Dans ce roman, on y suit l'histoire de Laurence Barraqué, née dans les années 60 à Rouen. Elle devient mère dans les années 90.
Camille Laurens pose la question de c'est quoi être une
fille ?
Je me suis identifiée à cette femme, même si nous ne sommes pas nées à la même époque. Elle a fait écho en moi, en particulier lors de son enfance avec toutes les questions et réflexions qu'elle se fait. Mais aussi au travers des paroles qu'elle entend, qu'elle reçoit. Et puis, il y a ces phrases que je n'ai jamais entendu à titre personnel, mais que tant d'autres enfants ont dû encaisser : ne le répète jamais, le linge sale se lave en famille. Combien d'enfants ont été abusés, violés et se sont entendu dire ces phrases… Pour protéger les hommes de la famille il faut se le dire, ça n'est pas protéger une famille que de privilégier la protection de l'agresseur par rapport à l'agressé.e.
Tout au long du récit, il y a les touches d'humour de
Camille Laurens, un humour enfantin, rafraîchissant. J'ai ri avec ces enfants, avec leurs perceptions du monde, et leur rapport aux mots, comment, eux, les comprennent et les utilisent.
Elle soulève aussi la question de l'identité de genre, comment réagir en tant que parent quand son enfant s'exprime, s'identifie par le genre opposé à celui qu'on lui a assigné à la naissance ? J'ai trouvé ça dommage que l'expression et l'identité de genre d'Alice, lorsqu'elle est enfant, soit considérée comme problématique, que sa mère finisse par la forcer à mettre des robes et qu'au final l'enfant s'y contraint. Quel message ça envoie ?
En outre une autre chose que j'ai trouvé problématique, un passage dans lequel le personnage de Laurence est avec un garçon et elle se dit dans son fort intérieur qu'elle espère qu'il comprendra que ce non veut dire oui. Ça aussi ça m'a gêné, parce que ce n'était pas nécessaire, parce que nous avons suffisamment de représentation de ce genre pour ne pas en rajouter d'avantage. (Le personnage masculin prend le non pour un non et c'est tant mieux !)