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4,11

sur 978 notes
Livre bref, poignant qu'on ne lâche pas.
Son écriture est sobre, plutôt laconique, à l'image du récit de ces terribles vies.
L'ouvrage est néanmoins empreint d'amour, de sentiments attachants. Je suis tentée de rapprocher son contenu de celui des terribles personnages de Mr Franck BOUYSSE.
Mais le récit de Mr Charles Juliet n'est pas une fiction mais une biographie authentique, cathartique.

J'en recommande la lecture. (Les boîtes à livres peuvent contenir des pépites comme celle-ci ! )
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Si je vous propose la lecture de ces quelques vers :

toi qui n'as ni formes ni visage
mais qui es cette femme avec laquelle
je suis en incessant dialogue
cette nuit tu étais là
violent était mon besoin
de te porter en moi
de me glisser en toi
me mêler à ton secret
m'enrichir de ta substance
et des mots gonflés de notre fusion
se sont mis à bruire
ont fini par enfanter ce chant
où j'avais désir de te garder
accepte que ma voix sourde
le dépose en ta mémoire
et qu'il te donne à ressentir
la vénération que je te voue
et que je vous demande de mettre un nom de poète sur ces mots, beaucoup parmi vous connaîtront ou reconnaîtront la plume de Charles Juliet.

Dans - Lambeaux - cette auto-biographie qu'il a mis douze ans à écrire et dans laquelle il rend un hommage terriblement touchant à ses deux "mères", sa mère biologique dont il a été séparé à l'âge de trois mois et sa mère adoptive, une paysanne suisse qui l'a élevé, Charles Juliet nous raconte comment l'écriture est parvenue à recoller les "lambeaux", les fragments de sa vie, lui permettant à partir de ces deux cordons ombilicaux qui l'avaient "éparpillés", de renaître en les coupant de manière consolante.

Il y a une phrase de Jacques Lamarche que j'aime bien et qui me semble parfaitement s'adapter à C. Juliet : “Les lourdes portes de l'oubli se referment mais des lambeaux de souvenirs s'agrippent aux battants.”

Dans cet ouvrage composé de deux diptyques dans lequels sont éparpillés ses lambeaux, l'auteur en ayant recours à un "tu" qui mêle la proximité de l'affect à la distance de l'observateur "privilégié", nous dresse dans le premier un portrait poignant, bouleversant, dramatique et sublime de la première de ses mères.
Une paysanne de très modeste condition, aînée de quatre filles, née au début du siècle, une "cérébrale" éprise de liberté, une surdouée dont l'époque et la condition sociale ont fait une asservie corvéable à merci, la servante, la domestique d'un père lui reprochant plus ou moins consciemment son sexe, un taiseux qui avait fait de son foyer l'antre du silence, un rempart contre la parole ; une dissuasion au savoir.
Lorsque devenue une jeune fille, elle rencontre par un beau dimanche après-midi d'été un jeune parisien venu en vacances chez sa tante, son horizon semble enfin s'ouvrir sur ce pour quoi elle est faite : le monde des idées, des livres, de la quête insatiable du savoir, la liberté... l'amour.
Les deux jeunes gens se retrouvent tous les dimanches après-midi sur le flanc d'une colline, et pour la première fois la jeune paysanne parle, communique, vit.
Mais un dimanche un orage les surprend.
Trempé jusqu'aux os, le jeune homme s'enfuit.
La jeune paysanne ne reverra jamais plus " l'amour de sa vie" ; en vacances dans un sanatorium parce que tuberculeux, une pleurésie consécutive à l'orage l'a emporté.
À jamais inconsolable, la jeune paysanne finira par épouser un brave garçon, toujours absent pour cause de travail et profitant de ses dimanches de repos pour engrosser sa jeune femme.
La quatrième grossesse assumée seule, cette solitude originelle mère nourricière de l'angoisse aura raison de ce qu'elle peut tolérer.
Une tentative de suicide manquée la conduira à l'asile et la Seconde Guerre mondiale, l'Occupation et la politique de "L'Extermination douce" pratiquée par les nazis dans les hôpitaux psychiatriques :
"La méthode fut facile à trouver. Pour faire périr les patients enfermés dans ces univers clos et coupés du monde, il suffisait de ne plus les nourrir. Ainsi pendant ces années sont mortes quarante mille personnes."
...feront qu'à trente-huit ans, la jeune paysanne sera retrouvée morte un matin dans sa cellule, morte de faim.
Charles, que va recueillir une famille de paysans suisses et qu'elle surnommera Jean ou Jeannot ( confusion = fragments ) aura la chance de trouver une mère adoptive ( "celle qui t'a recueilli est un chef-d'oeuvre d'humanité"), dont "l'inlassable présence" lui permettra de se construire dans un contexte où cependant la fragmentation était inévitable.
Il apprendra à huit ans qui était sa vraie mère, aux obsèques de laquelle il assistera comme "coupé en deux".
"Peu de jours auparavant, une lecture t'a appris qu'un bébé retiré à sa mère au cours de ses premières semaines subit un choc effroyable. Il vivait en un état de totale fusion avec elle, et coupé de celle-ci, tout se passe pour lui comme s'il avait été littéralement fendu en deux. ( En lisant ces lignes relatives à ce que tu indiques là, tu t'es rappelé ce lapsus qui t'avait fait dire un jour : "à trois mois, après mon suicide...")
Dans ce second diptyque, le poète parle davantage de lui et revient sur ses onze années d'enfant de troupe, années racontées dans – L'année de l'éveil -, au cours desquelles il fera à Aix-en-Provence la connaissance avec un monde aux antipodes de celui qu'était le monde rural, sera "déniaisé" à treize ans par la femme de son "chef", entamera après l'obtention du baccalauréat, des études de médecine, études qu'il abandonnera pour devenir écrivain.
Cet impérieux besoin d'écrire lui permettra de se réaliser en tant qu'écrivain et en tant qu'homme au bout d'une traversée de doutes et de souffrances qui durera vingt ans.
Ce n'est que lorsqu'il aura recollé les "lambeaux" que s'achèvera ce long apprentissage, cette douloureuse initiation, cette quête de "l'absente".
Il sera alors capable et légitime d'écrire :
"Ni l'une ni l'autre de tes deux mères n'a eu accès à la parole. du moins à cette parole qui permet de se dire, se délivrer, se faire exister dans les mots. Parce que ces mêmes mots se refusaient à toi et que tu ne savais pas t'exprimer, tu as dû longuement lutter pour conquérir le langage. Et si tu as mené ce combat avec une telle obstination, il te plaît de penser que ce fut autant pour elles que pour toi.
Tu songes de temps à autre à Lambeaux. Tu as la vague idée qu'en l'écrivant, tu les tireras de la tombe. Leur donneras la parole. Formuleras ce qu'elles ont toujours tu.
Lorsqu'elles se lèvent en toi, que tu leur parles, tu vois s'avancer à leur suite la cohorte des bâillonnés, des mutiques, des exilés des mots
ceux et celles qui ne se sont jamais remis de leur enfance
ceux et celles qui s'acharnent à se punir de n'avoir jamais été aimés
ceux et celles qui crèvent de se mépriser et de se haïr
ceux et celles qui n'ont jamais pu parler parce qu'ils n'ont jamais été écoutés
ceux et celles qui ont été gravement humiliés et portent au flanc une plaie ouverte
ceux et celles qui étouffent de ces mots rentrés pourrissant dans leur gorge
ceux et celles qui n'ont jamais pu surmonter une fondamentale détresse."

Excellente lecture avec un vrai moment d'intense émotion pour la biographie de la mère "biologique".
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Il y a des livres fondateurs, des livres qui lorsqu'on les découvre, nous font nous demander comment ils avaient pu nous échapper jusqu'alors. Il y a des livres qui nous marquent pour toute une vie.
Charles Juliet a mis quinze ans à écrire la version définitive de ce texte assez court, c'est une leçon de vie et d'écriture qu'il nous livre là.
La deuxième personne du singulier s'applique d'abord à une toute jeune fille, douée pour les études, l'aînée d'une famille de paysans. Sa mère biologique, qu'il n'a pas vraiment connue. Son parcours de jeune fille sacrifiée à sa famille d'abord, comme éducatrice de ses frères et soeurs. Sa sensation d'être à côté de la vraie vie. le premier, le grand amour, qui disparaît en laissant un champ de ruines. Un mariage de raison, les maternités qui s'enchaînent, la dépression, l'enfermement, la mort solitaire.
Le « tu » désigne ensuite l'auteur, sa croissance dans une famille aimante, loin de sa famille biologique et cette mère dont il ne sait rien. L'amour silencieux de sa mère adoptive, de ses frères et soeurs. La « chance de sa vie », l'admission à l'école militaire d'Aix, loin de sa deuxième famille, sa construction de jeune homme et de jeune écrivain malgré la fragilité mentale et la dureté de son parcours.
Un hommage sobre et vibrant à ces deux femmes qui l'ont fait naître au monde, sensible, en lambeaux, mais debout.
Lisez-le !
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Merci au lecteur Stoner sans qui je n'aurais pas lu ce roman que j'ai beaucoup aimé. En premier, parce que ça sonne l'histoire vraie, sincère et complexe. J'aime les vies à la campagne, le poids des liens familiaux qui fait qu'on est, puis qu'on devient ce qu'on est sans même avoir eu à choisir. du coup quand, les deux héros, la mère et le fils pensent à une autre existence sans même se connaître et à deux époques différentes, c'est un lien intergénérationnel plein d'espoir. Ils se rejoignent encore quand le poids du quotidien de l'une en raison de ces trop nombreux enfants et surtout par l'absence de vie intellectuelle fait écho avec le suivi du fils qui lui va recevoir une éducation particulière de l'amour aussi. Je trouve que la distance qu'il faut prendre fait sombrer l'une dans la folie et l'autre dans un immense déséquilibre. Toutes les pages sur l'introspection, l'existence sont belles ainsi que les relations familiales, amoureuses, ça devient tragique quand la folie a fait partie des pages noires de la guerre.
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Lambeaux a résonné profondément en moi. Charles Juliet y dresse un portrait bouleversant des deux femmes qui l'ont amené à la vie. Sa mère biologique au destin tragique et sa mère adoptive. Un livre qui nous rapproche autant des ténèbres que de la lumière (qui finalement se fondent plus qu'ils ne s'opposent). Charles Juliet se penche ensuite sur son processus d'écriture avec les souffrances et remises en question qui jalonnent son chemin. Difficile en quelques lignes de se mettre à hauteur de ce magnifique texte qui porte en lui l'humanité toute entière. Minéral...
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Jamais chez Charles Juliet ne se profile l'ombre d'une vanité, d'un contentement de soi, d'une revendication attachée à cette individualité distincte qui est pourtant sa seule matière, son seul objet.. Mais cette matière, il l'aborde par la face obscure et non par celle où l'on se plaît à briller.
Ainsi s'exprime l'écrivain Patrick Kéchichian à propos de Charles Juliet..
Et dans cette face obscure, n'allons surtout pas y voir de trouble bipolaire.. Il a un fardeau si lourd à porter, plus lourd que pour les autres qu'il ne s'en plaint pas ; il arrive à aimer la vie, les choses et les êtres qu'il contemple avec poésie et attachement, mais pour moi cela reste un mystère chez cet homme qui atteint maintenant un âge respectable, une curiosité faite d'admiration.
J'ai pensé l'autre jour que je ne voudrais pas partir avant mes chats pour ne pas les voir souffrir, sachant trop ce que je leur apporte, je ne pense pas que la vie arrive à prendre le dessus, mais l'idée d'être là pour assurer le bonheur des autres a quelque chose de supérieur ; je me demande si chez Charles Juliet il n'y a pas quelque chose comme cette dimension humaine, presque morale.

21 mai 2022
Charles Juliet c'est indéniablement son enfance qui n'est jamais si bien racontée que par lui-même, déchirante, poignante, c'est aussi ma jeunesse où je me souviens bien qu'il racontait si bien à la radio son attachement à Pessoa. C'était alors ses premiers pas balbutiants dans la littérature, le verbe était haché, timide, mais profond, où il fut alors repéré par ses pairs comme un original qui n'évoluait pas comme les autres avec ses galets mais sentaient bien qu'ils étaient en présence d'un artiste insigne .. Il est vrai qu'à l'époque la poésie connaissait des temps difficiles et ne semblait appartenir désormais qu'à des initiés et à un monde confidentiel. Je pense même qu'avec ses journaux, il prit un essor véritable et fut lu par un plus grand nombre, ce qui lui valut d'être reconnu à sa juste valeur comme un grand prosateur dans le monde de la littérature, son récit s'ouvrit alors à un champ beaucoup plus vaste, extérieur, et lui permit surtout une complète aisance dans l'expression de son quotidien au combien riche à l'intérieur. Il parle de Camus si bien, son intérêt pour la peinture lui fit prendre aussi des ailes ..

13 février 2023
Il me viendrait presqu'à l'idée d'écrire un journal sur Charles Juliet tant je pense à lui en ces moments. C'est la magie de babelio qui opère par le biais d'une contributrice qui me fait l'amabilité de me suivre et que je remercie. Je ne savais pas que Charles avait fait paraître un nouveau titre en 2022. Je me demande bien pourquoi il m'a échappé ? Comme si on ne faisait plus bruit de rien du tout ? des choses qui vaillent en tout cas ! Ca me fait penser qu'il faut que je lise Fragments, l'écrire ici me sert de pense-bête. de cette littérature de Charles Juliet si personnelle, j'ai toujours l'impression qu'il s'est fait sa réputation à la force du poignet, bien que son capital littéraire et poétique roule maintenant pour lui en toute quiétude, façon de parler avec cet écrivain sensible qui ne s'assagira jamais ; en tout cas contrairement à d'autres qui à grands renforts de publicité ont une réputation usurpée et c'est ainsi que le mot de Kéchichian à l'endroit de Charles : "aborder les choses par la face obscure" me revient !.. Je ne pensais pas si bien emprunter !..
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Charles Juliet né en 1934 dans l'Ain a notamment écrit son Journal en une dizaine de volumes.
sein de laquelle il grandit, choyé par tous. Mais la peur ravage son enfance. Il a sept ans quand il apprend que son « autre mère » vient de mourir. Il intègre l'école d'enfants de troupe d'Aix en Provence où la vie est difficile. Il est en proie à des crises de mélancolie tant il se sent différent des autres, à l'image de sa mère biologique. Puis après trois années à l'Ecole de santé militaire de Lyon , il quitte subitement ses études poussé par la passion de la lecture et de l'écriture. Ecrire pour aller à la découverte de lui-même. Il subtilise à son père biologique une photo de sa mère. Un jour, un paysan lui apprend que l'internement de sa mère est consécutif à une tentative de suicide. C'est une révélation. Il comprend alors qu'il a toujours eu conscience au fond de lui-même d'avoir provoqué, par sa naissance, la mort de sa mère. Et l'écriture revêt une valeur thérapeutique en permettant de raccommoder les lambeaux, elle libère l'auteur de sa détresse.Lambeaux est un roman plein de délicatesse sur la filiation et sur la résilience.Charles Juliet rend un émouvant hommage à ses deux mères, sa mère « biologique » et sa mère adoptive.
Dans la première partie, l'auteur écrit une fiction sur sa mère biologique qu'il n'a pas connue puisqu'il en est définitivement séparé alors qu'il n'a qu'un mois. Par ce récit à la deuxième personne, l'auteur redonne vie à sa mère et met de la cohérence dans son parcours. Aînée d'une fratrie, encore enfant, elle joue le rôle de la mère besogneuse, dans une famille paysanne d'une grande rudesse et d'une pauvreté affective où le verbe a peu de place. Elle aime l'école, y réussit mais connaît son premier désenchantement en apprenant que ses parents mettent fin à sa scolarité. Très sensible, elle reste seule face à ses questionnements. Vient le temps de l'amour malheureux. Puis celui des désillusions du mariage. Elle n'a plus d'échappatoire et finit par être internée en 1936.
Dans la deuxième partie, l'auteur se livre à un récit biographique à la deuxième personne, ce « tu » le désignant, met de la distance entre lui et son personnage. Après le drame, l'auteur est confié à une famille de paysans au
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Ce n'est pas un livre facile dans le sens où l'auteur nous offre un texte à mi-chemin entre le roman autobiographique et le récit. Et quel texte! Il se livre à une introspection. On y découvre son mal-être, mais aussi celui de sa mère naturelle et les vies difficiles qu'ils ont pu avoir. Je trouve que son analyse des diverses situations est très bonne, très juste. Il est fin psychologue. Cette oeuvre se compose de deux parties. Dans la première, sa mère biologique se livre et raconte son mal de vivre, son manque de reconnaissance et d'amour qui la conduiront à commettre un geste dont les conséquences lui seront fatales. Dans le second, il présente sa seconde famille, celle chez qui il a été reçu et gardé comme un vrai fils, et cette "mère" de substitution qui aura joué un rôle essentiel, tant elle fût remplie d'amour et de générosité malgré une vie précaire.
Charles Juliet évoque aussi naturellement les études qu'il a pu effectuer grâce à son intégration dans une école d'enfants de troupe, là encore un parcours où les difficultés ne lui ont pas été épargnées. Il parle de ses études abandonnées, de son entrée dans la vie active et surtout de son désir profond de devenir écrivain... Mais pas n'importe quel écrivain, car il met la barre très haut... offrant aux lecteurs une superbe analyse où il se juge avec grande sévérité.
Par bien des points ce livre est sinistre, très déprimant, mais c'est aussi le magnifique témoignage offert par une âme tourmentée parce qu'elle a simplement eu une enfance hors normes, mais après tout chaque parcours n'est-il pas hors normes? L'enfance... écrivains, psychologues, philosophes... beaucoup se sont penchés sur cette période de la vie et ont écrit sur ce sujet. "On ne guérit jamais de son enfance, soit parce qu'elle fut heureuse, soit parce qu'elle ne le fut pas." (Robert Mallet), des poètes aussi, des chanteurs et paroliers (Barbara ou Jean Ferrat : "Nul ne guérit de son enfance"....).
Ce roman autobiographique peut donc parler à tous, et toucher encore un peu plus les "accidentés de la vie" qui traînent les premières années de leur existence comme un boulet, parce qu'ils ont été orphelins, abandonnés, non désirés, mal aimés, rejetés, incompris... et qui, jusqu'à un âge avancé de leur vie d'adultes seront en quête d'un peu d'amour ou tout au moins de reconnaissance...
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Récit dans lequel l'auteur change juste son prénom et raconte ses origines. Quatrième d'une famille de quatre, sa mère biologique dont il raconte le parcours, &tait la plus grande d'une grande famille, devait s'occuper des plus petits et des travaux de la ferme sous l'égide d'un père bourru et taiseux. Elle a d'autres aspirations, connaît un amour malheureux, finit par se marier mais l'ennui et le quotidien la rattrapent. Tentative de suicide, HP abominable de l'époque, elle meurt pendant la guerre n'ayant pas été nourrie (méthode nazie envers ceux qu'ils considéraient comme "inutiles".)
Le narrateur, bébé, est recueilli par pure bonté par une autre mère dont le geste désintéressé sera salué par le jeune homme devenu écrivain après être passé par les enfants de troupe où il va se dessaler et surtout apprendre à écrire pour lui écrire des lettres.
Récit à la deuxième personne("tu"), le lecteur se sent impliqué dans cette quête intérieure des personnages, ce qui marque une continuité entre les mères et le fils. le style est tendu, ténu. En revanche, je trouve le dernier paragraphe inutile, explicatif et participant d'un lieu commun. A travers toutes ces souffrances, "la vie est passionnante". On tombe un peu de haut. Dommage.
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Superbe récit autobiographique où se côtoient les destins. Tout d'abord celui d'une femme, intelligente, sensible, que son milieu a involontairement broyée et dont l'époque n'avait pas les armes nécessaires pour lui venir en aide.
Puis, celui de son fils, séparé à quelques mois seulement, de cette mère « malade », et à qui la vie a donné une « seconde mère », d'adoption celle-ci et qui lui a offert un amour inconditionnel et sans bornes.
Longtemps, l'auteur existera en « trainant » en lui la « douleur de vivre » qu'il pense inéluctable et qui n'a d'égale que le besoin qu'il ressent d'écrire.
Ce texte est une longue quête, une véritable analyse de soi qui, au fil des années, côtoiera les doutes, la souffrance infinie, jusqu'à l'envie « d'en finir » pour ne plus avoir mal. Pourtant, ce chemin intérieur, guidé par la réflexion, par la lecture et l'amour de l'art, mènera aussi à la découverte de sa véritable personnalité, à l'acceptation de ce qui a été et que l'on ne peut changer et enfin au bonheur de constater que la vie nous donne la force de continuer et le plaisir de la savourer.
Une réflexion intense, une écriture aussi profonde que magnifique, une véritable leçon de vie.
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