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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Encore un chef d'oeuvre de Kessel, dans lequel on retrouve toutes les composantes les plus plaisantes de ses meilleurs romans : un style délicat et efficace, sans fioritures, une intrigue enivrante et absorbante et un environnement à la fois hostile et attirant.

On sentirait presque la chaleur étouffante du désert yéménite sur sa peau, l'odeur et le sel des embruns de la mer rouge, et on parvient sans peine à entendre le chant des marins et guerriers, à se laisser porter au travers des descriptions des majestueux paysages de Somalie et d'Ethiopie.

Dans ce roman se mêlent les chemins de trois aventuriers, un kirghize et deux français, que l'intrépidité, la soif d'aventure et de découverte et la pugnacité finira par lier.

Un magnifique roman d'aventure mais également d'amitié et surtout, d'humanité.

« A mille mètres sous lui, peut-être davantage, inaccessible en apparence, une vallée s'éveillait à la lumière. Elle était infléchie, comme un corps de femme endormie. […] Philippe eut le sentiment qu'il reconnaissait en elle le vestige suprême, échappé au temps il ne savait par quel sortilège, des âges d'innocence, de fable et de liberté où la terre donnait sa bénédiction aux premiers hommes. »
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Fortune carrée/Joseph Kessel
Cinquante ans plus tard je relis avec passion ce merveilleux roman d'action exotique publié en 1932, l'un des plus aboutis de Joseph Kessel avec « Les Cavaliers ».
Rappelons que Kessel fut un grand voyageur, toujours à l'affût de l'aventure, fin observateur des comportements humains, un grand journaliste reporter. Il fut élu à l'Académie française en 1962. Il est l'auteur entre autres du « Lion » et du chant des partisans (avec Maurice Druon son neveu).
Dans les somptueux et sauvages paysages du Yemen et de la Corne de l'Afrique, Kessel nous emmène dans une aventure virile, une véritable épopée, inspirée à l'auteur par sa rencontre à Sanaa avec Hakimoff un aventurier russe, puis de Henri de Monfreid qui vécut dans ces régions de 1911 à 1947.
Dans un style magnifique, il décrit l'arrivée d'Igricheff le kirghize, le héros invincible, à Manakha au Yemen :
« Large et faite de dalles géantes, la chaussée ruinée s'accrochait à la muraille prodigieuse en lacets noblement dessinés. Sur elle cheminaient des caravanes, des dromadaires noirs qui, sur de molles litières, portaient des femmes voilées, des nègres esclaves chargés de fardeaux, de petits ânes montés par des vieillards aux turbans verts, anciens pèlerins de la Mecque, des seigneurs escortés d'hommes d'armes, des Juifs timides aux figures bibliques ? On sentait l'approche d'une grande et fière cité dont le peuple se répandait à travers la chaussée antique que des siècles d'incurie n'avaient pas encore vaincue. »
La rencontre d'Igricheff avec Mordhome et Philippe Lozère marque un tournant dans le roman, Mordhom devenant le personnage dominant. Sa confession auprès de Philippe marque un moment capital du récit, une réflexion sur l'aventure de ceux qui ont choisi la liberté.
Sur fond de trafic d'armes entre Djibouti et l'Éthiopie, nos trois héros vont courir l'aventure dans ces contrées brûlées de soleil. Des personnages hors norme !
La belle amitié entre Mordhom et Philippe sert ensuite de trame pour une grande épopée à travers le désert de pierres noires de l'arrière pays somali.
Splendide. A dévorer à pleines dents.
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Je ne les ai pas tous lus, loin s'en faut, mais cela demeure mon roman préféré de Kessel.
On le catalogue "roman pour la jeunesse", mais je m'en fous, c'est mon numéro un.
Un livre magique sur l'aventure, la Terre, les paysages, les corps, ...
Et le courage qui anime ses héros, toujours justes bien que parfois cruels.
Et le voyage en caravane, que d'émotions !!! Vont-ils trouver de l'eau , éviter les attaques, trouver leur route ...
J'en garde un souvenir émerveillé qui permet d'en apprendre beaucoup sur le genre humaine ... voire sur soi !!!




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FORTUNE CARRÉE de JOSEPH KESSEL
Sanaa, Yémen, Igricheff, représentant de la Russie auprès de l'imam, cavalier intrépide fils d'une Kirghize abandonnée par son père. C'est un homme dur, violent, son humanité ne s'exprime qu'avec son cheval. Il quitte Sanaa pour les rives de la mer Rouge après avoir volé de l'or au Cadi et acheté une bédouine de 13 ans. Poursuivi, il devra se battre et trouvera son salut grâce à deux français, Philippe Lozère et Mordhom, propriétaire du boutre qui lui fera quitter ces rives devenues pour lui inhospitalières. L'amitié va lier ces trois hommes et on va suivre leurs aventures autour d'un trafic d'armes qui s'articule avec diverses tribus comme les Issas et les Danakils.
Le Yémen, le Soudan, l'Ethiopie et la Somalie sans oublier Henri de Monfreid, le tout narré par Kessel, on ferme les yeux on y est presque!
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Un immense roman d'aventure, la vraie, et comme on n'en fait plus.
Très heureuse de découvrir une nouvelle facette de Joseph Kessel que je connaissais par des romans plus intimes construits autour de personnalités puissantes et hors des normes (La passante du sans souci, Belle de jour, L'armée des ombres).
Il y a pourtant un élément commun entre ces romans et Fortune carrée, dont mon père me répète depuis des années qu'il a ébloui ses jeunes années: c'est le courage qui anime ces hommes, cruels mais justes, allant jusqu'au bout d'eux-mêmes dans une nature sauvage à la mesure de l'immensité de leur coeur: Igricheff le moscovite que porte et qui domine fièrement le destin, Mordhom le marin intrépide torturé par la part de finesse et de hauteur que la civilisation a déposé en lui, et Lozère le frêle millionnaire qui trouvera la force dans ses faiblesses.
Mais la lumière que dégagent ces hommes serait bien pâle sans le cadre prodigieux dans lequel ils évoluent, et qu'on sent que Kessel revit littéralement dans son écriture : Fortune carrée est le produit romancé de son voyage au Yemen, en mer Rouge et en Abyssinie, contrées aux paysages grandioses desquels il a rapporté le reportage Marchands d'esclaves avant de lâcher son coeur dans ce roman puissant comme Chaïtane le cheval.
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C'est l'histoire d'un Russe de souche Mongole qui est envoyé par le régime communiste dans un pays d'Arabie. Sa principale caractéristique est qu'il est impitoyable. Un jour, il décide de partir avec la caisse de son ambassade et part, sans regarder derrière lui, à l'aventure autour de la Mer Rouge, prenant part aux conflits tribaux, en y appliquant des tactiques militaires complexes et nouant une amitié avec un Français qui a un caractère semblable au sien. La folie et la force surhumaines du personnage principal m'ont conquis dans cette lecture ou peut-être devrais-je dire aventure?
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De part et d'autre de la mer rouge. Dans les années 20. L'aventure à l'état pur

Nul n'est besoin de présenter Joseph Kessel, tour à tour militaire, journaliste, correspondant de guerre, résistant, romancier, … au destin extra ordinaire, et c'est bien une part de lui que l'on retrouve dans chacun des trois protagonistes de ce grand roman d'aventure.

Difficile pour autant de l'identifier à Igricheff, représentant bientôt déchu des soviétiques à Sanaa, batard kirghize, impitoyable, rompu à la solitude des steppes, qui sera le fil conducteur des trois épisodes de ce roman. Difficile aussi vis à vis de Mordhom, un breton aussi à l'aise sur mer que sur terre, dans lequel on reconnaitra assez facilement Henry de Monfreid (Les secrets de la mer Rouge), impénétrable, qui cache son humanité derrière un masque de pudeur. Difficile enfin vis à vis de Philippe, le plus jeune des trois, idéaliste dont on se demande ce qui a pu l'entrainer dans ces contrées aussi belles qu'inhospitalières et que Mordhom a pris sous son aile.

Kessel a écrit ce texte publié en 1930 à son retour d'un séjour dans la région alors qu'il n'est âgé que de trente-deux ans. Les mots du futur académicien n'ont pas pris une ride. Les paysages magnifiques succèdent aux scènes d'une violence inouïe pour nos yeux du vingt-et-unième siècle, mais violence naturelle, intemporelle, dans ce creuset de l'humanité, aux confins de l'Arabie, de l'Afrique noire et de l'Asie, contrées hostiles où se côtoient depuis la nuit des temps des peuplades qui luttent pour leur survie.

Un grand roman d'aventure initiatique où l'on peut lire en filigrane les contradictions qui habitent Joseph Kessel à l'aube de sa vie.
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Je ne veux pas vous raconter d'histoires, je veux simplement que vous appréciiez les embruns piquants du sel de la Mer Rouge gifler votre visage. Je veux que vous ressentiez vos pieds s'enfoncer dans le sable meuble et brulant du désert. Je veux que vous observiez vos équipiers exténués, l'ombre de leurs pommettes avachies, rougies et rendues mobiles par les flammes vivantes d'un feu de camp qui crépite tout en écoutant les chants entêtants de vaillants guerriers.

Je veux, comme moi que vous vous laissiez emporter par l'aventure brute et virile où l'on se forge des amitiés loyales à la densité rare que l'on a autant de difficultés à clore qu'à couper le cordon ombilical de votre chair, de votre sang.

Bien sûr, vous allez penser que j'en fait des caisses mais c'est à la mesure du plaisir d'avoir renoué avec ce genre que j'ai tant adoré et pourtant délaissé depuis deux à trois années : Les romans d'aventures.

Et moi qui suis plus sérieux que cavalier, qui mieux que Joseph Kessel aurait pu me remettre le pied à l'étrier dans ce sujet où il excelle ? J'apprécie vraiment cette remise en selle.

Incontestablement, dans ce Kessel, il y a du Jules Verne et du Pierre Benoit.
De notre grandiose visionnaire, la beauté racontée des paysages, la douceur et la rudesse des climats et des mers, la hardiesse légendaire des animaux et la prodigieuse diversité de la botanique mais sans l'excès de précision monotone du romancier magnifique du 19ème siècle. de notre écrivain inoubliable de l'Atlantide, de Koenigsmark ou de la Chatelaine du Liban il y a toute la puissance et l'épaisseur des personnages confrontés à des situations inextricables où la valeur et l'honneur de l'homme font la différence. Cet écrivain controversé aimait tellement les femmes qu'il a élevé certains hommes au rang de chevalier…servant.
Lui, devait être plus cavalier que sérieux. (Hihihi)

Et puis, avec quelques notes de musique on embellit toujours la solitude de l'aventurier tel le Capitaine Nemo devant son orgue sur le Nautilus on écoute Mordhom et son clavecin sur le plateau Abyssin.

De toute évidence, ce roman fait la part belle aux castes, aux tribus, aux ethnies du Yémen, de Somalie et d'Abyssinie en général et à trois personnages en particulier : Igricheff, le bâtard kirghiz, Mordhom et Philippe Lozère, les aventuriers français.

La fortune carrée est en fait une voile de tempête qui soudera l'amitié sans voile de ce triangle d'hommes insolites.

Au-delà des faits d'armes, on croise la destinée de contrebandiers, de mercenaires, de pécheurs de perles, de guides, de matelots et de guerriers tous fiers de porter haut leur dessein avec un dévouement allant parfois jusqu'au sacrifice ultime.

"Vous savez, j'ai l'impression de sortir d'un songe, d'avoir rêvé que je vivais les histoires que je lisais dans mon enfance. Je le regrette déjà."

En définitive, je veux que vous partagiez mon émoi à faire revivre ces pages foisonnantes de péripéties, écrites à la suite d'authentiques voyages avec le cran, la frénésie et l'envie de la grande aventure « Kessel » de la vie.
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Incontestablement, quand on lit un livre de Kessel , on sait qu'on est dans la cour des « grands » écrivains. Il n'y a pas de qualificatif à rajouter . Catégoriser ce livre en roman d'aventures ou de jeunesse serait trop réducteur .

C'est un grand livre . Tout est maitrisé : le fond , la forme : Trois histoires avec trois personnages dans trois décors différents :
Les montagnes et la côte yéménite .
Parce que marin, j'ai été encore plus sensible à la deuxième partie pendant la tempête en mer rouge. Cette partie-là peut moins passionner si on n'a pas la mer dans ses tripes.
Enfin la vallée cachée en Abyssinie, sorte d'Eden et la course folle de la caravane jusqu'à la côte.

Une critique fait mention des similitudes entre les principaux personnages du roman : Philippe serait une déclinaison de Joseph Kessel lui-même .
Daniel Mordhom serait l'aventurier Henri de Monfreid.
Qui serait donc le bandit kirghize Igrichefff ? Si quelqu'un a une idée, je suis preneur. Pour l'instant ma seule piste c'est que ce serait le côté Mr Hyde de Kessel lui-même . L'indice c'est qu'Igricheff est opiomane et un peu « s'en fout la mort » comme Kessel l'était mais c'est tiré par les « chevaux"

Bref , je pourrais continuer à disserter longtemps sur ce formidable livre mais je veux terminer par l'essentiel : Il vous prend dès la première ligne et ne vous lâche pas jusqu'à la dernière. Quand vous n'êtes pas dans le Djebel attendant l'attaque des yéménites, vous êtes agrippé au cordage pendant la tempête et, en arrivant sur l'île noire, vous touchez du doigt le bonheur d'être encore en vie .
Les magnifiques descriptions de paysage viennent en contrepoint des relations complexes entre les trois personnages, et notamment entre Philippe et Lionel ; le troisième larron, si j'ose dire, le bandit Kirghize reste une énigme.
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"Courses, caravanes, privations, combats et solitude, tous les signes de la grande aventure" sont éminemment présents dans "Fortune carrée", génial roman d'action (et de réflexion) écrit par un écrivain qui fut lui-même grand reporter aux quatre coin du monde, du temps où le journalisme de terrain requérait de solides qualités d'endurance et la nécessité de se mettre en danger.
Ce roman du "Grand dehors" (comme le qualifierait @Michel le Bris) fait la part belle à la témérité mâtinée parfois d'inconscience d'un trio de personnages hors du commun, attirés par le dépassement de soi et les situations extrêmes comme le papillon l'est par la lumière.
Par ordre d'entrée en scène, voici IGRICHEFF, bâtard d'un comte kirghize, prompt à aller où le vent le mène. le vent mais aussi un superbe étalon -Chaïtane (le diable)- que lui a offert un imam yéménite. de Sanaa à la mer rouge, le couple aérien vole de batailles en razzias, de situations inextricables en rétablissements miraculeux. Jusqu'au moment où poursuivi par l'armée yéménite, ce couple prodigieux atteint les rivages maritimes et est sauvé (du moins le cavalier) in-extremis par un boutre qui effectue de la contrebande d'armes. IGRICHEFF, l'insondable, le taiseux, le cynique, vacille un moment lorsqu'il est contraint d'abandonner aux flots Chaïtane avec qui il formait sur terre un centaure indomptable. Il pensa alors "à ses aïeux, les Khans des steppes, qui faisaient égorger leur cheval préféré sur leur tombeau."
C'est un Breton taciturne, Daniel MORDHOM, qui dirige le bateau -Ibn-el-Rihèh (Fils du vent)- Il n'a sauvé le Kirghize , précise-t-il sans ambages, uniquement parce que ce dernier a eu le réflexe de l'appeler en français. Ce à quoi ce dernier répond sans sourciller : "A votre place, je n'eusse pas retardé d'une seconde l'appareillage, même si l'on m'avait hélé en russe." Les rapports entre les deux hommes sont ainsi fixés d'entrée : de l'estime certes, mais aussi une certaine méfiance voisine du mépris.
Et à leur côté, un jeune homme simple, bienveillant, prompt à s'émerveiller, tel est Philippe LOZERE qui accompagne MORDHOM dans son périple maritime. Lui, le néophyte, garçon de la ville désormais confronté aux éléments, mesure bientôt "l'exacte puissance de son corps à se mouvoir dans l'étendue"; comprend que "le monde était d'une ampleur infinie et d'une substance difficile pour l'homme"; connaît "le prix du soleil, l'interdiction terrible des ténèbres, la magie de l'eau, le sang précieux des nourritures."
Kessel entraîne le trio d'abord dans une traversée mouvementée de la mer rouge et s'avère, à travers le regard de Philippe, le peintre inspiré de la tempête qui les saisit : "Fasciné, le jeune homme, de nouveau accroché au roof, contemplait ces montagnes mouvantes de lumière et d'eau mêlées, traversées de flèches d'or, cette chevauchée énorme et magnifique, qui brassait dans sa furie le soleil, l'écume, l'azur et l'émeraude."
Puis ce sera la traversée de montagnes dont les pièges et les difficultés ne seront pas moindres. Avec, présent à tout instant, le danger qu'il vienne de la nature ou des hommes comme une épée de Damoclès au-dessus de ces trois vaillants compagnons.
Vous aurez compris que Joseph Kessel est un immense styliste qui possède un don rare pour décrire la nature, ses splendeurs et ses excès. En contrepoint, il se montre habile à sonder les coeurs et les âmes de ceux qui osent se confronter à elle, à affronter ses périls.
Connu pour être un baroudeur impénitent, un témoin attentif de son temps et un journaliste inspiré, Kessel, soyez-en sûrs, est avant tout un écrivain, et quel écrivain !
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