Un peu d'humour !... Anglais ici, avec
Mr. Phillips qui chemine sous un ciel nouveau.
Oisif et fraîchement licencié de la Wilkins And Co où il assurait la fonction de comptable, il s'enquiert qu'il n'a jamais navigué sur la Tamise.
Mais qu'a-t-il fait au juste ?
S'ensuit alors un comptage méticuleux de tous ses agissements. Sous forme de rigoureuses statistiques, il nous fait un compte et décompte savants, de ses actes révolus et actions à venir. Cela va du chiffrage des ébats sexuels de ses concitoyens, au nombre de personnes pratiquant régulièrement la masturbation et lui de se situer en bonne place, sinon en pôle position dans lesdits pronostics, jusqu'à ceux pratiquant ou ayant pratiqué l'acte de sodomie.
Il en va de même du potentiel des adeptes du saut à l'élastique, pour en venir au cas particulier, celui d'un suicidé qui se loupe, lequel atterrit en contrebas d'un édifice, sur le pont d'une péniche miraculeusement duveteuse et matelassée ; le désespéré se tirant d'affaire sous l'oeil médusé des mariniers, auxquels il balbutie : « Pardon ! Messieurs, par mégarde sans doute, je me suis trop penché, vous voudrez bien m'excuser pour le dérangement... »
C'est drôle, c'est frais, même si l'air vicié du métropolitain révèle ces parfums entêtés, effluves de corps et senteurs d'entrecuisses qui laissent à penser qu'à solitude pesante, une trop grande promiscuité est contraignante. Situations burlesques donc et pensées vagabondes de ce Monsieur Tout le Monde qui déambule dans les rues de Londres. Toutefois, en y prêtant attention nous pourrions déceler ça et là, entre deux éclats de rires et des tirades colorées, une pointe de dérision saupoudrée de tristesse.
À croire que tout dérèglement routinier est susceptible d'entraîner derechef une perturbation libidinale majeure, quand encore arpentant le Tate Gallery
Mr Phillips en pleine contemplation du bel oeuvre, franchit les limites et plonge tout entier dans une fresque érotique qui lui assure, semble-t-il, une éternelle jeunesse.