Dans son livre «
Les services secrets russes, des tsars à Poutine », l'historien
Andrei Kozovoï fait découvrir au lecteur l'importance du renseignement dans l'appareil d'état et de pouvoir de la Russie et de ses dirigeants. On y trouve une masse considérable d'informations. Les renseignements sont adoptés et renforcés dès la naissance de l'Etat russe par
Ivan le Terrible.
Catherine II n'est pas de reste. Si les acquis sont importants pour le pays. On citera notamment leurs actions décisives lors de la défense du pays face aux troupes napoléoniennes, l'acquisition des méthodes de fabrication de l'arme nucléaire, le jeu dans la défaite des États Unis lors de la guerre du Vietnam, la course à la cyber-guerre des années 2010, etc… Mais on y apprend en même temps de nombreux couacs et bévues dont le plus notable est l'assassinat raté de Navalny qui avec une équipe de journaliste arriva à piéger ses bourreaux comme des bleus.
L'ouvrage de Kozovoï, très documenté nous fait parcourir la grande histoire du monde moderne, façonnée par l'affrontement des hyper puissances, par le prisme de ses combats secrets, souvent violents, pétris de mensonges, de trahisons, de manipulations, de chantages et de désinformations.
L'auteur a une plume magnifique, arrive par ses fulgurances de style à nous faire sourire alors même que nous tournons les pages des affaires les plus sordides de notre histoire.
Russe d'origine, de parents poètes ayant fui la Russie soviétique, né à Paris,
Andrei Kozovoi n'a pas baigné dans un certain milieu universitaire français, admirateur à ses heures du grand idéal socialiste du « grand frère voisin », ce qui lui donne une grande indépendance d'appréciation et d'esprit.
On y découvre par exemple un
Georges Marchais finalement très indépendant du soviet suprême, et doté d'une grande force de caractère face au « grand frère ».
L'ouvrage se termine par une anthologie du cinéma d'espionnage Américain, mais également russe qui donne envie de se précipiter sur les dernières séries du genre.
Mais surtout, on y voit une Russie moins puissante qu'elle n'en laisse paraître, qui devrait peut-être une fois pour toutes, regarder en face les drames de son histoire.
Jean d'Albis