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3,44

sur 285 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un ultime cadeau ?
( à noter je parle ici du livre version papier et non audio, il y a un petit bug sans gravité )Tout d'abord, non pas un grand mais un immense merci à Babelio qui m'a fait parvenir le dernier roman de le Carré, mon auteur préféré. Je mesure la chance incroyable que j'ai eue !
Ce court roman (220 pages seulement, snif !, c'est bien vite passé ) de le Carré dormait dans les cartons depuis plusieurs années. Grace à son fils il est enfin publié. Son écriture rappelle celle, plus tendue qu'autrefois, de ses derniers romans, plus accessibles disons-le (ses romans des années 1970-1980 étaient bien plus difficiles à lire, là franchement cela ne doit effrayer personne, c'est un véritable bonheur de lecture !).
Il y est question d'une librairie, du sud de l'Angleterre (que décidément le Carré m'a vraiment donné envie de découvrir !) du conflit en ex-Yougoslavie, de la guerre froide, des services secrets britanniques. Il y a beaucoup de choses très belles dans ce livre que je vous laisse découvrir pour insister sur quelques points.
Comme toujours ce qui m'a frappé dans ce roman, outre la qualité de l'intrigue (mais je souhaite pas enfoncer de portes ouvertes !), c'est la perfection de la mise en route (Boyd parle pour le Carré des plus brillants débuts de romans qu'il connaisse et on peut lui faire confiance !), l'incroyable vérité des personnages. Pour un peu on aurait presque l'impression de s'être fait des amis ! le Carré a "défend" thèses, mais il fait absolument l'inverse d'un roman à thèse car ce qui prédomine chez lui, une fois encore ici, c'est l'humanité des personnages, sans rien qui paraisse artificiel. Je suis chaque fois bluffé, ici comme dans ses précédents romans.
Comme le souligne Télérama dans son numéro du jour, par la plume de Nathalie Crom, on est aussi frappé par l'intense mélancolie qui se dégage de ses livres. C'est souvent ironique, drôle, mais l'impression d'ensemble (peut-être est un peu influencé toutefois par la fin désabusée d'un auteur anglais qui, dégouté par le Brexit, finit par adopter la nationalité irlandaise...) est celle d'une réelle tristesse. Tristesse qui, je dois le dire, colle assez bien à la période que nous vivons !
Alors qu'importe que certaines scènes aient un peu un air de déjà vu (un débriefing qui rappelle Comme un collégien- je n'ai pas de mérite je suis en train de le relire, ou une histoire d'amour jolie mais qui fait écho à d'autres qu'il a racontées), car si l'on n'a jamais lu le Carré on s'en fiche, on risque simplement de se rendre compte de l'immense écrivain qu'il était, pas par le contenu de ce qu'il avait à dire (certes très intéressant mais ce n'est pas non plus un essai de Pascal Boniface ou d'Yves Lacoste), mais pour des raisons purement littéraires !
J'espère que les cartons de le Carré nous livrerons encore de belles choses et que ce n'est pas là son ultime cadeau !! Si toutefois c'était le cas, ce serait déjà beaucoup !
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L'ultime leçon du maître. Un court roman mené tambour battant.
Les espions ont un coeur, le saviez-vous ? Ils sont parfois idéalistes aussi. Amour et engagement absolu, les deux mamelles de la sortie du Cirque en tant qu'honorable correspondant, c'est-à-dire auxiliaire non officiel.

John le Carré cultive le sous-entendu, le non-dit l'ironie, le faux détachement, la mauvaise foi intellectuelle. Je salue également sa maestria à indiquer l'intention d'une parole, telle qu'elle advient au cours d'une conversation serrée, lorsque les interlocuteurs cachent leur jeu, chacun s'employant à tirer les vers du nez de son vis-à-vis. Son tempo narratif est incomparable de même que ses connaissances géopolitiques. Dans ce dernier opus, la composante psychologique domine, chez des agentes et agents en bout de course.

Je fais court car beaucoup a déjà été dit. Ce dernier texte est un bel au revoir du grand écrivain, postfacé par son fils cadet auquel John le Carré, en délicatesse avec un cancer, avait confié la délicate mission de terminer un texte inachevé. Nick n'a eu que peu de retouches à faire.
Goodbye Sir, vous que j'ai d'abord connu au cinéma, dans L'espion qui venait du froid. Mon père adorait l'écriture de l'éphémère espion. Beaucoup plus tard, j'ai partagé le même plaisir à nager dans les eaux troubles de l'espionnage à la sauce anglaise.
J'ai tout de même envie de lire Une vérité si délicate, recommandé par le fils, légataire littéraire, dans son émouvante postface à L'Espion qui aimait les livres (et tant écrire).





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Je termine ce livre reçu dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée et j'en remercie vivement les éditions du Seuil et Babélio.
C'est le dernier roman connu de John le Carré et il est publié 2 ans après sa mort grâce à un de ses fils, écrivain lui-même, Nick Cornwell, comme cela est expliqué dans la postface.
Je suis une grande admiratrice de cet auteur, ce gentleman anglais dont le parcours étonnant dans les services secrets britanniques lui a servi à créer autant d'ouvrages qui remettent le roman d'espionnage dans des rails plus proches de la réalité que des clichés habituellement déversés avec force gadgets et super héros.
L'action est ici menée rondement, sans chichis, et l'on démarre immédiatement, au beau milieu des choses, en plein mouvement d'agitation chez les espions qui ont flairé une sale affaire et doivent déployer tous leurs talents pour cerner un de leurs agents soupçonné de la pire des trahisons.
Les portraits des personnages principaux vont s'affiner, paraître de plus en plus vrais avec leurs secrets, leurs ombres, leurs possibles fêlures : le jeune libraire débutant qui débarque dans une petite station balnéaire de la côte est anglaise , le curieux personnage à l'imperméable et au chapeau de feutre toujours là en observation, mystérieux, fin d'esprit, cultivé , amateur d'ouvrages rares qui n'achète rien, prêt à tout pour venir aider à installer la librairie, sa femme mourante à la personnalité forte, sa fille toujours énervée. Autour d'eux gravitent les espions plus tout jeunes et les collègues encore en action mais revenus de tout, les chefs qui s'interrogent et se souviennent des guerres et des opérations menées en Bosnie, bref, une galerie d'inquiets, plus très sûre de trouver de la cohérence dans ce monde et du sens à leurs actions.
Le style efficace de l'auteur s'allie à un regard ironique sur tout ce petit monde, et aussi beaucoup de bienveillance sur la souffrance de chacun d'eux.
J' ai particulièrement apprécié le chapitre sur l'enterrement chez les espions. Un morceau d'anthologie...
Un film à souhaiter ensuite pour couronner le tout ?




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Le libraire

Je suis vraiment chanceuse ! J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une masse critique privilégiée et je ne saurais trop en remercier Babelio et les éditions du Seuil.
J'ai lu beaucoup de romans de John le Carré, pas tous cependant, il y a même quelques années que je ne l'avais pas fait. Aussi lire son tout dernier livre, publié de manière posthume grâce à son fils Nick, revêt, à mes yeux, une importance particulière. En fait, je n'ai pas lu L'espion qui aimait les livres, je l'ai dévoré (bon, il ne fait que 225 pages, il est vrai !).
Le livre tourne autour de trois personnages principaux : Stewart Proctor membre éminent des services de renseignement britanniques, Julian Lawndsley, un jeune homme qui a quitté son job très rémunérateur de trader à la City et vient d'ouvrir une librairie dans une petite ville balnéaire du Suffolk, et Edward Avon… Ah Edward, ou plutôt Edvard, un riche rentier, d'origine polonaise semble-t-il, vivant dans une belle demeure (un peu décatie toutefois) de la station balnéaire en question, avec son épouse mourante et sa fille Lily… Edvard se présente à Julian comme un vieux camarade de feu son père et s'enthousiasme pour la librairie ! En quelques visites, il gagne la confiance de Julian qui, il faut bien le reconnaitre, s'ennuie ferme dans son nouveau rôle de libraire. Quant à Proctor, eh bien il est « dans la mouise » pour parler franchement… et avec lui le Service, à cause d'une taupe qui ferait fuiter des informations très sensibles vers l'étranger…
Roman d'espionnage et sur l'espionnage, L'espion qui aimait les livres ne fait pas dans l'esbroufe. Les espions sont des êtres humains, avec des sentiments, des doutes, des failles, que les services de renseignement, devenus d'affreux rouages bureaucratiques et administratifs, gangrénés par des rivalités politiques et politiciennes, broient lentement. le chapitre mettant en scène Proctor et les anciens officiers traitants, Philip et Joan, est particulièrement édifiant.
Roman profondément humain, à l'image de l'oeuvre de John le Carré (je pense particulièrement à La Constance du Jardinier qui reste, pour moi, l'un de ses meilleurs livres) poignant même par certains aspects, même si l'humour est très présent, c'est également un roman résolument engagé (dans la postface, Nick Cornwell explique dans quel état d'esprit son père a écrit ce roman, et pourquoi –selon lui- il ne l'a pas publié de son vivant -alors qu'il l'avait terminé bien avant son décès survenu en 2020).

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On entre dans le récit par une porte dérobée, un détail de l'histoire dont le lecteur sent bien qu'il jouera un rôle essentiel. Pourtant rien n'est appuyé, seul l'aspect matinal de la visite de Lily chez Proctor pourrait paraître étrange, le talent de John le Carré réside bien dans cette façon subtile qu'il a de suggérer ce qui est étrange derrière l'apparence presque parfaite de la normalité.
Ainsi l'histoire va t-elle ensuite dérouler ses prémices dans l'atmosphère ouatée d'une petite librairie du Suffolk dont le propriétaire a déserté la City londonienne pour l'amour des livres. Edward Avron pourrait y être un client comme un autre, peut être un peu plus curieux, particulièrement féru de littérature, il est bien sûr facile de comprendre qu'il se cache derrière, quelque mystère ,mais celui ci sera distillé avec patience. et c'est toute la force du livre.
Trahisons et double jeu ne se laisseront pas deviner si facilement dans un contexte où la guerre froide a laissé place à d'autres terrains géopolitiques. Des Balkans au Moyen Orient, le destin des hommes se mêle aux nouveaux enjeux du monde, la puissance britannique y est bien encornée.
Un livre aux espoirs désenchantés, une jolie promenade dans le mystère sans fin des services qu'on dit secrets.
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J'ai lu un paquet de romans de John le Carré, à commencer par la taupe il y a fort fort longtemps. Et je suis particulièrement heureux d'avoir "fini" ce cycle de romans d'espionnage par ce beau roman attachant et sensible, plein de pudeur.
On y retrouve bien sur tous les ingrédients des romans de l'auteur, et avant tout la traque d'une taupe dans les services secrets britanniques mais avec un twist. Julian, le jeune libraire semble une proie facile aux mains d'Edward, l'habile manipulateur qui se sert de lui comme d'une nouvelle boite aux lettres.
Cette fois-ci encore, la quête de la taupe va nous révéler à quel point les services sont peu fiables malgré leurs innombrables procédures, peu fiables parce qu'il faut compter avec le facteur humain. J'en ai assez dit, car l'intérêt d'une critique n'est pas de paraphraser un livre mais d'évoquer ce qu'il peut porter d'original.
A travers la traque de la taupe, c'est toute l'inhumanité du métier d'espion, honorable correspondant comme ils disent, lâché à travers les conflits et les horreurs de ce monde. Sans jamais en dire trop, nous découvrons la défection d'un des meilleurs agents des services secrets, par amour? par dégoût? par conscience morale? par désir de paix? Nous ne le saurons jamais mais nous le percevons intuitivement, nous le cernons comme on peut cerner une nature humaine, sans jamais qu'elle révèle tout son mystère.
Et dans un ultime message d'espoir, John le Carré nous livre des protagonistes humains, pauvres marionnettes qui n'auraient que peu de poids face à ces maîtres espions, mais qui nous révèlent en contraste toute leur dignité, leur humanité, ou peut-être tout simplement leur bonté, du moins leur non perversité. On n'est pas dans le registre des espions qui se sacrifient pour sauver le monde libre, mais dans le registre du monde libre qui ignore les forces qui le "protègent" dans l'ombre, et qui ne s'en porte pas plus mal.
Il y a quelque chose de lumineux dans cet ultime roman, comme une lumière au bout du tunnel. Après une oeuvre entièrement consacrée à la problématique des agents doubles, des loyautés douloureuses et sacrificielles, et du trouble sentiment qu'il n'y a de vérité et d'authenticité nulle part si ce n'est l'amère découverte que tout n'est qu'un chateau de cartes, John le Carré voit enfin la lumière et nous soulève un coin du voile.
L'amour est possible, la vie est possible, l'authenticité est un jeu d'enfant : il suffit de ne pas être espion.
Un texte magistral qui met un point d'orgue à une oeuvre dense et monumentale, avec en plus le luxe de la légéreté. (livre offert par l'éditeur dans le cadre de l'opération masse critique de Babelio).
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Un régal. Voyage aux pays des espions. Humour so british. John le Carré est un maître absolu. Et la postface est émouvante. du père au fils, le lien perdure et c'est une belle marque de confiance.
D'ailleurs John le Carré parle de filiation de façon très belle. de là à penser qu il parlait de son fils. On peut se le permettre. Un très beau dernier livre.
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Lire un roman de John le Carré est une expérience paranoïaque délicieuse au cours de laquelle on se méfie de chaque personnage : est-il bien libraire ce London Man ex-trader devenu brusquement provincial jusqu'au bout de ses bottines boueuses dans le Suffolk ? Et celle-là, son commerce de brocante chinoise où se rencontrent de riches londoniens en week-end ne serait-il pas une couverture ? Et cet autre auto-proclamé polonais dont la femme est comme par hasard en fin de vie, quel est son rôle ? Quel boulot pour Proctor, haut dignitaire des services secrets britanniques pour détecter une taupe cachée parmi des citoyens respectables, éduqués, élégants, dont les préoccupations essentielles semblent être les livres anciens et les grands auteurs.


Proctor est une synthèse des espions créés par John le Carré. Issu d'une dynastie du sud prospère de l'Angleterre refusant d'appartenir à la grande bourgeoisie ou même à l'establishment, prônant des idées de centre gauche, attachée à la valeur de l'effort, pétrie de principes et investie à tous les niveaux de la société, Stewart a tout naturellement intégré le monde du renseignement. Il faut dire que la famille Proctor a fourni une palanquée d'espions à son pays - les dames qui oeuvraient au décryptage à Bletchley Park, un vieil oncle agent des visas à Lisbonne, ou un membre moins glorieux médaillé pour avoir levé une armée rebelle de pacotille en Albanie au début de la guerre froide – mais par chance la famille n'a jamais compté d'homme politique... Quel humour, mais quel humour ! le ton est donné sans fioritures verbales ou effets de manche : ironie douce-amère, tendre cruauté, critique stylée mais mordante.


Tous les détails sont choisis avec un soin méticuleux, et c'est entre les lignes ou dans les non-dits que se lève parfois un coin du voile sur le mystère. Stewart Proctor habite une maison baptisée Silverview - qui donne son titre originel au roman – en référence à celle que possédait Nietzsche à Weimar et nommée Silberblick, et l'intrigue s'épanouit à l'ombre des Anneaux de Saturne de W. G. Sebald, qui n'est pas, d'après mes recherches très sommaires, un recueil d'histoires drôles.


J'ai éprouvé un grand plaisir à découvrir ce roman posthume de l'espion le moins secret du monde. Dans un format plus court que d'ordinaire, John le Carré dresse un état des lieux sévère du renseignement britannique, fait une rétrospective geo-politique de l'état de l'Europe particulièrement à partir de la guerre froide. Ses personnages sont nostalgiques, mélancoliques ; ils savent leur univers en voie de disparition, soumis à la gangrène politique, bureaucratique, administrative, budgétaire et contemplent fatigués, désabusés, leur passé englouti dans lequel il y a peu encore un rideau de fer, un mur de la honte effectuaient le partage manichéen du monde en mettant les méchants d'un côté, et les gentils de l'autre. Les temps ont changé. A l'heure où Facebook est le meilleur auxiliaire de la police en un clic, personne ne risque plus sa vie pour aller remettre dans un café obscur, un courrier à une belle inconnue portant le foulard de Lara dans le Docteur Jivago. Des hommes et des femmes, tous émouvants, s'interrogent sur le sens de leurs engagements, de leurs sacrifices. Pour qui ? Pour quoi ?


Merci à John le Carré pour son oeuvre inestimable. Merci aux Editions Seuil et à Babelio pour leur confiance.
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D'abord préciser qu'on place John le Carré très haut. Que Comme un collégien est un de nos livres préférés, la Constance du jardinier, la Taupe ou un Pur espion aussi, bref on ne va pas tous les citer. Nous partons donc de là, de cette admiration-là qui nous conduit à affirmer qu'il y a John le Carré, Graham Greene, et puis les autres, tous les autres, loin derrière.

Alors, ceci posé, que dire de cet Espion qui aimait les livres, roman posthume, ressorti (opportunément) d'un tiroir ? Que c'est un très, très bon le Carré, c'est à dire, en condensé (à peine 230 trop brèves pages), un livre flou et précis, flottant et ouvert, élégant, brillant et (terriblement) (comme toujours chez le Carré) mélancolique.

Il y a, dans toute l'oeuvre de le Carré, qui la traverse et qui la porte, quelque chose de hanté, à la fois sombre et limpide, que l'on retrouve dans ses personnages et ses dialogues, dans la manière dont progressent les intrigues, quelque chose qui tient à la fêlure fitzgeraldienne et au réel inconnaissable d'Henry James qui se défait toujours à mesure qu'on l'approche. "On ne sait le tout de rien" (Portrait de femme) : chez le Carré non plus, on ne sait jamais le tout de rien (ici qui est Edward Avon ? et sa femme Deborah ? que cherche Stewart Proctor ?) mais dans nos propres vies, pouvons-nous mieux dire ?

L'Espion qui aimait les livres est un livre qui les fait aimer. Terriblement. Et regretter John le Carré. Terriblement aussi.

Un grand Merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour cette lecture réalisée dans le cadre d'une Masse critique.
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Des trois romans de John le Carré que j'ai eu le plaisir de lire avant que Babelio ne m'offre la chance de recevoir cet ultime livre de l'auteur décédé en 2020, je garde le souvenir d'un univers beaucoup plus lent et feutré que celui que le cinéma et les séries télévisées ne nous offrent, sans scènes grandiloquentes, gadgets en tous genres ou explosions en veux-tu en voilà.

Ici l'auteur nous emmène dans un petit village de l'Angleterre ou Julian vient de reprendre une librairie après avoir plaqué un job en or, littéralement, à la City de Londres. de trader à libraire, il n'y a qu'un pas, et si le commerce peine à décoller et que les clients se font rares, celui qui passe sa porte un soir juste avant la fermeture ne manquera pas d'y laisser empreinte.

Edward Avon est un vieux monsieur au comportement un peu suranné, qui propose une étonnante alliance à notre jeune et inexpérimenté libraire en lui créant une bibliothèque aussi idéale qu'exclusive. de fil en aiguille, l'ancien espion d'Europe de l'Est et l'ancien trader nouent une amitié respectable qui poussera ce dernier à rencontrer l'épouse mourante et l'impétueuse fille d'Edward.

En parallèle, Proctor, le limier en charge des enquêtes internes au Service, se met sur la piste d'une fuite ultra-sensible dont il vient de prendre connaissance, et qui va le pousser jusqu'à la petite ville où un libraire et un ancien espion sont devenus amis.

J'avais un peu peur d'une atmosphère un brin vieillotte pour ce roman que je savais être "le manuscrit inachevé" de l'auteur, finalement à peine retouché par son plus jeune fils Nick Cornwell, et j'ai en réalité trouvé un roman passionnant et très contemporain, qui dresse un portrait peu éloquent et sans concession des services de renseignements occidentaux. de quoi me motiver à exhumer Retour de service qui est enfoui dans ma pile-à-lire depuis sa parution en 2020 !

📖 L'espion qui aimait les livres de John le Carré a paru le 7 octobre 2022 aux éditions du Seuil dans une traduction d'Isabelle Perrin. 240 pages, 22€.

🔗 Service de presse adressé par l'éditeur via Babelio
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