La vieille dame racontait.
Dans ses yeux azur pétillants de malice, l'on pouvait deviner les nombreux voyages qu'elle avait faits, les paysages sauvages qu'elle avait admirés, les légendes qu'elle avait entendues, les personnes étranges qu'elle avait rencontrées, les animaux exotiques qu'elle avait tendrement caressés, les tempêtes qu'elle avait traversées. C'était une routarde, une voyageuse des temps d'avant.
La vieille dame racontait.
Cet univers qu'elle partageait si bien de ses mots était chargé de légendes, d'odyssées, de mystères, de fées, de déesses, de revenants, de magie et de quêtes aussi lointaines qu'incertaines.
La « Mary Céleste » était son navire. Elle tutoyait les goguelins, ils étaient ses amis, lui soufflant souvent de belles tragédies marines qu'elle brodait.
La vieille dame racontait… Et moi, je l'écoutais.
J'avais cinq ans, dix ans, quinze ans, qu'importe ! Jusqu'à son départ sans ailes, pour un paradis qu'elle émerveille aujourd'hui, j'en suis convaincu, de ses récits, la vieille dame raconta pour moi.
Cette vieille dame était ma grand-mère. Elle était bien plus qu'une conteuse, elle était une faiseuse de légendes envoûtantes, affectueuses et même, de temps à autre, horrifiques.
Parfois, je posais la naïve question : « Ma Mone, elles sont vraies tes histoires ? » Elle prenait alors un air mystérieux, puis avec un sourire de connivence frisant cette ironie qui la caractérisait, elle répondait :
« Si tu veux demeurer un enfant toute ta vie, Il est une chose à ne jamais oublier, il suffit de croire aux légendes pour qu'elles deviennent vraies ».
J'ai grandi et même vieilli, mais avec «
La tête dans les nuages », avec les mots de son auteure
Olivia Jones, l'enfant barbu que je suis à retrouver les longs et tendres moments de complicités que je passais avec « Ma Mone »
C'est vrai, je suis féru de vieux gréements, gourmand de légendes maritimes, une partie de mon sang d'origine bretonne me rappelle constamment à l'océan… Je ne suis donc pas objectif lorsque je prétends qu'avec ce bouquin, j'ai quitté les pages de ma liseuse pour voyager au gré des marées bretonnes et des créatures merveilleuses qu'elles abritent.
J'ai retrouvé ma si chère "Ma Mone"
C'est doux, mystérieux, parfois triste, parfois naïf ou tendrement maladroit… Comme un rêve d'enfant poursuivant sans relâche les nuits d'un adulte.
Jean, le héros malgré lui, croit en la légende de sa vie, grâce à cette belle ouverture d'esprit il aura l'exceptionnelle opportunité de la vivre… Sans doute que lui aussi, dans ses songes, il a entendu les si extravagantes, mais passionnantes chimères que ma grand-mère pourchassait sans cesse.
Nous avons besoin d'auteures comme Olivia, nous avons besoin de faiseuses de rêves fantasmés comme « Ma Mone » pour que nous, simples enfants au corps d'adulte, puissions encore nous égarer dans un monde qu'il est si bon et important de rêver.
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