Les livres sur la famille Borgia, et Lucrèce en particulier, ne manquent pas.
Cependant, j'ajoute dans la base Babelio, "
Lucrèce Borgia" de
Cecil Saint Laurent, édité aux Presses de la cité en 1959, avec une couverture illustrée délicieusement désuète.
Je m'attendais à un roman à l'eau de rose avec une pointe d'érotisme. J'ai découvert un bon roman historique, qui a bien vieilli, avec un style élégant et riche en ornementations.
J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire de cette enfant, sortie du couvent pour être mariée à 13 ans, qui ne sait rien du mariage et ne pense qu'à la robe qu'elle va porter.
Puis au fil des chapitres, mon intérêt s'est éveillé pour cette jeune fille ensevelie sous les rumeurs de mangeuse d'hommes, maîtresse de ses frères, meurtrière de ses époux.
La structure du roman se caractérise par de grandes ellipses temporelles et des changements de points de vue.
D'abord, dans une longue confidence (un peu artificielle par sa durée et les détails évoqués), Lucrèce se confesse à son futur deuxième mari, en exposant les circonstances qui expliquent sa vilaine réputation. Elle plaide sa cause, se dit victime de sa naïveté et jouet des manigances politiques de son frère.
Ensuite, le lecteur suit les méandres des tortueuses pensées du frère de Lucrèce, l'ambitieux et machiavélique César qui s'interroge sur sa réelle motivation pour avoir tué son deuxième beau-frère.
Les raisonnements subtils des deux principaux protagonistes, sincères ou complaisants, permettent de nuancer la réalité ou la motivation de crimes. Ce roman était un premier pas vers une réhabilitation, qui semble être la tendance des romans consacrés à la famille Borgia.