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EAN : 9782072834035
544 pages
Gallimard (16/05/2019)
3.25/5   4 notes
Résumé :
L’événement que l’historien Pierre Laborie (1936-2017) nous aide à penser est celui, majeur, de Vichy, de l’Occupation et de la Résistance, tel que les Français l’ont vécu au jour le jour, sans savoir ce que seraient les lendemains. Pour ce faire, il convient de se débarrasser au préalable d’innombrables idées fausses induites par les usages politiques et mémoriels de cette période et qui, à force d’être répétées, ont pris valeur d’évidences.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
S'il est vrai que l'histoire est centrée sur l'Homme, nul n'est fondé, quelle que soit sa sensibilité, à prendre position a posteriori sur le comportement qu'il aurait adopté face à des événements du passé. Surtout lorsqu'on aborde une période aussi noire que ce qu'a pu être celle de l'occupation de notre pays pendant la seconde guerre mondiale. Période dont l'historien Pierre Laborie était un spécialiste.

Aussi précise que soit la connaissance de faits du passé, se positionner par rapport à ceux-ci suppose d'une part la maîtrise du contexte psychologique de l'événement dans le vécu intime de la personne, d'autre part, et à l'inverse, l'abstraction de l'acquit du futur de l'événement qui pervertit de facto l'appréciation que l'on peut en avoir.

Le contexte d'un événement, c'est cet environnement fait de tant de données sociologiques, culturelles, économiques, philosophiques et d'autres encore, qui permettent à la personne d'appréhender les circonstances dans lesquelles se produit l'événement. Elles sont aussi conditionnées par la personnalité propre de celui qui vit l'événement, laquelle implique sa capacité à endurer la souffrance, la peur, la mort, le chagrin quand il s'agit d'événements dramatiques. Et tant d'autres paramètres qui déterminent la représentation mentale des événements dans l'instant où ils se produisent et interdisent à quiconque d'affirmer aujourd'hui : moi j'aurais fait ceci…

Nul ne peut donc dire aujourd'hui si le 10 juin 1940 il aurait été rassuré par le héros de Verdun ou conquis par le traitre de Londres. C'est à dessein que j'affuble de Gaulle de ce statut. C'est comme ça que nombre de Français ont pu le percevoir, tant la personnalité de Pétain était porteuse d'espoir dans le traumatisme de la défaite fulgurante que venait de subir notre pays. Nombre de nos aïeux avaient en effet la hantise de voir se reproduire la "saignée monstrueuse" de 1914-1918. Alors que, qui voudrait qualifier de Gaulle de traître aujourd'hui. Raison appartient au vainqueur. Bien malin qui, le 10 juin 1940, pouvait désigner le vainqueur.

Penser l'événement est cet exercice que nous proposent Cécile de Vaast et Jean-Marie Guillon qui ont réuni dans cet ouvrage des textes de Pierre Laborie. Un exercice en forme de mise en garde à l'adresse de tous ceux qui seraient tentés de refaire l'histoire en se positionnant eux-mêmes par rapport aux événements, avec d'autant moins de scrupules qu'ils en ont une piètre connaissance.

Pierre Laborie s'interrogeait aussi sur le rôle de l'historien, sa responsabilité dans la relation des événements et le niveau de connaissance et d'implication qu'il peut transmettre à ses auditeurs pour tenter de les détourner ainsi du plus grand écueil de la relation historique : l'anachronisme de pensée.

Masse critique en forme d'auto critique, j'avoue humblement avoir présumé de mes forces en optant pour pareil ouvrage. Il regroupe de la part de ceux qui l'ont constitué après la disparition de Pierre Laborie tant de résultats d'une vie d'étude, d'interventions dans des conférences au plus haut niveau, de parutions, lesquels donnent à la discipline sa dimension philosophique. Une érudition et une hauteur de pensée qui font que cet ouvrage s'adresse à mon sens plus au préparateur de thèse qu'au modeste fervent d'histoire. Nourri qu'il est aujourd'hui par l'acculturation moderne d'un saupoudrage de faits historiques servis à grand renfort de superlatifs, en quête de sensationnel. Porté qu'il peut être alors à s'approprier l'histoire et tirer vanité de son évolution, même si cela passe par le nivellement de tous les événements au rang d'anecdotes, sans souci de discerner cause et conséquence.

Dans son étude du passé humain, avec son inlassable besoin de comprendre, l'historien est en lutte contre l'anéantissement. Mais, même s'il s'avère parfois abscons à l'amateur, il ouvre des pistes de réflexions nouvelles à son esprit. Alors, même si cette lecture n'a rien de la lecture détente, ne craignons pas d'élever le regard. Avis aux amateurs.
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Tout d'abord, merci à Babélio, à Masse Critique et aux Éditions Folio de m'avoir fait connaître cet auteur que je ne connaissais pas.
Il s'agit d'un regroupement de textes et d'articles du sociologue et historien Pierre Laborie, et c'est une oeuvre posthume.
Passionnée d'histoire, et plus particulièrement de la seconde guerre mondiale, je m'étais réjouie à l'idée de le lire, et j'ai été pour le moins déçue par cet ouvrage.
Beau livre, fort intéressant, qui présente des articles importants et inédits, j'ai trouvé l'écriture laborieuse et pénible.
J'y reviendrai à la fin.
Ce livre est structuré en 3 thèmes, avec présentation et sélection d'articles.
Le premier thème présente sa méthode et ses inspirations.
Le second, Les français dans la guerre, c'est le coeur de l'ouvrage.
Enfin dans le troisième thème, il invite à se méfier de certaines évidences, et de certaines notions.
Ce livre est un véritable panorama de son oeuvre, et avec une originalité de son apport à l'histoire.
Tout cela est bien joli, mais ne m'a nullement intéressé.
C'est compliqué, ardu, pénible, parfois incompréhensible, ennuyeux au possible.
C'est dommage, car cet écrivain est bien obscur, malgré ses quelques efforts pour être plus clair.
Pour dire vrai, ce fut réellement une lecture pénible.
Pourtant, ceux qui me connaissent savent qu'une lecture un peu ardue ne m'effraie pas.
Mais là, aucune étincelle, aucun appétit. Que de l'abscons.
À lire, pour les sociologues ou historiens, car je pense que c'est surtout pour les universitaires que ce livre a été destiné.
Dommage.
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Amis et disciples de l'historien Pierre Laborie, Cécile Vast et Jean Marie Guillon ont réuni dans un florilège divers articles de l'historien disparu en 2017, spécialiste de la période de Vichy et de l'Occupation. Là encore c'est le travail de l'historien à son établi : à la fois des articles éclairants sur tel ou tel aspect de la période (lettres pastorales de Mgr Saliège, archevêque de Toulouse et de Mgr Théas, archevêque de Montauban sur le traitement des juifs, le silence résistant, l'opinion et l'Épuration...) mais aussi discours de la méthode avec une réflexion sur le statut de l'événement, sa fabrication par rapport au passé, à son environnement, l'évolution de sa perception qui est au centre de l'écriture de l'Histoire.

"Comprendre n'est pas seulement chercher à savoir le pourquoi de tel ou tel agissement...C'est s"interroger sur le sens de ce qui est arrivé, d'abord pour le groupe social concerné par les faits observés... Les imaginaires sociaux, leur rôle et la place à leur donner sont étroitement liés à la question du sens et à la vision de l'histoire". (p.47)


Lien : https://diacritiques.blogspo..
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Excellent recueil posthume de l'historien de la Résistance Pierre Laborie, passionnant et essentiel, et qui étudie les problèmes posés par la Résistance, mais aussi Vichy, à l'historien, et aussi au citoyen. Laborie met bien en évidence la difficulté de définir la Résistance et ses contours. Il montre à quel point cet épisode est l'objet d'enjeux tactiques, politiques, mémoriels, et de tentatives de récupération dès sa naissance même (et dès la libération de Paris). Il situe la Résistance par rapport aux autres événements clé de la guerre, et à notre identité nationale bien sûr, et c'est donc une lecture instructive et fluide, ni trop technique ni trop simpliste, à recommander sans hésiter.
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critiques presse (4)
NonFiction
29 octobre 2019
Penser l'événement est un livre essentiel, à la fois sur l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi pour comprendre et analyser les méthodes d'un historien majeur de la période. Il permet de mieux connaître la personnalité de Pierre Laborie et de (re)découvrir une partie de son œuvre.
Lire la critique sur le site : NonFiction
LaCroix
24 juillet 2019
Un recueil posthume des articles de l’historien Pierre Laborie spécialiste français de l’Occupation et du régime de Vichy, décédé en 2017.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeMonde
05 juillet 2019
Une synthèse réussie et un recueil de Pierre Laborie (mort en 2017) restituent toute la complexité de l’Occupation et, en particulier, de la résistance à l’occupant allemand.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Liberation
04 juillet 2019
Un recueil posthume de textes de l’historien invite à dépasser la dichotomie du récit national français, soit collabo soit résistant.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
« L’historien et l’événement » rappelle d’abord les lignes de force méthodologiques de près de cinq décennies de recherche. Avec notamment le projet de direction d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (1998), exercice d’auto‑ analyse d’un historien en pleine maturité, on entre dans l’atelier d’un chercheur qui dévoile en partie son parcours, ses interrogations et ses influences. « Les Français dans la guerre » s’attache ensuite à décrypter dans leur diversité la complexité des attitudes ordinaires sous Vichy et l’Occupation. Dans un pays au territoire éclaté, enserré dans une chronologie bousculée par les traumatismes, les incertitudes et les espoirs, une palette nuancée de comportements collectifs irréductibles aux oppositions binaires se dessine. La mémoire de la Grande Guerre, l’effondrement de 1940, les rafles antisé‑ mites de l’été 1942, les maquis et la Résistance, la Libération et l’épuration… autant de réalités dont l’expérience directe ou indirecte forme la matrice d’une société en guerre. Enfin, « Écriture de l’histoire, récits et enjeux mémoriels » revient sur les conditions et les spécificités d’une histoire du très contemporain confrontée aux enjeux de mémoire, aux récits et aux discours qui fabriquent des images de plus en plus éloignées du savoir. Ainsi, avec « Le Chagrin et la Mémoire » (1981‑1983), article en chantier consacré à la réception du film documentaire Le Chagrin et la Pitié, Pierre Laborie indiquait déjà les voies d’un nécessaire travail de déconstruction des lieux communs sur les années 1940. Jamais publié, inédit, ce texte préfigure Le Chagrin et le Venin (2011).
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Video de Pierre Laborie (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Laborie
Opinion et comportements collectifs sous Vichy. Par Pierre Laborie, directeur honoraire d’études à l’EHESS, historien spécialiste de l’opinion publique sous le régime de Vichy.
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