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Andreï Kourkov (Autre)Philippe Sands (Autre)
EAN : 9782021544145
256 pages
Seuil (06/10/2023)
4/5   8 notes
Résumé :
« J’ai écrit ce livre pour lutter contre mes propres démons : le chagrin, la rancune, la peur. Je l’ai écrit pour tenter de trouver un sens à une perte : la perte d’un soldat parmi les milliers de pertes subies par l’armée ukrainienne ; celle d’un frère unique à mes yeux. En couchant ces textes sur le papier, j’ai voulu échapper à la noirceur du deuil, me soulager de la haine qui semait ses graines en moi, pour tenter d’avancer. Ce livre donne un nom, et une histoir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Croisé par hasard,dans ma petite librairie, acheté en pensant à la mort de ma soeur, passée, et à la mort programmée de mon frère.
Et scotchée, collée à cette lecture. Un récit, un témoignage, un essai, un livre tout personnel et pourtant si ouvert, un choc, une faiblesse, une rédemption, un pardon, une blessure, un rien qui ne s'oubliera pas, qui ne cicatrisera pas.
Ce livre est construit en mosaîque. Chaque chapitre est consacré à un thème cher et important pour son auteur.
Alors on suit cette route sinueuse de la vie d'une famille ukrainienne émigrée, éparpillée. Et puis le frère aînée, à la vie un peu compliquée et pas vraiment aboutie, s'engage pour combattre dans le Donbass.
Là, je rends hommage à l'auteure, de bien nous rappeler que la guerre en Ukraine n'a pas démarré en 2022 mais bien en 2014.
Ce livre est empli d'émotions que l'auteur s'efforce de contenir.
Il est un témoignage cru sur les souffrances que vivent les Ukrainiens.
Il est un témoignage tout en gommettes j'ai envie de dire sur ce que sont les Ukrainiens.
La souffrance, la douleur, le manque, que l'auteur ressent à la mort de son frère, sont écrites avec poids, délicatesse, légèreté, horreur, et l'on comprendra qu'il n'y aura ni pardon ni oubli.
Une lecture tragique. Qui fait mal. Mais à lire.
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Olesya Khromeychuk s'implique également dans le théâtre, c'est en partie par l'art dramatique qu'elle a vécu son deuil, la mort de ce frère, et apprivoisé sa douleur et son chagrin. Volodya, Volodymyr Pavliv (1974-2017) est mort en 2017, seul dans une tranchée située à la frontière est-ukrainienne, d'un traumatisme crânien suite à l'impact d'un fragment d'obus.


C'est l'histoire d'une mort, celle de la vie aussi du frère, et surtout du deuil qu'il a bien fallu faire : la vie de l'aîné de trois enfants qui a décidé un jour de prendre les armes pour défendre son pays. Ce récit est introduit par deux préfaces, l'une de Philippe Sands, avocat et auteur franco-britannique, l'autre de Andreï Kourkov, l'auteur ukrainien que l'on ne présente plus. Car l'histoire personnelle de Volodymyr Pavliv, mort à 42 ans, dans les eaux noires et boueuses de l'Ukraine orientale, relève aujourd'hui de l'histoire du pays, celle de la vie d'un soldat tombé au front contre l'impérialisme russe. Une histoire individuelle, une histoire familiale, que cette soeur met à plat pour restituer la vie de ce frère aîné qui avaient ses faces sombres, ignorées de ses proches, et dont l'existence n'a pas tout à fait pris fin avec sa vie. Une vie prolongée par des photos et des vidéos retrouvées dans son téléphone portable, la partie la plus précieuse de son héritage qu'il laisse à ses parents, sa soeur et son frère, outre l'uniforme et matériel militaire, et l'argent de ses soldes.

Àtitre personnel, ce livre est sans doute l'un des moyens mis en oeuvre par la psyché de l'autrice pour faire et achever le deuil de son grand frère. À titre général, il réveille la conscience générale trop habituée aux conflits, à voir régulièrement Volodymyr Zelenski en tenue militaire et à entendre les inepties que le président russe préfère régulièrement, dans le plus grand des calmes, souriant à la face du monde. L'addition des drames humains est devenue un chiffre sans visage, ni identité, l'expérience de Olesya Khromeychuk est à mon point de vue essentielle pour rappeler si besoin, se rendre compte à quel point chacune des hommes, femmes, enfants morts sur le front est dévastateur pour la famille, en premier lieu. Olesya Khromeychuk reconstitue l'histoire de son frère, à travers le prisme de l'histoire familiale depuis l'Ukraine jusqu'à leur exil aux Pays-Bas et en Angleterre. de cet aîné dont il lui manque les premières années de vie, et d'autres aspects de sa vie actuelle qu'il gardait pour lui. de cet homme secret, revenu en Ukraine après son exil en Europe de l'Ouest, qui a fini par lui trouver un sens en s'engageant volontairement pour défendre son pays. Et un ultime hommage à ce frère, mort trop jeune en héros.

On ressent le besoin de cette soeur de redécouvrir et parler de l'homme, de laisser une trace qui permettra à chacun d'appréhender l'histoire de ce soldat, l'histoire de Volodya, leur relation. D'évoquer cette guerre interminable qui a forcé leur exil, et qui a marqué d'une plaie béante la famille, dans l'histoire du pays et au sein de l'Europe. Oleysia n'est pas qu'une soeur de soldat, elle est aussi historienne et en tant que telle, elle se pose en tant qu'observatrice des mouvements géopolitiques entre une Europe trop passive, une Russie agressive et agresseuse, qui profite de la peur latente que fait planer la menace de la bombe nucléaire, et entre les deux une Ukraine, qui fait ce qu'elle peut pour ne pas se laisser engloutir par son voisin aux appétits insatiables. de tous les faits, anecdotes marquantes que l'on peut relever, il y a la découverte de tout le contenu du téléphone portable du soldat, photos, vidéos, et messages jamais envoyés, un dernier lègue, le plus important, un témoignage posthume de son expérience sur le front, de ce qu'il n'a jamais eu l'occasion de partager de son vivant, et de l'attachement qui témoignent de ces messages écrits mais jamais envoyés. Des vidéos dont elle va d'ailleurs se servir pour monter sa pièce de théâtre.

Juste avant le récit de Olesya Khromeychuk, j'avais pris le parti de lire le journal de l'artiste russe Alexander S, Être ou ne pas être à Moscou, paru chez L'aube, dont j'aurai bien des choses à dire dans un billet ultérieur. Si je l'évoque maintenant, c'est qu'il me semble que les deux récits, lus l'un après l'autre, forment un dialogue, bien malgré eux. À Alexander S, dans une neutralité affichée, qui affirme que les moralisateurs alpaguant les gens sur leur refus de prendre position sur la guerre russo-ukrainienne sont vains, et même plus, hypocrites. Olesya Khromeychuk, ça ne surprendra personne, crie sa colère contre l'inaction de la population russe, les accusant de se laver les mains de toute culpabilité, répondant justement et indirectement à la tentative de Alexandre S de se dédouaner des crimes de guerre commis par l'armée de son pays.

Je regrette un peu les couvertures des Éditions anglophone, néerlandaise et allemande qui laissent tout juste entrevoir, sans jamais le dévoiler totalement, le visage de feu Volodymyr Pavliv, un visage et vie qui marqueront le lecteur, en tout cas la lectrice que j'ai été. Néanmoins, ce témoignage de l'entourage d'un soldat mort à la guerre reste pour moi essentiel afin d'humaniser et individualiser les massacres, remettre une vie, un visage, une histoire sur ceux tombés au combat et qui n'ont plus que la mémoire de leur proche pour témoigner de leur vie : je crois que les lire, c'est la moindre des choses que l'on puisse faire, depuis l'ouest, bien loin de la guerre qui déchire l'Europe de l'Est.
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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Le frère d'Olesya Khromeychuk est mort à la guerre. Militaire, il était sur le front Ukrainien avant que le conflit entre la Russe et l'Ukraine n'éclate. Cette mort va, bien sûr, terriblement la bouleverser. Elle nous raconte l'histoire de son deuil.
J'ai malheureusement eu beaucoup de mal à accrocher avec ce récit.
J'en attendait de l'émotion. L'auteure aimait beaucoup son frère et a été très affectée par sa mort. Elle nous raconte son histoire et celle de sa famille avec pudeur. En même temps, elle nous livre tous les petits détails et leur explication. Pour le coup, je me suis perdue dans ces descriptions et je n'en réussi à ressentir les mêmes sentiments que l'auteure.
J'en ai attendait aussi d'un savoir plus de la guerre en Ukraine, ainsi que de la culture Ukrainienne. Pour cela, je n'ai pas été déçue, le récit est bien documenté.
C'est le récit du deuil de la mort du frère de l'auteure de son annonce en passant par l'enterrement.
J'avais envie d'aimer ce livre mais je suis malheureusement passée à côté.
Je vous invite à vous faire votre propre opinion.
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Avec un tel titre et un tel sujet, je ne sais pas si je peux dire que j'ai aimé ce texte. Il est très intime et il y a des passages qui m'ont carrément bouleversé.
L'auteure nous raconte son deuil après la mort de son frère sur le front lors de la guerre de 2017. Elle nous explique bien que la guerre en Ukraine n'a pas démarré en 2022 mais bien en 2014.
Volodymyr Pavliv (1974-2017) est mort en 2017, seul dans une tranchée située à la frontière est-ukrainienne, d'un traumatisme crânien suite à l'impact d'un fragment d'obus.
Elle va avec ses mots, ses souvenirs, ses notes nous parler de son frère, de son engagement dans l'armée, des aides familiales et amicales pour aider l'armée ukrainienne (impressionnantes les pages lorsqu'elle prépare des colis pour son frère), les obsèques de son frère. Quelquefois, le texte est si précis, comme pour l'organisation des funérailles, qu'il est difficile de ne pas être ému. Elle parle aussi très bien de la famille, de la façon de chacun d'appréhender ce fils, frère au front puis sa mort.
Ce texte nous parle de l'Ukraine, de ce conflit qui n'a pas débuté il y a seulement deux ans et à l'écoute des nouvelles, nous avons dans ce texte de douloureux échos.
Ce texte parle très bien de la guerre, des êtres qui restent, de ceux qui sont partis, de ceux qui s'engagent. Et des relations et sentiments que cela induit dans les relations humaines, au sein des famille, avec les amis.. C'est aussi un beau texte sur le rapport d'une soeur avec son frère, mort comme un "héros", mais est ce que cela en valait la peine. Elle parle aussi de la précarité de cette armée, qui combat avec peu de moyens. Elle parle de ce qu'induit pour les proches l'engagement, le départ et la mort à la guerre. Et des pages sont universelles, quelque soit le conflit.
Un livre difficile mais qui émeut, interpelle, informe et certaines pages, situations restent en mémoire après avoir fermé ce livre.
#LaMortdunfrère #NetGalleyFrance
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Cathartique, très personnel, il est difficile de dire quelque chose de plus que ce que le résumé peut indiquer sur cette oeuvre. L'autrice nous parle de la mort de son frère, de sa famille et des répercussions autant sociales qu'historiques qu'ont eu cette mort ; elle qui a quitté l'Ukraine depuis des années se retrouve happée par son pays d'origine autant pour soutenir son frère parti au front que par sa disparition. Se voulant pudique, chargé d'affect, ce texte mentionne un long processus de deuil qui a commencé bien avant la disparition de son frère, mais également une découverte très intime et à la fois détachée des gens sur le front de Crimée et d'ailleurs, du poids administratif, de la lourdeur émotionnelle de ceux qui sont loin et qui sont pourtant concernés intimement par le conflit. C'est un livre dur et rempli d'émotions qui sont parfois difficiles à suivre mais très intéressantes et éclairantes à la fois sur le conflit, le statut d'expatrié et le deuil.

Merci à Netgalley et aux éditions Seuil.
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
23 novembre 2023
Un récit très intime de l’Anglo-Ukrainienne Olesya Khromeychuk tente d’analyser comment vivre après la mort d’un frère à la guerre.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Volodymyr Pavliv, mon frère, est mort au front dans l’est de l’Ukraine en 2017. Il servait dans les forces armées ukrainiennes depuis près de deux ans quand il a été tué par un éclat d’obus près de Popasna, dans la région de Louhansk. Il avait quarante-deux ans.

Volodya (c’est comme ça que nous l’avons toujours appelé dans la famille ) était l’aîné de trois enfants. Après lui venaient Yura, le cadet, et moi, la petite dernière. Il y avait quatre ans et demi d’écart entre chacun de nous, si bien que Yura, l’enfant du milieu, était aussi proche de Volodya que de moi. Yura et moi faisions de la musique et du théatre, tandis que Volodya aimait les arts visuels et le sport. Si des deux Yura était le frère abordable, à mes yeux Volodya avait toujours été inaccessible – plus vieux, plus sage, plus grand. À présent qu’il est mort, les neuf années qui nous séparaient s’amenuisent jour après jour.

Je ne serai jamais aussi grande, ni peut-être aussi sage qu’il l’était, mais, avec un peu de chance, j’atteindrai et je dépasserai l’âge auquel il est mort. J’imagine qu’il finira par devenir, bizarrement, mon petit frère. Il serait toutefois juste de dire que, même de son vivant, j’ai souvent eu l’impression d’être sa grande sœur. C’était moi qui veillais sur lui, qui m’inquiétais de son sort et qui m’efforçais de faire en sorte qu’il aille bien. Il ne m’avait jamais rien demandé de tout cela, mais j’avais choisi d’être sa petite « grande » sœur. Lui jouait peut-être pour moi le rôle d’un grand frère, mais d’une façon qui n’a pas toujours été évidente à mes yeux.
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La guerre menée par la Russie avait pour but de détruire l’Ukraine, mais elle mettait aussi à l’épreuve la volonté du reste du monde démocratique de faire barrage à l’impérialisme et à l’oppression.
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J’essayais de voir mon frère comme faisant partie du bilan humain, mais j’en étais incapable. Il ne pouvait se résumer à un chiffre, aussi grand ou petit fût-il.
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