Unity, tome 1 : Mort au Roi

Ce tome est le premier d'une série mettant en scène les personnages de l'univers partagé Valiant, tel qu'il a été redémarré à zéro en 2012. Il comprend les épisodes 1 à 4, initialement parus en 2013/2014, écrits par Matt Kindt, dessinés et encrés par Doug Braithwaite, avec une mise en couleurs de Brian Reber. Braithwaite a également réalisé les couvertures. Ce tome contient aussi les couvertures variantes dessinées par J.G. Jones, Bryan Hitch, Paolo Rivera et Travel Foreman.

Au cinquième siècle, le wisigoth Aric Dacia et quelques individus de son peuple furent enlevés par des extraterrestres (de la race des Vine) et emmenés sur leur planète d'origine comme esclaves. Après s'être emparé d'une de leurs armes les plus puissantes (une armure technologique Sanhara), il a pu regagner la Terre, avec ses sujets mais au vint-et-unième siècle. Il a décidé de prendre possession d'un territoire en Roumanie et de s'y installer. Cette forme d'invasion déclenche la réaction de plusieurs nations, à commencer par la Russie qui menace d'employer l'arme nucléaire sur X-O Manowar.

Le colonel Jamie Capshaw indique à Toyo Harada (le psiot le plus puissant de la Terre, c'est-à-dire un individu doté de pouvoir parapsychiques) à quel point la situation est explosive et que son intervention est souhaitée le plus rapidement possible. Juste après son appel, il reçoit la visite de Gilad Anni-Padda, un immortel surnommé Eternal Warrior qui vient lui aussi lui demander d'intervenir. Harada lui explique que son plan est déjà en action mais qu'il en est encore à la phase des préparatifs. Il a décidé d'envoyer l'équipe Unity sur place. Elle se compose de 4 psiots dont les noms de code sont Bomb, Mirror, Captain et Ether. En parallèle, le gouvernement anglais a commissionné son meilleur agent (moyennant une forte somme) sur place : Ninjak (Colin King). Bien sûr, Aric Dacia les attend de pied ferme dans son armure X-O Manowar, à proximité du vaisseau spatial des Vines dans lequel il est revenu.

C'est une figure obligatoire : dans tout univers partagé, l'éditeur doit proposer une série sur une équipe de superhéros. L'éditeur Valiant ne déroge pas à la règle et il confie cette tâche au scénariste Matt Kindt qui va par la suite développer la série de Ninjak, à commencer par Weaponeer, puis la série de miniséries Divinity. L'occasion de rassembler plusieurs personnages de l'univers partagé Valiant est toute trouvée : l'acte de guerre de X-O Manowar, au travers de l'invasion de la Roumanie et de l'annexion d'une petite partie de son territoire. La couverture annonce les séries concernées : Harbinger (la présence de Toyo Harada), X-O Manowar et Eternal Warrior. En 2013, Ninjak n'a pas encore sa série. Seuls les lecteurs de la série Harbinger (à commencer par Omega Rising) peuvent identifier le personnage féminin, à savoir Amanda McKee (nom de code : Livewire). Matt Kindt fait donc pour le mieux avec les personnages qu'on lui octroie. le lecteur de comics Valiant note l'absence de Bloodshot et de Shadowman, sans parler de celle de Quantum & Woody.

Le début du récit prend tout de suite à la gorge. Il s'agit d'une zone de guerre, vue par les yeux d'une journaliste, mais spécialisée dans la gastronomie. La tension est présente dès le début avec la menace très concrète d'un bombardement atomique et d'une guerre nucléaire en suite directe. le lecteur habitué des comics sait qu'il n'en sera rien (car pour durer, il faut qu'un univers partagé ne s'éloigne pas trop du monde réel), mais Matt Kindt sait faire en sorte que moyennant la dose de suspension consentie d'incrédulité la situation soit plausible. Il vaut mieux que le lecteur soit familier des séries X-O Manowar et Harbinger pour pouvoir prendre la mesure des paroles des personnages comme Aric Dacia et Toyo Harada, sinon l'influence de ces personnages risque de sembler démesurée et inexpliquée.

Matt Kindt maîtrise son intrigue de bout en bout. Il s'inspire du ton narratif de Joshua Dysart sur la série Harbinger, pour raconter un récit de politique fiction, mâtiné d'espionnage, avec des agents dotés de capacités extraordinaires. Les nations du monde ne peuvent pas tolérer le trouble de l'ordre mondial représenté par X-O Manowar et son acte d'invasion. Toyo Harada intervient pour préserver ses propres objectifs à long terme. Ninjak est un agent dépêché par le gouvernement du Royaume Uni. Les 2 autres (Gilad et Livewire) se retrouvent impliqués, soit par choix soit par cooptation. le scénariste prend son lecteur par surprise en introduisant une équipe entièrement composée d'autres personnages, qui porte le nom de Unity, déjouant toutes les attentes sur la constitution d'une équipe regroupant les personnages sur la couverture.

Ici, on n'est ni dans la série Avengers, ni dans la série Justice League, et il n'y a donc pas de raison de se sentir contraint à respecter les stéréotypes en vigueur dans les équipes de superhéros Marvel ou DC. du coup l'attention du lecteur s'en trouve réveillée, car il sait que le récit sort de la trame habituelle des superhéros s'unissant pour défaire un supercriminel surpuissant. Il constate également que ces individus dotés de pouvoirs extraordinaires agissent chacun en fonction de leur vision du monde : Gilad Anni-Padda conscient de la valeur de la paix, Toyo Harada pour qui la paix n'est qu'un moyen pour atteindre un objectif à beaucoup plus long terme, Ninjak exécutant la mission pour laquelle il est rémunéré en essayant d'éviter trop de pertes en vie humaine, Amanda McKee agissant du fait d'une forme de confiance partielle envers Harada. Il y a bien un fond d'altruisme chez certain mais ce n'est pas leur motivation principale.

Doug Braithwaite est un artiste qui a travaillé pour Marvel et pour DC, et à de nombreuses reprises pour Valiant aussi bien sur la série X-O Manowar, que sur la série Ninjak. Il détoure les formes avec un trait de crayon assez léger, assez sec, et des traits pas toujours jointifs. Cela aboutit à une apparence donnant parfois une impression de fragilité cassante, et des formes pas tout à fait assez consistantes. Cette façon d'envisager les dessins va de pair avec l'appui du metteur en couleurs pour que ce dernier donne du poids aux dessins. Effectivement Brian Reber utilise des teintes un peu sombres pour lester ces formes aux contours diaphanes. Il utilise des variations dans une même teinte pour donner un peu de volume à chaque surface. Par contre il ne va pas jusqu'à représenter des détails qui n'y sont pas, par le biais de formes dessinées en couleurs, sans contour. Il n'y a que lorsque qu'il se charge des effets spéciaux (par exemple pour les explosions) qu'il ajoute des informations visuelles (autre exemple le coucher de soleil dans la dernière page de l'épisode 4).

En fonction des pages, le lecteur peut donc parfois ressentir comme une dissonance visuelle entre des personnages délicatement détourés, et leurs actions tout en force pleines de bruit et de fureur. À part cette caractéristique parfois déstabilisante, l'artiste réussit à concilier les éléments hétéroclites du récit, dans un tout visuel cohérent. Contrairement à toute attente, Gilad Anni-Padda n'est pas ridicule ou trop déplacé dans sa tenue médiévale, aux côtés de Toyo Harada en costume cravate. le costume de Ninjak reste fonctionnel, malgré ses détails un peu baroques. Ninjak n'est pas ridicule en se servant d'une épée, face à un individu bardé dans une armure résistant à tout. Les scènes d'action sont spectaculaires à souhait, mettant bien en lumière la force brute dont dispose chaque personnage. Braithwaite sait introduire de la variété visuelle avec des compositions de page complexes quand la séquence le justifie. Il prend le temps de représenter les particularités des environnements pour leur donner de la consistance. Il n'y a que dans le quatrième épisode où le lecteur ressent comme de la précipitation, les décors se réduisant de plus en plus à quelques vagues traits en fond de case.

A priori le lecteur de comics Valiant apprécie surtout leur diversité et l'absence d'obligation de lire plusieurs séries pour pouvoir en apprécier une complètement. Il part donc avec un doute sur le bienfondé de créer une équipe de superhéros dans l'univers partagé Valiant, une démarche trop similaire à celle de Marvel avec les Avengers, ou de DC avec la Justice League. Il constate dès le premier épisode que Matt Kindt ne régurgite pas les schémas narratifs tout faits et éculés des Avengers ou de la Justice League. En fait dès le premier épisode, il prend le lecteur par surprise en mettant en scène une équipe Unity dont ne fait partie aucun des personnages présent sur la couverture. Ensuite il colle de très près à la tonalité narrative des séries en place, et installe un suspense alors même que le lecteur sait très bien qu'il devra rendre les personnages dans le même état que celui où il les a pris. Doug Braithwaite réalise des dessins plein de force, faisant croire à la coexistence dans une même réalité de ces personnages hétéroclites, malgré des dessins un peu trop éthérés le temps d'une case ou deux. 4 étoiles pour un bon thriller, entre politique et espionnage, mâtiné de capacités extraordinaires.

Critique commune pour :
- XO Manowar, Tome 5 : En Guerre contre Unity
- Unity, Tome 1 : Mort au Roi

Si je fais une critique commune pour ces deux tomes, c'est tout simplement parce qu'il s'agit d'un crossover entre les deux série et que les deux tomes se lisent en parallèle.

Dans le tome 4 de XO Manowar, Aric a ramener libérer son peuple de l'esclavage des Vignes et les ramènent la ou il pense qu'est leur place.
En Roumanie, anciennement Dacie à l'époque des Wisigoth.

S'il ne font de mal à personne en s'installant et en faisant simplement cultiver la terre pour vivre paisiblement en communauté, le fait qu'un vaisseau extraterrestre atterrisse sur Terre et s'approprie un territoire n'est pas vu d'un bon oeil par tout le monde.

Cette installation va créer une guerre entre le peuple d'Aric et les pays proches, avec la Russie en tête de proue.

Pour éviter que cela dégénère en guerre atomique, un groupe de surhomme va devoir intervenir, Unity !

A noter que si le tome 1 de Unity peut être lu indépendamment, ce n'est pas le cas du tome 5 de XO Manowar qui est bien trop lié a ce "mini event".