Tout d'abord, je tiens à remercier le site Babelio et les éditions ActuSF qui m'ont permis de découvrir ce roman, lors de la dernière « Masse Critique » du mois de Septembre.
John Lang nous offre ici son premier roman fantastique et je dois dire que je ne fus aucunement déçue de ma lecture ! Très connu pour le « Donjon de Naheulbeuk », il offre ici une vision noire d'un monde démoniaque complètement horrifique. Mais son humour reste malgré tout présent, un humour noir évidemment.
Nous découvrons donc l'histoire d'Uther Lelance, un jeune professeur d'informatique à Paris. On a de lui, l'image d'un homme intelligent et cultivé. Il a également un côté très « geek », certes pour un professeur d'informatique de son âge cela peut se concevoir. Son quotidien est bouleversé quand son collègue, Michel lui demande d'aider un de ses amis du clergé, le père Alexandre. Après quelques réticences, Uther accepte malgré tout de l'aider. Seulement une fois sur place, le jeune professeur déchante très vite. le virus informatique auquel il doit faire face n'a rien de naturel, il peine à comprendre ce qu'il s'est produit sur cette machine. Quand il découvre des mots et images obscènes, il se doute davantage qu'il ne pourra pas en venir à bout :
« J'étais en sueur, une sueur froide et aigre. Il fallait que je stoppe ce programme avant qu'il n'aille plus loin. Ces images étaient trop fortes, je n'avais plus du tout envie de voir la suite, car j'étais à présent certain que cela deviendrait insoutenable. J'eus soudainement la certitude que quelques photos, notamment la dernière, ne pouvaient pas exister. Je pensai à des montages sur le coup, ou à des trucages. Comment faire tenir tous ces animaux en place pour prendre la photo, leur faire pratiquer des obscénités sans que personne ne les maintienne ? En faite, ces clichés ne semblaient pas être là pour faire peur, ils ressemblaient à des flash-back d'un mauvais rêve. »
L'auteur nous démontre à partir de ce « virus », un monde totalement horrible et dérangeant. On ressent le malaise des personnages, le dégoût. Bref tout ce qui fait qu'un roman d'horreur fonctionne ! On découvre alors la fameuse phrase énigmatique « Prends garde je serai bientôt dehors. » Alors, on plonge irrémédiablement dans le monde surnaturel.
Je dois dire que la description des meurtres ou les sévices que les personnages subissent sont parfois tellement bien décrits qu'on est franchement dégoûté. (Pour moi c'est en bien évidemment) :
« Il ressemblait à ses voitures compressées qu'on entasse dans les cimetières automobiles. Ce petit meuble aurait pu difficilement loger un enfant de cinq ans et pourtant notre ami tenait dedans entièrement, complètement plié. Ses os fracturés dépassaient de ses plaies ouvertes et son crâne enfoncé laissait voir un peu de son cerveau. Seuls, dans ce corps supplicié, ses yeux étaient intacts, figé dans une expression d'horreur absolue. »
Voici un extrait qui montre donc le côté horrifique de ce roman, mais également le cynisme dont le héros fait preuve. Peut-être pour atténuer ce qu'il voit ?
Après ce passage, Uther qui a entrainé dans son entreprise un jeune étudiant du nom de James, avec qui il entretient des relations amicales, se voit également entraîner dans ce monde d'horreur.
Ils doivent alors trouver une solution ou une quelconque aide, c'est en tentant d'appeler du secours au Vatican, qu'ils vont rencontrer un évêque de Rome, Charles Durgain. Ce dernier va tenter de renvoyer le démon dans son monde.
John Lang évoque alors la démonologie d'un point de vue purement théorique dans la caractérisation des démons, ici : Abalam et Paymon. Les descriptions sont purement issues de source internet comme la physionomie de Paymon ou la place qu'occupe Abalam dans la hiérarchie infernale. Je dirais même que le site « La chouette noire » évoque les mêmes descriptions. (Oui, j'ai moi-même effectué des recherches sur ce sujet). Par contre, la physionomie d'Abalam est fictive, bien qu'elle doive être assez ressemblante à Paymon vu que les démons sont associés.
On retrouve également dans le roman des clins d'oeil à tout ce qui est jeux vidéo. Vers la fin du roman, dans l'ultime bataille, j'avais l'impression de me tenir au coeur d'un jeu d'aventure ! Evidemment, ce style ne peut pas plaire à tout le monde, mais moi j'ai grandement apprécié ces petits détails. Notre héros lui-même est fasciné par les armures médiévales et lui aussi s'imagine être au coeur d'une quelconque aventure d'antan :
« Cela respirait l'héroïsme, les combats épiques et les chevauchées. Cela sentait le vieux cuir, l'acier huilé et patiné, le bois sec et l'étoffe usée. Ce n'était pas comme dans un musée, où les choses se laissent contempler à travers une vitre. Ici tout vivait, comme si la dernière bataille avait eu lieu la veille, comme si les chevaliers venaient de quitter la salle. J'avais envie de bondir en criant « Pas de quartier », d'expédier de la poix enflammée sur des conquérants vindicatifs. C'était le bonheur des guerriers. »
On voit ici qu'il s'agit d'un domaine très connu de l'auteur. Il sait de quoi il parle et ses descriptions du Moyen-âge sont très fidèles, comme les interludes qui s'immiscent dans le roman pour expliquer l'origine du fameux bouclier et d'une épée un peu particulière. le récit se termine sur de nombreuses questions, des points sont restés volontairement dans le flou, comme concernant la petite amie d'Uther, Marine mais également Thomas, un personnage énigmatique qui finalement se retrouve être de la même trempe que son ancêtre. On peut supposer à une suite d'aventures pour Uther et James.
En conclusion, cette lecture m'a énormément plu ! J'aime vraiment la littérature fantastique/horreur, quand un auteur arrive à me garder captivée du début à la fin, cela est très rare. Mais
John Lang y est parvenu ! Je recommande donc chaudement son roman qui est très bien écrit, facile à lire et nous donne des frissons tout le long du récit. Je n'ai rien d'autre à dire, à part : Excellent !
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