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3,21

sur 135 notes


Interlocuteur souhaité pour heures de conversation.

Pas sérieux s'abstenir.

Appeler au xxxxxxxx

Pas de démarcheurs SVP.



Une petite annonce à laquelle il ne me déplairait pas du tout de répondre, puisqu'elle attiserait tout d'abord ma curiosité. Et puis, être payé pour faire la conversation, quel rêve, cela ne semble pas bien compliqué, et si c'est tout ce qu'on demande…

Ce sont à peu près les réflexions que se fait Joseph Geist quand il tombe sur cette annonce dans le journal d'Harvard. Pour lui, une aubaine ! Parler, ça, il fait faire, et même très bien, trop parfois, puisque Joseph est un « beau parleur ». Parler en effet, philosopher aussi puisque c'est la discipline qu'il a choisie pour ses études, ça le connait. Et ça l'empêche de regarder de trop près son parcours, de s'y pencher et l'analyser. Car Joseph est dans une mauvaise passe. Sa thèse commencée des années lumière plus tôt n'avance pas d'un iota, on dirait même qu'elle recule. Certainement la faute de sa directrice de thèse qui le déteste et fait tout pour lui mettre des bâtons dans les roues, et vient notamment de lui couper tout subsides et de le virer de l'université…

Sa vie privée est au même point mort. Sa petite amie Yasmina vient de le ficher à la porte sans sommation et il doit squatter chez son copain Drew, partant comme un malheureux avec ses maigres possessions : un pauvre sac contenant ses affaires et serre-livre en bronze ramené d'un voyage à Berlin que détestait son amie : un buste représentant la moitié gauche de la tête de Nietzche auquel il tient farouchement et dont il ne veut pour rien au monde se séparer.

Joseph n'a plus d'amis, ou si peu, et ne veut pas s'abaisser à un travail alimentaire et a, on peut le dire, une très haute estime de lui-même. Autant de raisons qui font qu'il est ravi de faire la conversation avec Alma Spielmann, un job qui n'en n'est pas vraiment un. Cette vieille dame s'avère être absolument charmante, bien élevée et érudite. Comble de bonheur, elle est aussi férue de philosophie et a même écrit une thèse il y a des années ! Il semble donc que ces deux-là étaient faits pour se rencontrer et c'est avec plaisir que le jeune homme plus si jeune que ça accepte au bout de quelques temps son offre de venir habiter chez elle – en tout bien, tout honneur. Dommage qu'il y ait ce neveu étrange et désagréable que Joseph déteste au premier regard, qui vient régulièrement rendre visite à sa tante puis lui soutirer de quoi vivre, fumer, boire et continuer une vie oisive et très certainement dissolue. Dommage également que Joseph soit obligé de croiser chaque semaine la femme de ménage toujours aussi désagréable qui semble prendre un malin plaisir à faire vrombir l'aspirateur dans ses oreilles…

Malgré le confort de la vieille maison, le froid mis à part, et la délicatesse de la vieille dame, Joseph n'arrive toujours pas à se remettre au travail sur sa thèse qui stagne, stagne… La philosophie qui le passionne semble ne pas beaucoup l'aider dans son quotidien, où il passe plutôt son temps à végéter et se plaindre, plutôt que de prendre sa vie à bras le corps. Certes, il est inquiet de la santé déclinante d'Alma, il aimerait aussi que Yasmina tente un rapprochement, mais le libre arbitre étudié dans les livres, et sujet de sa thèse, reste complètement abstrait et c'est un homme balloté de-ci de-là qu'on découvre, sans ambitions concrètes, bouffi de rêves et illusions, un type pas très sympathique ni agréable, mais dont le lecteur suit cependant avec passion les déboires et aventures.

Là est à mon avis un des grands talents de l'auteur qui arrive à nous passionner alors que, avouons-le, il ne se passe quasiment rien dans la première partie du livre, qui m'a semblé plutôt longue quand on revient sur tout le passé de Joseph, son enfance et ses relations avec sa famille, ses parents et son frère. C'est pourtant là qu'on comprend, on s'en rendra compte après, le pourquoi de son caractère. On aurait envie de lui botter les fesses, de le bousculer, mais on ne lâche pas, parce qu'on sent qu'une tension monte insidieusement dans la grande maison d'Alma, et qu'à la fin, il va bien se passer quelque chose, et que ce quelque chose ne pourra pas être vraiment rose… Ce roman n'est à mon sens pas un thriller au sens où on l'entend généralement, mais plus un roman psychologique, et en tout cas, pas du tout le page-turner annoncé. Ne vous fiez donc pas à l'exergue du Daily Mail en 4ème de couv : "Une menace latente à chaque page, comme dans les meilleurs Hitchcock !", car elle est fausse, au moins pour toute la première partie du livre. J'ai personnellement beaucoup apprécié les digressions philosophiques, qui m'ont ramenée à une époque ou j'étais passionnée par cette matière. le roman permet également une intéressante réflexion sur le libre-arbitre, on l'a vu, et sur la liberté.

Le grand avantage de Joseph Geist est sa capacité à l'autodérision, sans quoi il serait vraiment insupportable. Il est relativement conscient de ses faiblesses et défauts, bien qu'il ne fasse rien pour y remédier, sauf dans ce fameux chapitre où tout bascule. Car oui, il y a bien un chapitre où tout bascule, et où le roman devient (enfin) un thriller. D'ailleurs la narration le marque bien, puisqu'on passe du « je » narratif au « vous », une distanciation dont le héros (anti-héros ?) a probablement besoin pour raconter l'irracontable.

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Après un essai infructueux sur le deuxième roman de Jesse Kellerman, Jusqu'à la folie, j'ai mis mes doutes de côté en abordant celui-ci. Ce n'est pas parce que l'on n'aime pas un roman qu'il est mauvais. Quoi que les avis lus ici et là m'avaient conforté dans mon idée.
Mais, j'ai découvert Jesse Kellerman avec Beau parleur et il faut absolument que je lise son premier roman, Les Visages.
En effet, mes doutes se sont envolés.
L'histoire est bien menée, la trame s'installe au fur et à mesure. La folie guette à tout bout de champ. Et franchement je ne me doutais pas que le héros en arriverait là. Sans en dire plus, car je veux que vous découvriez le roman, ce qu'il accomplit est atroce. Mais il trouvera également la rédemption dans un endroit où en définitive il ne sera plus isolé et où il arrivera à être ce qu'il est vraiment. Donner des cours et aider les autres.
Tout commence bien tôt pour Joseph. Une enfance pas très heureuse entre une mère qui ne défend pas ses enfants, un père violent et alcoolique et un grand frère héros. Mais ce frère meurt et tout fout le camp. Mais Joseph est aidé par le prêtre de la paroisse. Et il n'a qu'une envie, s'en aller loin, quitter son milieu pour faire des études. Et il les commencera ses études mais il ne les finira jamais. Joseph est orgueilleux, imbu de lui-même, veut absolument vivre de son esprit et ne se remet pas en question. Pourtant il semble intelligent mais il est incapable de lutter contre les autres. D'ailleurs, il a peu d'amis et il n'aime pas s'en faire. Je trouve qu'il se sent supérieur aux autres et qu'il n'admet pas les critiques. Bien qu'il soit très intelligent, Joseph semble avoir des problèmes psychologiques dus à un manque d'amour donc de confiance en lui. Il imagine très vite une relation toute autre entre Alma et lui. Alma n'est d'ailleurs pas toute blanche dans cette histoire puisqu'elle lui permet de vivre chez elle, elle le rétribue également. Joseph est également une personne qui se fait beaucoup de soucis pour Alma. Il veut la protéger d'Eric, il ne veut pas qu'elle souffre autant. Mais cela veut également dire que Joseph n'est pas le seul dans le coeur d'Alma et ça, il ne le supporte pas. Joseph ne supporte être seul. Quand il rencontre quelqu'un, c'est pour la vie. En peu de temps, il l'a beaucoup idéalisée, il l'aime comme une femme. Il a peur d'être congédié, de ne plus compter pour elle.On s'en rend également compte à la mort de celle-ci.
Qu'est-ce qu'Alma a à cacher ? Pas mal de choses mais on en saura très peu. Elle semble une vieille dame très érudite, qui a élevé son neveu. Elle entretient d'ailleurs de drôles de rapports avec lui. Des rapports d'argent. Mais selon Eric, Alma n'est pas ce qu'elle semble être. Elle est méchante et violente. En tous les cas, dans son testament elle a tout prévu. Pratiquement rien pour son neveu et pratiquement tout pour Joseph. Mais il faut qu'il finisse sa thèse. Dans ce roman, la thèse est la seule chose que j'ai deviné. Joseph ne peut pas finir la sienne et il tente par tous les moyens de récupérer celle qu'Alma a écrite, lorsqu'elle a été saisie par la police.
Eric fait office de vilain dans l'histoire. de gros soucis avec la police et si on pense que Joseph va se faire avoir par lui, on se trompe énormément.
La dimension psychologique est très importante ici. Alma et Eric sont prévisibles. Mais Joseph non. On assiste au début de sa folie jusqu'à ce qu'elle prenne le pas sur le réel. Ah oui, il l'alimente mais est-ce qu'on ne l'y aide pas un peu quelquefois. de toutes façons, quand l'engrenage est lancé, on ne peut plus l'arrêter. Il se sent la proie, harcelé mais devient très vite un chasseur. Eric a joué avec lui et avec son caractère qui s'interroge tout le temps, qui voit le mal partout.
C'est en définitive l'histoire d'un homme qui a peur de se retrouver seul et ainsi faire face à l'échec de sa vie. C'est l'histoire d'un homme qui se sent coupable tout le temps, qui se pose beaucoup de questions, mais dont les instincts prennent vite le dessus et il ne peut et ne veut pas les réfréner. Pourtant ses instincts vont lui causer beaucoup de tourments jusqu'à ce qu'il devienne à nouveau maître de sa vie.
Jesse Kellerman m'a emmené là où il l'a voulu et je l'en remercie. J'ai laissé les pages défiler. Je me suis laissée porter par les mots, par l'histoire, par les personnages même si aucun n'a ma préférence. Je n'ai pas tenté d'aller plus loin que ce qui était écrit, même si. Car j'aurais bien été surprise. C'est insidieux. On tourne les pages et à chaque fois, un évènement survient.
Lien : http://www.hellocoton.fr/to/..
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Après un essai infructueux sur le deuxième roman de Jesse Kellerman, Jusqu'à la folie, j'ai mis mes doutes de côté en abordant celui-ci. Ce n'est pas parce que l'on n'aime pas un roman qu'il est mauvais. Quoi que les avis lus ici et là m'avaient conforté dans mon idée.
Mais, j'ai découvert Jesse Kellerman avec Beau parleur et il faut absolument que je lise son premier roman, Les Visages.
En effet, mes doutes se sont envolés.
L'histoire est bien menée, la trame s'installe au fur et à mesure. La folie guette à tout bout de champ. Et franchement je ne me doutais pas que le héros en arriverait là. Sans en dire plus, car je veux que vous découvriez le roman, ce qu'il accomplit est atroce. Mais il trouvera également la rédemption dans un endroit où en définitive il ne sera plus isolé et où il arrivera à être ce qu'il est vraiment. Donner des cours et aider les autres.
Tout commence bien tôt pour Joseph. Une enfance pas très heureuse entre une mère qui ne défend pas ses enfants, un père violent et alcoolique et un grand frère héros. Mais ce frère meurt et tout fout le camp. Mais Joseph est aidé par le prêtre de la paroisse. Et il n'a qu'une envie, s'en aller loin, quitter son milieu pour faire des études. Et il les commencera ses études mais il ne les finira jamais. Joseph est orgueilleux, imbu de lui-même, veut absolument vivre de son esprit et ne se remet pas en question. Pourtant il semble intelligent mais il est incapable de lutter contre les autres. D'ailleurs, il a peu d'amis et il n'aime pas s'en faire. Je trouve qu'il se sent supérieur aux autres et qu'il n'admet pas les critiques. Bien qu'il soit très intelligent, Joseph semble avoir des problèmes psychologiques dus à un manque d'amour donc de confiance en lui. Il imagine très vite une relation toute autre entre Alma et lui. Alma n'est d'ailleurs pas toute blanche dans cette histoire puisqu'elle lui permet de vivre chez elle, elle le rétribue également. Joseph est également une personne qui se fait beaucoup de soucis pour Alma. Il veut la protéger d'Eric, il ne veut pas qu'elle souffre autant. Mais cela veut également dire que Joseph n'est pas le seul dans le coeur d'Alma et ça, il ne le supporte pas. Joseph ne supporte être seul. Quand il rencontre quelqu'un, c'est pour la vie. En peu de temps, il l'a beaucoup idéalisée, il l'aime comme une femme. Il a peur d'être congédié, de ne plus compter pour elle.On s'en rend également compte à la mort de celle-ci.
Qu'est-ce qu'Alma a à cacher ? Pas mal de choses mais on en saura très peu. Elle semble une vieille dame très érudite, qui a élevé son neveu. Elle entretient d'ailleurs de drôles de rapports avec lui. Des rapports d'argent. Mais selon Eric, Alma n'est pas ce qu'elle semble être. Elle est méchante et violente. En tous les cas, dans son testament elle a tout prévu. Pratiquement rien pour son neveu et pratiquement tout pour Joseph. Mais il faut qu'il finisse sa thèse. Dans ce roman, la thèse est la seule chose que j'ai deviné. Joseph ne peut pas finir la sienne et il tente par tous les moyens de récupérer celle qu'Alma a écrite, lorsqu'elle a été saisie par la police.
Eric fait office de vilain dans l'histoire. de gros soucis avec la police et si on pense que Joseph va se faire avoir par lui, on se trompe énormément.
La dimension psychologique est très importante ici. Alma et Eric sont prévisibles. Mais Joseph non. On assiste au début de sa folie jusqu'à ce qu'elle prenne le pas sur le réel. Ah oui, il l'alimente mais est-ce qu'on ne l'y aide pas un peu quelquefois. de toutes façons, quand l'engrenage est lancé, on ne peut plus l'arrêter. Il se sent la proie, harcelé mais devient très vite un chasseur. Eric a joué avec lui et avec son caractère qui s'interroge tout le temps, qui voit le mal partout.
C'est en définitive l'histoire d'un homme qui a peur de se retrouver seul et ainsi faire face à l'échec de sa vie. C'est l'histoire d'un homme qui se sent coupable tout le temps, qui se pose beaucoup de questions, mais dont les instincts prennent vite le dessus et il ne peut et ne veut pas les réfréner. Pourtant ses instincts vont lui causer beaucoup de tourments jusqu'à ce qu'il devienne à nouveau maître de sa vie.
Jesse Kellerman m'a emmené là où il l'a voulu et je l'en remercie. J'ai laissé les pages défiler. Je me suis laissée porter par les mots, par l'histoire, par les personnages même si aucun n'a ma préférence. Je n'ai pas tenté d'aller plus loin que ce qui était écrit, même si. Car j'aurais bien été surprise. C'est insidieux. On tourne les pages et à chaque fois, un évènement survient.
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C'est un très bon roman psychologique : Joseph le héros de cet histoire a une histoire personnelle forte liée à des circonstances assez tragiques durant son enfance et adolescence. Il va progressivement glisser d'une personne relativement ordinaire à un personnage qui semble agir d'instinct, calculateur pour protéger ses intérêts, un criminel odieux.

Je ne sais pas trop pourquoi mais j'imagine bien Jesse Kellerman assemblant une nombreuse documentation sur la philosophie, s'imprégner d'éléments et en faire saillir d'autres pour donner corps à son personnage, comme s'il l'incarnait temporairement. le lecteur est d'ailleurs aussi invité à jouer au jeu de l'acteur car certains passages sont racontés à la deuxième personne du pluriel ce qui met le lecteur dans la situation du criminel et cela m'a donné une sensation de malaise assez dérangeante.

J'ai beaucoup aimé la fin qui prouve que la philosophie reste quelque chose d'existentiel pour Joseph.
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Tout d'abord je remercie les Éditions des Deux terres pour m'avoir confié la lecture du nouveau roman de Jesse Kellerman.
Ce roman, écrit à la première personne, est le récit de la vie de Joseph, de sa déchéance. L'auteur accorde 2 chapitres au passé de Joseph. Deux chapitres particulièrement intéressant parce qu'il nous révèle les fêlures du personnage. Après avoir planté le décor et ses personnages, nous voilà ramené au présent et à sa première rencontre avec Alma. Alma est une femme surprenante, vive d'esprit. L'intérêt pour la philosophie la lie tout de suite à Joseph. En effet, elle-même a rédigé une thèse, qui n'a jamais été publiée. Ce roman est très axé sur la philosophie et l'auteur s'est documenté. Pour ce qui est la teneur des conversations entre Alma et Joseph, elle est centrée sur le libre-arbitre notamment. Sans écrire ces dialogues philosophiques, l'auteur nous en dévoile la teneur dans les descriptions. le petit plus ici est qu'il fait référence à des concepts qu'il définit, des thèses de philosophes qu'il cite.
Assez vite, Joseph est invité à loger chez Alma. Leur proximité ne fait que s'accroitre. Si bien que l'arrivée d'un mystérieux neveu dont elle n'avait jamais parlé (Eric) sème le trouble dans l'esprit de Jospeh. Il se croit évinscé en les entendant rire aux éclats, il s'attend à être expulsé, mais il n'en sera rien. Lorsqu'il saisit la teneur de la relation entre Alma et Eric, Joseph le prend définitivement en grippe. Eric réclame régulièrement de l'argent à Alma. A partir de ce moment, je me suis dit, il va se passer un drame. Une menace latente est légèrement perceptible mais on ne sait pas d'où elle viendra. A ce moment on est à peu près au milieu du roman est le suspens ne se fait pas trop sentir. Avec l'arrivée d'Eric, la tranquillité, la quiétude du récit s'évapore, mais ne laisse pas place à un suspens à couper le souffle. L'auteur insinue les choses au fur et à mesure. Ainsi quand on apprend le décés d'Alma, que la question de l'héritage apparait et que Joseph empoche une bonne part de celui-ci. Il bascule alors dans une paranoïa, dans une sorte de folie. Il a par exemple l'impression d'être observé dans la maison. On se rend particulièrmeent compte p.210 à 216 lorsqu'il semble ivre (pas dans le sens où il est ivre d'avoir bu) à l'idée d'être propriétaire de cette maison. Sa soudaine fortune semble lui tourner la tête. Il n'arrête pas de répéter ma maison, ma ceci, mon cela. C'est plus une tension psychologique, un processus de basculement dans une folie meurtrière que décrit Jesse Kellerman ici et c'est réussi.
C'est pour cela que j'insiste sur le fait que c'est un livre différent du précédent Jusqu'à la folie, où je me rappelle avoir ressenti une tension, une menace plus palpable, plus directe. On était plus dans l'action alors qu'ici, le lecteur est plus spectateur. A un moment, la première personne est abandonné pour le deuxième du pluriel. Ainsi au lieu de dire : ce que je suis devenu en ces quelques instants me sidère, il dit "Ce que vous êtres devenu en ces quelques instants vous sidère". Il nous embarque avec lui dans cet enchaînement d'évènements, et l'effet sur le lecteur est réussi.
Dernier point important aussi, c'est la thématique du libre-arbitre, abordé lors des conversations entre Alma et Joseph, est largement développée jusqu'à la fin du roman. En effet, au regard des actes commis par Joseph, une réflexion peut s'engager sur son libre-arbitre. Est-il l'initiateur du meurtre ou bien le meurtre découle-t-il d'une suite d'évènements l'y ayant mené ? Je vous laisse vous faire votre propre jugement à la lecture de ce roman...
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Eternel étudiant en philosophie dont le mémoire piétine, Joseph se fait finalement "remercier" par sa directrice de thèse, et virer par sa petite copine. Après quelques jours de galère à squatter chez des copains, il trouve un job qui lui convient parfaitement : discuter philo avec une octogénaire érudite et fort sympathique.

Il faut attendre très longtemps - la moitié de l'ouvrage - avant d'entrer véritablement dans un thriller ou tout au moins un roman à suspense. On se demande longuement d'où va venir la menace, tout semble si paisible et harmonieux... Mais qu'importe, car le début est très plaisant : le thème du libre-arbitre et les réflexions de Joseph sont passionnantes, ainsi que les échanges entre la vieille femme et le jeune homme, empreints de tendresse.

Une fois le suspense installé, on baigne dans une ambiance hitchockienne, qui rappelle le Horla de Maupassant : la paranoïa croissante de Joseph, sa sensation d'être observé et/ou de s'empêtrer dans ses élucubrations rend le récit délicieusement angoissant.

La fin m'a cependant déçue : après bien des surprises (qui ne tombent jamais dans les effets spectaculaires, ce qui est très bien), on arrive finalement sur un sombre rebondissement somme toute banal. Reste le propos en filigrane, qui fait la force et l'originalité de l'intrigue : le paradoxe entre les mésaventures de Joseph et ses théories sur le libre arbitre...

Encore de bons moments de lecture grâce à Jesse Kellerman, dont le chef-d'oeuvre reste pour moi Les visages. Ce livre m'a donné envie de découvrir le (vieux) roman Harold et Maude (Colin Higgins)...
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De cet auteur j'avais beaucoup aimé Les visages et un peu moins Jusqu'à la folie. Quand les Editions des deux terres m'ont proposé de recevoir son nouveau roman, je n'ai pas hésité en espérant retrouver le plaisir de lecture que j'avais eu avec Les visages.

Joseph, thésard attardé, répond à une annonce pour aller faire la conversation avec une vieille dame.

J'ai vraiment bien aimé la rencontre et les discussions entre Joseph et Alma la vieille dame, des liens de tendresse se tissent entre eux. Leur relation est emprunte de respect mais le fameux neveu vient un peu empiéter sur tout ça.

Je n'ai pas trop aimé l'orientation que l'auteur a prise dans cette histoire, sans en dire trop j'ai trouvé que c'était trop ou pas assez. Je n'ai donc pas adhéré à ses choix. C'est dommage car son écriture est agréable à lire.
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J. Kellerman nous entraine cette fois sur les montagnes russes de la chance, la malchance et du destin. Ce livre est réellement structuré tel un train fou : montée, descente en conséquence, virage inévitable sauf que là il n'y a pas de gare à la fin du circuit où le voyageur descend les jambes tremblantes mais heureux des sensations vécues.

Joseph Geist est un éternel thésard en philosophie. Il vient d'être mit dehors par sa compagne et se retrouve avec son sac, quelques vêtements et sa statuette de la moitié de la tête de Nietzsche à devoir squatter le canapé d'un ami. Sa directrice de thèse lui coupe les vivres en mettant un terme à 8 ans de thèses n'avançant pas et ressemblant plus à un amas de sources, citations et réflexions éparses. Joseph est très plaintif, très victimaire, il est passif face à ce qui lui arrive et ne semble pas envisager la remise en cause, j'ai, à ce moment, eu bien envie de le secouer !

En répondant à une petite annonce il devient, contre paiement, le compagnon de conversation d'Alma une vieille femme demeurant dans une grande et belle demeure et ayant pour seul famille un neveu raté. Ils parlent de philosophie, ils dissertent, ils réfléchissent, ils analysent.

Alma, vivant seule dans cette grande maison, lui propose de le loger en échange de menus services. l''offre tombe à pic pour Joseph !

Joseph s 'attache beaucoup à Alma, il voit en elle un égal intellectuel sentiment qu 'il rencontre avec peu de gens. Il s 'attache tellement à Alma que attitude opportuniste de Eric son neveu qui vient quotidiennement réclamer de l 'argent le révulse. Eric est un personnage ambigu, être sans envergure et sans ambition mais au comportement hypnotisant et retord. Alma est malade, elle souffre de crise extrêmement douloureuse et pour Eric la solution est simple : si Alma meurt elle ne souffre plus…. et lui récupère le pactole mais cela est sans compter sur l'honnêteté et la loyauté de Joseph.
Je ne peu en dire plus sans révéler l 'intrigue du livre mais malgré un début très lent tout s 'emballe d 'un coup et un puit sans fond semble s 'ouvrir sous nos pieds !

Toutes la dernières parties est très allégorique. La souffrance physique serait-elle un moyen d 'expier nos actes ? La renonciation aux soins serait-elle un suicide à petit feu ?

L 'auteur utilise un parti pris intéressant : toutes les scènes où Joseph perd pied son écrite à la 2ème personne du pluriel. C 'est nous qui sommes mis en cause comme si nous avions le contrôle de l 'action… et de ces conséquences.

J 'ai lu précédemment Meurtre et obsession et Jusqu'à la folie du même auteur sans être pleinement convaincu mais celui-ci fut un plaisir à lire. J 'ai trouvé le début très long mais avec du recul cette longueur participe grandement à l 'impression d 'être ensuite happée par les événements. l''auteur à su faire évoluer le personnage de Joseph de manière radicale sans tomber dans l'excès. Eric par contre est assez caricaturale et j 'aurai aimé avoir plus d'éléments notamment sur sa relation avec Alma et leur histoire familiale.
Lien : http://mespetitesidees.wordp..
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Sommes-nous libres de choisir et de décider de nos actes ou au contraire, ne somme-nous que de simples pantins entièrement conditionnés ?
La souveraineté de la volonté est-elle un leurre ou une réalité ?
La notion de libre-arbitre est un concept sur lequel ont débattu de nombreux philosophes, d'Aristote à Nietzsche, et c'est autour de cette notion que Jesse Kellerman a construit son nouveau roman "Beau parleur", faisant de son personnage central un étudiant en philosophie passionné par les théories existentialistes.

L'auteur a choisi de situer l'intrigue à l'université d'Harvard, à Cambridge, où il a lui-même poursuivi ses études de philosophie. Joseph Geist, le narrateur, est un étudiant pauvre dont les maigres possessions se résument en quelques ouvrages universitaires, un ordinateur portable, sa thèse inachevée sur le libre-arbitre et un serre-livres représentant une ébauche imparfaite et grossière de la tête de Nietzsche, dénichée sur un marché aux puces.
Par une froide soirée d'hiver, sa petite amie le jette dehors sans ménagement. Hébergé provisoirement par un ami, Joseph comprend qu'il va devoir très vite trouver une solution afin de mettre fin à cette situation inconfortable. En quête d'un emploi, il parcourt les petites annonces quand une curieuse offre retient son attention : "Interlocuteur souhaité pour heures de conversation..."
Le dépositaire de l'annonce s'avère être une piquante octogénaire à la conversation érudite. Autrichienne de naissance, cette célibataire éprise de liberté a étudié la philosophie avec les plus grands et parcouru le vaste monde avant de faire de Cambridge son port d'attache. Ils s'entendent immédiatement et Joseph est engagé sur-le-champ, la vieille dame lui proposant même l'hospitalité dans sa splendide demeure. Joseph qui a connu une enfance difficile savoure le confort que lui procure sa nouvelle vie et se prend très vite d'affection pour Alma qui devient pour lui la parente de substitution dont il a toujours rêvé. La vieille dame, de son côté, trouve en lui l'interlocuteur idéal avec qui débattre autour des sujets qui l'ont toujours passionnée. Seule ombre au tableau, une névralgie du trijumeau qui provoque épisodiquement chez Alma de violentes céphalées l'obligeant à s'aliter.
Leur belle complicité va malheureusement se retrouver contrariée par le retour d'Éric, le neveu d'Alma, un jeune homme paumé, uniquement intéressé par la fortune considérable de cette dernière. Celui-ci voit d'un très mauvais oeil les liens qui se sont tissés entre Alma et Joseph. Il craint d'être dépossédé de l'héritage tant convoité par celui qu'il considère comme un intrus. Il va dès lors, tout tenter pour faire main basse sur la fortune de la vieille dame, allant jusqu'à proposer une alliance à Joseph afin de mettre en oeuvre un plan machiavélique.
Jusqu'où Éric est-il prêt à aller pour assouvir sa cupidité ? L'affection que Joseph voue à la vieille dame sera-t-elle plus forte que l'appât du gain ?


Déjà sous le charme de la plume de l'auteur avec son premier roman "Les visages", je suis littéralement conquise par ce dernier. A l'instar des maîtres du thriller psychologique que sont Ruth Rendell, Henning Mankell ou Elisabeth George (je pense à "Anatomie d'un crime", notamment), l'auteur nous livre une intrigue retorse, glaçante et diablement bien maîtrisée.
Dans la première partie du roman, le narrateur nous livre peu d'éléments sur sa personnalité, il nous relate surtout son enfance meurtrie et sa lutte acharnée pour réussir à se démarquer d'un environnement dont il se sent étranger. C'est dans la seconde partie que tout s'accélère, on voit alors émerger la personnalité complexe du narrateur qui se dévoile avec de plus en plus de facilité, jusqu'à se livrer sans restriction à son lecteur. le récit est rédigé principalement à la première personne, à l'exception de certains passages de la dernière partie du roman où la narration se fait à la deuxième personne. Joseph nous prend alors à témoin, cherchant à nous embarquer dans le fil des évènements qui s'enchaînent de manière dramatique, rendant la tension psychologique encore plus palpable.
Véritable plongée au coeur de la psyché humaine, "Beau parleur" représente pour moi la plus belle surprise de cette rentrée littéraire 2012 !

Lien : http://leslecturesdisabello...
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Après avoir beaucoup apprécié les deux premiers romans de Jesse Kellerman : "Les visages" et "Jusqu'à la folie" me voici en possession de ce troisième opus "Beau parleur" grâce aux Éditions Des deux Terres qui m'ont confié un exemplaire (non corrigé) et je les remercie de tout mon coeur, d'une par pour la confiance qu'ils ont placé en moi et d'autre par pour m'avoir fait découvrir (encore une fois) en avant première cette petite merveille !!!

J'ai adoré !!! C'est un mélange de thriller, de roman psychologique (comme je les aime), de réflexion sur la vie, ses joies et ses déboires et c'est aussi un roman très noir qui prend aux tripes. Personnellement ce roman est entré dans ma tête et ce n'est pas demain qu'il en sortira...
Je viens de le finir et je suis médusée par cette lecture.

Les 60 premières pages sont consacrées à la biographie de Joseph Geist. On découvre donc que Joey n'a pas eu une enfance très heureuse, je dirais même très douloureuse. Il avait un père très violent, une mère soumise, un frère qui se tue après une très grosse dispute avec son père. Mais 20 ans sont passés et Joey a toujours du mal à pardonner à ses parents de la mort de son frère et tout ce qui c'est passé avant dans cette famille.

Joey n'a pas réussi à finir sa thèse qui a pour sujet le libre arbitre. Il en est à un nombre incroyable de versions toutes plus longues les unes que les autres. Au départ, cette thèse se présentait bien, il avait trouvé un maître de thèse qui avait les mêmes idées que lui, mais il mourut peu après et Joey c'est trouvé dans l'obligation de trouver un autre maître de thèse, il trouve une femme qui ne le comprend pas. Elle le casse et ne l'aide en rien, son travail tourne en rond, il se fait renvoyer de la FAC. En même temps, rien ne va avec sa copine chez qui il squatte depuis deux ans, elle le met à la porte, elle ne le supporte plus. Il est à la rue quand il répond à une petite annonce :

« Interlocuteur souhaité
Pour heures de conversation.
Pas sérieux s'abstenir.
Appelez au 617.XXX.XXXX
Pas de démarchage SVP. »

Il rencontre Alma Spielmann, née en 1922 dans une famille de fabricants d'instruments de musique à Vienne. Mais on apprendra par la suite la vraie teneur du passé de sa famille. Elle passe donc cette annonce, elle recherche quelqu'un pour parler quelques heures tous les jours.
Au fil des jours, il va se nouer une amitié forte, comme un amour platonique.
Une phrase qui résume bien cette amour entre les deux personnages : « le véritable bonheur platonique est la fusion de deux esprits ».
Puis, un jour, le neveu d'Alma, Éric débarque sans prévenir. C'est là que tout va déraper, Joey se persuade qu'Alma peut le remplacer par Éric, qui pourrait perdre l'amour de la vieille dame. Mais on va s'apercevoir qu'Éric n'est qu'un jeune homme perdu qui ne vient voir sa tante que pour lui soutirer de l'argent.

Puis Alma meure... meurtre ou suicide ???
Puis, iIl arrive ce qui n'aurait jamais du arriver : Joey tue et camoufle. Il s'enferme chez lui, enfin, chez Alma, elle lui tout de même laissé sa maison, tout ce qu'il y a dedans et plein d'agent, mais il y a des conditions qu'il arrivera pas à tenir, il va perdre totalement pied et c'est une descente aux enfers effroyable.

J'ai vraiment adoré ce livre, sa lecture est très rapide, les chapitres défilent à une vitesse faramineuse.
J'ai adoré le chapitre entre le 21 et le 22, il est extra, rapide, stressant et remplit de suspens. A chaque chapitre l'auteur, Jesse Kellermann, fait monter la pression.
A chaque page tournée on veut, on doit connaître la suite, ce qui fait de ce livre une vraie perle psychologique !!!
Lien : http://tousleslivres.canalbl..
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