Joker of Destiny, tome 3

Si j'ai voulu lire Joker of Destiny, c'est avant tout pour la présence de Mizu Sahara aux dessins et force m'est de constater que son absence au scénario se sent tout particulièrement dans cet ultime opus qui fini un peu en queue de poisson. 

Si j'ai aimé la dualité entre un destin souhaité mais pas forcément dans la forme qu'il prend et le travail que nous devons tous fournir pour obtenir ce que l'on souhaite, le message est quand même pas mal brouillé sous pas mal d'effet de manche de la scénariste. Ce dernier tome est donc à la fois fort intéressant dans son propos et poussif dans sa mise en forme. 

Le virage que la série a pris lorsqu'un vieux mangaka has been a été confié à Kiwa, notre héros mollasson, a été une belle idée, même si cela a donné un caractère épisodique à la série. J'ai aimé suivre les déboire de Tomita, ce mangaka qui fait reposer son succès sur une déesse et donc sur une crise de foi mystique, tout comme son absence de succès actuel. Les mangaka montrent ainsi la place de la superstition, encore, dans nos société modernes et la façon qu'on peut avoir de se dédouaner dessus quand ça nous arrange. 

Les relations entre les personnages ont ainsi gagné en force à travers cet épisode choisi pour développer l'histoire. On n'est plus juste sur une romance au début et un héros qui cherche à impression celle avec qui il est en couple. On est plus sur une crise de foi et une crise d'inspiration, ce qui relie peut-être le titre à un vécu d'auteur de la part de Michiharu Kusunoki. On sent d'ailleurs une légère critique du milieu dans sa façon de gérer auteur, succès et baisse de régime. C'est assez grinçant. 

Mais c'est surtout, le rapport de l'un des personnages : Yuri, à cet homme qui est fut intéressant. Avec un complexe d'Electre en puissance, celle qui fut la fille de la compagne du mangaka a une relation ambiguë à celui-ci et à son art qu'il est intéressant d'analyser sous la houlette des autrices. On est encore la fascination / répulsion, entre l'amour / rejet, entre la figure de père voulu ou de l'amant qu'on refuse de reconnaître. C'est dérangeant à souhait. 

La mise en scène très sombre et malaisante des autrices fait mouche. J'ai aimé la montée de tension, le malaise prégnant à tous les coins de pages et l'attente du dérapage qui bien sûr survient. Elles ne se sont pas dérobées et c'est tout à leur honneur. Ce fut très intéressant de voir comment elles ont lié tout l'aspect mystique à leur histoire sous couvert de personnages manquant cruellement de confiance en eux et en cherchant de manière biaisée grâce à la foi. 

Cependant, il faut aussi reconnaître que l'ensemble donne un sentiment de trop peu. La fin est particulièrement frustrante car la décision finale du héros sort un peu de nulle part, même si on pourra prétexter l'aboutissement d'une fatigue générale et une sorte de métaphore de l'état dépression où on repousse tout le monde tant on va mal. J'ai surtout eu l'impression d'un gros gâchis et d'une grosse pirouette pour une histoire qu'on ne savait comment conclure. Cela donnait un temps l'impression d'un premier épisode et du retour possible d'un second avec à nouveau cette figure de dieu tutélaire au centre mais la porte est rapidement et maladroitement fermée. Dommage. 

La série a démarré bancalement pour moi, elle se referme un peu de la même manière, avec entre les deux une histoire saisissante sur la création artistique et la figure de la muse. Malgré tout, j'ai beaucoup aimé cette courte série pour la place et la couleur qu'elle a accordé au fantastique. C'était fort intéressant de mêler croyance et confiance en soi, malédiction et travail à faire sur soi. Je regrette juste cette narration brouillonne, ce héros un peu falot et cette conclusion abrupte.
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C'est enfin la fin de cette série tant attendue et redoutée à la fois. Comme entre le tome 1 et le tome 2, elle opère un volte-face. C'est cette fois-ci Yuri Kawashina qui fait la couverture. Nous aurons les dernières révélations et pièces du puzzle manquantes. Nous interrogeons encore une fois les voeux, les désirs, le prix à payer, tout en continuant notre histoire, entre autre ce mangaka qui a eu un jour du succès mais n'est plus que l'ombre de lui-même et a un comportement des plus douteux.
Nous aurions pu continuer quelque part, ce dernier tome laisse un goût amer voire d'inachevé, mais c'est peut être voulu ainsi aussi, cela va bien avec le cynisme implacable dont peut faire preuve la société. Nos interrogeons la chance, la malchance, le bonheur, le malheur, les rencontres, comme tout peut changer du jour au lendemain, comme on peut bénéficier du succès d'un autre ou comme on peut le jalouser. Et cette avidité et cupidité qui peuvent transformer un homme en monstre, tordre ses traits, etc.
Kiwa Ogata réfléchit à sa vie, ses choix, ce qu'il a obtenu par son prétendu pouvoir. Il continue à enquêter, mais finalement plus avec Mahiro, et ne veut plus la mêler à tout cela.
Il semble le seul à vouloir encore sauver Haruki Tomita, et peut-on dire qu'il le mérite ?
Quelque part, il y a vraiment de quoi faire peur, les choses de la vie tiennent à tellement pas grand chose. Après quelque chose de brutal, il faut pourtant continuer à vivre.
Ce tome apporte les dernières réponses, poursuit la réflexion sociétale, et nous fait très mal, tout en nous laissant un arrière goût une fois arrivée à la fin.
Mais oui, c'est une série à lire, ne serait-ce que pour les différentes réflexions abordées. Un autre personnage permet également d'étendre la réflexion sur ce don ou malédiction, ainsi que toutes les différentes interactions que nous aurons au cours de notre lecture avec les différents personnages croisés.

Vous faites des souhaits parfois ? Vous attendez-vous à ce qu'il soit constamment exhaussé ?
Kiwa, le héros de Joker of Destiny semble avoir un don particulier. Dans sa vie, à chaque fois qu'il a souhaité quelque chose, son voeu s'est réalisé. Cela pourrait être vraiment génial, si à chaque fois il ne devait pas payer une contrepartie.
La première fois il s'est fait voler son vélo, la seconde son père a été blessé… Mais cela ne l'a pas empêché de refaire une dernière demande quand il a rencontré Mahiro… Il a voulu pouvoir être avec elle et pour que cela se réalise son chien est mort…
Aujourd'hui adulte, il vient de terminer ses études mais peine à trouver un travail. Il est toujours en couple avec Mahiro qui désespère de le voir toujours aussi négatif sur son avenir.
Un soir, qu'elle lui propose de venir travailler dans sa boîte, il va lui confier son secret… Au début, réticente, elle va finir par le croire quand il va décrocher un job sans effort… Mais quel va être le prix pour avoir décrocher ce travail ? Jouer avec l'ordre des choses finira-t-il par avoir de lourdes conséquences ?
Le pitch m'avait intriguée et j'avoue avoir été séduite par cette série courte qui nous propose de nous interroger sur la vie. En nous dressant le portrait de cet homme qui refuse d'utiliser son don au détriment de ses proches, l'auteur nous interpelle sur la notion de chance, de mérite et de responsabilité.
Par la suite, quand Kiwa va être influencé par l'avis de sa petite amie petit à petit un changement va s'opérer en lui. J'ai trouvé ça bien fait et un suspense s'installe progressivement jusqu'à nous faire languir de connaître la suite !
Si vous aimez les séries courtes à suspense et si vous pensez que dans la vie rien n'est dû au hasard ça devrait vous intéresser !
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J'avais très envie de connaitre le dénouement de ce manga qui surfe sur le fantastique, l'horreur et le drame social. J'ai refermé ce dernier volume avec une certaine frustration. Si on comprend des choses, d'autres restent vraiment très flous, enfin pour moi. Même les différentes révélations et les rebondissements ne permettent pas de tout saisir. Ce côté un peu ésotérique et sibyllin, je me doute que c'est fait exprès, mais j'avais envie d'avoir une explication plus rationnelle. Ce qui n'est pas le cas ici.

Suite aux derniers rebondissements, Kiwa va faire des choix que j'ai eu du mal à comprendre, et si on sent la volonté de l'auteur de vouloir montrer que malgré tout, rien ne change vraiment et que, dans un bon récit d'horreur, eh bien, il n'y a jamais vraiment de happy end. Là, je dirais surtout que ça laisse une fin ouverte à l'imagination des lecteur.ice. s.

Dans l'ensemble, j'ai tout de même apprécié ma lecture même si j'en attendais autre chose. Si je suis déçue par cette fin et des choix que le héros fait, j'admets que cela plaira sans doute à d'autres. Quoi qu'il en soit, il est indéniable que cette petite série fut plaisante à lire et puis avec les dessins signés Mizu Sahara, cela ne pouvait que me plaire.

De fait, je ressors mitigée. Je suis contente d'avoir découvert ce titre, mais je m'attendais clairement à autre chose pour la fin de cette série.
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