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sur 384 notes
Elle est insolite cette petite danseuse, affichant un calme détaché, une nonchalance étudiée, les mains jointes dans son dos. Sculpture habillée de vrai tulle, je me souviens de notre première rencontre, au Jeu de Paume qui abritait alors les impressionnistes. Elle et Olympia m'avaient ce jour de sortie scolaire subjuguée par leur présence évidente, naturelle.

Alors depuis la rentrée (littéraire), je tourne je vire j'hésite autour de ce bouquin. Est-il bien nécessaire de décrypter encore une trajectoire d'artiste, Edgar Degas, l'origine d'une oeuvre d'art aussi célèbre soit-elle, la sculpture de la Petite Danseuse de quatorze ans, achevée en 1881 ?

Si vous lisez ce billet, c'est bien sûr que j'ai craqué. Il faut dire qu'une exposition « Degas Danse Dessin » commence aujourd'hui au musée d'Orsay (un des mes préférés), que la danse m'a toujours passionnée, et surtout, après Celle que vous croyez, son dernier roman très apprécié, j'avais envie de lire Camille Laurens dans un autre registre.

Résultat : un texte court et passionnant, fruit d'une véritable enquête de plus de deux ans extrêmement bien documentée. Camille Laurens est partie sur les traces ténues de Marie van Goethem, petit rat inconnu à l'Opéra de Paris, qui fût le modèle pour cette sculpture, tout en s'efforçant, elle le précise en fin d'ouvrage, « de ne pas séparer le modèle de l'artiste, d'attraper si possible un peu de leur lien, d'où est né l'une des grandes oeuvres modernes. »

L'intérêt de ce récit est double. Il est à la fois très érudit ET néanmoins personnel, sans doute parce que au-delà de l'étude sociologique du milieu de la danse au XIXe siècle, du destin couramment tragique des danseuses le plus souvent réduites à se prostituer pour survivre, l'auteur éprouve une affection particulière pour Marie, pour sa pénible vie minuscule. « Chaque détail prend une place démesurée dans l'esprit, tout fait signe comme dans une histoire d'amour, tout est matière à interprétation, à obsession. »
C'est aussi ce qui fait que ce récit est original, prenant, comme le fut cette sculpture en son temps, dérangeante et résolument moderne.

Je sais que la petite danseuse m'attend à Orsay. Je sais aussi que je ne la regarderai plus de la même façon grâce à vous Madame Laurens. C'est bien cela, le pouvoir de l'art, déranger, faire réfléchir, emmener plus loin, émouvoir.
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Quelle rentrée... pleine de pépites et de promesses... dont cet ouvrage de Camille Laurens, où j'ai eu d'emblée un coup de coeur pour le sujet !
Je méconnais cette auteure , j'ai lu il y a fort longtemps "Dans ces bras-là", avais assisté à une rencontre avec l'écrivaine à cette parution, mais je n' en ai guère de souvenirs; en revanche, j'ai lu plus tard un texte qui m'avait passionnée, il s'agit du "Grain des mots",
une réflexion vivante, jubilatoire, poétique sur les mots et la langue....

Dans ce dernier texte captivant , le sujet interpelle vivement le lecteur !
En plus des informations sur l'histoire de l'art, et plus spécifiquement sur une sculpture de Edgar Degas, "La petite danseuse"... Il est à la fois question des codes, des normes esthétiques de l'époque, mais aussi de tout le contexte social , dont les conditions de vie terrible pour les enfants pauvres qui doivent travailler, ou plus exactement "trimer" ... Nous prenons connaissance des coulisses des modèles qui posent sur les artistes, dont cette adolescente, marie van Goethem, petit rat à l'Opéra de Paris, existence quotidienne qui se situe bien loin des paillettes !!

"Marie van Goethem n'est qu'une jeune ouvrière de la danse et une petite fille seule, solitaire. Personne ne se soucie de son sort. Degas la modèle dans sa simplicité, dans son dénuement. La sculpture permet de figurer le vide autour d'elle : pas de décor, pas de compagnie. (...) Degas désire abattre le stéréotype, asséner une vérité que la société ignore- veut ignorer. La danse n'est pas un conte de fées, c'est un métier pénible. Cendrillons sans
marraine, les petits rats ne deviennent pas des princesses, et leurs cochers sans carrosse restent des souris grises comme le coutil de leurs chaussons." (p. 47)


Très bel ouvrage... qui ne me fera plus jamais regarder une sculpture de la même manière. J'aimais cette sculpture de Degas... mais après la lecture du texte incroyable de Camille Laurens, je me rends compte que mon regard manquait d'attention et de véritable profondeur...Je regardais, admirais sans vraiment voir ni comprendre la densité de cette oeuvre !

Comme son auteure... j'ai du mal à quitter ce livre et cette jeune danseuse si vaillante...


En plus des côtés artistique et sociologique, c'est aussi l'occasion pour l'écrivaine d'évoquer des souvenirs plus intimes, sa grand-mère [ qui aurait pu rencontrer
cette petite danseuse], issue aussi des classes pauvres, pour qui elle éprouvait beaucoup de tendresse, comme ses souvenirs d'enfance, ses propres leçons de danse avec sa soeur, prises avec un horrible professeur, plutôt "tortionnaire" qu'enseignant bienveillant !!


J'ai du mal à terminer ce livre, car j'ai du mal à quitter Marie. Je ne pensais pas formuler jamais une telle phrase. "Je suis triste de quitter mon personnage. Il m'obsède. Je continue
de penser à lui, à elle..." D'habitude, les auteurs qui prétendent cela m'exaspèrent, je les trouve
conventionnels, hypocrites, ridicules. Pourtant, c'est ce que j'éprouve aujourd'hui avec la petite danseuse, avec -ma- petite danseuse, ai-je failli écrire.
c'est peut-être parce qu'elle a un corps; fût-il en cire ou en bronze sous mes yeux, ce corps a existé, il a traversé des rues de Paris où je peux suivre sa trace aujourd'hui (p. 149)"

Une lecture très riche, multiple... que je trouve pleine d'émotion et d'informations sur une période de l'histoire de l'art et sur ce peintre-sculpteur, au caractère complexe, intransigeant, que Camille Laurens a appris , à défaut d'aimer sans réserve, du moins à le comprendre mieux dans ses exigences et dans son art !
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Je viens de découvrir les coulisses pas lisses du tout de l'Opéra, et les rats ne sont pas toujours ceux que l'on pense.
Ah les petits tutus qui ont fait fantasmer bien des messieurs, la bonne société se tait, et dans l'arrière-salle il se passe des choses bien sales. Enfin, à l'époque de Degas, et de sa « petite danseuse ». Ce monde ne m'a jamais fait rêver petite, alors je ne m'y suis jamais intéressée plus que ça, mais les pastels de l'artiste, si, et depuis fort longtemps.

Camille Laurens a écrit là un essai des plus justes et complets possible sur cette muse qui n'amuse pas du tout tant sa vie a semblé sordide, et sa mort anonyme. Elle s'est documentée jusqu'à l'obsession pendant plus de deux ans pour lui rendre hommage, et tenter de percer son mystère… fallait-il le taire ? Enfants misérables, exploitées pour des dessous de ballets de l'Opéra, puis d'un coup de balai, allez ouste, dehors les rats, répandre la syphilis ailleurs.
Elles prenaient la pose pour trois sous de plus et l'honneur en moins.
La statue de Marie Geneviève van Goethem aux USA, et ses copies de bronze sont de bien tristes compensations... mais l'Art est à ce prix. Quant à Degas, on ne sait pas trop ce qu'il a fait avec sa poupée au juste.... 14 ans à peine qui en paraissait 12.
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Je m'attendais à un roman. Nenni, c'est un peu plus compliqué. Cette récente publication de Camille Laurens tiendrait plutôt de l'essai, de l'enquête, et accessoirement de l'autofiction.

Une enquête avant tout, axe essentiel du cheminement de ces pages. Une réhabilitation aussi, comme un hommage envers celle qui servit de modèle à Edgar Degas, Marie, dont l'existence minuscule et laborieuse affleure sous cette sculpture hyperréaliste du maître, la célèbre « Petite Danseuse de quatorze ans ».

J'attendais donc le roman de Marie, petit rat de l'Opéra de Paris, mais au fur et à mesure de ses recherches Camille Laurens a pris le parti de ne pas romancer à outrance le destin de cette enfant dont elle a fébrilement suivi la trace, jusqu'au vertige de bouleversantes convergences avec sa propre histoire. Et finalement c'est Camille qui s'adresse à Marie, en un tête-à-tête particulier et infiniment touchant.

La fillette pourtant conserve encore des bribes de mystère, mais au fil de cette rencontre qui insensiblement monte en puissance, l'on découvre aussi l'énigmatique Degas et les moeurs de son époque dans une passionnante évocation de notre capitale en ce début de vingtième siècle.

Inévitablement l'on contemplera la Petite Danseuse d'un oeil différent désormais. D'ailleurs aussitôt dit aussitôt fait, je vous laisse, je file au musée d'Orsay.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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La première fois que j'ai entendu parler de 'la Petite danseuse de quatorze ans' d'Edgar Degas, c'était fin janvier, grâce à Artips, ma dose d'art tri-hebdo. Comme souvent, l'article m'a donné envie d'en savoir davantage sur l'oeuvre, l'artiste et son modèle, Marie Geneviève van Goethem.
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Dans cet ouvrage passionnant, Camille Laurens évoque la famille de la jeune fille, les conditions des petits rats de l'Opéra d'alors - également appelées 'marcheuses', ce qui en dit long sur leur boulot d'appoint ou leur reconversion si elles n'ont pas le talent nécessaire pour devenir danseuses. Issues de familles pauvres, elles répètent une dizaine d'heures par jour. Et c'est d'autant plus difficile qu'elles sont affaiblies par le manque d'hygiène (nourriture, soins...). Leurs mères sont de véritables maquerelles puisqu'elles espèrent, en les inscrivant à l'Opéra, que des hommes leur proposent des 'extras', voire qu'un riche devienne leur 'protecteur', et leur assure une rente à vie. Cela dit, si elles sont proxénètes, elles ne sont pas au service de pédophiles, juridiquement parlant, malgré la jeunesse de leurs filles : « La majorité sexuelle a été fixée à treize ans par la loi de 1863 - elle l'était auparavant à onze. » Affreux !
.
L'auteur s'interroge aussi, bien sûr, sur Edgar Degas - l'artiste, mais aussi l'homme « seul, intransigeant, sarcastique, tendre rarement », sur les relations qu'il a pu entretenir avec Marie Geneviève et ses autres jeunes modèles (chastes, apparemment, mais froides et distantes). Elle se demande ce qui l'a conduit à façonner cette sculpture, de cette façon-là, qui a tant choqué à l'époque. Pour cela, Camille Laurens situe le contexte socio-historique, artistique (réalisme en littérature), scientifique (anthropologie criminelle, thèses sur la supériorité de certaines 'races'). On découvre le 'beau monde' élitiste, misogyne et friand de chair fraîche de la fin du XIXe siècle…
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Cet ouvrage documenté et riche se lit comme un roman, d'autant qu'on y sent la passion et la fascination de l'auteur pour ses sujets.
Accessible sans pré-requis, pour tous les curieux.
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▪️ Merci à Babelio, Gallimard et Folio.
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Réalisée en cire et portant de véritables cheveux, jupon et chaussons, la petite danseuse de quatorze ans d'Edgar Degas, présentée dans un cylindre de verre comme un spécimen anatomique conservé dans du formol, choqua ses contemporains. Elle n'avait certes rien de commun avec l'idéal classique des statues antiques. Qu'étaient donc les intentions de l'artiste, lorsqu'il s'imprégnait de l'univers des danseuses de l'opéra, alors si peu éloigné du monde des courtisanes et de la prostitution ? Pourquoi insistait-il sur certains traits, enlaidissant ses modèles comme pour faire écho aux croyances phrénologiques alors à la mode ? Et surtout, pourquoi cette statue, dont plusieurs exemplaires coulés en bronze sont aujourd'hui visibles dans plusieurs grands musées, nous émeut-elle toujours ?


Camille Laurens est partie sur les traces du peintre sculpteur et de son modèle, au travers d'une enquête approfondie dont le résultat est ce texte court, érudit et personnel, qui, sans jamais faire oeuvre de fiction, nous retrace avec sensibilité la vie particulièrement dure des petits rats d'opéra au 19e siècle, que les premières lois sur le travail des enfants protégeront moins que les autres, et qui, souvent, dans le meilleur des cas trouvaient un protecteur – puisqu'il était à la mode d'entretenir sa danseuse -, sinon, finissaient sur le trottoir.


L'explication du contexte social permet d'éclairer les choix de Degas et de comprendre la véritable portée artistique de cette oeuvre que vous ne verrez plus du même oeil après cette lecture. Le texte est d'autant plus chargé d'émotion que l'auteur, véritablement prise de tendresse pour ce petit rat, en vient à évoquer des souvenirs intimes liés à sa propre famille.


Un très beau texte, qui a su tirer la quintessence d'une imposante documentation pour nous faire comprendre, très simplement, l'émotion suscitée par cette petite danseuse de quatorze ans, qui, sans Edgar Degas, serait restée à jamais dans l'obscurité de sa triste condition d'enfant exploitée.
Lien : https://leslecturesdecanneti..
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"La petite danseuse de quatorze ans", cette célèbre sculpture de Degas, que l'on peut admirer au musée d'Orsay, a été reproduite plusieurs fois après sa mort et bien critiquée du vivant de l'artiste.
Camille Laurens part à la rencontre de la petite danseuse, Marie Geneviève van Goethem, née en 1865, issue d'une famille très pauvre comme beaucoup de petits rats de l'époque envoyées par leur mère pour gagner quelques sous. Certaines, comme sa soeur, ont eu de la chance et sont devenues danseuses. Sa soeur est même devenue maître de ballet. Marie n'a pas eu cette opportunité.
L'auteure nous montre le destin de ces petites filles jetées dans la prostitution dès le plus jeune âge.
Elle nous décrit le peintre Degas comme un amateur de danseuses à la façon d'un artiste froid, sans empathie, et encore moins comme ces hommes qui viennent chercher leur plaisir auprès de ces très jeunes filles. Il apparaît comme un homme conservateur...Étonnant !
L'auteure nous décrit les penchants de l'artiste pour la mode scientifique de l'époque qui étudiait la forme des crânes pour définir les criminels, les déments, les ignorants...mais aussi les intellectuels doués, les aristocrates...
Cette science de la phrénologie était bien présente à l'époque, cette étude des crânes et des bosses de différents types d'humains est fort répandue. Dans la dernière version américaine des "Misérables", on voit même un crâne sur le bureau de Javert. Victor Hugo s'était fort intéressé à ce domaine.
Camille Laurens appuie son essai sur de nombreux documents cités en fin de livre. Les extraits tirés de ces ouvrages sont numérotés dans les textes.
Elle revient aussi sur le terme " petit rat", sur l'expression "avoir sa danseuse".
Pourquoi trois étoiles ? le récit est un peu mécanique alors que le sujet choisi aurait pu être plus vivant. Il se prêtait mieux à un roman.
Ce n'est que mon avis et ce n'était certainement pas le but de l'auteure que de romancer le sujet.
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Titre : La petite danseuse de quatorze ans
Auteur : Camille Laurens
Editeur : Stock
Année : 2017
Résumé : La petite danseuse de quatorze ans est une sculpture mondialement célèbre d'Edgar Degas. Oeuvre révolutionnaire pour l'époque, décriée par certains, adulée par d'autres, la sculpture du maître déchaina les passions jusqu'à devenir une référence dans le monde de l'art et une oeuvre majeure du peintre et sculpteur parisien. Dans cette ouvrage, Camille Laurens part sur les traces du jeune modèle, nous livre une analyse approfondie de la place de cette sculpture dans l'histoire de l'art ainsi qu'une recherche approfondie sur le funeste destin de Marie van Goethem.
Mon humble avis : Soyons clair je ne suis ni de près ni de loin un spécialiste de l'histoire de l'art. Edgar Degas, le nom me disait évidemment quelque chose mais avant de me pencher sur ce texte de Laurens je ne connaissais ni son oeuvre ni sa vie et je n'avais jamais entendu parler de cette petite danseuse de quatorze ans considérée comme un véritable chef d'oeuvre et un trésor de l'histoire de l'art. Curieux de nature, avide de parfaire ma petite culture, je me lançais donc dans cette lecture avec beaucoup de curiosité et d'envie. Dans ce texte, aussi court que passionnant, Laurens part sur les traces de cette Marie van Goethem qui servit de modèle au maître. Petit rat de l'opéra, à une époque ou cette courte carrière tenait autant de la prostitution que d'un dur labeur, l'auteur nous dépeint la vie de cette jeune fille misérable mais aussi du destin de toutes les jeunes filles pauvres en cette fin de XIX ieme siècle. Avec une rare empathie, voir une passion assumée, Laurens part sur les traces de ce modèle, au physique certainement ingrat, qui servit de modèle à Degas pour tenter de gagner quatre sous à une époque où le travail des enfants était chose commune. Tout en mêlant cette recherche à un questionnement sur la place de cette sculpture et de son auteur dans l'histoire de l'art, Laurens délivre un texte érudit, touchant, jamais ennuyeux sur le petit destin de cette enfant. Par bribes, avec minutie ( surtout dans la dernière partie ) Laurens se livre à une véritable enquête pour tenter d'en savoir plus sur Marie. C'est beau, fascinant et maîtrisé à la perfection par une auteure qu'on sent impliquée dans son texte,en empathie totale avec son personnage. Un régal de lecture vous dis-je et ce pour deux raisons principales : pour le texte car cette recherche est édifiante et addictive mais aussi pour la vulgarisation sur une oeuvre d'art ô combien importante. Que demander de plus ? Avec La petite danseuse de quatorze ans on se divertit, on s'instruit, on est ému ( notamment les dernières lignes qui sont superbes ) et on en redemande, déçu de devoir achever cette lecture et laisser cette oeuvre d'art marquante qu'on a appris à connaître et à aimer. Encore une fois : un régal. Chapeau bas Mme Laurens...
J'achète ? : Sans aucun doute, un livre marquant, malheureusement trop court mais un vrai plaisir de lecture rare et précieux. Si ces quelques lignes et mon humble avis ne t'ont pas convaincu j'en serais fort déçu alors bouge ton petit corps ( pour ne pas dire autre chose ) et va immédiatement te procurer cet ouvrage !
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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J'ai toujours aimé cette petite danseuse modelée par Edgar Degas.
En dépit d'un visage ingrat (que le livre tente d'expliquer), je lui trouve un air polisson, juvénile et d'une jolie fraîcheur. Sa position académique mais relâchée, son petit nez en l'air, sa petite taille collent bien à l'image du petit rat espiègle et virevoltant.

Et pourtant, elle scandalise en 1881.
Les premières pages du livre de Camille Laurens nous décryptent l'envers du décor, dans les coulisses de l'Opéra de Paris où le monde de la danse classique s'apparente beaucoup plus à une société licencieuse et dévoyée pour le bon plaisir très toléré de ces messieurs. Misère, travail harassant, prostitution, sont le quotidien d'un bon nombre de petit rats, vendus en marchandises consommables par leurs familles. Un métier pénible et sans avenir pour la plupart.

Je n'ai pas lâché ce récit mais je lui reproche néanmoins une documentation trop présente. L'excès de références numérotées pour étayer le propos nuit à la fluidité et alourdit un récit sur l'époque historique et sociale qui aurait pu être plus visuelle. Il se produit aussi un creux d'intérêt un peu froid au centre du livre, concernant l'approche artistique du propos. Mais quand l'auteure se fait généalogiste et enquêtrice pour retrouver les traces de la petite adolescente disparue des registres, celle-ci reprend vie et le final du livre est particulièrement touchant. Camille Laurens y exprime un rapport au passé empreint de nostalgie, de tendresse et d'empathie.

Entre étude sociologique et document d'histoire de l'art, ce livre se lit avec aisance, en dépit de la mise en page serrée. Une jolie lecture qui donne envie de faire une nouvelle visite à une petite fille en tutu au Musée d'Orsay

Rentrée Littéraire 2017
(Remerciements à Netgalley et aux Editions Stock)
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A travers ce livre, nous apprenons à mieux connaître Edgar Degas et surtout nous faisons connaissance avec la petite danseuse de quatorze ans. Camille Laurens nous apporte , grâce à une étude détaillée qui fera l'objet de sa thèse de doctorat, une multitude d'informations sur Marie van Goethem, représentée en statue de cire par Degas.
Je dois avouer qu'avant d'ouvrir ce livre, je ne m'étais jamais interrogée sur la personne qui avait servi de modèle à Degas et encore moins sur sa vie. C'est donc avec beaucoup d'intérêt que j'ai parcourus ces pages. L'image que l'on se fait de l'opéra, ou pour être plus exacte , l'image que je me fais de l'opéra n'a pas toujours été celle que l'on connaît aujourd'hui !
Si cette statue connaît aujourd'hui un énorme succès, lorsqu'elle a été présentée au public, elle a rencontré un accueil froid, dur et fut même l'objet de scandale. On lui reprochera des « allures vicieuses » , des aspects criminels ou encore comme le souligne Camille Laurens « on lui trouve l'air vide, sans expression morale, on l'assimile à un animal, tout juste bon à être dressé pour la scène. ».
Camille Laurens s'attache ici à retracer qui fut cette petite danseuse, sa vie, ses conditions de vie. On sent qu'elle a un attachement particulier pour elle , attachement et intérêt qu'elle arrive sans difficulté à nous transmettre.
Le petit bémol que j'apporterais provient du fait qu'il y a beaucoup de notes qui sont renvoyées, non pas en bas de page, mais en fin du livre ce qui ne facilite pas la lecture.
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