AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,85

sur 227 notes
5
22 avis
4
19 avis
3
2 avis
2
3 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ayant déjà voyagé dans le bordelais, en Champagne et dans les Landes avec Jean-Paul Kauffmann, j'ai ressenti beaucoup de plaisir à le suivre dans cette remontée originale, celle de la Marne, rivière paisible au passé bien plus chargé qu'on peut l'imaginer.

Ainsi, Jean-Paul Kauffmann insère dans son récit plusieurs références historiques, telles la fuite de Louis XVI avec les propositions de sympathisants lui proposant, après son arrestation, une nouvelle tentative au fil de la rivière, ou encore les batailles de la Grande Guerre, et, tout naturellement le champagne et ses bulles magiques.

Il dépeint aussi les villes qu'il traverse, avec plus ou moins d'enthousiasme, les abords de l'eau avec la faune et la flore qu'il y découvre. Et puis, il raconte de nombreuses rencontres, très brèves quelquefois mais tout aussi denses que celles qui durent quelques heures. Ce faisant, il explique tout naturellement ce que sont les relations humaines et, finalement, que ce soit au bord de la Marne ou ailleurs, elles restent ressemblantes : méfiance, doute, interrogation qui laissent peu à peu place à l'accueil, la confiance, des débuts d'amitié interrompus par la nécessité de poursuivre le voyage.

Il parvient même à s'offrir une descente en barque d'une partie de la rivière qu'il a déjà remontée pour disposer d'une vision de la Marne depuis son coeur, tout en écoutant attentivement les informations et faits divers de son batelier.

Son livre est un mélange de nature, d'histoire, d'architecture, de gastronomie et d'oenologie que j'ai bien apprécié précisément par cette diversité.
Commenter  J’apprécie          772
"Remonter la Marne" ... à pied. le programme peut sembler modeste à côté de celui des pélerins de Saint-Jacques de Compostelle ou de celui des randonneurs du GR20 sans même évoquer les défis d'un Jean-Louis Etienne ou d'un Sylvain Tesson. Mais cette modestie a son prix, surtout quand elle est accompagnée du talent d'écriture que possède Jean-Paul Kauffmann. Celui-ci, ayant grandi "aux Marches de la Bretagne" non loin de Rennes, a gardé "un tropisme de l'Est" de la France (d'où est originaire la branche paternelle de sa famille) et une tendresse particulière pour cette région. Il entreprend donc de longer la Marne à pied et à rebours, en partant du confluent de la Marne et de la Seine à Charenton, à la fin du mois d'août, pour rejoindre environ deux mois plus tard les sources de la Marne à Balesmes, sur le plateau de Langres. "Remonter la Marne" est le récit chronologique de ce voyage, morceaux choisis et probablement réécrits de son journal de bord.

Jean-Paul Kaufmann s'y montre curieux de tout. Il s'intéresse tout autant à la géographie, la botanique, l'économie, l'urbanisme de ce cours d'eau et des villes qu'il traverse – notant l'état d'abandon dans lequel se trouvent bien des villages, une fois dépassée l'opulente Champagne –, qu'au rôle qu'il a pu jouer dans l'Histoire de France, du Moyen-Âge jusqu'à nos jours, qu'aux écrivains ou hommes politiques qui ont vécu ou écrit sur ses rives (Bossuet, La Fontaine, Georges Simenon, André Breton ...) sans oublier les autochtones au devant desquels notre marcheur tente d'aller quand il parvient à vaincre la méfiance spontanée que bien souvent il inspire avec son allure de vagabond. Cela nous donne alors quelques beaux récits de rencontre. le philosophe et épistémologue Bachelard et son essai "L'eau et les rêves" accompagnent aussi le journaliste itinérant dans sa quête de la source. Pourtant ici, point de grandes envolées philosophiques : on y trouvera la voix humble et sincère d'un homme, qui comme Montaigne en son temps, essaie de partager avec ses contemporains ce qu'il voit, comprend, apprécie ou craint de ce monde qui, comme le fleuve, est toujours le même et toujours autre. Avec, à défaut d'un bon repas, un bon cigare pour se remémorer et savourer la journée passée.
Commenter  J’apprécie          253
Ach, la Marne.. Tout un programme. Son nom évoque une bataille et pourtant l'essentiel des combats de celle-ci s'est passé ailleurs que sur ses rives . Il évoque des guinguettes qui n'existent plus, des baignades qui sont maintenant interdites. La Marne plus longue, au débit très fort, sacrifie son identité et c'est la Seine qui arrosera Paris tandis que la Marne , la Louloute, reste en banlieue.Les seconds rôles, c'est son destin.Jusqu'à Châlons sur Marne qui a préféré se nommer Châlons en Champagne, comme si cela faisait plus sexy..
Remonter la Marne avec Jean-Paul Kauffmann, c'est aller toujours plus à l'Est vers ses origines familiales, croiser des paysans expropriés, méfiants envers la rivière comme envers ce qu'elle rejette de déchets ou de noyés.
C'est aller jusqu'aux limites de la grande banlieue pour retrouver une campagne morose ou exsangue, des solitaires ou des philosophes, tous méfiants aussi envers le bloc-notes du reporter.. Une randonnée un peu grise, limoneuse, des rencontres intermittentes et un livre fort bien écrit, qui me fait découvrir l'écrivain derrière le journaliste. Il place son livre sous l'égide de Lacarrière. Alors que Kauffmann parlait de faire comme lui avec Chemin faisant, l'auteur de l'Eté grec lui conseilla de trouver ses propres chemins.. Mission accomplie, jusqu'à la source.
Commenter  J’apprécie          181
Lire Jean-Paul Kauffmann c'est bien, le relire c'est encore mieux. A la manière de ces plats qui, réchauffés, se bonifient, le temps conserve aux mots de cet auteur toute leur épaisseur. C'est assez rare pour le souligner ; d'ordinaire, relire une oeuvre s'accompagne toujours d'une petite déception, le lecteur ayant tendance à enjoliver le souvenir de ce qu'il a lu.
Dans Remonter la Marne, il est question ici du champagne (évidemment), de nos rapports aux poussées ennemies (allemandes bien sûr, mais aussi des Huns), de Napoléon (mais comment pourrait-il en être autrement dans un livre de Kauffmann) et surtout de rencontres impromptues, d'échanges savoureux au mitan d'un chemin de halage,au travers de tout un éventail de personnages bien campés qui interrogent l'auteur sur le sens que celui-ci entend donner à son projet. Il est aussi et surtout fait mention de l'eau, de son odeur, sa couleur et on est presque à la humer, tant les descriptions nous invitent à le faire.
Car Jean-Paul Kauffmann s'est fixé comme objectif de remonter la Marne jusqu'à son origine, sans véritable préparation logistique, et de nous faire partager ce moment à travers son carnet de voyage. Sous les tournures de l'auteur, les lieux prennent une patine qui nous les rend lointains. Même le déprimant Chinagora, à l'embouchure de la Seine et de la Marne, revêt un charme exotique qu'à l'évidence il ne possède que sous la plume de Kauffmann.
Cette balade est magique, comme tous les ouvrages de l'auteur. Peut-être pouvons-nous émettre quelques regrets concernant la fin, qui se termine un peu en queue de poisson, mais la Marne n'est-elle pas un cours d'eau à la source un peu incertaine ?
Commenter  J’apprécie          140
Que je suis heureuse d'avoir remonté la Marne avec Jean-Paul Kauffmann...
Mais Jean-Paul Kauffmann, c'est pas celui qui était otage dans les années 80 ?
Si c'est lui. Otage c'était une parenthèse (certainement douloureuse) dans son existence. Son vrai métier c'est marcheur, écrivain, buveur de champagne, fumeur de cigare, compagnon de la Marne, guide "tourhistorique". Et je suis ravie après avoir vu son nom à chaque journal de 20 heures, de l'associer maintenant à cette jolie balade.
Une lecture apaisante, à déguster tranquillement, au fil de l'eau, en se laissant juste guider par l'écrivain-guide. Parce qu'en prenant son temps, le temps, on voit les choses. On rencontre les gens. On sent les paysages. On tire un trait entre le présent, l'histoire et le futur imaginé.
C'est l'art de voir, de savoir, de percevoir et de recevoir au gré de la rivière.
Que l'on ne s'y trompe pas : ce n'est pas un guide touristique. C'est une flânerie. Mais pas une ânerie...
Merci pour cette promenade Monsieur Kauffmann. Pour ce livre que j'ai acheté dans une librairie qui lui allait bien : où les livres s'offrent à vous un peu en bazar sur de grandes tables, non loin de canapés douillets et de libraires accueillants, de petites douceurs et boissons chaudes, avec vue sur mer.
Alors faut-il le lire ? Oui. Prenez le temps. Un jour j'espère, je suivrai une rivière ou un fleuve à pied jusqu'au début. Je crois que je prendrai la Meuse...
Commenter  J’apprécie          91
Merveilleux livre, porté par la grâce d'une écriture foisonnante. Un très beau moment de lecture, d'humanité et de simplicité.
Commenter  J’apprécie          81
« La rivière descend inexorablement vers sa disparition, j'avance vers son commencement. »

Encore une recommandation du Masque et la Plume qui aura fait mouche ! Cette pérégrination a soutenu mon humeur mélancolique des derniers temps avec bonheur, imprégnant mes jours des effluves de la Marne. Jean-Paul Kauffmann a une écriture élégante, sensible et littéraire. Quand il vole une pomme, il se prend pour Jean Valjean… Ronsard, La Fontaine, Pierre Dac et les pluies simeoniennes enrichissent sa route.

« La Fontaine n'aimait rien tant que se promener le long de la Marne. » (110)

Il se fait vagabond, et nous avec, habite son voyage de naïades, des perspectives photographiques et de contemplation de ponts.

« Fragilité d'un monde en perpétuel essorage, dépourvu de moelleux. » (30)

En bon conteur, il ne s'appesantit pas et arrive même à me parler de Napoléon sans me barber. Si les fils d'araignée, les odeurs d'escargot, les variations de lumière, trouvent un écho dans ses lignes, mon coeur de naturaliste s'est inquiétée de n'y voir pas poindre oiseaux et mammifères. Mais, soudain, à la faveur d'une descente en bateau, la faune se dévoile : un cerf, des hérons, des grenouilles, des canards ! Ouf !

Voilà une marche au long court qui a bien plus d'étoffe que celle de Jean-Christophe Rufin en quête de coquilles Saint Jacques et qui me laisse songeuse devant le Canal du Midi, à Toulouse, ou face au Dourdou qui passe non loin de chez moi, mais qu'il serait bien difficile de suivre autrement qu'en marchant le long de routes goudronnées... Quel dommage !
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
Commenter  J’apprécie          60
La notion de rambleur ! Qu'elle est-elle ? Qu'est-ce qu'elle désigne qui n'est accessible qu'aux champenois ? Voilà qui m'interpelle, Elle apparaît, tel un fantôme tout au long de son récit. J'ai bien envie d'aller la découvrir de visu…
Ce n'est ni une clarté, ni quelque rayon crevant un ciel couvert. Il (son ami Milan, un champenois), la voit comme une réverbération ôtant tout relief au ciel et au paysage. L'annonce d'un désordre, d'un accident, l'imminence d'une onde lumineuse qui entr'apparaît sans s'accomplir absolument. Un moment presque impossible à intercepter. Page 148

J'avais fini par croire que cette histoire de lumière n'était qu'une façon de mystifier le non-initié, En fait, la rambleur ne se voit pas. C'est un rayonnement intérieur. L'attente d'un renversement. Une sorte de tremblé révélant l'ambiguïté des choses et des êtres. Page 152

L'avant automne n'en finit pas de se prolonger dans cette lumière flottante si mystérieuse. Nous sommes au coeur de la rambleur. Page 229

Sentiment de permanence, d' « un pur maintenant », accompagné par moments de cette rambleur insaisissable. Elle surgit de manière imprévue comme une apparition, présence invisible qui entre tout à coup en action. Page 241

J'aime Jean-Paul Kauffmann, c'est un artiste, un authentique poète, j'aime voir les lieux dont il va à la rencontre par ses yeux, ses écrits, sa sensibilité. J'ai fait un bien beau voyage grâce à lui.
Commenter  J’apprécie          50
Alors forcément, bon, vous vous dites "D'accord, elle a choisi le bouquin d'un ancien otage au Liban , il va nous parler d'une rivière bien morose, et en plus il la prend dans le mauvais sens." Ouais, ça pourrait être ça. Sauf que d'abord, c'est une aventure. Celle d'un journaliste célébrissime malgré lui, qui a envie de faire un break, et qui prend son sac à doc. Et de bonnes chaussures, quand même, on ne peut pas renoncer à tout. Bref, il lui prend l'envie d'aller à contre-courant: de remonter la Marne, d'aller à la rencontre des gens qui habitent au bord, qui y pêchent, qui naviguent dessus. L'envie de regarder, de comprendre, de prendre le temps. Et c'est un voyage bien plus dépaysant qu'on ne pourrait le croire ! Car qui connaît vraiment la Marne ? Qui saurait dire à quoi elle ressemble, au commencement des commencements ? En lisant ce livre, on se croirait par moments dans "L'enfant et la rivière", ou dans "Huckleberry Finn", dans "Sans Famille" .... bref, d'une longue flânerie, l'auteur parvient à faire quelque chose d'épique, de drôle, de tendre parfois, qui nous ramène à la curiosité de l'enfance. Et si vous aimez prendre le temps, alors ce livre va vous ravir !
Commenter  J’apprécie          50
Une pérégrination au rythme des méandres de la Marne. Une écriture qui invite a la contemplation et qui fait naître la magie et le mystère au coeur d un territoire français oublié. J ai adoré découvrir au début du roman les lieux qui m ont vu grandir. Et été fasciné par l onirisme des lieux décris dans la dernière partie du voyage.
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (448) Voir plus



Quiz Voir plus

Voyage en Italie

Stendhal a écrit "La Chartreuse de ..." ?

Pavie
Padoue
Parme
Piacenza

14 questions
601 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , voyages , voyage en italieCréer un quiz sur ce livre

{* *}