Entre la sociologie culturelle (cultural sociology) et la sociologie des émotions, ce livre met en lumière, au travers de différentes contributions de chercheurs, les nouvelles perspectives de la discipline sociologique qui restent encore à découvrir. Ce champ s'intéresse au « meaning-making », autrement dit au sens que les individus ont de leurs actions et des milieux dans lesquels elles s'inscrivent. Dans la tradition, passionnante je dois le dire, de la sociologie anglophone (notamment américaine), tous ces chercheurs s'intéressent aux « marquages symboliques »: dans la première contribution, il est question du sentiment amoureux, dans la seconde des victimes, la troisième est un dialogue avec
Didier Fassin, les deux autres s'intéressent d'un côté aux émotions dans le processus de recrutement des élites et de l'autre elle interroge la thèse de
Gabriel Abend (« The Moral background. An inquiry into the history of business », 2014) sur « l'amélioration de l'éthique des affaires comme une solution préventive aux crises du capitalisme ».
Le dernier texte est un échange avec
Michèle Lamont, professeur de sociologie à l'université Harvard; « les nouvelles frontières de la cultural sociology ». Elle revient sur son parcours, mais aussi sur le développement de ce programme de recherche appelé en France, sociologie de la culture, largement influencé par les travaux de
Pierre Bourdieu.
La sociologie culturelle a fait l'objet d'un ouvrage remarqué écrit par une sociologue américaine,
Lyn Spillman; «
What is cultural sociology ? » (Cambridge, Polity, 2020)
A une période où les dirigeants politiques mettent à mal les sciences sociales, ces nouvelles perspectives d'appréhension des phénomènes sociaux sont « aussi utile(s) politiquement que nécessaire(s) scientifiquement. » Et il ne faut jamais oublier, comme disait Bourdieu, que "la sociologie est un sport de combat."