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EAN : 9782213625072
749 pages
Fayard (01/02/2008)
3.93/5   7 notes
Résumé :

Je vous salue, Thérèse, femme sans frontières, corps physique érotique hystérique épileptique, qui se fait verbe qui se fait chair, qui se défait en soi hors de soi, flots d'images sans tableaux, tumultes de paroles cascades d'éclosions, jumeau du Christ, c'est Lui au plus intime de moi, moi Thérèse, femme d'affaires, fondatrice, jubilatrice, mourir de ne pas mourir c'est écrire, une sorte de demeure,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Lors d'une visite à un Emmaüs du Tarn-et-Garonne (Lavilledieu du Temple pour être plus précise), je n'ai pu m'empêcher d'acheter ce gros livre "Thérèse mon amour : Sainte Thérèse d'Avila". 700 pages.
Bien sûr ce fut une sottise.
(Je m'en doutais...)
Au fur et à mesure que passent les années, j'ai de moins en moins de temps à consacrer à ce type d'ouvrage.
Je l'abandonne tout net à la page 104 après en avoir parcouru des extraits de loin en loin.
Certes Madame Kristeva est quelqu'un de brillant, et elle fait en sorte qu'on s'en rende compte : grande voltige avec pléthore de noms à travers les spiritualités et les philosophies, on en a le vertige. Dense tissu d'érudition qui embrasse si large qu'on ne peut qu'avoir le soupçon qu'il y a trop de raccourcis, d'amalgames (comme on dit aujourd'hui) et sans doute au final pas mal d'inexactitudes : ça virevolte, ça étincelle de partout, c'est assené avec un didactisme un peu "bas-bleu" (je détourne le sens de ce mot misogyne pour l'adapter à l'excès d'aparté à visée pédagogique dans un roman : pourquoi ne pas avoir choisi l'essai ?).

Après cette administration de la maëstria de l'auteure, on est entraîné dans le quotidien de sa narratrice, dans ses amourettes avec son éditeur (c'est bien commode quand on a un livre en gestation) et ses considérations pleines d'empathie pour ses patients (car elle est psychologue).

Puis on passe à Thérèse, que notre héroïne est justement en train de lire, les vapeurs de la Sainte mettant de la magie dans sa vie : ah ! que ça scintille là aussi ! Un souffle un brin hystérique (en matière de mysticisme, ça ne peut pas faire de mal ) emporte l'auteure, qui, même si elle se déclare agnostique, montre qu'elle n'est pas obtuse : on a une exquise sensibilité, on sait vibrer comme la corde d'un violon.

Très bien.

Pour finir, la psychanalyse... ah Lacan... Tout ce jargon est horriblement daté, on a envie de dire à Madame Kristeva que les patients ne sont pas là pour jouer aux devinettes, qu'ils sont souffrants et que la souffrance c'est sérieux (Je ne doute d'ailleurs pas que dans la vraie vie elle ne fasse son possible avec dévouement : je parle ici du livre).

Je ne sais ce que deviendra la psychanalyse dans les prochaines années, Kristeva elle-même admet qu'elle est en perte de vitesse et remplacée de plus en plus par les thérapies comportementales - hum décidément, je ne crois en rien, ni en la psychanalyse, ni en ces trucs à la mode : EDMR, fausse hypnose et tutti quanti -

En quoi crois-je ? Croâ croâ…

Que me pardonnent ici ceux qui ne partagent pas mon avis sur ces thérapies : erreur pour les uns, vérité pour les autres.

En acquérant ce livre de Julia Kristeva, je cherchai le bâton pour me faire battre : je me tournerai désormais vers des ouvrages peut-être plus austères, moins attractifs, mais plus sérieux.

Pour terminer, on ne peut nier un vrai talent d'écriture. Dommage de le noyer dans l'histrionisme.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
« Racontons [hagamos cuenta] pour mieux comprendre... »

THERESE D’AVILA, Le Château intérieur.

Ah, le jardin, paradis des rêveurs, des astronomes persans, des poètes amoureux, des quêteurs du Graal, de Béatrice, de Molly Blum, des fleurs... Vous aussi, Thérèse ? « Libertin comme une tulipe ! à la fois infidèle et croyante ! » (Omar Khayyam) ; « Ô fleurs perpétuelles / de la liesse éternelle, qui faites / Qu’en un parfum je sens tous les parfums » (Dante) ; « Mignonne, allons voir si la rose » (Ronsard) ; « Donne-moi la fleur. Je connais un talus où s’épanouit le thym sauvage, l’oreille d’ours et la violette inclinée » (Shakespeare) ; « J’ai puni sur une fleur l’insolence de la nature » (Baudelaire) ; « Rose, ô contradiction, volupté de n’être le sommeil de personne sous tant de paupières » (Rilke) ; « Quoique traversée de téléphones, de journaux, d’ordinateurs, de radios, de télévisions, je peux regarder ici, tout de suite, des dizaines de papillons blancs butinant des roses sur fond d’océan. Seule triomphe l’Oeuvre, immense fleur » (Sollers).

Je reviens au jardin des béguines, qui fut bel et bien un jardin : joie, ravissement, rose mystique où triomphe une extase défiant les mots. Mais il est surtout secret et muet — de l’autre côté de la passion de l’homme, une simplicité de fleurs, émaux et camées, fils colorés tressant des figures. Une géométrie du sensible, métaphores du corps morcelé saisi par une pensée avant la pensée. Gouttes rouges de ton sang, de mon sang, battements intimes de mon être, balises de l’Être. Nature ou abstraction, cette décoration se dérobe aux arguties des humains : en deçà ou au-delà de l’anthropomorphe, elle manifeste la simplicité d’une communion avec le cosmos aussi bien qu’avec la culture dans ce qu’ils ont de plus rudimentaire, de plus rebelle à l’interprétation. La simplicité de ces fleurs, de ces pierres, de ces tapisseries n’est pas « pauvre », mais sa richesse a l’immédiateté d’une évidence qui suspend le commentaire. Elle ne discute pas avec le bonheur ou le malheur, elle se contente d’apparaître, d’indiquer ce qui sera pour vous — visiteurs ou interprètes — une série de questions : « que signifie ce bouquet ? » ; « d’où vient cette pierre ? » ; « à qui appartient ce blason ? » ; « pourquoi cette pluie de sang détachée de sa source ? » Ici, face à face avec le tapis de fleurs, quelque chose demeure secret, non par souci de se cacher, mais parce que la rose d’Angelus Silesius est sans pourquoi.

Pourtant, lorsque le reliquaire accumule les flacons et les étuis, lorsque le jardin secret bourgeonne de fleurs réservées ou écloses, le secret commence à se trahir : il avoue — presque — sa doublure sexuelle, l’image d’un corps qui s’exhibe ou, au contraire, se punit pour enfin mériter le jardin, l’Eden.

L’amour mystique de ces femmes qui nous ont précédés aurait connu — si l’on en croit les tableaux et objets présentés dans ce catalogue qui me restera de Bruno - des passions paroxystiques, des dédoublements insoutenables, des intimités partagées et cependant indemnes. Elles ont trouvé dans l’amour mystique un continent — un continent-contenant — à la fois externe et interne aux sociétés laïques et religieuses de leur temps. Elles sont cloisonnées des uns et des autres, non pour échapper à l’exclusion, à l’horreur ou au mal, mais pour mieux les affronter, les consommer en se consumant. Tel fut le chemin de leur bonheur.

Le jardin de Thérèse est tout autre. Pas vraiment « poétique », comme chez les maîtres de l’érotisme floral, ni même « contenant », comme dans les enclos des béguines. Les fleurs n’y sont que mentionnées, sans plus, elles n’ont pas de noms bourgeonnants pour Thérèse. Ni pétales, ni plumes, ni ailes, ni perles, aucun bric-à-brac agricole, horticole ou ménager. Vision d’intellectuelle avant la lettre ? Réminiscence de la sèche terre castillane ? Pas seulement. Du jardin, l’écriture de Thérèse ne recueille - car elle ne désire - que l’abondance de l’eau, et une seule fleur : son corps à elle. Noyée dans les ondes électriques de son cerveau épileptique, ou imbibée de la peau aux entrailles par la nuée du divin Epoux, cette femme n’écrit qu’un seule jardin qui vaille, celui des sensations élucidées : le jardin de son introspection à l’infini, avec l’Infini ; La fleur devient alors un chemin de perfection qui ne cesse d’explorer les demeures du château translucide qu’elle est aussi. Une fois installée dedans — dans la fleur, le chemin, le château — la plume à la main, l’auteur va monter en carosse et en charrette, elle prendra les rênes d’un cheval, d’un âne, qu’importe. Pour conquérir l’austère terre d’Espagne et en faire un autre jardin, physique et politique celui-ci, le jardin de son Carmel réformé.
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« Frère Jean ! Tu m’as peinte laide et chassieuse, Dieu Te pardonne ! » La Madre a soixante et un ans, elle n’aime pas le portrait que Jean de la Misère a fait d’elle en 1576. [...] La carmélite a beau préférer son château intérieur, elle ne néglige pas les apparences. Je la trouve tout de même injuste avec son peintre. Cadré par une toque blanche au dessous du voile noir, son visage frais trahit le goût de la bonne chère. Un long nez fin allège l’ovale mou de la soixantaine passée. Les lèvres serrées disent la volonté de la fondatrice, l’autorité de la « femme d’affaires », devenue experte en opérations immobilières et en tractations ecclésiastiques. Et les grands yeux, passablement asymétriques, brillent d’une intelligence instiable, interrogative. Thérèse crève la toile du peintre comme d’autres crèvent aujourd’hui l’écran. Aucune trace d’abandon, de ce dejamiento lascif qu’on lui envie ou dont on l’accuse, et qu’il lui arrive de revendiquer elle-même dans son union avec l’Epoux. Visiblement cette religieuse pense : son regard questionne et, n’y aurait-il ses mains jointes en prière, j’y lirais presque un reproche, sinon une méfiance qui défie l’Au-delà vers lequel ses yeux sont tournés. « Qu’est-ce qui va encore me tomber dessus ? Souffrir pour souffrir, on verra ce qu’on verra ! » — voilà ce que me disent les prunelles vives. Cette femme robuste, malgré tous ses maux, semble bien connaître Celui d’en haut, invisible ici et maintenant pour moi qui scrute le tableau, étrangère à leur échange. Elle Le fixe non sans crainte et cependant prête à Lui tenir tête. Velazquez (est-ce bien Velasquez ou un anonyme ?) s’empara de cette attitude pour peindre à la sainte ce regard de charbon qui écoute et écrit plus qu’il ne voit. En revanche, un soupçon de sensualité flotte sur le sérieux des lèvres vues par Jean de la Misère [1]. Est-ce pour cela que la colombe du Saint-Esprit préfère concentrer son attention sur les mains en prière ? Combien de femmes y aurait-il en Thérèse de Jésus ?
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Dieu nous aime joueuses, mes filles croyez-moi, Jésus aimait les femmes, pourquoi cet effroi à notre égard chez les docteurs, oui, échec et mat à Dieu aussi, oui oui, Thérèse ou Molly Bloom, enfin je ne sens plus rien, je me coule dans l'eau du jardin, on s'écoule, je ne fais que jouir, les âmes qui aiment voient jusqu'aux atomes, mais oui, pour une âme comme la mienne tout est oui, elle voit jusqu'aux atomes infinis qui sont des atomes amoureux, les philosophes ne s'en doutent pas, ils deviennent lettrés, ils redoutent vos sensations, les meilleurs se font mathématiciens, ils apprivoisent l'infini, et pourtant c'est aussi simple que ça, mais oui, métaphores transmuées en métamorphoses, à moins que ce ne soit le contraire, mais oui, Thérèse, oui ma soeur invisible, extatique, excentrique, hors de vous en vous, hors de moi en moi, oui Thérèse mon amour, oui.
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Extrait de l’autobiographie de Sainte Thérèse, Le Château intérieur :

« J’ai vu dans sa main [de l’ange chérubin] une longue lance d’or, à la pointe de laquelle on aurait cru qu’il y avait un petit feu. Il m’a semblé qu’on la faisait entrer de temps en temps dans mon coeur et qu’elle me perçait jusqu’au fond des entrailles ; quand il l’a retirée, il m’a semblé qu’elle les retirait aussi et me laissait toute en feu avec un grand amour de Dieu. La douleur était si grande qu’elle me faisait gémir ; et pourtant la douceur de cette douleur excessive était telle, qu’il m’était impossible de vouloir en être débarrassée. L’âme n’est satisfaite en un tel moment que par Dieu et lui seul. La douleur n’est pas physique, mais spirituelle, même si le corps y a sa part. C’est une si douce caresse d’amour qui se fait alors entre l’âme et Dieu, que je prie Dieu dans Sa bonté de la faire éprouver à celui qui peut croire que je mens. » (Chapitre XXIX, 17e partie)
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« Le visage renversé d’une femme endormie, à moins qu’elle ne soit déjà morte de plaisir, bouche ouverte, porte avide d’un corps vide que remplit sous nos yeux un bouillonnement plissé de marbre... Vous vous souvenez certainement de cette sculpture du Bernin, la Transverbération ? L’inspiratrice de l’artiste, c’est Teresa de Ahumada de Cepeda (1515-1582), en religion Thérèse de Jésus, plus célèbre sous le nom de sainte Thérèse d’Avila. En pleine Renaissance, son amour de Dieu vibre à l’intensité du beatus venter que connaissait déjà Maître Eckhart. Ses convulsions extatiques en feront une icône somptueuse de la Contre-Réforme. Une possédée à la manière de Dostoïevski, mais baignant dans les eaux du désir, et non dans les larmes comme Marie-Madelaine, car elle rejoint corps et âme le corps absent de l’Autre. « Où est-Il, où L’a-t-on mis ? » s’inquiétaient les saintes femmes au Golgotha. »
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