AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,85

sur 227 notes
5
22 avis
4
19 avis
3
2 avis
2
3 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai lu plusieurs livres sur le même sujet : parcours à pied de la "diagonale du vide" tous intéressants (Par les chemins noirs de Sylvain Tesson, Pensées en chemin d'Axel Kahn).
Celui-ci ne se démarque pas des autres, nous marchons (ou naviguons, ou empruntons un moyen de transport alternatif) à la suite de l'auteur qui, attiré généalogiquement par l'Est de la France, a décidé de remonter la rivière (qui aurait, d'après lui, bien mérité le nom de Fleuve) Marne de Paris jusqu'à sa source, proche de Langres.
Il rencontrera des personnes fières, aimant leur terre et qui ne s'en laissent pas compter. Il les surnomme "les conjurateurs" (de la modernité intrusive ou du mauvais sort qui s'acharne sur cette région désolée pour qui ne sait pas la contempler vraiment ?).
Commenter  J’apprécie          280
Le titre de ce roman de Jean-Paul Kauffmann dit tout et ne dit rien : remonter la Marne … Tout un programme, de Charenton-le-Pont où elle se jette dans la Seine, à Balesmes-sur-Marne où elle prend sa source : c'est cette portion du territoire français que l'auteur décide de parcourir, à pied, en prenant son temps.

"La Marne, déni français. Tous est fait pour la déconsidérer. (…) Pour les Français, la Marne est avant tout le nom d'une bataille."

Ni la plus belle des rivières, ni la plus grande, ni la plus longue, la Marne est pourtant un cours d'eau fascinant : sur 525 kilomètres, elle déroule son lit, passant à travers des villes plus ou moins célèbres, comme Saint-Dizier, Châlons-en-Champagne, Meaux, Nogent, Créteil, Saint-Maur-des-Fossés. Elle n'est plus navigable aujourd'hui que depuis Épernay et jusqu'à son confluent avec la Seine.

C'est donc dans ce périple un peu fou que se lance l'auteur, et c'est de ce périple qu'il a fait ce roman, où nous le suivons pas à pas tout au long de son parcours. Nous y découvrons des paysages, des gens, des histoires, dont l'auteur nous abreuve amplement, passionné qu'il est par l'Histoire et la Géographie. A travers son récit, on se replonge en effet dans nos cours de géo de primaire et de collège, retrouvant les termes qui ne nous parlaient pas à l'époque et qui prennent tout leur sens d'un coup. Amont, Aval, bras mort, etc. Mais nous découvrons aussi une France sinistrée : villages aux devantures vides, églises fermées, communes démeublées, paysans ou agriculteurs aigris et parfois méfiants envers la rivière, traces de guinguettes disparues, baignades interdites.

"Remonter la Marne, ce n'est pas revenir en arrière et pleurer le passé, mais au contraire se perdre, chuter pour mieux renaître.

Aller dans le sens inverse du courant est un choix qui d'emblée s'est imposé à moi; je n'ai pas songé un seul instant à partir de la source. le fleuve qui s'écoule est tellement associé à la direction du temps- à l'instar de la flèche qui indique un sens irréversible-que je me demande si cette idée d'aller à contre-courant ne traduit pas un désir inconscient de revenir en arrière, au début. Une anabase, un retour, une expédition vers l'intérieur, remontée aventureuse vers la patrie perdue que vécurent les Dix Mille au temps de Xénophon.Tout, dans ce voyage, invite à la réversibilité.La rivière descend inexorablement vers sa disparition, j'avance vers son commencement. Hölderlin note que "la rivière n'oublie jamais sa source car, en s'écoulant, elle est la source d'elle-même."

La narration itinérante est parsemée d'évocations de grands écrivains français sur leurs lieux de vie ou d'expression de leur art : Bossuet (Meaux), La Fontaine (Château-Thierry), André Breton (Saint-Dizier), Diderot (Langres).

Au final un roman lumineux malgré la grisaille des paysages marnais, un texte illuminé par la plume de l'auteur qui transcende cette noirceur pour chercher les points forts cachés de cette rivière oubliée. Un texte qu'on ne peut parcourir sans intérêt, et sans émotion. D'autant que cela fait 4 ans que j'habite à quelques centaines de mètres de cette Marne, si magnifique près de chez moi, et que j'apprécie chaque jour. Alors si vous ne la connaissez, n'hésitez plus ! Mais avant, lisez Jean-Paul Kauffmann
Lien : http://missbouquinaix.com/20..
Commenter  J’apprécie          242
J'ai mis plus de trois ans à sortir ce livre de l'étagère où il m'attendait ! Pourtant, en tant que native des bords de Marne, enfin presque, je me faisais une joie autant qu'un devoir de le lire.
Son titre le décrit, il s'agit d'une remontée à pied, de la Marne, de Charenton au plateau de Langres, tantôt sur une rive, tantôt sur l'autre, voire sur l'eau, ou le long du canal latéral, quand les rives de la Marne se font impraticables. Sans équipement excessif, puisqu'il fait étape dans des petits hôtels chaque soir, sans rythme infernal, une quinzaine de kilomètres par jour, Jean-Paul Kauffmann profite surtout de la rectitude du trajet, même s'il s'accompagne de méandres, pour suivre sa pensée. Il se plaît à retrouver de mémoire les nombreux événements historiques qui ont jalonné le paysage du Nord-est, où la Marne constituait une sorte de frontière face à l'ennemi, frontière somme tout assez symbolique puisque située dans une région que sa platitude rend remarquable ! le voyage est donc essentiellement littéraire et historique, et parsemé aussi de quelques rencontres avec des riverains plus ou moins en verve, ours mal léchés ou dispensateurs d'anecdotes. Parmi les rencontres, celle d'un ami photographe, nommé Milan dans le livre, dans lequel on reconnaît Gérard Rondeau, récemment disparu. C'est d'ailleurs une de ses photos qui illustre la couverture.
Les digressions historiques n'empêchent pas l'auteur d'observer la Marne, plus changeante et multiple qu'il n'y paraît, à toute heure du jour, elle fait varier ses couleurs, ses odeurs, les ciels qui s'y reflètent…
Il n'est nul besoin d'en dire beaucoup plus sur ce livre qui ravira les amateurs de récit au rythme de la marche, et que j'ai aimé autant pour son style, sobrement littéraire, que pour les multiples aspects qu'une rivière peut évoquer.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          170
Si Remonter la Marne ressemble à Marcher, le roman de Tomas Espedal, par la multitude de références culturelles et littéraires, j'ai préféré ce récit de Jean-Paul Kauffmann, sans doute parce que la proximité géographique et culturelle du voyage et des références était plus parlante. Celles-ci parcourent l'histoire de France et la littérature, des jansénistes à Napoléon en passant par La Fontaine et Bossuet, et l'auteur s'attache particulièrement aux pas et au récit plus ancien de Jules Blain, un ancien de 14-18 qui a fait la bataille de la Marne et qui est revenu sur ses traces après la guerre, révélant l'inanité de celle-ci. Vous pensez si j'ai été sensible à cette référence historique.

Les observations du marcheur m'ont aussi fait penser au livre de Sylvain Tesson, Les chemins noirs : les deux auteurs côtoient une France inconnue, des villages qui se délitent peu à peu, loin du pouvoir centralisé de la capitale, mais dont les habitants ne lâchent pas prise.

Au fil des rencontres, très diverses, Kauffmann croise des gens originaux, des résistants, des « conspirateurs » :

« Ce pays possède la grâce. Il a le chic pour ménager une multitude d'interstices, d'infimes espaces permettant de se soustraire à la maussaderie générale. Ce retrait, cette stratégie d'évitement face à l'affliction des temps sont à la portée de tous. Il suffit de ne pas se conformer au jugement des autres, à la prétendue expertise de ceux qui savent. Depuis mon départ, j'ai rencontré des hommes et des femmes qui pratiquent une sorte de dissidence. Ils ne sont pas pris dans le jeu et vivent en retrait. Ils ont appris à esquiver, à résister, et savent respirer ou humer un autre air, conjurer les esprits malfaisants? Ces conjurateurs tournent le dos aux maléfices actuels tels que la lassitude, la déploration, les ressentiments, l'imprécation. Sans être exclus, ils refusent de faire partie du flux. »

Et puis l'écriture élégante de Jean-Paul Kauffmann convoque les sens, son bout de route avec un ami photographe, les multiples odeurs auxquelles il est sensible (et les bulles de champagne qu'en Marne et Haute-Marne on ne peut qu'apprécier, évidemment) constituent un portrait de la Marne vivant et sensuel. Si j'ai pris mon temps à remonter la Marne (le voyage de Kauffmann commence un 3 septembre et cela coïncidait avec la rentrée scolaire qui change mon rythme de lecture), j'ai pris plaisir à cette marche et je tenterais bien un autre récit ou roman de l'auteur.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
Commenter  J’apprécie          100
'est un livre plaisant que je n'aurai probablement pas eu l'idée de lire sans la sélection du prix des lecteurs et je serais passée à coté de quelques choses.

J'ai vraiment contre toute attente aimé ce roman positif, bucolique et contemplatif. Un beau voyage à travers les paysages méconnus de la France, des rencontres fantastiques, des monuments et des sites chargés d'histoire. C'est un livre qu'il n'est pas nécessaire de lire en une fois on peut le lire par petites touches pour méditer, voyager, se sentir un peu en vacances.

Il apporte une touche de poésie à tout et magnifie les lieux qu'il visite, on est très loin des clichés journalistiques qui salissent tout ou presque. Ce livre donne envie de faire des balades, de prendre le temps, le temps pour soi, pour les autres, le temps de faire des rencontres, le temps de se poser, le temps d'observer. On parle toujours de la Seine, mais la Marne vaut le détour.

Je n'avais jamais lu de livre de cet auteur, par peur de m'ennuyer en lisant des récits de voyages trop terre à terre, mais je vais me laisser tenter par d'autres. J'ai aimé voyager avec lui et son sac à dos.

VERDICT

Pour les fans de géographie, de voyages, de marche et de nature, mais aussi pour tout ceux qui veulent se reposer, souffler.
Commenter  J’apprécie          90
http://www.franceinter.fr/emission-l-humeur-vagabonde-jean-paul-kauffmann

Mieux qu'un long discours cette soirée en compagnie de JPK démontre s il est besoin que la radio a encore son mot à dire pour autant que le micro soit tenu par une personne attentive, cultivée et qui lit l'opus plutôt que des fiches rédigées par un assistant débordé......!
Commenter  J’apprécie          91
La Champagne ... peuh.... je connais ! Oui mais au volant de ma voiture, autant dire que la Marne... bof, ce n'est que l'eau entrevue par-ci, par là... Et puis l'envie m'a prise d'aller la voir de plus près. Je me suis faite toute petite souris dans la poche de M. Kauffmann et j'ai décidé de le suivre. Donc rendez-vous à Chinogora ; quelques réminiscences de la Grande Guerre et nous voilà partis.
J'avoue ça commence mal : mauvaises odeurs ; des arbres (qui se dépouillent : c'est l'automne) ; des décharges le long de la rivière ; des ponts routiers aux culées maculées de tags ; des îles "fermées" (où sont les guinguettes de ma jeunesse ? ) C'est pas beau : 500 km comme ça, j'arrête avant. Allons au moins jusqu'à Meaux; c'est une ville importante avec un passé historique, peut-être aurons-nous la chance d'entendre l'Aigle prononcer une de ses célèbre Oraisons funèbres. Nenni. M. Kauffmann, au départ, a dit ni musées, ni cathédrales : la nature ! Au revoir M. Bossuet. Peut-être qu'à Château-Thierry ?? Je dois dire toutefois que le paysage s'est nettement amélioré depuis notre départ et cela commence "drôlement" à me plaire. Quant à Château-Thierry ... même pas un petit bonjour à Jean de la Fontaine. Par contre, à Saint-Dizier André Breton a eu droit à une petite faveur,il faut dire que l''hôpital psy connait une petite célébrité avec sa "nef des fous", pas celle de Bosch, mais celle érigée par les patients de l'hôpital. Et puis nous sommes repartis... marcher... marcher dans une campagne de plus en plus magnifique ; un petit intermède non prévu à l'origine : une balade en bateau sur la Marne ! Quel repos ! Et un beau jour : arrivée sur le plateau de Langres d'où émerge l'une des plus longues rivières de notre beau pays. J'ai adoré ce merveilleux voyage. "Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage".
J'oubliais une chose : qu'est-ce qu'on a bu comme champagne !!!
Commenter  J’apprécie          80
Remonter à pied la Marne de Paris jusque sa source en Haute-Marne, voilà le périple de l'auteur. La Marne puissante, belle parfois sauvage, décrite avec bienveillance mais aussi - surtout - les gens. Ces villes et villages, de plus en plus dépeuplés mais certainement pas désoeuvrés.
Commenter  J’apprécie          70
"remonter la Marne" de JP Kauffmann
Voilà un livre accordé aux vacances. L'auteur a décidé de remonter la Marne jusqu'à sa source et il nous livre, au fil de son cheminement, ses réflexions, des éléments biographiques sur les illustres personnages qui sont nés ou ont oeuvrés le long de cette rivière. Il parle de ses rencontres, de sa vision de la France, il décrit le paysage. Ce livre est un peu comme sa promenade, il nous emmène avec lui et nous donne le désir de la contemplation. La langue est belle et riche, presque savante parfois.
Un plaisir de lecture raffiné.
Commenter  J’apprécie          60

La Marne est souvent associée à l'Est et aux guerres, un peu au Front Populaire et au canotier dans sa version banlieue parisienne. Homme de l'Ouest mais que les destinations un peu extrêmes (L'arche des Kerguelen, La chambre noire de Longwood, sur Sainte Hélène) passionnent tout autant, Jean-Paul Kaufmann, qui a connu l'enfermement que l'on sait, a eu l'idée de remonter cette rivière intégralement; ce qui n'est pas si facile car la géographie de maintenant fait parfois diversion, carrefours, zones industrielles, ouvrages d'art. La Marne est en fait plus longue que la Seine qui est en quelque sorte sa supérieure hiérarchique directe, et qui la toise facilement, cette prétentieuse. Il en va des cours d'eau comme des hommes et des femmes, jalousies, querelles de voisinage, kleptomanie car l'une vole parfois le lit de l'autre. le périple de Kauffmann est très intéressant, délivrant au fil de l'eau un amont curieux, fait de bric et de broc, une France sans prétention, je ne dirais pas une France profonde car l'épithète est souvent péjoratif.

Parti du banlieusard et tristounet confluent de Charenton Jean-Paul Kauffmann apprivoise le cours de la Marne tout au long des étapes qui nous emmèneront au Plateau de Langres. Bien sûr la Grande Guerre est passée par là, bien sûr les coteaux champenois effervescents nous tiennent compagnie, Kauffmann est d'ailleurs un oenologue reconnu, mais c'est au détour de la cathédrale de Meaux*, d'une maison d'éclusier à la Simenon ou à l'évocation d'André Breton séjournant six mois à l'hôpital psychiatrique de Saint Dizier que j'ai vraiment apprécié cette longue promenade qui prend toute son ampleur dans une certaine austérité haut-marnaise, où l'ombre d'une grande croix de Lorraine s'observe là-haut sur la rive gauche, rappelant la grandeur du cher et vieux pays.

Ce coin de France dessert la Manche, la Mer du Nord et la Méditerranée. En effet, y naissent la Seine, la Meuse et des affluents de la Saône, toute la France en quelque sorte. Plus émouvant qu'il n'y paraît ce voyage est aussi d'une belle eau (forcément) littéraire où notre vocabulaire s'enrichit considérablement avec les marnois et les brelles, respectIvement des radeaux et des bateaux plats, quinze jours pour livrer à Paris le bois du sud champenois, ou avec la distinction entre berges et rives (vous la connaissez, vous?).

* "Non loin du tombeau de Bossuet, je me suis assis dans la nef près d'un pilier, débarrassé de mon sac posé sur la chaise voisine. L'église lumineuse sentait la pierre blanche, ce coquillé du calcaire et une odeur poudrée de vieux livre, aucunement moisie, quelque chose de blet ressemblant au parfum de vieilles pommes rangées sur un carrelage. Quel moment délicieux ! Les bruits de l'extérieur me parvenaient étouffés : touches de klaxon, percussions régulières d'une masse sur le bois, staccato d'un marteau-piqueur. Ce léger brouhaha contrastait avec l'intérieur où le moindre pas, le grincement d'une chaise, le battement de la porte capitonnée retentissait, amplifié par la réverbération. (…)





"L'odeur du marbre dans cette église. Même le marbre a une odeur. Il a beau être impénétrable, il exhale une curieuse sensation de givre, acide, dur, piquant. Il me faut débusquer ces effluves chaque fois que je découvre une ville, un village, un site. L'empreinte. La trace d'un parfum ou d'un monument."

Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (448) Voir plus



Quiz Voir plus

Voyage en Italie

Stendhal a écrit "La Chartreuse de ..." ?

Pavie
Padoue
Parme
Piacenza

14 questions
601 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , voyages , voyage en italieCréer un quiz sur ce livre

{* *}