Recueil de poésies traversées par la maladie, la souffrance, la recherche de quelque chose de perdu qui peut resurgir avec des mots.
Il y a dans sa poésie, un avant et un après que la poétesse tente de reconstruire.
C'est une poésie intime et sensible, tout en mesure et en finesse.
Une voix qui se glisse dans les pages et nous bouleverse. Une voix qui célèbre le bonheur d'être en vie et d'aimer, malgré la mort « au bout du couloir ».
A la fin du recueil, dix-huit pages sont consacrées à des notes sur la poésie.
Vraiment très beau.
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SI QUELQU'UN ÉCOUTE
MA MÈRE AU BORD DU LAC
Comme tu brilles ma mère émiettée
que tu es blonde
ravissante
c'est ce qu'on disait
sur le ponton
au lac de Constance ma mère.
Marcher dans l'herbe est blond
ma mère inconnue
dans la fraîcheur du soir.
Si blonde es ma mère
ma mère étrange.
p.19
CLARTÉ DE RIVIÈRE…
Quelle dilution pour cette eau
rêvée, de cette eau l’encre subtile ?
Au large, la lumière.
Au large, l’ombre d’une rivière,
un vert de veine qu’on devine.
Tout au fond ?
La vase.
Elle tourbillonne
et tout s’avale vivant, mouvant, les poissons muets,
vaseux, parents et enfants
muets de poissons à l’œil rond.
Je ne vous regarde plus, troublantes écailles,
j’ai dans le corps une clarté de rivière.
p.62
À découvert
En certains moments, regarder
le ciel est nécessaire et quel que soit
son état ne m’apporte qu’agrément.
Je sais que le ciel n’existe pas.
Mais tout est là.
Poésie non plus n’existe pas.
Mais sans elle je succombe.
Le ciel prend alors le relais. Lui,
ne disparaît pas.
Il faudrait qu’une source extérieure
dise pour moi ce qui se passe.
Sans doute rien. Ultime recours.
Que ce rien me tienne.
Bonne et MEILLEURE année à toutes et tous !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
SI QUELQU'UN ÉCOUTE
PAYS DE PAPIER
C'est dans un village des Pyrénées
du nom duquel je ne peux que me souvenir.
Là où ils sont, chez eux,
dans les montagnes issues de plaques heurtées.
On y prétend que les arbres pleurent
pour nous qui prenons parfois la parole, de plus en plus
bas.
De ce côté-ci du monde j'ai un pays à défendre,
un pays qui n'existe pas qui n'existe
que d'être écrit.
Si je t'oublie, mon pays de papier.
p.13
SI QUELQU'UN ÉCOUTE
Premier jour du printemps …
Premier jour du printemps.
Sur ma jupe par terre étalée
un chaton joue
dans les plis qui sépare les mondes.
p.44