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EAN : 9782371001114
204 pages
NOUVEL ATTILA (10/09/2021)
3.65/5   73 notes
Résumé :
Le grand-père du jeune Faldistoire se prend pour un fantôme, la mère de Sylvie pratique la sorcellerie et lit l'avenir dans les tarots tandis que, sous le vernis de la normalité, le père de Sébastien cache de sombres desseins. Faldistoire, Sylvie et Sébastien fréquentent la même école primaire, puis, au secondaire, le même collège privé. Où Almanach les rejoint pour devenir, un jour, l'amant de Faldistoire. Non loin de là, dans le cimetière, sous le regard inexpress... >Voir plus
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"Alors les adultes, il faut bien vous tenir, la colère des gosses est vraiment terrible", chantaient les Bérus. Et ce roman le démontre.
Faldistoire est un écolier -puis un collégien et un lycéen- qui s'ennuie dans la ville de Chicoutimi au Québec. Ses amis meurent les uns après les autres dans des circonstances tragiques, mais ils reviennent toujours sous forme de fantômes. Et la haine de Faldistoire à l'encontre de sa ville conservatrice et du monde hypocrite des adultes croît à mesure qu'il grandit ; où le portera-t'elle ?
C'est mon deuxième rendez-vous avec Kevin Lambert, après "Querelle" qui m'avait tant éblouie, mais "Tu aimeras ce que tu as tué" est son premier roman. J'y ai retrouvé tout ce que j'avais précédemment aimé : cet intense mélange de poésie et de réalisme, cette beauté trash teintée d'onirisme. On ne sait pas trop où on est, ni qui est vraiment Faldistoire, ce petit garçon qui raconte sa vie en ponctuant son récit de réflexions désabusées, de ricanements, de déclarations d'amour et d'appels à la révolte. Ce faisant, il décrit un univers étrange, peuplé d'enfants cruels, de mères sorcières et de pères assassins, de crapauds, de vipères, et de revenants, et où l'un des personnages porte le nom de l'auteur.
J'ai adoré ce voyage à Chicoutimi, je me suis laissé emporter par cette histoire bizarre, avec un sentiment de transgression enfantin -comme si, en serrant très fort la main de Kevin Lambert, je le suivais là où on n'a pas le droit d'aller. J'ai encore été envoûtée par son style, et scotchée par son culot et sa maîtrise. Et dire qu'il a écrit ce roman à 25 ans seulement ! (et je me réjouis à l'idée de tout ce qu'il devrait encore écrire).
C'est donc une lecture particulière, mais ô combien belle et puissante, et que je recommande à ceux que l'insolite attire, pour pouvoir leur prédire : "Tu aimeras ce que tu as lu".
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Un roman noir, mélange d'odeurs d'enfance et de mort.

Le livre commence simplement par la narration d'un jeune garçon qui parle de son quotidien, de l'école, de ses profs et de ses compagnons de classe.

Puis, le ton change peu à peu, avec une petite voisine avalée par un chasse-neige, l'activité l'homosexuelle, le grand-père qui se prend pour un fantôme…

Puis encore des morts et des fantômes, ainsi que la critique de la petite ville tranquille toujours muette sur les violences qu'elle cache dans ses entrailles.

Un roman étonnant, une écriture évocatrice qui navigue entre le quotidien et le fantastique, entre des victimes innocentes et de la rage qui bouillonne…
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Les enfants meurent de mort violente à Chicoutimi.
Mais ils reviennent, tous: sur les bancs de l'école pour finir leur scolarité, au chalet pour jouer et assouvir leurs pulsions adolescentes et enfin, pour démolir Chicoutimi
C'est gore, violent, haineux, féroce, halluciné mais j'ai lu ce livre d'une traite, mue d'abord par une espèce de curiosité malsaine proche du dégoût (et si c'est ce que l'auteur à voulu, c'est réussi) puis fascinée par l'écriture quelque fois maladroite mais tellement vibrante et rythmée, en soutien de la haine et du désespoir qui sous-tend le réglement de compte.
Quand on sait qu'il s'agit d'un premier roman et que bien souvent un premier roman est issu d'une expérience vécue ou d'un ressenti, on peut imaginer sans peine la souffrance qui explique la rage et la rancoeur avec lesquelles l'auteur, lucide et blessé sans doute, s'attaque dans ce livre aux apparences de respectabilité d'une société sclérosée dans le bien pensant.
C'est l'enfance qu'on tue à Chicoutimi et malheureusement, il y a des "Chicoutimi" tout autour de la planète.
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Tu aimeras ce que tu as tué nous met face à une guerre : celle que livre le jeune Faldistoire à Chicoutimi, sa ville qu'il semble haïr au plus haut point. On découvre progressivement ce qui a conduit le jeune garçon à détester autant la ville, qui ne semble avoir d'autre vocation que de tuer l'enfance. Littéralement. Dans ce roman lauréat du Prix Découverte du Salon du livre du Saguenay−Lac-Saint-Jean 2017, les enfants meurent violemment : accident de déneigeuse, homicide familial, perforation du crâne... rien ne leur est épargné. Mais, s'ils meurent, cela ne semble pas les perturber le moins du monde puisqu'ils ont tendance à réapparaître du jour au lendemain, et à reprendre leur vie là où ils l'avaient laissée. Kevin Lambert n'hésite donc pas à bousculer son lectorat, aussi bien avec la cruauté de son texte qu'en défiant la logique.

L'auteur n'hésite pas à souligner cet aspect quand il fait dire à son narrateur : « Déjà, mon avenir est écrit sans que je puisse le savoir, sans que je puisse le lire pour en corriger les fautes d'accord et d'orthographe, les erreurs logiques qui devraient être absentent de tout récit (...) ». Cette phrase, qui intervient quelques pages après la première mention du retour des enfants qui meurent, amène le·la lecteur·rice a faire le lien entre ce que dit le narrateur et le roman lui-même. Cette part de réflexivité qui nous force à sortir du récit pour nous rappeler que nous sommes face à une oeuvre de fiction, nous permettant ainsi de souffler de soulagement face aux horreurs de que l'on a déjà lues et à celles que l'on s'apprête à lire, est également amenée par un autre personnage du roman : Kevin Lambert. À la première apparition de ce jeune adulte qui s'apprête, sans le savoir, à voir sa vie complètement chamboulée, nous ne pouvons que nous étonner de constater que l'auteur a donné son nom à un personnage. L'a-t-il fait pour nous obliger une fois de plus à prendre conscience qu'on est en présence d'un roman ou est-ce un indice qu'il a insufflé dans son texte une part de lui-même ? Quoi qu'il en soit, je n'ai pas l'impression que le personnage Kevin Lambert ressemble à l'écrivain Kevin Lambert. J'ai l'intuition que, s'il faut vraiment retrouver l'auteur dans ce livre, c'est plutôt dans la rancoeur que tient Faldistoire envers Chicoutimi que ça se joue, Kevin Lambert ayant déclaré dans une interview avoir « des souvenirs doux-amers de [son] enfance et de [son] adolescence ».

Tu aimeras ce que tu as tué raconte une révolte sans ménager le lecteur, avec une violence qui ne se manifeste pas que dans les actions, mais également dans la manière d'écrire. On le sent très rapidement, Faldistoire, le jeune narrateur qui n'est qu'en deuxième primaire quand le roman s'ouvre, est un garçon torturé. Cela se marque notamment dans la manière qu'il a d'enchaîner plusieurs phrases dans une seule, d'intégrer les dialogues à la narration, de faire se bousculer les idées, de raconter des souvenirs qu'il n'a pas, d'interpeller les personnages dont il parle, d'annoncer ce qui va se passer plus tard avant de revenir sur ce qui est arrivé plus tôt, tuant le suspense et apportant des réponses tardivement...« Je suis peut-être dans ce rond-point, tout près de Kevin qui me regarde peut-être de ses yeux de départ. (...) J'ai oublié ce jour où Kevin Lambert quitte le quartier. J'ai souvenir d'aucun après-midi ni du chant des oiseaux qui se jettent hors des nids, se brisent le cou en bas des arbres avant d'être mangés par les couleuvres. Je dis ce jour véritable qui existe nulle part dans ma mémoire parce qu'il le faut, et le jour vient, le soleil se lève, le matin se fait, l'après-midi advient, et je suis à quatre pattes sur l'asphalte, à ramper pour aller chercher le ballon sous le camion, Sébastien me tire des roches, Marie-Loup tombe de son vélo et s'écorche le genou. »

Il y a dans la langue de Faldistoire une colère aussi manifeste qu'intense, qu'il intériorise encore au début du récit. Et puis, d'un coup, Faldistoire décide de laisser s'exprimer sa colère, de prendre sa revanche sur Chicoutimi pour accomplir sa destinée. À partir de ce moment-là, à mesure que le chaos gagne la ville, la narration se fait plus conventionnelle (peut-être n'est-ce qu'une impression que j'ai eue ?) : les phrases sont plus courtes, la chronologie est moins malmenée, les enchaînements logiques plus respectés. Comme si, à mesure que la violence tend à changer de camp et à se faire plus virulente, le texte devait se faire plus calme, plus limpide pour mieux souligner la détermination d'un Faldistoire que le désordre semble apaiser.

En définitive, j'ai été complètement soufflé par cette lecture, qui m'a réjoui par la liberté, la fougue et l'ingéniosité de l'auteur, dont il me tarde de découvrir le second roman
Lien : https://8tiret3.blogspot.com..
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Ce livre m'a été offert par ma belle-fille qui vit au Canada et qui tient à me faire découvrir la nouvelle littérature canadienne.

Kevin Lambert n'a pas trente ans et a déjà deux romans à son actif. Et je vous prie de me croire qu'on n'est pas dans du roman à l'eau de rose! J'avais déjà lu son deuxième roman (Querelle de Roberval) que j'avais trouvé très surprenant, subversif, déroutant… Celui-ci (son premier) ne l'est pas moins !

Si il persiste, l'étiquette d'auteur « maudit » risque de lui coller à la peau. Il a une écriture hallucinée qui me fait penser à celle d'Hubert Selby Junior, un truc de ouf, à la fois génial et dément, très perturbant également.

Je ne veux pas faire de la psychologie à deux balles, mais je ne serai pas surpris d'apprendre que l'enfance de Kevin Lambert n'a pas été particulièrement sereine. Quand on le lit, on sent la souffrance, la noirceur, la haine, la rage, la violence. Peu de place pour l'amour ou alors uniquement contrarié, désaxé.

L'histoire (courte) est très surprenante, à la limite du fantasme, de l'hallucination. Faldistoire est un jeune homme qui revient sur les faits marquants de son enfance à Chicoutimi. On y rencontre Sylvie, Almanach, Croustine. Il y a même un « Kevin Lambert ». Et leur histoire ne ressemble pas vraiment à un conte de fée.

A lire… avec toutes les précautions d'usage cependant.

Voici une phrase qui résume l'ambiance et le style de ce roman : « Toutes les belles choses ont pour fonction ultime de s'autodétruire. Tu auras existé pour me donner naissance et j'aurai vécu pour te donner la mort. Ce ne sera pas paisible, Chicoutimi. Mais ta terre souillée redeviendra arable à force de sang versé, et on applaudira tous quand les sinistres corbeaux viendront boire tes dernières humeurs. »
A bon entendeur, salut !


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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
… les Chicoutimiens sont les aveugles ouvriers des désastres à venir. Ils sont dressés pour avoir peur, c’est tout ce que leur a enseigné le monde : la crainte et la peur de la crainte qui rongent les os et font pourrir de l’intérieur. Ils en mourront.

(Héliotrope, p.117)
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Apparemment, tout ça colle ensemble, tout ça explique mon problème avec l’autorité, ma violence compulsive envers d’autres élèves, ma cruauté, ma réussite scolaire aussi : puisque j’ai des lacunes solaires, je me valorise évidemment par la performance. Les adultes projettent sur mon mutisme leurs perversions les plus terribles. Ils n’arriveront jamais à m’expliquer complètement, à atteindre le fond de ma pensée, je suis sans fond et je pense rien. J’espère que je les rendrai fous à force d’essayer…

(Héliotrope, p.79)
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Ce que nous portons en nous est trop grand et le monde est trop petit. La destruction est notre manière de bâtir.
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Je le jure : j'ai jamais aimé quiconque hormis Almanach et quelques inconnus, surtout des morts que j'espère rejoindre le plus vite possible et dont j'imprime les photos pour les mettre sur ma porte de chambre. Kurt Cobain. River Phoenix. Sid Vicious.
James Baldwin. Jeff Buckley. Robert Mapplethorpe. Mes suicides ratés me font pas mal chier, ceux que j'imagine le soir dans mon lit avec le couteau de cuisine qui brille dans le lave-vaisselle propre. Je déteste ma ville qui est si laide, si banale, si triste : Chicoutimi qui fait naître tant d'imbéciles et leur apprend le goût de vivre, les empêche de s'ouvrir les veines alors que, vraiment, ça serait plus simple pour tout le monde s'ils séliminaient d'eux-mêmes.
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On dit souvent que la mort, ça s’attrape et que ça se propage comme la peste; notre enseignant de chimie est retrouvé dans son bureau au retour du congé, la cervelle éclatée sur la chaise en cuir et l’émail brisé, au bout des dents, d’avoir mordu trop fort le canon du fusil. On lui rend hommage, mais c’est pas une grande perte: j’ai beau faire semblant, j’arrive pas à croire à la «valeur» de la vie de cet homme détestable et je célèbre secrètement chacune des nouvelles morts d’un membre de son espèce comme un pas de plus vers l’élimination du sexe masculin. Chaque suicidé fait un petit barda à l’école, qui multiplie les rencontres de prévention, où l’on manque d’arguments pour nous vendre l’importance de vivre.
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Videos de Kevin Lambert (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kevin Lambert
Dans Que notre joie demeure, Kevin Lambert explore la psyché de la classe dirigeante confrontée à la possibilité de perdre pied. Au sommet de leur discipline, ces individus se questionnent sur leurs privilèges et sur la légitimité de leur place dans un monde qu'ils ont contribué à façonner. Avec une prose vive et immersive, l'auteur dévoile les pensées secrètes de ses personnages tout en offrant un portrait clairvoyant de Montréal contemporain.
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