AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782356879615
200 pages
Editions Le Bord de l'Eau (20/08/2023)
3.5/5   2 notes
Résumé :
« Je pense que c’est plus difficile d’être un homme qu’une femme nord-africaine en France. Pour plusieurs raisons. Notamment le fait que les hommes sont la source des problèmes pour les gens… ce qui fait peur aux personnes qui ont peur de moi ou des gens d’origine nord-africaine, c’est le fait que je sois un homme et que je sois capable de me battre contre eux, de prendre leur place, etc. Je parle de choses très physiques […] ou d’enlever quelqu’un de sa maiso... >Voir plus
Que lire après Les Intégrés : Réussites de la deuxième génération de l'immigration nord-africaineVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Après Les territoires gagnés de la république (2019), La femme est l'avenir du Golfe (2020), et Femmes, musulmanes, cadres (2021), Arnaud Lacheret publie un quatrième essai dans la droite ligne des précédents : Les Intégrés, réussites de la deuxième génération de l'immigration nord-africaine.
Revenu dans l'hexagone après avoir dirigé, au Bahreïn, la French Arabian Business School Gulf University, de 2017 à 2022, Arnaud Lacheret, Docteur en science politique, enseigne maintenant à la Skema Business School. C'est donc en France qu'il poursuit ses recherches, un travail plein d'enseignements à propos de la culture arabo-musulmane.
Quand j'ai vu le titre de ce nouveau livre, j'ai été très curieux de le lire car le problème de l'intégration de la seconde génération, des enfants nés en France de parents ayant quitté l'Afrique du Nord pour venir travailler dur dans notre pays, mérite d'être traité.
Le gros avantage de l'auteur, c'est justement son expérience dans le Golfe persique avec, déjà une enquête menée auprès de femmes issues de la bourgeoisie et ayant réussi à faire des études supérieures pour intégrer des postes importants dans le monde des affaires, ce qui était inimaginable auparavant.
Dans sa préface, Gérald Bronner, sociologue français réputé, salue le travail d'Arnaud Lacheret qui a interrogé soixante-dix femmes et hommes, sur leur réussite professionnelle en France et dans le Golfe.
Après avoir rappelé son parcours personnel, l'auteur détaille son travail sur huit chapitres et une conclusion. Comme le confirme une bibliographie impressionnante, il s'appuie souvent sur les enquêtes d'autres chercheurs comme Fabien Truong et Amélie le Renard, par exemple. Méthodiquement, il passe en revue tous les éléments prouvant l'intégration de ces enfants d'immigrés, tous issus de milieux populaires mais ayant réussi dans leurs études, privilégiant les écoles de commerce ou d'ingénieur, ce qui leur permet de gagner rapidement leur vie et d'exercer sur des postes à responsabilité.
Arnaud Lacheret ne néglige rien et son étude devient de plus en plus passionnante lorsqu'il compare les parcours par genre. Si les hommes sont habitués à voir satisfaire leurs moindres volontés au sein de la famille, les femmes doivent sans cesse composer avec l'autorité paternelle. Paradoxalement, ce handicap se révèle ensuite un avantage dès que les premières difficultés se présentent. Ce sont d'ailleurs ces filles qui font évoluer leur père, bien plus que leur mère qui se conduit comme gardienne des traditions.
Après avoir traité de l'intégration par le sport et du lien avec le pays d'origine, Arnaud Lacheret s'attache enfin au domaine religieux : religion ou culture ? Fort de son expérience dans le Golfe persique, il sait poser les bonnes questions et Leila (30 ans) affirme sa soumission à Dieu avec le port du voile. Samira (40 ans) parle de mode. Issa (47 ans) avoue enlever le voile pour faire la fête. Zara (49 ans) reconnaît porter le voile pour avoir la paix dans le quartier.Tous ces enfants issus de la seconde génération ne se sentent pas obligés de faire comme leurs parents. Ils sont Français et ne voient pas pourquoi ils feraient davantage d'efforts pour ressembler à la « population majoritaire ».
Avec à-propos, Arnaud Lacheret tranche en faveur de l'intégration, écartant de fait cette assimilation que certains réclament. Par contre, il se prononce pour une politique publique d'intégration avec une multiplication d'études qualitatives.
Les Intégrés, réussite de la deuxième génération de l'immigration nord-africaine, est un livre à lire pour casser les préjugés et écarter les propos pessimistes que nous entendons trop souvent. L'enquête menée par Arnaud Lacheret porte sur des enfants d'immigrés ayant réussi leurs études et s'étant imposés d'abord à leur famille puis dans le monde du travail. Leur parcours est exemplaire et doit être mis en valeur comme l'a bien fait l'auteur.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          833
Voilà un ouvrage que j'ai lu avec attention et en préparation à la table ronde à laquelle j'ai participé le 9 octobre et qui d'intitulait : « France, qu'est-ce qu'elle t' a fait ma gueule ? ».

L'ouvrage est intéressant de prime à bord puisqu'il s'intéresse aux réussites professionnelles « ordinaires » de français issues de l'immigration maghrébine. Arnaud Lacheret, l'auteur, est titulaire d'un doctorat en sciences politiques. Néanmoins, il existe un certain nombre de biais et de contre-vérités qui sont sans doute dues à un manque de connaissances du Maghreb.

Dans son livre, Lacheret s'appuie sur une approche inductive, des entretiens individuels et des observations personnelles, pour établir de nouvelles connaissances. Dans ce type de recherche, les résultats sont censés émerger spontanément pendant l'étude et ne doivent pas forcément coller à la théorie que le chercheur veut énoncer. La recherche qualitative répond à une méthodologie précise, or ici il ne m'a été possible de définir laquelle. de plus les critères de validité et de rigueur de ce type de données semblent manquants :
équité et saturation de l'échantillon, triangulation des sources de données par plusieurs méthodes, triangulation lors de l'analyse (analyse croisée validée par un tiers de relecture ou groupe de recherche).

L'autre point gênant est de croire que la réussite des jeunes femmes issues de l'immigration maghrébine serait le résultat d'un stratagème mis en place par les femmes pour échapper à un mariage arrangé... c'est sans compter sur le profond désir des immigrés de voir tout simplement leur progéniture réussir leur vie !
Surtout lorsqu'on connaît l'histoire de la Tunisie et depuis l'indépendance en
1956, l'école publique tunisienne a toujours été une fierté, car elle émanait d'une nouvelle idée de la société voulue par Bourguiba, celle de l'école gratuite et pour tous.

Outre la méthodologie, la comparaison des femmes issues de l'immigration maghrébine aux femmes du golfe me semble inappropriée. le plus gênant est de considérer que les français issus de l'immigration maghrébine doivent s'intégrer car « ils n'ont pas les codes ». J'aurai apprécié que ces fameux codes manquants soient clairement énoncés : quels sont-ils ?
Je regrette que ne soit pas rappelé l'impact positif des immigrés sur la société française avant celui de leur descendance.
L'intégration pourrait être définie comme la capacité des immigrés à atteindre les mêmes résultats socioéconomiques que les personnes nées dans le pays d'accueil, tout en tenant compte, bien sûr, de leurs caractéristiques. Or parler d'intégration pour des personnes nées en France est pour moi un non-sens et constitue une violence de plus attestant une fois de plus d'un racisme décomplexé vis-à-vis des français issus de l'immigration maghrébine. Ce rejet se nourrit des amalgames et des préjugés négatifs où l'on associe souvent maghrébins à « musulmans », puis un glissement vers islam, islamisme et terrorisme.
L'identité devient alors figée et non évolutive, les français issues de l'immigration maghrébine se voient classés de facto dans la case «musulman », qu'elle que soit leur croyance réelle. L'identité religieuse devient alors une identité dans laquelle on les enferme et de la naissent toutes les injonctions dont ils deviennent comptables. Or croire que les français issus de l'immigration maghrébine est un tout homogène d'où proviennent tous les maux de la société française est une rhétorique fructueuse pour l'extrême droite et personne n'en est dupe. Mais qu'un politiste fasse ce même postulat est surprenant. le Maroc, la Tunisie et l'Algérie, chacun de ces pays a une histoire qui lui est propre avec la France, le colonialisme et le décolonialisme ont laissé un « attachement » qui est spécifique à chaque pays. Les Maghrébins ne constituent donc pas un tout homogène.

Je suis d'accord avec Arnaud Lacheret, les français issus de l'immigration maghrébine réussissent aussi brillamment que la population générale car ils sont avant tout français et élevés en tant que tel, et ce malgré un traumatisme lié à l'exil transmis par les parents, malgré des discriminations et parfois même malgré une double exclusion en lien avec l'histoire de la xénophobie, le racisme et l'histoire coloniale, mais aussi les processus d'exclusions plus contemporains en lien avec l'histoire migratoire et l'exclusion territoriale dans les quartiers populaires.
Commenter  J’apprécie          50


critiques presse (1)
NonFiction
02 février 2024
Contre certaines idées reçues, Arnaud Lacheret analyse des parcours de réussite des descendants de l’immigration arabo-musulmane en France.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
La différence essentielle entre les deux échantillons, outre le pays où les femmes vivent, est le milieu social d’origine. La totalité des femmes interrogées en France viennent de milieux modestes, voire de grande pauvreté, là où les femmes du Golfe viennent de familles issues de la classe moyenne disposant de ressources importantes bien que n’ayant pas de moyens suffisants pour étudier en Occident.
(page 58)
Commenter  J’apprécie          200
En France, la problématique de l’intégration est donc liée au profil des personnes à intégrer qui, pendant longtemps a été très complexe à définir pour les politistes et les sociologues. Ce flou a donc été exploité, permettant au monde politique de s’en saisir.
(page 33)
Commenter  J’apprécie          260
… se focaliser sur les aspects purement théologiques du voile islamique constitue pour le moins une erreur d’interprétation qui empêche les chercheurs comme les politiques de formuler une analyse exhaustive sur ce phénomène dont les événements de 2022 en Iran rappellent une nouvelle fois qu’il s’inscrit dans une dynamique mondiale.
(page 183)
Commenter  J’apprécie          170
Elles (les femmes) estiment que les hommes, davantage habitués à passer en premier au sein du cercle familial élargi, rencontrent plus de difficultés à affronter les obstacles qui se dresseront devant eux dès qu’ils sortent de l’écosystème familial.
(page 135)
Commenter  J’apprécie          220
S’assimiler, c’est devenir comme les autres ? Mais qui sont les autres ? Peut-on encore parler d’une population majoritaire homogène à l’heure où les essayistes, de Pierre Vermeren à Jérôme Fourquet en passant par Christophe Guilluy décrivent fort justement une France fracturée et sans réelle unité ?
(page 17)
Commenter  J’apprécie          161

autres livres classés : MigrationsVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (6) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
851 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}