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sur 384 notes
Comment échapper à la fascination qu'exerce la petite danseuse d' Edgar Degas. A travers le mot fascination je n'évoque nullement la beauté du modèle ou la réalisation fulgurante du sculpteur. J'observe que tous les passionnés sont pris au piège de cette statuette, qui semble les affronter, les troubler, et même les envoûter .


Peut-être faut-il passer par le biais de la danse pour revenir à cette pause qui n'est ni banale ni totalement élégante. Camille Laurens a été danseuse, elle a en tête toutes les postures, tous les pas, tous les sauts que les jeunes pousses doivent apprendre dès l'âge de cinq ans. Camille devine rien qu'en regardant le modèle les souffrances de ces jeunes artistes.


Entre la fascination qu'elle éprouve, ou qu'elle cherche à débusquer, et les affres de la formation des petits rats, Camille Laurens a composé un voyage inattendu qui donne à la petite Marie van Goethem, une présence palpable, comme une sculpture musicale jouée par Edgar Degas et par tous ceux qui ont approché la petite danseuse de 14ans.


Dans la mystérieuse proximité de sa vie, et la simplicité de la distance qui la sépare d'Edgar Degas, la petite danseuse pose la question, « qu'est-ce qu'une femme », une énigme pure. "Cette quête du féminin, cette enquête infinie sur l'énigme du féminin, sur sa quintessence, au-delà des apparences apprises, l'a mené en un lieu très voisin, un lieu commun à elle et à lui... page 112."


Si l'admiratrice de l'oeuvre de Degas collectionne toutes les images et les belles reproductions qui représentent Marie, elle ne dissimule pas ambiguïté des troubles attachements, qui unissent les petits rats et leurs admirateurs.
Admirateurs, parlons plus ouvertement de protecteurs et de prostitution. Combien de fils de belles familles se sont ruinés en se liant à une danseuse au regard troublant et ingénu. Les coulisses des spectacles de l'Opéra de Paris ont été prospères de cette triste réalité.


Degas à la différence d'un Renoir n'embellit pas le modèle, ne fait pas de la petite danseuse une princesse à la beauté insolente aux yeux de guêpe. Non, car tout l'arrière salle du spectacle, seul, éveille sa sensibilité, et pourquoi pas le force à accentuer ses traits, pour lui donner l'apparence d'une fille perdue. C'est l'exact contraire d'Ingres qui ajoutait des vertèbres pour amplifier le dos vertigineux de ses odalisques.


En ayant passé beaucoup de temps à photographier des enfants en cours de danse ou pendant le spectacle de fin d'année, de 5 de mes petits enfants, je suis toujours ébloui, comme par ces sauts où la lige des jambes dessine par jeu l'horizontale. Quel fabuleux travail !


Cette petite danseuse en étirement nous subjugue dans cette pose parfaite. Ce sont des moments de grâce et quelques éclairages que Camille Laurens dévoile, elle ne tombera pas dans le piège de s'éterniser page 43 "sur l'Opéra désigné parfois comme le fleuron douteux d'un monde interlope."
Camille propose une belle rétrospective très travaillée aux descriptions très évocatrices, à la découverte du mystère Edgar Degas et de ses 50 statuettes en cire, et pour elle une quête personnelle sur les traces laissée par sa famille.

Lisez et admirez l'expo Degas, sous la direction de Camille Laurens, la directrice, de cette exposition et de ce livre très visités, sous le regard de la Petite Danseuse de 14 ans.
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Dans son dernier ouvrage, Camille Laurens se penche sur « La petite danseuse de quatorze ans » que nous connaissons tous pour l'avoir vue au Musée d'Orsay ou sur des reproductions.
Mais que savons nous d'elle et surtout lorsque nous la regardons, pensons nous qu'elle ait pu avoir une existence propre, loin du regard de l'artiste ?

L'auteure s'est livrée à une enquête personnelle tant sa fascination pour la sculpture était grande.
Cette petite danseuse a pour nom Marie van Goethem, et la vie misérable des enfants, petits rats à l'opéra Garnier, obligés de trimer des heures à des exercices qui leur laissent les pieds en sang, pour quelques sous, obligés parfois de cumuler plusieurs emplois pour aider leurs familles à ne pas tomber dans la misère.
Difficile de rester insensible à ce destin misérable, mais ce livre ne se limite pas à nous exposer ces vies sans éclat une fois sortie de scène.
Camille Laurens nous donne à lire une étude très approfondie, sur le monde de l'art, de la danse, de la sculpture et des rapports de l'artiste avec son modèle.
Je m'attendais à lire un roman, mais après un léger flottement face à la riche documentation, je me suis laissée porter par la plume de Camille Laurens que j'apprécie depuis longtemps.
Une belle découverte.


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L'ouvrage de Camille Laurens relate une tranche de vie de Degas : un petit rat de l'opéra, Marie, fut le modèle du peintre pour la réalisation de la sculpture en cire de la petite danseuse de quatorze ans.

Déception, oui !

Cet essai ne nous apprend pratiquement rien sur Marie car il n'existe que très peu d'éléments dans les archives sur l'adolescente. L'auteure ne fait que faire des suppositions.

Camille Laurens disserte (avec des longueurs et répétitions) sur Degas, l'ambiance de l'époque à Paris et la vie à l'Opéra de Paris.

La dernière partie de l'ouvrage sur les états d'âme de l'auteur n'a pas d'intérêt ......
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Il s'agit d'une sculpture de Degas.
Années 1880, le sort des petits rats de l'opéra n'a rien d'enviable.
Rien à voir avec les conditions actuelles.
La petite Marie pose pour l'artiste et la sculpture suscite des tas de critiques quant au modèle.
Camille Laurens s'intéresse au sort de cette enfant et tente de comprendre.
Mais beaucoup de suppositions, d'hypothèses.
Et les citations de l'époque n'apportent guère de lumières, on n'en sait guère plus à la fin du livre qu'au début.
J'ai le sentiment que ce livre, issu de l'intérêt sincère de l'auteure, n'a pas vraiment abouti à redonner vie à une petite fille victime d'une époque.
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L'idée de vouloir savoir ce qu'est devenue le modèle d'une oeuvre d'art est intéressante. Comme le titre l'indique, il s'agit de la petite danseuse de quatorze ans, sculpture d'Edgar Degas réalisée en cire entre 1875 et 1880. Des passages intéressants, quelques longueurs, une association de l'auteur avec la petite danseuse de l'opéra amusante. Une belle incursion dans le Paris de l'époque. Une révolte pour la condition des filles. A ranger plus dans un essai qu'un roman. Lecture agréable.
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Des parents belges émigrés pour fuir la misère, des déménagements successifs à la cloche de bois, cadette de trois sœurs, Marie a quatorze ans, dans les années 1880, elle danse comme petit rat à l’Opéra de Paris. Elle est renvoyée par le directeur qui en a eu assez de ses absences à répétition. Elle a deux autres métiers parce que les sous gagnés à l’Opéra ne suffisent pas à la nourrir elle et sa famille, elle vend son corps frêle, sur ordre de sa mère, dans des bouges, elle pose aussi pour des peintres et des sculpteurs. Parmi eux il y a Edgar Degas.

La petite danseuse, statue en cire, habillée de vrais vêtements et coiffée de vrais cheveux comme une poupée, fait scandale lors de sa présentation au salon des indépendants de 1881. L’œuvre et le modèle se confondent en une même hostilité, une même haine. On la compare à un singe ou un Aztèque, on lui trouve un visage où tous les vices impriment leurs détestables promesses. Après la mort d’Edgar Degas en 1917, vingt-deux moulages en bronze seront fondus et dispersés dans des musées et des collections privées. Visible au musée d’Orsay, la statuette exerce encore aujourd’hui une véritable fascination, tout comme son modèle.

Marie, la petite danseuse, a disparu sans laisser de trace. Qu’est-elle devenue ? a-t-elle eu des enfants ? Où se trouve son corps ? L’auteure, soucieuse de ne pas tomber dans la fiction, de ne pas séparer le modèle de l’artiste, nous entraîne donc sur les pas de Marie, nous fait entrer dans l’atelier de Degas pour les premières séance de pause et nous dresse le tableau d’une époque où les mœurs en usage sont une absence totale de mœurs, quand on a une fille c’est une aubaine, on peut toujours la vendre !

Portrait d’une jeune fille au visage maladif, vieille avant l’âge, dont le corps est l’outil de travail. Portrait d’un peintre bourgeois réputé hautain dont la vue a beaucoup baissé et qui décide de sculpter, car il lui faut privilégier d’autres sens. Un homme qui place son art au-dessus de toute autre activité, qui occupe toutes ses pensées, tous ses désirs, toute sa sensualité. Portrait d’une époque vénale et jouisseuse où à quinze ans des jeunes filles sont déjà alcooliques, d’autres mortes de la tuberculose, d’autres entrent dans la prostitution sans avoir eu d’enfance.

Beaucoup d’émotion à travers ces pages d’autant plus que le destin de Marie évoque pour l’auteure la vie de sa grand-mère engrossée par un garçon vite envolé et obligée de quitter son coron natal pour aller accoucher à Paris dans l’anonymat de la grande ville.

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"La petite danseuse de quatorze ans" est une oeuvre d'art créée par Edgar Degas, considérée comme une des premières sculptures impressionnistes de la deuxième moitié du XXème siècle. Elle a fait l'objet de nombreuses expositions publiques et est aujourd'hui connu dans le monde entier.
Camille Laurens retrace le parcours de la jeune fille, danseuse à l'Opéra de Paris, puis modèle de l'artiste. Un essai superbement bien étayé.
L'auteure dresse le portrait de Marie Geneviève van Goethem, née à Paris en 1865 de parents belges. La jeune fille grandit dans le IX arrondissement de la capitale dans une famille pauvre. Très jeune, Marie travaille dur à l'Opéra, touche un maigre salaire qui permet d'aider sa famille à survivre. Parmi ses trois soeurs, l'aînée a également posé pour Degas puis a fini par se prostituer. Sa soeur cadette est aussi entrée à l'Opéra de Paris et est devenue un professeur de danse estimé. Mais Marie cumule plusieurs travails dont celui de modèle pour des peintres et des sculpteurs dont Edgar Degas. Elle fini par être renvoyée de l'Opéra de Paris en raison de ses absences répétées.
La reconstitution de l'histoire de cette famille est le fruit d'un beau travail de recherches qui n'a pas dû être facile vu l'ancienneté de l'époque et le peu de traces que la famille a laissé. Je trouve que l'essai de Camille Laurens est remarquable, son travail est riche et extrêmement intéressant. [...]
En 1881, la sculpture en cire est exposée au Salon des Indépendants et déclenche beaucoup de critiques négatives allant jusqu'au scandale en raison de la technique utilisée et du grand réalisme de l'oeuvre. Cependant elle va entrer dans l'histoire des révolutions artistiques.
[...]
Dans son essai, Camille Laurens dépeint le milieu de la danse en France dans les années 1880-1890 en abordant les thèmes de l'éducation, de l'instruction et du travail des enfants. Elle retrace avec rigueur la biographie de cette jeune fille. le livre se lit vite et est très bien structuré. On y retrouve également des éléments biographiques d'Edgar Degas, un artiste né dans la noblesse sous le nom à particule "de Gas", fasciné par les danseuses de l'Opéra. Il y passe beaucoup de temps, que ce soit dans les loges ou dans la salle de spectacle. Par contre, dans ses oeuvres, il ne montre pas la jolie danseuse comme on se l'imagine aujourd'hui, mais il nous dévoile une travailleuse ordinaire. Car dans les années 1880, les jeunes danseuses n'avaient pas la même réputation que les danseuses d'aujourd'hui. Les jeunes filles étaient souvent très pauvres, elles étaient engagées à l'Opéra de Paris pour un salaire très bas et beaucoup d'entre elles évoluaient dans un milieu douteux aux moeurs souvent dépravées. Peu entraient au ballet et encore moins dans le carré privilégié des danseuses étoiles. Passé quelques années en tant que petit rat, les plus pauvres retournaient dans le monde de la rue tachant de s'en sortir le mieux possible.
Un récit fascinant et enrichissant.

Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Intriguée par le titre, j'ose avouer ne pas avoir fait le rapprochement avec la célébrissime sculpture d'Edgar Degas! ... Difficile défi que celui relevé par Camille Laurens: retracer au plus près le parcours de cette toute jeune fille Marie Geneviève van Goethem , petit rat à l'opéra de Paris , choisie comme modèle par Degas peintre et sculpteur reconnu . L'oeuvre sera présentée en 1881 au salon des indépendants et fera scandale...La petite danseuse de quatorze ans enfin exposée.
Camille Laurens nous propose un récit se voulant le plus véridique possible. Elle ne veut en aucun cas de récit romanesque laissant une part même minime à l'imaginaire de tout écrivain. le résultat est donc un récit dense les informations sur Degas, critiques, lettres , écrits de Degas, les sources sont nombreuses , concernant Marie van Goethem les informations sont bien minces , et sont alors étoffées par ce que l'on sait de ces petites filles embauchées pour 2 francs par jour comme petits rats , de leurs vies de misères et de leurs futurs voués le plus souvent à la prostitution si elles ne trouvent pas de protecteurs.
Une lecture très instructive, très informative sur cette fin du XIXème , sur la vie à Paris de ces démunies, sur les théories physiognomonistes qui avant l'heure inaugurent le délit de faciès . Votre visage reflète votre hérédité et vos tendances meurtrières ... Zola, Balzac , Hugo ont été les premiers à s'instruire auprès des écrits de Lavater ou de ceux de Lombroso...Malheureusement ce texte ,beaucoup trop didactique pour moi, m'a souvent semblé soporifique voir pontifiant. Je n'ai donc pas ou peu pris de plaisir à sa lecture.
Je remercie grandement les éditions Stock via Netgalley pour cette découverte enrichissante .
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La petite danseuse n'a pas été accueillie comme elle aurait dû être, ou l'artiste était en avance avec son temps ? etc tant de questions à éclaircir. Si comme moi, votre rencontre avec la petite danseuse au musée d'Orsay vous a fait de l'effet : soit on est indifférent, soit on fuit, soit on est subjugué. C'est le dernier qui s'est présenté à moi. Depuis, j'ai aussi regardé sur Arte "Mai au musée" un sujet fort intéressant sur Degas, et là j'ai découvert ce monde de l'opéra pas très reluisant comme on pourrait le croire. Intriguée j'avais croisé cet essai à sa sortie, mais comme d'habitude, un livre nous pousse vers un autre, etc.. une chaîne sans fin, et on finit par remiser ce livre qui nous a fait de l'oeil. Mais il était resté dans un coin de ma mémoire, quant après ce documentaire, j'ai fini par retrouver cette petite danseuse dans ma Pal. Il complète pour ma part le documentaire qui m'a bien aidée à débroussailler l'histoire de cette petite fille. J'ai appris d'autres détails omis par le documentaire, et vice versa. J'ai pris cette sculpture en photo et je suis toujours subjuguée par cette oeuvre. Et je retournerai lui rendre visite c'est certain et m'attarderai sans doute aussi sur toute l'oeuvre de Degas.
Un essai, très intéressant pour le sujet et la qualité. J'ai bien hâte de la revoir, cette petite Marie.
Au delà de cette histoire, ce récit apporte aussi des réflexions sur l'art en général, comment il est perçu, l'art à une époque donnée, comment il traverse le temps etc...
Une lecture donc enrichissante.
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Il est de ces livres qu'on imagine autrement avant de les avoir lu. A-t-on mal compris l'objet du livre quand on en a entendu parlé dans une émission littéraire ou a-t-on projeté ses propres envies sur une couverture et un titre ?

En tout cas, je pensais que ce livre était l'histoire de cette petite danseuse prise pour modèle par Degas et devenue depuis célèbre dans le monde entier, que l'auteur allait nous parler uniquement de la vie de cette oubliée de l'histoire de l'Art en cherchant à remplir les trous qu'y avait laissé le temps. Bref, je m'attendais à un roman, certes basé sur une réalité, mais forcément avec sa part d'invention, de narration.

Ce n'est pas ici le propos de l'auteur, puisque ce livre est une partie d'un travail universitaire de thèse, fortement référencée donc (c'est la loi du genre) et qui cherche à retrouver non seulement ce que fut la vie de ce petit modèle (en cherchant à se contenter des éléments les plus réels possibles) mais aussi (et surtout dans les deux tiers de l'ouvrage) qui cherche à analyser le rapport entre le peintre et son modèle, à comprendre le travail de Degas parmi celui de ses contemporains, mais également une analyse sociologique des modèles-danseuses-courtisanes de cette époque du fin XIXème.

Passée la déception de ne pas trouver ce qu'on y vient chercher, on finit par apprécier l'apport culturel et la réflexion sur l'art que cela amène, et aussi sur l'image de la femme, vue à travers le prisme de notre époque où elle est beaucoup mise en question et observée. Un bon moment donc, mais qui m'apprendra à mieux écouter les auteurs quand ils viennent présenter leur démarche à la télévision !

Merci en tout cas au site NetGalley et aux éditions Stock pour m'avoir permis de me cultiver agréablement.
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