Je ne vais même pas tenter de jouer la critique professionnelle et objective: je suis fan de
Manu Larcenet. Jusqu'à la moelle, et à mon avis, il y a encore une strate plus profonde que la moelle, et je suis fan jusque là.
D'un autre côté: comment faire autrement?
Manu Larcenet a le dessin varié et toujours juste. Il a le sens de l'observation et de la situation le talent du verbe pour faire mouche en quelques lignes.
Suite de "
Peu de gens savent", "
Nombreux sont ceux qui ignorent" reprend la même forme, qui alterne dessins (noir et blanc ou couleur) et textes courts - fulgurances de l'absurde. Certains - dotés d'une volonté de fer - lisent à petites gorgées, piochent. Moi, je flanche à chaque fois, et j'enquille, sans jamais avoir le sentiment de lassitude ou de répétition. Éventuellement, je vais tirer la manche d'un colocataire pour lui faire partager mon hilarité ("Nan mais je te jure, celui-là, faut vraiment que tu le lises. Mais si tout de suite, on s'en fout de ta sauvegarde: il est drôle je te dis.").
Pour se la jouer un peu, on pourrait faire référence à
William Blake, qui lui aussi, souhaitait que le texte et le dessin se répondent et s'enrichissent (sauf que
Larcenet va un petit peu plus à l'essentiel, et que lui au moins, il est balèze en couleurs). Si les textes illustrent le dessin, il n'y a pas de redondance.
Pour finir, le bouquin lui-même est très joli: 352 pages, une belle couverture cartonnée: il trône depuis deux ans sur le baffle droit dans mon salon.