Laurence Kaufmann – Pour une sociologie désenclavée.
La sociologie peut-elle continuer d’avancer en ignorant le développement des sciences biologiques et cognitives? Pour Laurence Kaufmann, la réponse est simplement non. Effrayée pendant longtemps par l’idée de réaliser un arrimage avec les sciences du vivant, la sociologie du 21e siècle doit sortir de la biophobie. À l’heure des cloisonnements disciplinaires et de l’hyperspécialisation que déclenche la division croissante du travail scientifique, une telle sociologie «intégrative» paraît particulièrement souhaitable. D’une part, elle permet de déployer une conception scientifiquement réaliste des mécanismes intuitifs de bas-niveau aussi bien que des capacités réflexives sophistiquées qui permettent aux êtres humains de «faire société». D’autre part, une telle entreprise «intégrative», loin de rompre avec la visée émancipatrice du discours sociologique, la prolonge et l’étend à de nouveaux territoires. Elle rajoute le dévoilement des processus cognitifs et émotionnels que tout un chacun met en œuvre, bien souvent à son insu.