morceau, vous comprenez, et de le ramener chez soi. Mais il se produit un phénomène étrange :au bout d'un certain temps, le morceau de corail perd touts ses couleurs et devient gris et triste. Il meurt ». Il aurait fallu que Erik le Rouge découvre des terres beaucoup plus au Sud, afin qu'on aît pu y envoyer Martin, la où il y a avait des coraux. Mais, bon, il a tout de même trouvé Naja, la morale est presque sauve.
On ressent tout de même, à la fin du livre, une nette dégradation de la culture et des moeurs des groenlandais. On se rend compte que ce livre, publié en 99, mais résultant de plus de 25 ans d'écriture, décrit les signes avant-coureurs de la décrépitude qui attend les habitants de cette terre, avec l'arrivée des mineurs, qui polluent tout avec leurs salaires, mais aussi plus prosaïquement de la civilisation, telle cette baraque à saucisses qui fait le tour des villages en proposant des viandes de récupération et du ketchup, à la place du phoque traditionnel.


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Durant quelques jours j'ai voyagé en terre inconnue, ma destination fut un coin perdu du Groenland.
J'ai accompagné Martin Willumsen, un instituteur danois qui avait décidé au cours des années soixante-dix de prendre le large et de s'installer là-bas, à plus de cinq cents kilomètres au nord du cercle polaire, par-delà la dérive des icebergs, dans le district d'Umánaq, le plus bel endroit au monde.
Je vous invite à découvrir Imaqa : Une aventure au Groenland, roman de Flemming Jensen, écrivain danois.
Sans doute Martin ressent-il un vide dans son existence. Les fonctionnaires du Ministère du Groenland, département de l'Éducation, n'ont d'ailleurs pas compris sa demande de mutation pour là-bas.
Le Groenland est une terre rattachée au Danemark. On n'évoque pas le mot de colonie, mais c'est un peu cela, qui nous ramène dès lors à notre Histoire, nos propres représentations.
Tout au fond du fjord d'Umánaq il est allé chercher la paix dans le comptoir de Nunaqarfik, un hameau de cent cinquante âmes tout près du Petit Détroit et du Chemin qui Mène à l'Intérieur.
A-t-il trouvé enfin la paix ? Je serai incapable de vous le dire car lui-même ne sait sans doute pas répondre à cette question. Mais parfois les lecteurs que nous sommes sont mieux renseignés que les personnages en perdition. C'est notre seul confort.
Chercher la paix et peut-être trouver autre chose de plus essentiel, le sens d'une vie dans ce dédale un peu fouillis...
Imaqa signifie en groenlandais « Peut-être ». Il n'y a pas de plus beau chemin que celui qui se nomme ainsi.
Le Groenland est une terre d'accueil. En guise de cadeau d'accueil, Martin se voit confier des chiens de traineau, une trentaine, rattachés à la maison qui va l'héberger. C'est une tradition, cadeau un peu empoisonné et une fois la joie canine partagée, vient la réalité primaire : des huskies, ça dévore !
Ici, point d'exotisme béat qui pourrait dire « c'est mieux là-bas qu'ici ». Non, ce n'est jamais mieux ailleurs, c'est simplement différent. Pourtant...
Pourtant les choses vont changer dans le chemin qui chemine en Martin. Et ce sont ces chemins qui nous transforment, nous autres lecteurs façonnés de chair, de sang et d'imaginaire. Des chemins faits pour nous égarer, sinon comment parviendrions-nous jusqu'à nos rêves ?
Là-bas, dans cette contrée extrême, Martin découvre que les choses n'ont plus la même importance que lorsqu'il était au Danemark. Par exemple, la manière d'aborder et d'accueillir certains événements du quotidien, pour peu qu'ils soient imprévus. L'éducation, l'enseignement auprès des enfants aussi, sa façon parfois aberrante sinon absurde d'organiser cette discipline qui devrait être si belle, si harmonieuse. le roman aborde ici un sujet presque universel et qui doit ici nous toucher plus que jamais. J'ai adoré ce ton espiègle, ironique, pour dénoncer ce système éducatif colonisateur qui n'est pas sans rappeler notre si belle Histoire française : « nos ancêtres sont les gaulois ! ».
Le thème du progrès au sens large s'invite ainsi allègrement dans ce texte et de manière jouissive.
Et puis le temps de là-bas, c'est aussi le temps de l'amour, la relation au corps, à l'âme, à l'instant présent, une fois la glace brisée. La relation de Martin avec Naja est tellement belle qu'on voudrait entrer dans leurs peaux, leurs corps, nous effleurer avec leurs voyages intérieurs. Dans cette relation j'ai aussi été attendri de découvrir la difficulté de deux êtres qui s'aiment à savoir savoir dire les mots lorsqu'ils ne parlent pas la même langue. Cela m'évoque un sentiment familier.
Parmi des icebergs à la dérive, les contrées extrêmes révèlent la beauté qui sommeille en nous, imperceptible parfois.
Martin découvre un monde épris de convivialité et de solidarité.
Imaqa est aussi un roman d'amitié, celle de Martin avec Jakúnguag, adolescent groenlandais renié parmi les siens, pour avoir fait le chemin inverse que celui accompli par Martin.
Et puis il y a l'humour, on parle souvent de résilience dans les temps qui courent. L'humour des groenlandais en est une forme avec laquelle ils excellent.
Mais là-bas n'est pas un monde idyllique. Il y a la réalité que découvre avec stupeur Martin, la pauvreté, la précarité, l'alcool, parfois la violence aussi. C'est un choc culturel sidérant que découvre Martin et peut-être que c'est à cet instant que la décision qu'il avait prise quelques semaines auparavant prend brusquement tout son sens.
Tandis que tout autour les icebergs continuent de dériver, Martin imagine une autre forme plus intelligente d'apprentissage de son enseignement, tenant compte de la réalité du territoire et de ses habitants.
Le fait que son autorité supérieure, là-bas à Copenhague, dans un bureau poussiéreux du département Éducation rattaché au Ministère du Groenland, en fut offusquée, montre simplement qu'il avait raison.
Si vous adorez les chiens de traîneau, je vous recommande une très belle adresse, un charmant coin isolé, un hameau de cent cinquante âmes tout près du Petit Détroit et du Chemin qui Mène à l'Intérieur.
Je vous entends déjà me répondre : Imaqa.
Merci à Blandine qui m'a donné envie de pousser mon traîneau vers ces pages lointaines, ô combien fraternelles et dépaysantes.
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Une petite pépite que ce roman qui se déroule au Groenland. Un humour formidable, une humanité qui donne du baume au coeur et un voyage inoubliable au pays du grand froid.
Dans les années 70, Martin, instituteur au Danemark, demande sa mutation au Groenland - territoire annexé par les danois. Il a soif d'aventure et souhaite s'installer dans un des comptoirs les plus reculés du territoire. Ce sera Nunaqarfik.
Le contrat avec le Ministère de l'enseignement est clair : la mission de Martin est d'apprendre langue et culture danoises aux enfants, de les transformer en bons citoyens du Danemark...
L'instituteur, qui n'est habité par aucune volonté colonisatrice, débarque dans le petit village où il est très bien accueilli malgré le fait qu'il ne parle ni ne comprend un mot de la langue. Il découvre une micro société où le rire domine, où toute occasion est saisie pour se réunir et faire la fête, une société qui ne peut fonctionner qu'avec une solidarité à toute épreuve pour faire face à un environnement hostile mais familier. Chasse et pêche constituent l'activité principale des hommes et sont les piliers de l'économie.
Malgré le conseil du ministre, Martin va progressivement appendre la langue et s'acculturer aux côtés de Gert - un sacré « kavsak » (filou), de Pavia le catéchiste qui travaille à l'école avec lui, entre deux bières, et la douce Naja dont il va tomber amoureux. le récit des premiers jours de Martin à Nunaqarfik sont hilarants, la confrontation des deux cultures donne lieu à des scènes savoureuses.
Ímaqa, c'est aussi l'histoire - triste - du début de la fin d'une société traditionnelle, lentement mais sûrement gangrenée par l'impérialisme occidental qui modifie en profondeur le mode de vie des habitants du Groenland. Cela s'incarne dans l'histoire de la famille du jeune Jakunguaq, dans un alcoolisme qui mine les relations, dans une consommation de biens inutiles, sans compter l'intervention d'une actrice blonde, française, qui en dénonçant la chasse aux phoques signe la fin d'une économie locale… La rencontre entre les deux modes de vie se fait sur fond de conflictualité et non par l'acculturation. Jakunguaq, quand il revient de son année d'études au Danemark, a presqu'oublié sa langue natale et ne supporte plus le goût du phoque bouilli, il conteste l'autorité paternelle et tout cela est prélude à un vacillement inéluctable.
Martin est le témoin de cette évolution et tente de la ralentir en s'opposant aux décisions d'un état centralisateur, colonisateur.
C'est un excellent roman et une belle surprise. Je remercie Nathalie de la librairie Les augustins de l'avoir choisi pour moi. A lire sans modération ☺️

Challenge MULTI-DEFIS 2021

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Martin rêve d'aller au Groenland. Instituteur danois, il demande sa mutation et atterrit à Nunaqarfik, un petit village de 150 habitants. Choc culturel ! Envoyé par le ministère pour enseigner le danois, il ne peut s'y résoudre et ira à l'encontre de sa mission. Imaqa : un mot ou une autre façon de vivre ! Cette lecture a été une vraie bouffée d'air frais-froid ! J'ai eu un peu de mal avec les noms mais passée cette "petite" difficulté, j'ai adoré l'humour subtile de l'auteur... A découvrir !
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Quel plaisir ! un vrai bonheur !
J'avais découvert cet auteur par "Petit traité des privilèges de l'homme mûr et autres réflexions", une lecture jouissive, libératrice, drôle, jamais vulgaire.
Imaqa, pareil : drôle, ô combien, jamais vulgaire ni grossier, quels que soient les sujets abordés (tous), lire Imaqa c'est rigoler à pratiquement chaque page.
Imaqa, c'est aussi tous les genres : ethnographique, sociologique, politique (ah la politique de colonisation du Danemark... de l'argent déposé dans une passoire sans trou), à l'heure où il est question de tout remettre en question justement, sur les colonisations... le Danemark et le Groenland ont une belle et longue expérience sur le sujet.

Lire Imaqa c'est se donner des purs moments de bonheur de lecture, c'est se transporter dans un milieu de vie totalement étrange, c'est y rencontrer de vrais êtres humains... là bas, aucune maison ne ferme sa porte à clé... car sinon personne ne pourrait y rentrer.
Lire imaqa c'est aussi être dégoûté de la viande de phoque dans l'assiette. La soupe de mouettes aussi.
Mais lire Imaqa c'est lire une belle histoire très humaine.
Magnifique et si drôle.

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Un décor et un peuple dont je ne connaissais rien mais que j'ai été ravie de découvrir au cours de ma lecture. J'ai été emportée par ce roman du début à la fin, grâce notamment aux personnages, particulièrement attachants. Imaqa m'a fait passer par différentes émotions, notamment la peine, le choc, et puis, évidemment, le rire. On ne croirait pas, à première vue, mais Imaqa est un roman avec beaucoup d'humour. Je conseille ce livre avant tout à ceux qui aiment l'humanité.
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« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, dépaysement total ! Couvrez-vous bien, nous partons loin dans le Nord avec Imaqa, de Flemming Jensen.

Or donc Martin, gentil instituteur danois de son état, décide de tout plaquer pour pratiquer son métier au Groenland. Et il y va.

-J'parie que c'est un exposé des moeurs du pays dans un style austère…

-Pas du tout ! L'auteur exerce la profession d'humoriste et tout son texte baigne dans l'humour, ce qui rend la lecture joyeuse et légère ! le regard du narrateur se fait gentiment moqueur, la dérision reste tendre et non humiliante ni agressive.

Quant aux moeurs, oui, en effet, tu les trouves, mais tellement imbriquées dans l'histoire que le tout demeure naturel et fluide. le roman reste un roman et ne sombre jamais dans le documentaire, bien au contraire : tu visites une galerie de portraits bien brossés : Gert, Jakunguaq, Pavia, le chanteur d'opéra complètement… euh… au caractère particulier, on va dire…

Le roman offre également l'occasion de s'initier à une culture inconnue. J'ai adoré découvrir la bonne humeur et la sérénité des habitants de Nunaqarfik. Cependant, point de niaiserie idéalisante : Imaqa n'occulte ni les difficultés liées aux conditions climatiques, ni les drames subis par certains villageois, drames dont le Danemark se trouve directement responsable pour certains. Il dénonce également les absurdités d'un système déconnecté des réalités du terrain et raciste.

-Je trouve la fin longuette, quand même… et le couple du Danois avec Bebiane entre en scène, on ne sait pas trop pourquoi…

-Je pense que cette scène expose une autre facette du racisme évoqué plus haut : après celui de l'institution, on te montre celui des gens ordinaires. C'est ce que je comprends, en tout cas.

-Ouais, mais je suis hyper mal à l'aise ! On ne sait pas ce que pense Bebiane de ce qu'elle vit !

-Peut-être qu'elle aspirait au confort…

-Et d'ailleurs, je déplore qu'on n'en sache pas plus sur les persos féminins ! Peut-être que Naja a des choses intéressantes à dire, elle aussi ! Je trouve dommage qu'on ne l'entende pas davantage.

-Je ne peux pas te donner tort, non.

Bref, il résulte de tout cela un texte oscillant sans cesse entre humour tendre, dénonciation par l'absurde et drame cruel. L'ensemble produit un goût doux-amer, fort plaisant et enrichissant. Imaqa, sans doute un excellent roman pour commencer 2021, que je vous souhaite plus douce et plaisante que la précédente ! »
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Quel chouette bouquin !
Non seulement je me suis passionnée pour les aventures de cet instituteur Danois envoyé dans un hameau groenlandais, mais, de plus, j'ai beaucoup appris.
En effet, j'ignorais tout de la vie groenlandaise. Je ne savais même pas que le Groenland avait été colonisé par le Danemark. Et ce livre est si bien traduit qu'il m'a instruite sans même que je m'en rende compte. Finalement, n'est-ce pas le propre d'un livre d'exception ?

Par ailleurs, moi qui suis très engagée dans la cause animale, je n'ai pas été choquée par les rapports qu'entretiennent les Groenlandais avec le monde animal. Même si certaines scènes m'ont été difficiles, dans le contexte toutes avaient un sens.
Tout se tenait ; question de survie. Rien à voir avec les gras guignols arriérés, et non moins avinés, de nos régions qui associent l'action de flinguer tout ce qui bouge avec le terme de "loisir".

Excellent livre que j'ai refermé avec une pointe de nostalgie.
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Groland, je connais, le Groenland un peu moins...
mais grâce à Flemming Jensen et à Bookycoocky
me v'la parti suivre à l'allure d'un chien de traineau
les tribulations de Martin, un instit' Danois qui rêve d'aventure....
Mutation accordée pour enseigner sa langue maternelle
dans un trou perdu à Nunaqarfik, ousékécé ?
Pas loin du nord du cercle Polaire, autant dire que ça caille
et qu'il n'y a pas grand monde, 150 autochtones
et 3 fois plus de chiens et des phoques en pagaille.
Quelle découverte dégivrante !
J'ai suivi à vive allure les tribulations du Martin devenu un peu pécheur
et prêcheur de leur mode de vie dénigré par les colons danois à la noix
On rit beaucoup mais on frémit aussi pas mal
aux dommages psychologiques causés par la colonisation .
Flemming Jensen est un auteur que je vais suivre ...en raquette
Imaqa, j'ai pas trainé, lu en un temps record !
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