Filles du Djihad parle d'un sujet difficile : les rouages de la radicalisation, le recrutement et le basculement dans l'extrémiste via les réseaux sociaux.
Le roman est présenté comme une confession de Jamilla à un écrivain qu'elle rencontre à Bali ou elle se trouve en exil.
Jamilla nous retrace les raisons et les causes qui l'ont amenée à quitter l'Angleterre, tout juste sortie de l'adolescence, pour se rendre en Syrie.
Jamilla et Ameena, les principaux personnages du roman, se sont rencontrées dans leur collège de banlieue du Nord de l'Angleterre. Toutes deux sont musulmanes mais alors que Jamila a grandi dans une famille très orthodoxe, qu'elle porte le niqab et suit les préceptes religieux à la lettre, Ameena est une jeune fille qui s'habille très court, qui fume et sort avec des garçons.
Après une déception amoureuse, Ameena va se retrouver seule, délaissée par ses anciens amis. Jamilla va alors prendre sa camarade sous son aile et l'initié à la pratique rigoriste de l'Islam dans laquelle elle a été élevée. Une amitié fusionnelle nait entre les deux jeunes filles. Elles vont s'éloigner de plus en plus des autres adolescents, passant leur temps libre à la mosquée ou elles vont écouter le prêche d'imams radicalisés. En même temps que leur cercle relationnel s'amenuise, leur nombre "d'amis" sur les réseaux sociaux va augmenter. Elles vont entrer en contact avec des combattants de l'état islamique sur Twitter. le jour ou Jamilla se trouve devant une impasse : d'un part elle n'obtient pas de bourse pour pouvoir continuer des études à la fac et d'autre part sa famille la presse à accepter un mariage arrangé, les deux jeunes filles vont se laisser convaincre par Hejjiye, une femme dirigeant un orphelinat pour les enfants de daesh d'aller en Syrie.
"Hejjiye était totalement impliquée dans l'insurrection en Syrie. Elle mettait en ligne des récits célébrant le courage des djihadistes et la loyauté des forces du régime et de la soi-disant opposition laïque. Parfois il y avait de grandes divergences entre les informations qu'elle postaient -elle, comme bien d'autres -, et celles que diffusaient les médias occidentaux. Vous vous imaginez sans doute que ces incohérences ont dû la discréditer à nos yeux. Bien au contraire!"
A leur arrivée en Syrie via la Turquie, Jamilla et Ameena rejoignent l'institution dirigée par Hejjiye, une grande bâtisse située non loin d'une ville tenue par Daesh. Bientôt Ameena est mariée à un djihadiste qu'elle suit dans ses déplacements tandis que Jamilla reste à l'orphelinat. Elles vont bientôt se rendre compte qu'elles se trouvent confrontées à un monde terriblement plus cruel et hypocrite que celui qu'elles ont quitté.
De désillusions en désillusions les deux jeunes femmes prennent conscience que la cause pour laquelle elles s'étaient engagées corps et âme n'était pas forcément si vraie ni si juste qu'elles croyaient.
Prisonnières elles se rendent compte qu'elles ont été recrutées pour devenir épouse de djihadiste ou kamikazes. Elles vont s'accommoder d'un mode de vie rythmé par les corvées et les prières. le quotidien de l'orphelinat enserre leur existence.
Ce roman dénonce les régimes politico-religieux qui mêlent idéologie et fanatisme et la manière dont il peut s'insinuer dans les esprits influençables. Pour les deux jeunes filles, l'état islamique représentait la possibilité d'être elle-même et de mener une vie conforme à leurs valeurs choses qui leur semblaient devenues impossible en Angleterre.
La relation d'amitié entre ces deux femmes touche au coeur. Malgré le sujet difficile Filles de djihad est un roman émouvant et la construction du livre et son écriture simple rendent la lecture facile. Au fil des pages on découvre ces deux jeunes femmes au travers de Jamilla par le regard qu'elle porte sur elle-même et celui qu'elle porte sur son amie.