Un ultime cadeau ?
( à noter je parle ici du livre version papier et non audio, il y a un petit bug sans gravité )Tout d'abord, non pas un grand mais un immense merci à Babelio qui m'a fait parvenir le dernier roman de le Carré, mon auteur préféré. Je mesure la chance incroyable que j'ai eue !
Ce court roman (220 pages seulement, snif !, c'est bien vite passé ) de le Carré dormait dans les cartons depuis plusieurs années. Grace à son fils il est enfin publié. Son écriture rappelle celle, plus tendue qu'autrefois, de ses derniers romans, plus accessibles disons-le (ses romans des années 1970-1980 étaient bien plus difficiles à lire, là franchement cela ne doit effrayer personne, c'est un véritable bonheur de lecture !).
Il y est question d'une librairie, du sud de l'Angleterre (que décidément le Carré m'a vraiment donné envie de découvrir !) du conflit en ex-Yougoslavie, de la guerre froide, des services secrets britanniques. Il y a beaucoup de choses très belles dans ce livre que je vous laisse découvrir pour insister sur quelques points.
Comme toujours ce qui m'a frappé dans ce roman, outre la qualité de l'intrigue (mais je souhaite pas enfoncer de portes ouvertes !), c'est la perfection de la mise en route (Boyd parle pour le Carré des plus brillants débuts de romans qu'il connaisse et on peut lui faire confiance !), l'incroyable vérité des personnages. Pour un peu on aurait presque l'impression de s'être fait des amis ! le Carré a "défend" thèses, mais il fait absolument l'inverse d'un roman à thèse car ce qui prédomine chez lui, une fois encore ici, c'est l'humanité des personnages, sans rien qui paraisse artificiel. Je suis chaque fois bluffé, ici comme dans ses précédents romans.
Comme le souligne Télérama dans son numéro du jour, par la plume de
Nathalie Crom, on est aussi frappé par l'intense mélancolie qui se dégage de ses livres. C'est souvent ironique, drôle, mais l'impression d'ensemble (peut-être est un peu influencé toutefois par la fin désabusée d'un auteur anglais qui, dégouté par le Brexit, finit par adopter la nationalité irlandaise...) est celle d'une réelle tristesse. Tristesse qui, je dois le dire, colle assez bien à la période que nous vivons !
Alors qu'importe que certaines scènes aient un peu un air de déjà vu (un débriefing qui rappelle
Comme un collégien- je n'ai pas de mérite je suis en train de le relire, ou une histoire d'amour jolie mais qui fait écho à d'autres qu'il a racontées), car si l'on n'a jamais lu le Carré on s'en fiche, on risque simplement de se rendre compte de l'immense écrivain qu'il était, pas par le contenu de ce qu'il avait à dire (certes très intéressant mais ce n'est pas non plus un essai de
Pascal Boniface ou d'
Yves Lacoste), mais pour des raisons purement littéraires !
J'espère que les cartons de le Carré nous livrerons encore de belles choses et que ce n'est pas là son ultime cadeau !! Si toutefois c'était le cas, ce serait déjà beaucoup !