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3,5

sur 384 notes
Genèse et vie de 'la Petite danseuse' d'Edgar Degas.
Vie de la sculpture, mais aussi celle de la jeune fille qui a servi de modèle.

Immersion dans ce Paris du XIXe siècle : artistes et muses, petits rats de l'Opéra... et hommes mûrs, riches et influents mais pas respectables d'après nos critères actuels, dont le goût pour la chair fraîche était autorisé par la loi (majorité sexuelle à 13 ans) et encouragé par les mères des jeunes filles.

Cet ouvrage est intéressant, mais la lecture m'a semblé fastidieuse, car l'auteur y analyse sa fascination pour cette oeuvre de Degas. J'aurais préféré une version plus romancée, moins introspective.
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Un chouette petit roman qui demande beaucoup d attention
Plein de noms connus qui donne envie de faire des recherches sur internet
Un bouquin très condensé au niveau informations historiques
Beaucoup de réflexions sur la société dans les années 1880.
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Dans ce court essai, l'autrice tente de retrouver la trace de Marie van Goethem, la jeune fille qui a servi de modèle à la sculpture. Mais aussi de mieux comprendre l'intérêt de Degas pour le monde de la danse et les liens qu'il pouvait entretenir avec ses modèles. À travers des recherches dans les archives, l'état civil, les croquis laissés par l'artiste, la littérature de son époque et la critique qui a souvent posé un regard acide sur la sculpture, mais aussi des entretiens avec des spécialistes actuel(le)s du peintre et sculpteur, Camille Laurens avance peu à peu en débroussaillant le mystère qui reste en partie insoluble.

Au fil des pages, on apprend pourtant des éléments du statut de danseuse à l'époque, l'origine de l'expression « petit rat de l'Opéra », les liens étroits et pas toujours très catholiques entre les artistes fascinés par les danseuses, qu'elles soient ballerines ou de cabaret, et les familles de celles-ci bien promptes à prostituer les adolescentes pour un peu d'argent. le récit entrebâille les tentures de velours de l'Opéra pour donner à voir la frange qui se presse derrière : des familles issues de l'immigration (Marie était belge) entassées dans des quartiers insalubres, avec un important taux de mortalité infantile et très peu de perspectives d'avenir. Pour les soeurs van Goethem, l'Opéra est une école de la vie que l'aînée quitte au profit d'un riche protecteur, dont Marie est renvoyée pour avoir manqué trop de répétitions, la faute à ses activités plus lucratives de modèle, mais où sa plus jeune soeur fait carrière en tant qu'enseignante.

En miroir, à mesure qu'elle s'interroge sur les conditions de vie et le destin de la petite danseuse, l'autrice cherche aussi à analyser les motivations de Degas, entre adhésion à des théories racistes sur la génétique et la morphologie, désir de choquer et fascination pour cet entre-deux que constitue le jeune âge de Marie, entre une forme de retenue, de pudeur dans la pose qu'on retrouve dans un de ses tableaux (celui des Petites Spartiates) et une insolence, une impertinence prêtée à ce visage au menton levé. Au-delà de l'étrange et a priori chaste binôme composé par la jeune modèle et le sculpteur à la vue déclinante, le texte fait le triste constat d'une société misogyne et raciste qui n'hésita pas à comparer la jeune fille aux pires criminels ou à user de métaphores animalières à son encontre.

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Je ne connaissais pas la romancière Camille Laurens. Et j'ai tout de même eu un coup de coeur pour « La petite danseuse de quatorze ans »


Contrairement aux autres oeuvres ( souvent autobiogaphiques) de l'auteure, ce n'est pas un roman, mais une énorme et fascinante enquête, très scrupuleuse sur l'histoire et la vie de cette petite fille et petit rat ; Marie Geneviève van Goethem, c'est son vrai nom et qui posa comme modèle, fin 19e siècle, pour la très célèbre sculpture du peintre et sculpteur Edgar Degas.


Camille Laurens a fait un remarquable travail de recherches, mais surtout elle nous fait part de ses réflexions, très pertinentes et d'une grande sensibilité, pour cerner la personnalité de cette petite fille, qui fut sa famille, quelle fut sa vie de petit rat à l'Opéra et que furent ses rapports avec le maître Degas.
L'auteure analyse, avec beaucoup de finesse, dans quel contexte et dans quel état d'esprit fut faite cette sculpture. Et elle s'interroge pourquoi cette sculpture fut si décriée à son exposition en 1881.


Elle essaie aussi de cerner la personnalité, parfois très ambiguë, d'Edgar Degas.
Qui était-il ?
On le disait austère, et contrairement aux autres peintres de son époque, aux moeurs douteuses, qui abusaient en toute impunité de leurs jeunes modèles, Degas ne couchait jamais avec ses modèles.
Dans quel but a t'il forcé et déformé les traits la petite fille Marie Geneviève, pour rendre son faciès presque laid sur sa sculpture, connue aujourd'hui dans le monde entier ?


J'ai découvert, avec stupeur, les conditions de vie très difficiles, effrayantes, presque infâmes de toutes ces petites filles, ces petits rats à l'Opéra de cette fin du 19e siècle.
Beaucoup vivaient dans un état très précaire, travaillaient dix à douze heures par jour, six jours sur sept.
Les répétions étaient longues et dures et devenaient des supplices, qui ajoutés aux brimades des professeures de danse, rendaient toutes ces gamines de plus en plus fragiles.


Mais ce qui m'a choqué c'est que l'Opéra de cette époque, était un lupanar, était un haut lieu de libertinage et de trafic sexuel. Toutes ces petites filles, âgées parfois de 12 ans, étaient vendues pour quelques pièces, comme esclaves sexuelles à de vieux messieurs libidineux. En répandant un peu partout la syphilis.
Le pire c'est que c'était les mères des gamines qui étaient les vilaines maquerelles cyniques.


Que d'infamie ! Que de souffrance !!!


Camille Laurens, qui a une belle plume, s'est investie corps et âme pour redonner une identité à cette petite fille. Et au fil des pages, j'ai constaté l'énorme attachement que l'auteure portait à sa petite danseuse.
Il y avait certaines similitudes troublantes, des convergences bouleversantes avec la propre histoire de l'auteure.


J'ai ressenti que Camille Laurens avait beaucoup de chagrin de quitter sa petite danseuse. Elle termine d'ailleurs son livre par ses mots infiniment touchants :

- (..) c'est une oeuvre dont tu as pu être le modèle mais qu'on n'a jamais retrouvée, elle est seulement décrite dans une lettre de Jacques-Emile Blanche en juin 1882, après une visite à l'atelier de Degas. Il a vu, dit-il, une nouvelle sculpture de lui, un projet funéraire peut-être lié au décès d'une de ces nièces : « une petite fille à moitié couchée dans son cercueil mange des fruits ; à côté, un banc où la famille de l'enfant pourra venir pleurer (car c'est son tombeau). »
Je suis assise sur ce banc, Marie. C'est de là que je t'écris.
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Tu connaissais cette sculpture de Degas… mais tu n'as jamais été très intéressée par le monde de la danse, et les peintures de l'artiste sur le sujet ne t'émeuvent pas plus que ça. C'est sur le nom de Camille Laurens, en fait, que s'est arrêtée ton attention, avec ce livre, en cette rentrée. Tu aimes la fronde intime de son écriture, habituellement, et tu avais hâte de la retrouver. Mais là, point de fronde intime, et c'est sans doute ce qui t'a tenue à l'écart de ce titre. Camille Laurens cherche en effet dans ce livre, qui s'apparente bien plus à un documentaire qu'à un roman, à mieux connaître la jeune fille, le petit rat, qui a servi à Degas de modèle pour sa sculpture, Marie Geneviève van Goethem. Nous sommes en 1880, et la jeune-fille danse à L'Opéra de Paris. A l'époque, les danseuses n'ont pas l'image qu'elles ont aujourd'hui. Il est surtout question de pauvreté, de dur labeur, de mères poussant leurs filles à gagner la vie de la famille, et de prostitution… Tu as alors compris des expressions parfois rencontrées dans tes lectures, comme celle, bourgeoise, d'avoir sa danseuse, pour certains messieurs. C'est dans ce contexte que le peintre Edgard Degas, l'engage comme modèle pour une sculpture qu'il souhaite exécuter en cire. Sa vue n'étant plus ce qu'elle était il a décidé de privilégier ce procédé, plus tactile. Camille Laurens s'intéresse alors au contexte, et nous apprend beaucoup. Tout cela a été franchement passionnant à lire et parfois aussi assez terrible à imaginer. Cette sculpture est en effet mal reçue lors de sa première exposition, on lui trouve des allures vicieuses, on lui reproche de ne pas être de l'art. Est-elle trop réaliste ? Mais que vivaient donc ces enfants en 1880 ? Aujourd'hui, on peut admirer à Washington, Paris, Londres, New York, Dresde ou Copenhague, des reproductions en bronze de la version originale en cire, mais Marie Geneviève van Goethem a disparu des mémoires. Et c'est à une sorte de réhabilitation que Camille Laurens s'emploie, avec succès, dans ce livre, même si tu as hâte, toi lectrice, de la retrouver plutôt dans une autre forme d'écriture, plus intime.
Lien : https://leslecturesdantigone..
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Je n'avais jamais lu de roman de Camille Laurens et après avoir lu cet essai, je serais bien incapable d'avoir une idée de son style.
Ça ressemble un peu voire beaucoup à un mémoire de mastère d'histoire de l'art, pas inintéressant parce qu'on y apprend des éléments de la vie de Degas, qu'on y lit des réflexions sur Zola, sur les peintres impressionnistes... Je ne sais pas si la réflexion sur le fait que la famille de la petite danseuse ressemble à celle des Kardashian serait passée dans un mémoire de mastère, mais dans tous les cas, le contenu de ce livre y ressemble énormément : 160 pages... et 154 notes à la fin pour expliquer notamment la provenance de toutes les citations entre guillemets qu'on y trouve ! Je ne savais pas qu'ils publiaient des travaux universitaires chez Folio (?). (Après vérification sur Internet, je ne me trompe pas : c'est un volet de la thèse de Camille Laurens publié pratiquement tel quel.)
Mais pourquoi l'avoir acheté ? En fait, je savais que les petits rats de l'opéra vivaient au 19e siècle dans une sorte d'esclavage et que beaucoup d'hommes riches allaient à l'opéra, où des loges leur étaient réservées, moins par amour de l'art que parce que beaucoup de jeunes ballerines étaient prostituées par leurs parents. de fait, ça se rapproche de l'enfance de l'actrice Natalie Wood (exploitée par sa mère) ou d'Eva Ionesco (enfant-objet comme la petite danseuse) . Je m'attendais par conséquent à un roman, à une fiction où on aurait assisté au dialogue entre l'artiste (Degas n'était pas pédophile) et son modèle, Cosette en tutu. Or... ce n'est pas un roman, d'où ma déception, mais bel et bien un travail universitaire.
Or les notes préparatoires à un roman peuvent-elles remplacer le roman ?
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Une plongée dans le monde de l'art à l'époque de Degas, qui pose beaucoup de questions sur le rôle et la place des artistes dans leur société. En particulier, les différences de statuts et de parcours, pour un peintre et une danseuse, par exemple.

Laurens propose une entrée empathique et personnelle pour appréhender les différents sens de cette statue qui choque depuis sa première exposition. Elle essaie de créer une proximité avec la jeune modèle, et souligne les raisons qui amènent à sa disparition de la narration collective.

Une façon de découvrir un Paris méconnu et de commencer à se faire une autre idée de la vie Parisienne d'antan.
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'ai déjà vu cette statue au musée d'Orsay, elle attire & intrigue. J ai aussi vu une magnifique exposition des dessins oubliés de Degas au musée Malraux du Havre (un musée magnifique) & lorsque j ai vu ce livre à la BM, je l ai pris.




C est déroutant car on est dans une enquête très affective, subjective sur Degas,sur cette petite danseuse: Marie van Goethem mais aussi sur la société de la fin du XIX°.....& tout se termine par un chapitre très personnel quasi-psychanalytique sur l enfance & les aïeules de l auteur qui ne s'appellait pas Camille Laurens mais Laurence.



Degas: un des fondateurs du groupe des impressionniste mais très différent aussi bien par son oeuvre très diverse que par sa personnalité. Il préférait la dénomination **des intransigeants**

J ai découvert qu'il a toujours habité dans un quartier que je connais très bien, aux alentours de la place Clichy
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un texte très intéressant sur les dessous du monde des artistes et de leurs modèles. On parle ici de Degas et de la petite danseuse qui a posé pour sa célèbre sculpture. La belle écriture de Camille Laurens au service de la vérité.
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Qui est le modèle de la sculpture « La petite danseuse de 14 ans » d'Edgar Degas ?
Camille Laurens se charge de nous évoquer l'identité et la vie de cette enfant à travers ce récit. Pour cela, elle nous replonge dans la fin du XIXème siècle. On baigne dans le milieu impressionniste et les intellectuels du moment.
Elle nous décrit les conditions de vie misérables de Marie Geneviève van Goethem qui poussée par la faim, devient petit rat de l'opéra. Elle finira, comme tant d'autres, la danseuse attitrée d'un aristocrate abonné à l'opéra Garnier.
Elle est à la fois la « Cosette » de Victor Hugo et la « Nana » d'Émile Zola.
Vous découvrirez aussi comment Marie est devenue modèle d'Edgar Degas et pourquoi cette statuette a été un véritable scandale lors de son exposition en 1881. Pourquoi elle a été décriée et désavouée alors que pour Degas, elle représente la vérité.

Camille Laurens réussit ce tour de force d'humaniser cette sculpture. Impossible de regarder cette oeuvre sans y voir Marie.
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