Sur le versant

Un album certainement à classer dans les romans illustrés, ce titre devrait plaire aux pré-ados.
C'est un premier pas vers le grand récit d'aventure en poche et avec plus de pages.
" Sur le versant" donnera le goût du voyage et trois fois le goût de liberté.
C'est une envie irrépressible, un caprice délicieux, qui nous seront inspirés par une jeune fille, un loup et un aigle royal.
Chacun est lié à la vie mongole de la tribu de la jeune Suren.
Kacip la louve blanche est une proie, sa peau donnera chaud.
Bala l'aigle royal est un moyen de traquer cette proie, il sera les yeux à travers le ciel, à travers les tempêtes de neige.
Et Suren?
Suren est un maillon essentiel à la tribu, un des éléments féminins qui prendront soin du foyer, assisteront les mâles chasseurs.
Mais Suren est plus intéressée par la chasse, de voir ce que voient les chasseurs quand ils partent dans la grande nature blanche, que de rester à préparer les repas.
Son père ne cessera de lui dire qu'elle n'a pas le coeur d'un chasseur, elle ne peut donc pas avoir le privilège de les accompagner à travers la tempête qui se déchaîne.
L'auteure Hélène Gloria n'appuiera pas plus que de mesure sur la place des filles et des garçons, subtilement, elle nous fera comprendre ce qui fait de Suren un esprit libre et indépendant.
Beaucoup de qualités se révéleront par la suite.
Cet idée trouvera son écho avec les deux autres animaux qu'elle protégera de la tempête.
En effet, nous comprendrons facilement pourquoi un aigle royale décide de ne pastevenir un jour de sa mission.
Nous nous douterons de la vie d'une louve blanche qui adore les grands espaces et doit se nourrir.
L'explication est dans la nature et souvent, la nature se montre contrariante mais généreuse.
Le père de Suren le comprendra t-il lorsqu'il voudra remettre la main sur son aigle perdu et sur une belle louve blanche tandis que sa fille fera mur entre lui et les animaux?
C'est un album au ton philosophique, qui prendra acte intelligemment des contingences d'une vie rude dans la nature, mais aussi des volontés fortes des "hommes" d'être selon leur désir dans des sociétés très codifiées et cadrées.
Nous ne sentons pas de vraies rupture avec la tradition, Suren se servira des leçons de son père pour se protéger de la tempête et afin d'appréhender les animaux sauvages.

Les illustrations de Delphine LaBedan sont chouettes et la neige y sera au final plus douce que mordante.
Un récit où les jeunes aventuriers masculins et féminins s'y retrouveront tout autant.

En Mongolie, Suren, la fille du chef nomade, rêve de chasser, comme les hommes, avec un aigle. Mais son père s'y refuse. Sa place est à la yourte avec les autres femmes ! Cependant, la prophétie d'un chamane va faire tomber cette certitude. Dès lors, la jeune fille, têtue, s'échappe sur son cheval et nous embarque dans une chevauchée sauvage sur les hauteurs de l'Altaï, durant laquelle elle fera des rencontres déterminantes.
À la beauté du conte, complètement dépaysant, s'ajoutent la plume très poétique et la splendeur des illustrations qui nous propulsent dans les montagnes mongoles. le jeu des regards entre la jeune fille et les animaux est hypnotique et rend hommage aux liens qui les unissent tout en accentuant le caractère moralisateur* propre aux fables et aux contes.
Il me rappelle à chaque lecture qu'une femme ne devrait pas se laisser brider, jamais, si la liberté vient à elle comme la neige et le vent, à l'image de Suren partie chasser à travers l'Altaï à dos de cheval.
*à la dimension positive.