Silver Batal et le dragon d'eau... Il n'y a pas un truc qui vous choque ? Genre... "dragon d'eau" par exemple ? Dans ce monde aux allures orientales, les dragons ne sont plus associés au feu mais à l'eau. Empruntant grandement aux traits de caractère des dragons de Harold et les dragons, l'autrice invente une toute nouvelle mythologie où ces êtres écailleux sont tous associés à l'élément aquatique sauf de très rares exceptions. Et les dragons d'eau c'est ce qui fascine Silver depuis toujours. Pas les bijoux, les diamants et autres joaillerie qui a fait la renommée de son père mais bien ces êtres aquatiques dont elle n'a finalement pu que rêver. Déterminée, fougueuse et intrépide, la jeune adolescente est prête à tout pour montrer à sa famille que son rêve n'est pas celui d'une gamine écervelée. L'arrivée de Sagittaria Prodigo pourrait bien tout changer. Mais entre l'idéalisme et la réalité un fossé peut parfois les séparer.
Bravant les interdits familiaux, SIlver se lie d'amitié avec Nebecker, une vieille tisserande arrivée par le désert à Jaspaton quelques années auparavant et qui garde une cape de mystère autour d'elle. Par un heureux concours de circonstance les deux aventurières dans l'âme se trouvent liées et devront apprendre à bien vite se faire confiance...Car le pire est à venir !
Fascinée par les dragons, Silver ne peut cacher sa joie et sa stupeur en découvrant Hiyyan dont la mère se fait kidnapper sous ses yeux. Un Aquinder ! le dragon le plus puissant, le plus craint et le plus fantasmé de tous les temps. Mais que faire contre l'avidité des hommes ? Et si tout cela n'était que des mensonges destinés à réduire en esclavage une espèce entière ? Comment se battre contre la barbarie, le mensonge et l'avidité lorsque l'on a que treize ans...et une bonne dose d'ambition ?
Jonglant habilement entre actions et réflexions, l'autrice nous entraîne de Jaspaton à la capitale avec une fluidité impressionnante. S'entremêlent au récit les fils de destinés croisées, de personnages tantôt abjects tantôt surprenants, mais où rien n'est tout noir ou tout blanc. Notre héroïne n'est pas exempte de défaut, à commencer par son égoïsme et son désir de gloire, de chevauchées grandioses et de victoires lors des courses de dragon. Mais c'est aussi une adolescente qui apprend, grandit, et celle que l'on rencontre au début du roman, presque agaçante, devient au fur et à mesure une fille plus mature et attachante.
On adore aussi Hiyyan, le dragon de Silver, grognon, tendre, drôle, je regrette un peu qu'il soit davantage montré comme un animal domestique dans ses réactions mais il m'a tellement pensé à Krokmou avec ses blagues et ses têtes goguenardes que je lui pardonne tout ^^ D'ailleurs cette visualisation des personnages et de l'univers est une des choses que j'ai aussi apprécié dans ce tome. le désert, qui n'est pourtant pas tout proche de chez moi, m'apparaissait clairement, et non pas comme un endroit lointain, et exotique mais davantage comme un "chez moi". J'y trouvais des repères, des marques, et je m'imprégnais sans problème des ambiances, des sons. Un très gros point positif.
Qui vient contrebalancer quelques petits points négatifs. En premier lieu la relation entre Silver et son cousin Brajon que je trouve un peu sous-exploitée. Etant de la même famille ce n'est bien évidemment pas un couple mais je trouvais que cela manquait souvent de profondeur dans leur réflexion et leur relation. Globalement c'est quelque chose que je reproche à l'ensemble des personnages et notamment à celui de Nebecker. Malgré les nombreuses fois où nous la croisons, impossible pour moi d'éprouver la moindre empathie pour elle, je la trouve même sans doute irresponsable, et sa relation au personnage principal est beaucoup trop flou. Il en va de même pour celui de Sagittaria, ou du mystérieux [bip bip] qui l'aide pendant la course. J'espère qu'on en apprendra plus dans le prochain tome !
Globalement l'intrigue est aussi un peu facile, mais certains passages sont extrêmement intéressants au regard du personnage principal et de son apprentissage, des choses qui sont peu utilisées en littérature jeunesse comme par exemple l'ambition et l'égocentrisme. L'écriture est très fluide même si le roman souffre parfois de quelques longueurs, rien de bien méchant cependant et on continue sa lecture sans heurt.
En résumé
Silver Batal et le dragon d'eau est un beau roman jeunesse où l'on y parle aussi bien de la souffrance animale que d'évolution humaine. Si certains passages sont un peu sous exploités, on se régale des descriptions de ce monde oriental aux allures de Contes des milles et une nuit, et de sa mythologie draconique. Riche en actions et en émotions, ce premier tome est parfait pour les jeunes adolescents !
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