Sont réunis, dans
Au fond de la rivière, un recueil éponyme de textes brefs, fragmentés et fragmentaires, tant narrativement que stylistiquement, qui raconte l'enfance d'une petite fille - l'autrice elle-même ? -, et Petite Île, un récit plus ample, plus structuré, qui décrit cette fois l'île d'Antigua, comme la voit l'autrice, alors qu'elle n'y vit plus.
Deux récits bien différents, n'ayant finalement en commun que le lieu central qui est évoqué à travers eux, celui d'une île multiplement colonisée, utilisée pour développer la culture de la canne à sucre, et l'esclavage allant avec, à partir de la colonisation anglaise, et qui, en accédant à l'indépendance, a connu son lot de déboires inhérents à cette même colonisation.
D'un côté, des bribes évanescentes assez obscures, d'instants, de lieux, de personnes, dans lesquelles l'enfant apparaît comme un être désincarné, déshumanisé, qui a perdu toute enfance pour faire face à l'existence qui lui est proposée à Antigua.
De l'autre, une verve virulente, très cynique, qui décrit brutalement, dans toutes ses contradictions, la même Antigua, à travers un regard désormais adulte, plus lucide et clair, bien loin de l'exotisme idéalisé des îles caribéennes.
Une découverte perturbante - je ne suis pas sûre d'avoir tout saisi d'
Au fond de la rivière -, mais qui m'a donné envie de continuer de découvrir
Jamaica Kincaid.