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4,09

sur 1997 notes
la représentation d'une fille dans notre société au travers les yeux d'une d'elle..cela n'est pas forcément aguichant mais a la fin du livre je me dis que je suis bien une fille a l'image de ce roman et que j'ai éduqué ma fille pour vivre comme elle le veut et couper cet héritage inconscient du statut de fille... petit livre a lire quelque soit votre identité sexuelle
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L'auteure joue avec les mots, normal pour une agrégée de lettres. Son style m'a accroché : concis, précis. de sa vraie identité administrative et familiale : Laurence Ruel-Mezières, elle a intégré le Laurence de son prénom en nom de plume, phonétique.
Il s'agit ici d'un livre d'autofiction, un terme singulier dont la définition sur wikipédia est la suivante : Autofiction est un néologisme créé en 1977 par Serge Doubrovsky, critique littéraire et romancier, pour désigner son roman Fils. le terme est composé du préfixe auto et de fiction. Ça veut dire s'inspirer de sa propre histoire en la dénaturant à souhait pour en faire un roman. Aujourd'hui bon nombre d'auteur(e)s s'en emparent pour créer des livres assez autobiographiques, souvent cathartiques et d'excellente exécution. Camille Laurens en fait très certainement partie, et ce livre aussi. Fille ! Un plaidoyer féministe où elle dénonce le machisme paternel (entre autre), la soumission maternelle et/ou féminine des années 60-70.
Dans les années 1960, le père médecin, s'intéresse peu à ses rejetons filles, et répond ainsi à la question : « Vous avez des enfants ? Non, j'ai deux filles ». La mère oisive a un amant, et comme son mari, est peu stimulée par l'intérêt porté à ses enfants. de plus, on ne dénonce pas le tripotage sexuel sur la gamine de 10 ans par le grand-oncle, il est interdit d'en parler, garder le secret, laver le linge sale en famille ! C'était la norme. On grandit comme on peut dans tout ce fatras. D'ailleurs la soeur ainée préfère s'exiler au Québec et s'y installer pour fuir la famille. Etre fille c'est tout ça. Se débattre, se battre, se révolter, trouver sa place d'individu à part entière dans une structure familiale, sociale, professionnelle où encore aujourd'hui elle doit prouver qu'elle est légitime !!!
Page 213 : à la fin du livre, la fille de Laurence va parfaitement résumer la situation de la condition des femmes aujourd'hui encore en 2021, si flagrante au vu des meurtres perpétrés par le conjoint sur son épouse : « Les hommes ont peur pour leur honneur, tandis que les femmes, c'est pour leur vie. le ridicule ne tue pas, la violence, si ».

Lien : https://www.babelio.com/monp..
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En lisant ce livre, je ne m'attendais à rien de particulier et j'ai été vraiment très surprise.

Camille Laurens nous fait suivre de manière poétique l'histoire d'une femme "malchanceuse" d'être née fille. Roman en 3 temps, 3 temps bien distincts avec leurs lots d'événements, il se pose comme roman militant pour la femme. On y retrouve les peurs, les colères, les injustices, les tristesse que peuvent ressentir une femme prisonnière des codes sociétales dans les années 60.

La précision et la justesse de l'écriture de l'auteur ne pourra que vous faire tourner les pages et vous faire ressentir des émotions et sentiments (comme la révolte). Certaines scènes sont racontées de manières indifférentes alors qu'elles sont immorales, ces scènes montrent d'une part l'écart qui s'est creusé entre aujourd'hui et les années 60 pour la place de la femme dans la société et d'une autre montrent l'évolution des moeurs, des codes sociales de la société.

Bouleversant ce roman s'inscrit comme un livre à lire.
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Le titre, le résumé… Je doutais fortement d'être intéressée par ce bouquin. Je me suis dit : « encore un récit sur le féminisme, sur l'éveil de la féminité. »
Oui, c'est également le sujet, mais pas que…

C'est le récit d'une petite fille, d'une ado, d'une femme puis d'une mère. Laurence est la narratrice de son histoire. Une petite fille qui accepte de n'être « qu'une fille », qui fabrique ses rêves, découvre sa sexualité.

C'est un livre riche, qui se lit à différents niveaux.
Une fille, ça ne vaut pas un garçon. C'était encore le cas dans les années 1960 où les femmes n'avaient pas le droit d'ouvrir un compte, pas le droit de travailler sans l'autorisation du mari. le chef de famille ne pouvait être légalement qu'un homme…
« Garce. le mot revient et la hante. C'est une injure. Mais n'est-ce pas d'abord le féminin de garçon ? Tout ce qui est féminin déçoit, déchoit, elle le sait désormais. le mot en changeant de genre, devient mauvais. »
Une fille, une femme est dépendante de l'homme, elle est docile, voire soumise. Elle doit l'accompagner, à défaut le subir. Quand elle subit, comme c'est le cas de Laurence, enfant, des attouchements qui la révulsent, elle ne doit surtout pas en parler. Les femmes de la maison le lui interdisent. C'est les hommes, cela fait partie de leur ADN, il faut s'écarter de la route du pédophile et faire silence.
« L'équivalent de la virginité pour les filles, chez le garçon, c'est l'expérience. La valeur est inversement proportionnelle dans un couple : elle, ignare, lui, savant, c'est le principe. La fille, moins, elle en sait plus on la respecte. (…) le jour de la nuit de noces, le mari doit savoir quoi faire, c'est normal ; la femme ; elle n'a qu'à se laisser faire. »

Camille Laurens (comme son personnage principal, Laurence) décrit une situation, qui, heureusement, ne concerne pas toutes les petites filles des années 1960. Pour beaucoup d'entre elles, leurs parents rêvent d'études supérieures, d'autonomie financière et affective.

Et c'est là, où le deuxième niveau de lecture devient passionnant.
Comment trouver son identité, comment se libérer des images projetées dès la plus tendre enfance ? Comment se construire en tant que personne à part entière, avec des absences d'attributs, avec le mépris du père et l'indifférence de la mère ?
Le pire pour un enfant : la non existence…

Les paroles de son père sont paroles d'évangile (un père ne peut pas se tromper, un homme sait mieux qu'une femme) Laurence les accepte et les intègre sans poser de questions. Docilité de la femme envers l'homme, docilité et soumission de la fille envers son père.
Magnifique image du père médecin : antipathique à souhait, on a envie de le tuer… Machiste, borné, radin, méprisant envers qui n'est pas de son sexe et de sa caste.
Son père la considère tellement peu qu'il n'hésite pas à lui conseiller un obstétricien qu'il sait être parfaitement incompétent, mais à qui il veut donner une seconde chance. Sa fille en fera les frais sans affecter aucunement le père

L'auteur retrace le parcours de « Fille » avec beaucoup d'émotion, d'humour, d'intelligence, sans mièvrerie. le ton est juste, percutant et précis.
Une vraie réussite à mettre entre toutes les mains, homme ou femme.


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Livre que l'on m'avait chaudement recommandé, j'avais donc de fortes attentes à sa lecture.
Au final, je n'ai pas été déçue car je l'ai presque lu d'une traite.
Alors que le début m'a semblé un peu "lourd", je ne saurais pas dire le moment où ça décolle mais je ne regrette pas d'avoir insisté !
Je peux à mon tour le conseiller sans réserve :)
Lien : https://webmediatheques.noum..
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De même génération que l'auteure, ce livre semble me raconter. J'y reconnais tant de choses vécues, par moi ou par les femmes et filles de toutes générations qui m'ont entourées. Hormis le fait, et pas des moindres puisque je fus une fille désirée, arrivée en second (c'est peut-être pour cela d'ailleurs que j'étais désirée), beaucoup d'étapes franchies par l'héroïne, ses handicaps et ses réussites dans sa relation aux filles, femmes, garçons, hommes, se confondent avec les miens. Un livre témoin de son temps qui donne aux filles et femmes d'aujourd'hui des clés pour exister sans rien lâcher des conquêtes ou héritages si fragiles de celles qui les ont précédées. J'ai conscience que mon commentaire est rebattu, il s'impose à moi. En tout cas, rassurez-vous, cette écriture qui joue si bien avec les mots est tout sauf ennuyeuse. J'ai eu deux fils, pas de fille, je leur conseille cette lecture faute de ne savoir leur laisser un si joli témoignage.
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Les mots entraînent souvent des « maux » irrémédiables. Comment se construire à travers la parole des autres, à travers l'évolution de la société et en devenant mère à son tour ?
Camille Laurens traque sans détour les multiples dysfonctionnements de notre société face aux femmes. Avec peut-être un espoir de changement pour le futur.
En tout cas une belle écriture au service de toutes les femmes.
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Il y a des livres, des livres qui scotchent, qu'on ne veut pas lâcher, on traine même pour les finir. Fille est de ceux là pour moi.
On suit un fil, une vie, des années 1960 à aujourd'hui, une vie de fille, de femme. C'est triste, drôle, magnifiquement écrit. Je n'ai rien vécu de ce qui est conté mais je suis rentrée dans cette histoire, j'ai été happée. C'est pas ma vie mais ce roman en fait parti maintenant.
C'est vraiment merveilleux une fille. Hein Clara ?
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C'est un livre que j'ai trouvé chez ma mère et que je lui ai emprunté.
Je trouve que c'est une façon tout à fait appropriée de commencer à lire ce livre.
Le livre parle en effet de la vie des femmes au travers des faits marquants de la vie de Laurence, de sa mère, sa soeur Claude et sa fille Alice.
Au début, j'étais un peu dubitive sur l'histoire. Est-ce un livre documentaire ? Est-ce vraiment un roman ?
Puis je me suis laissée happer par l'histoire.
Finalement, c'est une façon agréble de réfléchir à notre condition de femme.
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De l'inconvénient d'être née fille.

Roman en trois parties plus un bref épilogue, qui parle de la condition d'être une fille.

« Fille » raconte la vie de Laurence Barraqué qui grandit dans les années 60 à Rouen, depuis sa naissance jusqu'à sa vie de mère d'une adolescente rebelle. Un destin marqué par le fait d'être née fille.

C'est parfois drôle, parfois grinçant, toujours juste. Ecrit sur un ton léger, un peu moqueur, rarement méchant, à peine revanchard. C'est l'exposition de faits qui construisent ou anéantissent une fille depuis sa naissance, une réflexion sur le langage employé pour parler des filles. Être fille n'est pas une sinécure.

La première partie évoque les débuts dans la vie d'une fille, de sa naissance à l'adolescence, en comparant avec le fait d'être né garçon. Des phrases lapidaires, de culpabilité, de nihilisme, qui font mal, qui cognent, qui bousculent. Des comportements sexistes de la part des adultes, du père en particulier qui dit ne pas avoir d'enfant mais que 2 filles, de l'oncle qui abuse de sa petite nièce au vu et au su de tous, mais cela est normal, pas grave, on ne dit rien, on laisse faire, on oublie même ; des exhibitionnistes qui trainent devant l'école ; des jeunes garçons qui s'imaginent que le corps des filles leur appartient à eux, et pas à elles, et qui en profite.

Car après tout, qu'est-ce qu'une fille ? Un non-garçon, un garçon manqué, un dérivé de l'homme issu de sa hanche, une erreur de la nature ?

La deuxième partie évoque la fille devenue jeune femme. Un premier pallier est passé avec l'enfance, qu'elle sera désormais sa condition ? Elle devient la femme d'un homme, soumise à lui. Enceinte d'un garçon, son statut s'élève, même si le père revendique le fait de l'avoir fait, lui. Mais l'enfant meurt à la naissance, le fils disparait. Ne reste que la culpabilité d'avoir raté. Finalement quelques années après naitra une fille. Malédiction ?

La troisième partie, plus dynamique, parle de cette enfant, Alice, qui grandit en se prenant pour un garçon, sous le regard inquiet de sa mère. Encore la culpabilité de la mère : « est-ce ma faute ? », l'incompréhension des gens alentours, les visites chez un pédopsychiatre, les choses faites pour remettre cette fille dans le droit chemin (l'obliger à porter des robes, lui acheter des poupées, des chaussures, du maquillage) celui d'être, de se comporter, de s'habiller comme une fille qu'elle est. Mais c'est ancré dans Alice, ce côté garçon. Depuis l'enfance, depuis toujours, elle essayer de rentrer dans le rang mais son être tout entier est comme ça, définitivement. Et c'est par elle que la rédemption arrive, grâce à ce qu'elle est, à ce qu'elle dit : « tu sais maman, une fille c'est bien aussi. Et même c'est merveilleux, une fille ». Parfois il suffit d'une phrase pour faire tomber les monuments. le mot de la fin.

Ce roman basé tout entier sur le mot « fille » nous marque, en tant que fille de la même génération, de mère ensuite. On se reconnait à chaque endroit, à chaque étape de la vie. Des mots si souvent entendus, des phrases toutes faites, des dénigrements sexistes, au sein même de nos familles. Une fille, c'est moins bien qu'un garçon, quoi que l'on fasse, quoi que l'on dise.

La société évolue lentement sur le sujet.

FILLE, nom féminin
1. Personne de sexe féminin considérée par rapport à son père, à sa mère.
2. Enfant de sexe féminin.
3. (Vieilli.) Femme non mariée.
4. Prostituée.
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